7 - La dissolution du groupe Meiseicho

La salle de réunion est silencieuse, remplie d’une attente presque palpable. Les membres de Meiseicho sont rassemblés, ainsi que ceux qui, jusqu’à présent, sont restés neutres. C’est un moment important. Le genre de moment qui marque la fin d’une ère et le début d’une autre.

Je suis debout devant eux, les observant. Chaque visage, chaque regard tourné vers moi. Certains affichent une certaine confusion, d’autres une appréhension. Ils savent que cette réunion n’est pas comme les autres.

Meiseicho, le groupe que j’ai fondé, n’a jamais eu pour but de devenir une force imposante. Il est né d’une nécessité : la survie. Un noyau restreint, choisi avec soin, composé de ceux qui comprenaient que parfois, la survie individuelle ne suffit pas, et qu’il faut penser en termes d’unité.

Mais aujourd’hui, Meiseicho a changé.

Je prends une inspiration lente et profonde, puis je commence.

— Merci d’être tous ici aujourd’hui.

Ma voix résonne dans la pièce, calme mais ferme, empreinte de la gravité de ce que je m’apprête à dire.

— Cette réunion est différente des autres. Ce n’est pas une simple mise à jour de nos stratégies ou un ajustement de nos plans. C’est… une fin.

Un murmure traverse la salle. Certains échangent des regards inquiets, d’autres restent immobiles, attendant la suite.

— Meiseicho, en tant que groupe… va disparaître.

Le murmure se transforme en choc. Des regards s’élèvent vers moi, cherchant une explication.

Je lève une main, demandant le silence, et il revient presque instantanément.

— Meiseicho a été créé dans un contexte bien précis. Nous étions peu nombreux, et nous avions un objectif clair : assurer notre survie face à des forces qui cherchaient à nous diviser ou à nous détruire.

Je marque une pause, mon regard balayant la salle.

— Mais aujourd’hui… les choses ont changé.

Je me tourne légèrement vers Horikita et Hirata, assis à ma droite. Leurs visages sont calmes, concentrés. Ils savent déjà ce que je vais dire.

— Aujourd’hui, presque toute la classe fait partie de Meiseicho. Ce qui était autrefois un groupe restreint est devenu une majorité. Et plus important encore, Horikita et Hirata ont prouvé qu’ils sont capables de rassembler et d’unifier, non seulement les membres de Meiseicho, mais aussi ceux qui étaient restés neutres jusqu’à présent.

Je croise les bras, les regardant tous avec sérieux.

— Meiseicho, en tant que groupe distinct, n’est plus nécessaire.

Un silence lourd s’installe à nouveau. Personne ne parle, mais je peux sentir les pensées qui bouillonnent, les questions qui se forment.

— Cependant…

Je laisse le mot flotter un instant.

— La philosophie de Meiseicho, elle, demeure.

Je pose une main sur la table devant moi, comme pour ancrer mes paroles.

— Ce que nous avons construit ici ne disparaît pas. La vision de l’unité, de la force collective, de la survie à travers l’entraide et la stratégie… tout cela reste.

Je me redresse, les regardant avec intensité.

— Ce n’est plus un groupe fermé. C’est une philosophie qui doit maintenant guider toute la classe.

Horikita prend la parole à ce moment-là, sa voix claire et déterminée.

— Wilfried a raison. Nous n’avons plus besoin de distinctions artificielles entre les membres de Meiseicho et les autres. Nous sommes une seule et même classe. Et c’est ensemble que nous allons avancer.

Hirata, toujours aussi calme, ajoute :

— L’unité que nous avons atteinte est notre plus grande force. Mais elle n’existera que si nous continuons à travailler ensemble, à nous soutenir mutuellement.

Je les écoute, satisfait. Ils comprennent.

Je me tourne à nouveau vers l’assemblée.

— À partir d’aujourd’hui, Meiseicho, en tant que structure, n’existe plus. Mais son esprit, lui, vivra à travers chacun de vous.

Je vois des têtes hocher, certains avec conviction, d’autres avec un peu de doute, mais c’est normal. Le changement n’est jamais facile, même lorsqu’il est nécessaire.

— Cela ne signifie pas que nous n’aurons plus de défis, continue Horikita. Au contraire. Mais chaque défi sera une opportunité de renforcer cette unité.

Hirata conclut :

— Et nous serons là pour nous assurer que personne ne soit laissé de côté.

Je reprends la parole une dernière fois.

— Alors, préparez-vous. Ce n’est pas la fin. C’est un nouveau départ. Et ce qui nous attend demandera plus de force, plus de stratégie, et plus d’unité que jamais.

Je les regarde, chacun d’entre eux.

— Êtes-vous prêts ?

Un instant de silence, puis une voix s’élève.

— Oui.

Puis une autre.

— Oui.

Et bientôt, la salle entière répond d’une seule voix.

— Oui.

