2 novembre

Le classement du mois d’octobre est tombé ce matin.
Je déplie lentement le papier dans mes mains, analysant chaque chiffre, chaque progression.

Classe A — Arisu : 4 660 + 800 = 5 460
Classe B — Horikita : 4 120 + 900 = 5 020
Classe C — Ichinose : 3 920 + 860 = 4 780
Classe D — Ryuen : 3 058 + 775 = 3 833

Je plisse légèrement les yeux en relisant les chiffres. La classe A n’a pas cédé. L’affaire Ren a affaibli Arisu, certes, mais elle reste intacte, déterminée, et toujours au sommet.

Je soupire. "Pas assez."

Je range le papier dans mon sac tout en réfléchissant. La classe B a fait un bond significatif. Horikita et ses alliés ont compris une chose cruciale : Arisu ne joue pas seulement pour maintenir sa position. Son objectif est clair maintenant. Elle veut me briser, m’assujettir, me faire rejoindre son camp.

— "Wilfried, tu comptes rester là toute la journée ?"

Je lève les yeux et croise le regard d’Okita. Elle est adossée contre le mur à l’extérieur de la salle de classe, les bras croisés et un air confiant sur le visage.

— "Non. Je réfléchissais."

Elle hoche la tête, puis ajoute, d’un ton calme mais résolu :
— "Je me charge de Hashimoto."

Je la fixe un instant.

— "Tu sais qu’il ne sera pas facile à manipuler, Okita. Arisu l’a envoyé pour découvrir un point faible. S’il le trouve…"

— "Il ne trouvera rien," me coupe-t-elle avec assurance. "Je ne me laisserai pas faire."

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Okita est toujours directe.

Yinghua, qui arrive juste derrière, entre dans la conversation :
— "J’ai une idée pour devancer Arisu et Hashimoto. Et Kushida aussi."

Je tourne la tête vers elle, intrigué. Yinghua n’intervient que lorsqu’elle a quelque chose de solide à proposer.

— "On en parlera après les cours," dis-je en hochant la tête. "Je veux voir tous les angles avant de lancer la contre-offensive."

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Après les cours, je marche dans les couloirs avec Igor. L’ambiance est étrangement calme, comme le calme avant une tempête. Mon esprit est en ébullition, les scénarios défilent à toute vitesse. 1 243 stratégies élaborées durant mes deux mois de convalescence. Laquelle sera la première à être mise en œuvre ?

Nous tournons au coin du couloir et, comme par hasard, Hashimoto est là. Appuyé nonchalamment contre un casier, son sourire détendu parfaitement calculé.

— "Oh, Wilfried ! Quelle surprise de te croiser ici."

Je me contente de le fixer. Hashimoto ne fait jamais rien par hasard.

— "Vraiment ?" je réponds d’un ton neutre.

Il s’avance légèrement, ses yeux scrutant chaque détail, chaque mouvement que je fais.

— "Tu sais, Arisu est curieuse à ton sujet. Elle t’apprécie."

— "Apprécier ?" je répète, feignant l’indifférence. "Je doute que ce soit si simple."

Igor, à mes côtés, reste silencieux, mais je sens sa tension.

Hashimoto continue avec son sourire affable :
— "Elle pense que tu es... spécial. Pas comme les autres."

Je sens une opportunité. C’est le moment.

— "Être spécial, c’est souvent plus une malédiction qu’un avantage."

Hashimoto incline légèrement la tête, intrigué. J’avance d’un pas.

— "Mais dis-moi, Hashimoto… Est-ce que tu es vraiment certain d’être au bon endroit, au bon moment ?"

Il hausse un sourcil, perplexe. Igor et moi nous regardons. 15 secondes plus tard, nous sommes déjà hors de sa portée, lui laissant plus de questions que de réponses.

Premier obstacle franchi.

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Le second obstacle se présente plus tôt que prévu : Ryuen et son groupe.

Ils nous attendent dans le hall. Je les vois de loin. Un affrontement est inévitable.

Mais avant même que Ryuen n’ouvre la bouche, Ichinose apparaît avec plusieurs membres de la classe C.

— "Ryuen, ça suffit."

Sa voix est calme mais ferme. Elle n’a pas besoin de hausser le ton pour imposer sa présence.

Ryuen esquisse un sourire narquois.
— "Ichinose... Toujours à vouloir jouer les sauveuses ?"

— "Parfois, sauver quelqu’un, c’est le meilleur moyen de le rendre plus fort."

Ryuen réfléchit un instant, puis recule. Une bataille évitée, cette fois.

Ichinose me lance un regard entendu, puis disparaît avec sa classe. Deuxième obstacle contourné.

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De retour dans mon appartement, j’ouvre la porte avec un soupir. La journée a été longue, mais productive.

Je referme la porte derrière moi et me fige.

Quelqu’un est là.

Je sens sa présence avant même de la voir. Une silhouette se tient dans l’ombre, près de la fenêtre.

— "Tu es rentré plus tard que prévu, Wilfried."

La voix est douce, presque familière.

Elle sort de l’ombre et je la reconnais immédiatement : Akagami Hakurei.

— "Hakurei… Que fais-tu ici ?"

Elle incline légèrement la tête, un sourire mystérieux sur les lèvres.

