4 - Akagami Akami la menace
En quinze jours, j’ai accumulé 250 000 points privés. Un montant impressionnant, même pour un élève ordinaire, mais pour moi, c’est simplement la conséquence logique de mon activité favorite : piéger les piègeurs.
Depuis le collège, j’ai perfectionné cette méthode. Ici, dans cette école où les règles sont malléables, c’est un terrain de jeu parfait. Mon système est simple : j’identifie des harceleurs ou des profiteurs qui s’en prennent à d’autres élèves. Une fois leur méfait capté sur caméra, je leur envoie un message anonyme, modulant ma voix pour ne pas être reconnu, et je leur demande 10 000 points privés en échange de mon silence.
Mais je ne garde pas leur secret. Après avoir récolté les points, j’envoie les preuves directement à l’administration, et ces « piègeurs » finissent expulsés. En apparence, je suis leur complice, mais en vérité, je suis leur juge. Chaque jour, ce petit stratagème me rapporte 10 000 points. Ça peut sembler peu, mais sur deux semaines, c’est énorme. Avec les 100 000 points initiaux, je suis à 250 000.
Pas mal, non ?
Cependant, je ne suis pas idiot. J’ai remarqué une fille aux cheveux rouges traîner dans les parages à chaque fois que j’opère. Une coïncidence ? Pas du tout. Sa présence est trop régulière. Elle m’observe, et ça me met mal à l’aise. Qui est-elle ? Que veut-elle ?
Ce soir, c’est le 15 avril, mon anniversaire. Hirata, Yinghua, Igor et le reste du club de football m’ont organisé une petite fête improvisée après l’entraînement. C’est modeste, mais je ne suis pas du genre à aimer les grands rassemblements. La soirée est agréable, mais elle finit tard.
Sur le chemin du retour, je tombe sur une scène étrange. La fille aux cheveux rouges est là, entourée de quatre filles de deuxième année. Elles sont agressives, menaçantes. La situation sent mauvais.
Dois-je intervenir ?
Ma première pensée est de partir. Si elle ne m’a pas vu, je peux m’éclipser sans problème. Mais alors qu’elle lève les yeux, je sens son regard perçant m’atteindre. Elle m’a vu.
Et maintenant ?
Mon intuition me crie que je suis piégé. Elle est capable de voir au-delà des apparences, cette fille. Je le sais au fond de moi. Elle me force dans une situation où chaque choix est une impasse. La peste ou le choléra.
C’est le piège du trickster, un concept de psychologie qui décrit une fonction trompeuse dans la personnalité, un jeu où tout choix semble mauvais. Si j’interviens, je tombe dans son jeu et elle gagne. Si je n’interviens pas, elle pourrait utiliser cela contre moi.
Je décide de contacter discrètement ceux qui gèrent les caméras de surveillance. Une fois qu’ils m’assurent que la scène est filmée, je prends mon propre téléphone et enregistre également. Mieux vaut avoir un alibi, au cas où. Une fois cela fait, je quitte les lieux sans intervenir directement.
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De retour dans ma chambre, je reçois un appel. Le numéro est masqué, mais je n’ai aucun doute sur l’identité de l’appelante.
— Félicitations, tu n’es pas tombé dans mon piège, dit-elle avec une voix calme et presque amusée. Je pensais que tu viendrais me sauver.
— Il y avait déjà des caméras, tu n’avais pas besoin de moi. Et puis, tu savais exactement ce que tu faisais. Tu as attiré ces filles dans ton propre piège, dis-je avec assurance.
Un sourire transparaît dans son ton.
— Bien vu, murmure-t-elle.
Je me rappelle de l’endroit où elle se trouvait : sombre, propice aux coups montés. Son jeu d’actrice était impeccable. Je ne suis pas dupe, j’ai fait du théâtre au collège.
— Voyons, propose-t-elle, partageons les points. 30 000 chacun. Qu’est-ce que tu en dis ?
60 000 points en tout, c’est tentant. Mais accepter reviendrait à me lier à elle, et je ne suis pas prêt à m’engager dans ses manigances.
