Origine 4 : Le survivant brun
Origine 4 : Le survivant brun
Évidemment, j'ai refusé.
Pas une, mais trois fois.
Une première en fin janvier, une autre début février, et la dernière à la fin du mois de février.
Ayanokoji Atsuomi m'a proposé, presque supplié, puis menacé. À chaque fois, j'ai répondu de la même manière :
« Non. »
Refuser une telle offre, refuser de plier face à lui, c'était comme signer mon arrêt de mort. Mais je savais ce que cela signifiait : perdre ma liberté, devenir un pion dans son système. Je ne suis pas un pion.
L’enlèvement
La fin de l'année approche.
Je suis le meilleur élève de l'école, en tête de ma promotion, et pourtant, cette réussite ne me protège pas.
Un soir, alors que je quitte l'école, quelque chose ne va pas.
L’air est lourd, presque électrique. Mon instinct me crie de rester sur mes gardes.
Mais je suis pris par surprise.
Trois hommes en costume noir m’attrapent dans une ruelle sombre. Je me débats, mais ils sont entraînés, préparés.
Un coup violent derrière la tête, et tout devient noir.
La tentative de transfert
Je me réveille à moitié conscient, dans un endroit que je ne reconnais pas. Une pièce sombre, froide, impersonnelle.
Des voix me parviennent à travers le brouillard de mon esprit.
« Préparez-le. Atsuomi veut qu'il soit transféré immédiatement à la White Room. »
La White Room. Ce nom résonne dans ma tête.
Je ne sais pas exactement ce que c’est, mais je sais une chose : si j’y entre, je n’en sortirai jamais.
Mon corps est immobile, mais mon esprit lutte.
Réveille-toi.
Maintenant.
Mon instinct de survie s'active.
Je ressens une décharge d'adrénaline brute. Je force mon corps à bouger, même si la douleur est écrasante.
Je m'éveille brusquement. Mes yeux s'ouvrent.
Un des hommes s’approche pour m’attacher. Mauvaise idée.
La fuite
D’un geste rapide, je saisis une dague posée sur la table à côté de moi.
Je frappe. Une fois. Deux fois. Trois fois.
Le premier homme tombe. Le deuxième tente de me maîtriser, mais je suis déjà sur lui. Mon corps agit seul, guidé par des réflexes de survie que j’ai développés à force de côtoyer les bas-fonds du Japon.
Le troisième homme, plus imposant, hésite un instant. C’est tout ce qu’il me faut. Je me libère et m’élance hors de la pièce.
Le couloir est long, étroit, éclairé d’une lumière blafarde.
Je cours.
Derrière moi, j'entends l'alarme retentir.
« Wilfried s’est échappé ! Attrapez-le ! »
La poursuite commence.
La traque
Ils sont nombreux. Des agents du gouvernement, des soldats d’élite, des hommes de main envoyés par Atsuomi.
Je cours à travers les rues, les ruelles, utilisant chaque connaissance que j’ai du monde de l’ombre pour les semer.
Les réseaux clandestins, les caches des yakuza, les passages secrets… Je les utilise tous.
Chaque minute, chaque seconde compte.
Mais un homme me suit de près, implacable : Tsukishiro, le bras droit d’Atsuomi.
Il ne se contente pas de me poursuivre. Il m'étudie, anticipe chacun de mes mouvements.
Le duel
Finalement, il me rattrape.
Nous nous retrouvons face à face dans une ruelle sombre, le souffle court, la tension palpable.
« Tu es rapide, Wilfried. Mais c’est terminé. »
Tsukishiro sort une arme.
Je me tiens prêt, le cœur battant, mon instinct me criant de fuir.
Mais il n’y a nulle part où aller.
Il vise. Je bouge.
La détonation résonne dans la nuit.
Une douleur fulgurante explose dans ma poitrine.
Je tombe au sol, le souffle coupé.
Je le vois s'approcher, pensant que c'est fini.
Mais il a tiré sur le côté gauche de ma poitrine, croyant que mon cœur s’y trouve.
Mon cœur est du côté droit.
C’est ce qui me sauve.
Je lutte pour rester conscient, mais la douleur est trop intense. Mon corps cède.
Le réveil
Je ne sais pas combien de temps s’écoule.
Lorsque j’ouvre les yeux, je suis allongé dans un lit. La lumière est douce, presque apaisante.
La pièce est spacieuse, élégante. Rien à voir avec la froideur de l'endroit où j'étais.
Je tourne la tête et aperçois un homme, assis à mon chevet.
Un homme aux cheveux argentés, au regard serein et bienveillant.
Il me sourit légèrement.
« Tu es enfin réveillé, Wilfried.
Je tente de parler, mais ma voix est rauque, faible.
- Où… où suis-je ?
L’homme pose une main apaisante sur mon épaule.