— "Je suis venue te rappeler que tu n’es pas seul. Peu importe ce que tu crois."

Je plisse les yeux, méfiant. Hakurei… La grande sœur d’Akagami Akami, ma prétendue “plus grande servante et fan.”

— "Intervenir maintenant… Pourquoi ?"

Elle s’avance lentement, croisant les bras.

— "Parce que les choses vont devenir encore plus compliquées. Et tu auras besoin d’alliés. De vrais alliés."

Je reste silencieux.

Hakurei pose une main sur la table, son regard plongé dans le mien.

— "Je suis prête à être tout ce que tu veux, Wilfried. Servante, alliée, conseillère… Mais n’oublie pas que je suis là par choix."

Je garde une distance prudente.

— "Et si je refuse ?"

Elle sourit. Un sourire qui ne révèle ni victoire, ni défaite. Juste une promesse silencieuse.

— "Alors, je resterai dans l’ombre… À attendre que tu aies besoin de moi."

Elle se dirige vers la porte, mais avant de sortir, elle ajoute :

— "La fin d’un mois n’est que le commencement d’un autre. N’oublie jamais ça, Wilfried."

Je reste seul dans l’appartement, réfléchissant à ses mots. La fin… et le commencement.

Un sourire naît lentement sur mes lèvres.

Le jeu ne fait que commencer.

Je m’installe sur le canapé, encore absorbé par la rencontre avec Hakurei. L’atmosphère est étrangement calme, mais je sens une tension sous-jacente. Chaque détail compte, chaque seconde est cruciale.

Mon téléphone vibre dans ma poche. Un appel de Yinghua.
Je décroche.

— "Wilfried." La voix de Yinghua est toujours posée, presque trop calme.
— "Yinghua. Qu’est-ce qu’il y a ?"

Elle hésite une seconde, puis ajoute :
— "Kushida est avec moi. On a quelque chose à te montrer. Tu es devant ton ordinateur ?"

Je fronce les sourcils. Qu’est-ce qu’elles mijotent ?

— "Attends."

Je me lève, allume mon ordinateur portable, et accepte leur appel vidéo. L’écran s’illumine, révélant Yinghua et Kushida dans une petite pièce, probablement une salle d’étude de l’école.

— "D’accord, je suis là. Montrez-moi."

Kushida prend la parole en premier, un sourire mystérieux sur le visage.

— "On a réfléchi à une manière de tourner la situation à notre avantage, surtout après ce qui s’est passé avec Hashimoto et Ryuen."

— "Et ?" je demande, croisant les bras.

Yinghua se penche légèrement en avant, son regard perçant fixé sur moi.

— "Nous allons exploiter leur intérêt pour toi, Wilfried. Hashimoto et même Arisu cherchent un point faible, mais nous allons leur donner l’illusion d’en avoir trouvé un."

Je reste silencieux, attendant la suite.

— "Nous allons orchestrer une fausse vulnérabilité," continue-t-elle. "Un faux conflit interne. Kushida se chargera de diffuser subtilement certaines informations… des rumeurs bien choisies."

Kushida hoche la tête, son sourire s’élargissant.

— "Des rumeurs selon lesquelles tu pourrais envisager de quitter la classe B."

Je plisse les yeux. Quitter la classe B ?

— "C’est risqué," dis-je, réfléchissant à la portée d’une telle information. "Arisu pourrait y croire et en profiter."

— "C’est là que réside la beauté du plan," réplique Kushida. "Elle se précipitera pour t’attirer dans son camp, croyant que tu es à un point de rupture. Cela la rendra vulnérable."

Yinghua ajoute :
— "Et pendant ce temps, nous aurons tout le loisir d’observer ses mouvements et de la devancer."

Je me frotte le menton, envisageant les implications. C’est audacieux.

— "Et si Arisu ne mord pas à l’hameçon ?"

Kushida sourit.

— "Elle le fera. Elle a trop investi dans l’idée de t’avoir à ses côtés. Si elle sent que tu es à portée de main, elle ne pourra pas résister."

Yinghua fixe la caméra, ses yeux brillants de détermination.

— "Le plus important, Wilfried, c’est que tu restes imprévisible. Ne montre aucun signe de doute ou de faiblesse. Laisse-les croire ce qu’ils veulent."

Je les regarde toutes les deux, puis je souris légèrement.

— "C’est brillant. Risqué, mais brillant."

— "On sait," répond Kushida avec un clin d’œil.

— "Quand commencez-vous ?"

— "Dès demain," répond Yinghua. "Nous allons semer les premières graines pendant les cours et surveiller les réactions."

Je hoche la tête. Le jeu vient de prendre une nouvelle tournure.

— "D’accord. Je vous fais confiance. Mais restez prudentes. Arisu n’est pas le genre à se laisser berner facilement."

Yinghua et Kushida échangent un regard complice.

— "Ne t’inquiète pas," dit Kushida. "On sait exactement ce qu’on fait."

L’appel se termine, et je reste un moment devant l’écran éteint, réfléchissant à la suite.

Un faux conflit. Une fausse faiblesse.

Je souris en coin. Parfois, les meilleures attaques sont celles qui viennent de l’intérieur.