6 - Popularité : Wilfried et Okita
Point de vue de Wilfried
Fin octobre. Le soleil automnal filtre à travers les fenêtres de la classe, répandant une lumière douce et chaleureuse. L'air frais invite à une promenade, mais aujourd'hui, je suis d'excellente humeur, sans raison particulière. Ou plutôt, si : tout va bien dans ma vie en ce moment.
Mon site d'écriture marche comme sur des roulettes, atteignant des sommets de popularité inattendus. Les commentaires fusent, les lecteurs se multiplient, et les retours sont globalement positifs. Ce projet, lancé presque sur un coup de tête, est devenu une véritable machine à succès.
Côté académique ? Pas de souci non plus. Je continue de maintenir mon compte à 100 000 000 de points privés, et chaque fois que j’approche de dépasser cette somme, je trouve toujours une utilité à dépenser l’excédent. Je pourrais me contenter de simplement accumuler, mais j’aime ce chiffre rond. Symbolique.
Mes relations ? En bon terme avec tout le monde. Meitanjo, Hirata, et même ceux avec qui les interactions étaient rares au début, font preuve d’une bienveillance inattendue. La classe fonctionne enfin en harmonie, et je suis loin d’être le solitaire que certains imaginaient.
Bref, la paix. Enfin.
Je pousse un soupir satisfait, me demandant quand la prochaine tempête arrivera. Mais pour l’instant, j’en profite.
C’est alors qu’une question me traverse l’esprit. Une question… que je n’avais pas vraiment pris le temps d’explorer jusqu’ici :
— "À quel point suis-je populaire, moi ?"
Je lâche cette réflexion à haute voix, sans trop y penser. La classe n’est pas trop remplie, la plupart des élèves sont sortis. Seuls Hirata, Hishida, et Tokito traînent encore dans la salle.
— "Populaire ? Toi ?" répète Hishida avec un sourire amusé.
Je me tourne vers lui, haussant un sourcil.
— "Ouais, ça te pose un problème ?"
Hirata, toujours souriant et calme, intervient avant que Hishida ne puisse répondre :
— "Wilfried, tu veux savoir à quel point tu es populaire ? Chez les filles ?"
Je hoche la tête, curieux mais aussi un peu inquiet. Hirata, c’est le gars qui sait tout sur tout le monde, surtout dans le domaine des relations sociales. S’il y a bien une personne qui peut répondre à ma question, c’est lui.
— "Dis-moi tout, Hirata. Ne me ménage pas."
Hirata affiche un sourire énigmatique, comme s’il hésitait à me dire la vérité. Mais après quelques secondes de silence, il finit par parler :
— "Wilfried… tu es l’un des garçons les plus populaires de l’école."
Je reste figé.
— "Quoi ?"
Il continue, imperturbable :
— "Oui. Mais tu n’es pas seulement populaire… tu es aussi l’un des plus mystérieux. Ça intrigue beaucoup de filles. Ton intelligence, ton calme, et même ton absence prolongée au début de l’année ont contribué à créer une sorte d’aura autour de toi."
Je cligne des yeux, abasourdi.
— "Mais… attends. Ça veut dire que…"
Hirata hoche la tête.
— "Oui. Il y a beaucoup de filles qui s’intéressent à toi."
C’est à ce moment-là que Hishida éclate de rire. Un rire franc, moqueur, presque trop bruyant pour la situation.
— "C’est pas possible ! Le gars qui passe son temps à lire seul dans une bibliothèque est un Casanova en puissance ? Sérieusement, Wilfried, tu m’as caché ça !"
Je le fusille du regard.
— "Je t’assure que je ne savais rien."
Hishida continue de rire, mais je remarque quelque chose. Ce type… il savait. Il savait et il s’est bien gardé de me le dire.
— "Hishida… t’as pas fait exprès de me cacher ça, hein ?"
Il me répond avec un sourire innocent qui crie la culpabilité.
— "Moi ? Oh, pas du tout. Peut-être que j’ai juste trouvé ça trop drôle pour intervenir."