- Tu es en sécurité. Je suis Sakayanagi, le directeur du groupe Sakayanagi.
Je le fixe, confus.
- Combien de temps… ?
Il hésite un instant avant de répondre.
- Un an. Tu étais dans le coma pendant un an.
Un choc traverse mon corps.
Un an.
Tout ce que j’ai connu… a continué sans moi.
Je ferme les yeux, tentant d’assimiler cette nouvelle réalité.
Mais une chose est claire : je suis encore en vie et j'ai 13 ans.
Le réveil d'une nouvelle réalité
Sakayanagi reste silencieux un moment après m'avoir annoncé la nouvelle.
« Je suis désolé, Wilfried. Tes parents sont morts de chagrin. »
Ces mots ne me surprennent pas. Mon lien avec eux était déjà faible, leur absence n’aura pas beaucoup d’impact sur moi. Mais ce qui suit…
« Et ton frère aussi. »
Un frisson glacé me parcourt.
Non. Ça, c’est impossible.
Je secoue la tête, la gorge serrée.
« Non… Mon frère ne peut pas être mort. »
Sakayanagi me regarde avec une compassion mesurée.
« Je comprends ton doute. Mais crois-moi, mes informations viennent de sources fiables. »
Je serre les poings. Quelque chose cloche. Mon frère n’abandonnerait jamais. Il est trop tenace pour disparaître sans rien faire.
« Il va me retrouver, » je murmure. « Il fera tout pour me retrouver. »
Sakayanagi me fixe, son expression impassible.
« Peut-être. Mais s’il le fait, Atsuomi sera là pour l’intercepter. Et si ce n’est pas lui, ce sera Tsukishiro. »
Je ne réponds pas.
Les intentions de Sakayanagi
Je le regarde avec méfiance. Il y a quelque chose chez lui qui ne colle pas. Pourquoi le directeur de l’Advanced Nurturing High School, une école d’élite, me sauverait-il ?
Je n’ai jamais cru aux actes de pure bonté.
Je plisse les yeux.
« Vous avez collaboré avec la White Room par le passé, n’est-ce pas ? »
Sakayanagi ne semble ni surpris ni offusqué. Il reste calme, comme s’il attendait cette question.
« Un dicton dit qu’un espion connaît toujours son homologue, » je continue. « Pour comprendre la stratégie d’une personne, il faut l’avoir côtoyée. »
Il esquisse un léger sourire.
« Tu es perspicace, Wilfried. Mais sache que mon rôle aujourd’hui est différent. Mon passé ne définit pas mes intentions présentes. »
Je reste silencieux. Pour l’instant, il reste un allié. Mais je garde à l’esprit qu’il pourrait très bien redevenir une menace.
Une rencontre mystérieuse
Après la visite de Sakayanagi, je quitte la pièce pour prendre l’air.
Dans le couloir, je croise une fille qui attire immédiatement mon attention.
Elle a les mêmes cheveux argentés que Sakayanagi, et une canne à la main. Son regard est perçant, bien qu’elle dégage une certaine fragilité physique.
Nos regards se croisent.
Je me contente de la saluer d’un simple mouvement de tête.
Elle répond par un léger sourire, avant de s’éloigner lentement.
Je ne sais pas encore qui elle est, mais quelque chose me dit que nos chemins se croiseront à nouveau.
Retour à la routine… ou presque
Quelques jours plus tard, je reprends ma deuxième année au collège.
La vie scolaire reprend son cours.
Les cours, les professeurs, les élèves… tout cela m’indiffère.
Mais il y a une chose qui compte encore pour moi : les yakuza.
Ils sont ma véritable famille ici, ceux qui m’ont tendu la main lorsque personne d’autre ne l’a fait.
Avant de quitter ce monde, ils prennent une dernière photo avec moi.
Une photo simple, mais qui symbolise tout ce que nous avons traversé ensemble.
Je sens au fond de moi que cette image aura son importance dans le futur.
Le départ d’Akagami Hakurei
Je sais également qu'Akagami Hakurei, ma première alliée dans ce pays hostile, s’apprête à quitter son collège pour rejoindre l’Advanced Nurturing High School le mois prochain.
Elle a beaucoup changé depuis notre première rencontre, mais elle reste fidèle à elle-même.
Il y a quelques jours, elle a tenté de me dire quelque chose. Ses joues étaient légèrement rouges, ses mots hésitants…
Mais elle s’est ravisée au dernier moment.
Je n’ai pas insisté. Si c’est important, elle finira par le dire.
Un nouveau départ
Une nouvelle journée commence.
Le soleil se lève sur cette ville qui ne m’a jamais vraiment accueilli, mais que je connais désormais par cœur.
Je me tiens prêt.
Car même si la routine semble reprendre, je sais que chaque jour peut être celui où tout bascule à nouveau.
Le survivant brun ne dort jamais.
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