Je ressens une étrange satisfaction. Ce que nous avons construit ici est prêt à évoluer. Meiseicho n’est plus, mais sa philosophie vivra à travers eux, à travers nous tous.

Je ferme les yeux un instant, sentant le poids de la responsabilité s’alléger légèrement. Puis je les rouvre, prêt à affronter ce qui vient.

— Alors allons-y.

La réunion se termine. Pas avec une fin, mais avec une promesse.

La salle se vide progressivement, chacun repartant avec une nouvelle détermination. Horikita et Hirata restent derrière, déjà en train d’organiser les premières étapes de la transition. Je leur fais confiance.

Ils n’ont pas besoin de moi pour ça.

Je sors, laissant derrière moi le bruit des discussions et des stratégies en train de se former. Mes pas me mènent à l’extérieur, là où l’air froid de janvier m’accueille. Le soleil est bas, et la lumière hivernale donne à l’académie une ambiance à la fois paisible et tendue.

Je sais où je vais.

Le terrain de football est presque vide à cette heure de la journée. Quelques étudiants traînent encore, mais la plupart sont partis. Au centre du terrain, une silhouette familière jongle tranquillement avec un ballon.

Tora Yoshida. Mon frère.

Il était Thierry avant de changer de nom, mais pour moi, il sera toujours ce grand frère qui m’a appris à jongler avec un ballon bien avant que je ne comprenne les subtilités de la stratégie et de la survie.

Je m’avance vers lui, les mains dans les poches, un léger sourire aux lèvres.

— Tu es toujours là, Tora.

Il s’arrête, le ballon reposant tranquillement sous son pied, et me regarde avec ce même regard calme et protecteur qu’il a toujours eu.

— Bien sûr. Je savais que tu viendrais.

Je le rejoins sur le terrain, retirant ma veste pour être plus à l’aise.

— Tu as entendu parler de la dissolution de Meiseicho ?

Tora hoche la tête, un sourire en coin.

— Oui. C’était la bonne décision. Tu n’avais plus besoin de ce groupe pour te protéger.

Je récupère le ballon d’un coup de pied léger et commence à jongler à mon tour.

— Peut-être. Mais ça ne veut pas dire que je peux me relâcher.

Tora rit doucement.

— Tu es toujours aussi sérieux, Wilfried.

Je hausse les épaules, concentré sur le ballon.

— Quelqu’un doit l’être.

Le silence s’installe, seulement interrompu par le son régulier du ballon rebondissant entre nos pieds. C’est un silence confortable, familier.

— Et toi ? demandai-je finalement. Qu’est-ce que tu fais ces derniers temps ?

Tora attrape le ballon d’un coup de pied précis et le passe vers moi.

— Je vis ma vie, tranquillement. Contrairement à toi, je n’ai pas à me battre pour chaque instant.

Je souris légèrement, attrapant le ballon à mon tour.

— Peut-être que tu devrais.

Il secoue la tête.

— Non, je préfère te regarder faire. Tu es bien meilleur à ce jeu-là.

Je ris, un son rare mais sincère.

— Peut-être. Mais ce n’est pas toujours un jeu.

Tora s’assied sur le bord du terrain, me regardant jongler.

— Tu sais, Wilfried… Peu importe à quel point tu te prépares, il y aura toujours des choses que tu ne pourras pas contrôler.

Je m’arrête, le ballon dans les mains, et le regarde.

— Tu veux dire Ohona.

Il acquiesce lentement.

— Oui. Elle est différente. Tu le sais, et moi aussi. Ce n’est pas une question de force ou de stratégie.

Je m’assieds à côté de lui, le ballon roulant doucement entre nous.

— Alors, c’est une question de quoi ?

Tora réfléchit un instant avant de répondre.

— D’instinct. D’émotions. Ce sont des choses que tu ne peux pas toujours prévoir.

Je reste silencieux, laissant ses mots résonner en moi.

— Et qu’est-ce que je fais, alors ?

Il me regarde, sérieux pour une fois.

— Tu fais ce que tu as toujours fait. Tu observes, tu analyses… mais surtout, tu fais confiance.

Je tourne la tête vers lui, surpris.

— Confiance ?

Il sourit.

— Oui. Confiance en toi, mais aussi en ceux qui sont avec toi. Horikita, Hirata, la classe… Ils sont là pour une raison. Tu n’es pas seul dans tout ça.

Je regarde le ciel, où les nuages commencent à s’éclaircir légèrement.

— Confiance, hein ?

Tora se lève, attrapant le ballon.

— Allez, petit frère. Une dernière partie avant que le soleil ne se couche ?

Je me lève à mon tour, un sourire léger mais sincère sur le visage.

— Pourquoi pas.

Le jeu reprend, le ballon roulant entre nous, comme si le monde extérieur n’existait plus. Juste deux frères, sur un terrain, partageant un moment simple mais essentiel.

Et pour la première fois depuis longtemps, je me sens… léger.

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