Je grogne intérieurement, mais avant que je puisse riposter, Tokito intervient. Elle est assise non loin, dégustant tranquillement des crêpes.
— "Wilfried, tu devrais te détendre. Ce n’est pas si grave. Être populaire, c’est plutôt une bonne chose, non ?"
Je la regarde. Tokito, toujours calme, toujours rationnelle.
— "Facile à dire pour toi."
— "Hmm…" Elle prend une autre bouchée de crêpe, l’air de réfléchir. "Peut-être que tu devrais en profiter. Après tout, tu as toujours l’air de fuir ce genre de choses."
— "Fuir ? Pas du tout." Je croise les bras. "Je suis juste… prudent."
Hirata intervient à nouveau, mais cette fois, il semble hésiter.
— "Il y a autre chose, Wilfried."
Je me tends légèrement.
— "Quoi encore ?"
Il échange un regard complice avec Hishida, puis poursuit :
— "Il y a un rendez-vous organisé."
— "Un rendez-vous ?"
— "Oui." Il prend une inspiration. "Avec toi… et Okita."
Je cligne des yeux, essayant d’assimiler l’information.
— "Okita… et moi ? C’est une blague ?"
Hishida éclate à nouveau de rire.
— "Non, ce n’est pas une blague ! Sato, Kei, Yinghua, et Chiaki ont tout planifié. Ils ont trouvé que vous deux formiez un bon duo."
Je reste figé.
— "Elles ont… quoi ?"
Tokito, toujours en train de savourer sa crêpe, lève les yeux vers moi.
— "Tu ne savais pas ? C’était assez évident."
Je passe une main sur mon visage, réalisant que la situation est bien plus complexe que je ne le pensais.
Un rendez-vous… avec Okita ?
Bon, je n’ai rien contre elle. Au contraire, on s’entend bien. Mais l’idée que les autres élèves soient en train de fabriquer une relation entre nous… c’est gênant.
— "Je vais me venger."
Hirata lève un sourcil.
— "Venger quoi ?"
— "Tout ça. Cette mise en scène."
Hishida rit encore, mais je commence déjà à réfléchir à un moyen de retourner la situation à mon avantage.
Mais en attendant… Je jette un coup d’œil à Tokito, toujours paisible.
— "Si je suis avec Okita, ça ira. Au moins, elle est fiable."
Je soupire, laissant ma tête tomber sur la table. Mais ça n’empêche pas que ce mois d’octobre se termine sur une note… imprévue.
Le rendez-vous. Un piège soigneusement tendu.
Okita et moi, ensemble, à la terrasse d’un café situé à quelques rues de l’école. Le genre d’endroit que je n’aurais jamais choisi de mon propre chef, avec ses lumières tamisées et ses fauteuils confortables. Trop cliché, trop… romantique. Mais, comme il est presque impossible de refuser un tel rendez-vous orchestré par Sato, Kei, Yinghua et Chiaki, nous voilà ici, assis l’un en face de l’autre.
Okita semble parfaitement à l’aise. Trop à l’aise, même.
— "C’est plutôt agréable, non ?" dit-elle avec un sourire léger en regardant autour de nous.
— "Agréable ? Je dirais plutôt… embarrassant."
Elle rit doucement, prenant une gorgée de son thé glacé.
— "Embarrassant ? Tu es bien trop tendu, Wilfried. Ce n’est qu’un rendez-vous arrangé. Rien de dramatique."
— "Tu dis ça, mais ils ont tout organisé dans notre dos. C’est à peine si j’ai eu le choix."
Elle hausse les épaules, impassible.
— "Et alors ? Ils pensent juste qu’on ferait un bon duo. Peut-être qu’ils ont raison."
Je plisse les yeux.
— "Un bon duo ? Toi et moi ? Pourquoi pas Hishida, tant qu’on y est ?"
Elle rit encore, et je sens qu’elle se moque gentiment de moi.
— "Hishida et toi, c’est plutôt un duo comique. Avec moi, c’est différent."
Je l’observe un instant, cherchant à lire dans son regard. Okita est toujours difficile à cerner, même après tout ce temps.
