Origine : Une enfance difficile
L'histoire de chaque individu commence bien avant qu'il ne prenne conscience de ses premières décisions. Pour moi, Okoda Wilfried Pascal, benjamin de la famille Okoda, tout commence dans un cadre familial où se mêlent chaleur, conflits et solitude. Une enfance marquée par l'incompréhension, l'isolement et, surtout, la lutte pour la survie psychologique.
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Un foyer divisé
Ma maison, située dans un quartier modeste du Bénin, est un endroit à double visage. Mon père, Okoda Marcelino, est un artisan talentueux, respecté pour ses meubles faits main. Il passe ses journées dans son atelier, souvent accompagné de mon grand frère, Thierry Ignacius, qui apprend le métier à ses côtés. Ils sont proches, presque complices, bien que souvent en désaccord sur tout : la gestion de l'atelier, les choix de vie, et même mon éducation.
Ma mère, quant à elle, est douce, mais distante. Elle passe ses journées à s'occuper de la maison, mais son attention pour moi diminue avec le temps. Peut-être est-elle fatiguée. Ou peut-être ne sait-elle pas comment m'approcher. Je passe beaucoup de temps avec elle, mais paradoxalement, je ressens un vide.
Entre mon père et Thierry, les tensions sont palpables. Moi, je suis là, au milieu, un spectateur silencieux d'un foyer divisé, où l'amour et les conflits coexistent.
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Une intelligence précoce, mais incomprise
Dès le CP1, je me rends compte que je ne suis pas comme les autres enfants. Je comprends vite, trop vite. Je capte les émotions des gens, je devine leurs intentions avant même qu'ils ne parlent. Mes professeurs remarquent mon intelligence, mais pour mes camarades, je suis une anomalie.
Je tente d'abord de me lier d'amitié. Je souris, je partage mes jouets, je cherche à m'intégrer. Mais rien n'y fait. Ils me voient comme un étrange mélange de faiblesse et de différence. Et dans ce monde, tout ce qui sort du moule est une cible.
Les moqueries commencent. Puis viennent les brimades. Petits coups en douce, insultes chuchotées. À l'école, je suis « l'intello », « le bizarre ». Dans mon quartier, c'est pire. Les enfants refusent de me prendre au sérieux. Je suis différent, et cette différence devient mon fardeau.
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Un silence pesant
Quand je parle de tout cela à mes parents, leur réaction est loin de ce que j'espérais.
- Laisse couler, me dit mon père, les yeux fatigués par les soucis de l'atelier.
- Ne prête pas attention à eux, ajoute ma mère, le regard perdu dans ses tâches quotidiennes.
Je suis seul face à mes problèmes. Mais il y a une exception : Thierry, mon grand frère. Lui, il m'écoute vraiment. Il ne minimise pas ce que je ressens. Un soir, après m'avoir écouté en silence, il me donne un conseil qui va changer ma vie :
- Si la situation l'exige, bats-toi. Ne te laisse pas faire.
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Le déclic du CE1 : passer à l'action
En CE1, je finis par atteindre mes limites. Après des mois à encaisser, à sourire malgré la douleur, je décide d'agir. Un jour, après une énième provocation, je frappe. Pas pour me défendre, mais pour attaquer.
Je libère toute la rage accumulée en moi, toute la frustration d'être ignoré, incompris, rejeté. Le coup part, et pour la première fois, je vois la surprise, puis la peur dans les yeux de mes harceleurs.
Mais la justice n'est pas de mon côté. Ce ne sont pas eux qui sont punis. C'est moi.
L'école me sanctionne sévèrement. Aux yeux des adultes, je suis l'agresseur, pas la victime. Mes parents essaient de me défendre, mais je comprends une chose essentielle ce jour-là : personne ne viendra à mon secours.
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La naissance d'une résolution
À partir de ce moment, je fais une promesse. Quiconque ose m'attaquer, moi ou mes proches, sera terrassé.
Je change de stratégie. Je deviens le garçon discret, celui qu'on remarque à peine. Mais en coulisses, je prépare ma revanche. J'observe, j'analyse. Et je frappe là où cela fait mal : mentalement, socialement.
Je profite du système éducatif biaisé. Je me fais passer pour un fils de riche. J'écris des lettres à l'éducation nationale, je dénonce les dysfonctionnements de l'école, les injustices. Peu à peu, je deviens une ombre que l'administration craint.
Dans mon quartier, la tactique est différente. Ici, c'est la force brute. Ceux qui m'attaquent physiquement repartent avec des bleus. Parfois, je leur jette des pierres, je les lapide. Je deviens une force imprévisible.
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Des ennemies inattendues
Mais mes ennemis les plus redoutables ne sont pas ceux que j'imaginais. Ce ne sont pas des garçons, mais des filles. Plus âgées, ou de mon âge, elles m'attaquent différemment. Pas avec leurs poings, mais avec leurs mots, leurs regards, leurs rires.
Face à elles, la force physique est inutile. Alors, je développe une nouvelle arme : la manipulation. Je les observe, je comprends leurs faiblesses, leurs désirs. Et je décide de me venger d'elles d'une manière bien plus cruelle : je les fais tomber amoureuses de moi.
Je leur offre des mots doux, des gestes attentionnés. Elles tombent dans le piège. Puis, quand elles sont attachées, je brise leur cœur. Une à une.
C'est à ce moment-là que je découvre mon véritable talent : la survie.
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Une oasis dans le chaos
Malgré tout, je trouve des échappatoires. La bibliothèque devient mon refuge. Je dévore les livres, tout et n'importe quoi. Des romans, des manuels de psychologie, des biographies. Chaque livre est une leçon, une arme potentielle pour affronter le monde.
Je joue aussi au football, seul. Chaque dribble, chaque tir, est une stratégie, une métaphore de ma vie. Sur le terrain, je suis maître de chaque mouvement.
Avec Thierry, je partage des moments autour du basketball. C'est lui qui, un jour, me propose une idée qui change tout :
- Pourquoi ne pas passer un concours pour étudier au Japon ? me dit-il. Là-bas, tu pourrais grandir, apprendre, et revenir plus fort.
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Un nouveau départ ?
L'idée germe en moi. Le Japon, un pays loin d'ici, un monde différent. Une opportunité de fuir cette vie où je dois constamment me battre pour exister.
Pour la première fois, je vois une lueur d'espoir. Un futur où je pourrais utiliser mes talents, non plus pour survivre, mais pour m'élever.
Mais je sais que le chemin sera long. Avant de partir, je dois encore affronter de nombreux défis.
Cette enfance difficile ne m'a pas brisé. Elle m'a forgé. Je suis prêt. Prêt à affronter tout ce que l'avenir me réserve.
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