— "Pourquoi tu es si calme ? Ça ne te dérange pas qu’ils essaient de nous caser ?"
Elle repose son verre, croisant les mains devant elle.
— "Je ne laisse pas ce genre de choses me déranger. C’est amusant, non ? Regarde autour de toi. Tu ne trouves pas ça agréable, de sortir un peu de la routine ?"
Je jette un coup d’œil à la terrasse. Des couples, des groupes d’amis. Tout le monde semble détendu, profitant de l’ambiance. Peut-être qu’elle a raison, mais…
— "Je ne suis pas habitué à ce genre d’environnement."
— "Ça se voit."
Je soupire. Pourquoi suis-je toujours le seul à être tendu dans ce genre de situation ?
Un silence s’installe, mais ce n’est pas un silence inconfortable. C’est étrange, en fait. Je m’attendais à ce que ce rendez-vous soit une véritable corvée, mais… avec Okita, c’est différent.
— "Tu sais, ils doivent nous espionner en ce moment," dit-elle soudain.
Je fronce les sourcils.
— "Espionner ?"
Elle acquiesce en désignant du menton une table à l’autre bout de la terrasse.
— "Regarde là-bas. Sato et Kei."
Je tourne discrètement la tête. Effectivement, Sato et Kei sont là, assises à une table, feignant d’être plongées dans une conversation anodine.
— "Elles se sont vraiment donné la peine de venir jusqu’ici…"
— "Tu devrais être flatté."
Je secoue la tête, légèrement exaspéré.
— "Flatté ? Elles n’ont que ça à faire, ou quoi ?"
— "Peut-être qu’elles veulent s’assurer que tout se passe bien."
Je me redresse, croisant les bras.
— "Alors, faisons en sorte qu’elles aient quelque chose à observer."
Un sourire en coin apparaît sur le visage d’Okita.
— "Tu veux jouer le jeu ?"
— "Pourquoi pas ? Si elles veulent un spectacle, donnons-leur ce qu’elles veulent."
Elle hoche la tête, l’air complice.
— "Très bien. Alors, suis-moi."
Okita se lève, et je la suis à travers la terrasse jusqu’à un coin plus isolé, près de la rambarde offrant une vue sur la rue animée en contrebas. Elle s’appuie contre la rambarde, regardant l’horizon.
— "Alors, quelle est la suite du plan, Wilfried ?"
Je réfléchis un instant.
— "La suite ? On va leur donner une image parfaite."
Je me place à côté d’elle, feignant de regarder la vue, mais je sais que Sato et Kei nous observent toujours.
— "Tu sais, Okita, je n’aurais jamais pensé que je passerais un après-midi comme celui-ci."
Elle tourne la tête vers moi, un sourire amusé aux lèvres.
— "Et maintenant ?"
Je la regarde droit dans les yeux.
— "Maintenant… je pense que je pourrais m’y habituer."
Elle rit doucement.
— "Tu t’améliores."
Je ne peux m’empêcher de sourire à mon tour. C’est un jeu, après tout. Un jeu où nous sommes les acteurs principaux, et Sato et Kei sont le public.
— "Bon," dit Okita, se redressant. "On leur a donné assez de matière. On peut partir ?"
— "Oui. Mais… on devrait les surprendre un peu."
Elle arque un sourcil.
— "Comment ?"
Je réfléchis rapidement, puis je me penche légèrement vers elle, assez pour que de loin, cela ressemble à quelque chose de plus intime. Juste assez pour les faire réagir.
— "Comme ça."
Elle ne bouge pas, mais je sens qu’elle comprend le jeu.
— "Ils vont en parler pendant des jours, tu sais."
— "C’est le but."
Quelques secondes passent, puis nous nous éloignons. Le spectacle est terminé.
En quittant la terrasse, je jette un dernier coup d’œil à Sato et Kei. Leurs regards en disent long.
— "Mission accomplie," murmure Okita avec un sourire satisfait.
Je souris à mon tour, déjà en train de réfléchir à ma prochaine vengeance pour ce piège.
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