— C’est gentil, mais je préfère que tu les gardes. Ces points, tu les as gagnés, alors ils t’appartiennent.
Un silence. Mon refus est clair et net.
— Tu as commis une grave erreur, finit-elle par dire d’un ton glacial.
— Peut-être, mais c’est la solution la plus juste.
Et surtout, la plus sûre pour ma survie.
Elle soupire, puis reprend avec une voix tranchante :
— Très bien. Mon nom est Akagami Akami, et la prochaine fois que nous nous croiserons, nous serons ennemis mortels.
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L’appel se termine.
Akagami Akami. Une nouvelle menace dans cette école. Une fille redoutable, visiblement prête à tout. En refusant son offre, j’ai probablement évité un piège plus grand, mais à long terme, cela pourrait me coûter cher.
Je sais qu’elle ne compte pas en rester là. Cependant, je ne pouvais pas accepter ses points sans dévoiler mes cartes. Pour l’instant, prudence est de mise.
Je serre les poings. À partir de maintenant, il faudra surveiller mes arrières. Akagami Akami, la fille aux cheveux rouges, ne sera pas une ennemie ordinaire.
Après avoir raccroché, je m’assois sur mon lit et respire profondément. Akagami Akami... Ce nom me trotte déjà dans la tête comme une menace imminente. Je ne peux pas garder ça pour moi. Il faut que j’en parle à Hirata, Igor et Yinghua.
Je commence par appeler Hirata. C’est le plus évident. Non seulement c’est mon premier ami ici, mais en tant que représentant de la classe, il a le droit de savoir. Il répond rapidement, comme toujours.
— Allô, Hirata ? C’est Okoda. Je dois te parler de quelque chose d’important.
— Bien sûr, qu’est-ce qu’il y a ? Tu as l’air préoccupé.
Je lui explique brièvement ce qui vient de se passer avec Akagami Akami, sa manière de me manipuler et sa déclaration de guerre à peine voilée. Hirata reste silencieux un moment avant de répondre, sa voix plus grave qu’à l’accoutumée.
— Okoda, cette fille est connue. Elle n’a pas un bon dossier. Certains disent qu’elle a fait expulser plusieurs élèves par des moyens... discutables. Fais attention.
— Je m’en doutais, mais merci de confirmer. Je voulais juste que tu sois au courant, au cas où elle essaie de manipuler quelqu’un d’autre.
— Bien sûr, je vais surveiller ça. Et si elle te pose problème, n’hésite pas à m’en parler.
Je le remercie et raccroche. Hirata est un bon allié, mais il a ses limites. Akagami Akami est dangereuse, et je ne peux pas me reposer uniquement sur lui.
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Ensuite, j’appelle Igor. Il décroche après plusieurs sonneries, d’une voix endormie.
— Quoi, Okoda ? Tu sais quelle heure il est ?
— Désolé de te déranger, mais c’est important.
Je lui raconte tout, en détaillant la manière dont Akagami Akami m’a testé et son intention de devenir une ennemie. Igor éclate de rire à l’autre bout du fil.
— Sérieusement ? Une fille aux cheveux rouges veut ta peau ?
— Ce n’est pas une blague, Igor. Elle est manipulatrice et dangereuse. Je préfère te prévenir.
Il grogne, mais je sais qu’il m’écoute.
— Ok, compris. Si elle s’approche de toi ou de moi, je serai sur mes gardes. Mais franchement, tu es sûr que tu n’exagères pas ?
— Je te promets que non. Fais attention, c’est tout.
Il finit par accepter, et je raccroche. Igor est pragmatique, mais il ne prend pas toujours les menaces au sérieux. Espérons qu’il ne le regrettera pas.
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Enfin, j’appelle Yinghua. Elle décroche immédiatement, sa voix claire et directe.
— Qu’est-ce qu’il se passe, Okoda ?
Je lui explique la situation, sans rien omettre. Contrairement à Igor, elle ne doute pas une seconde.
— Cette fille te surveille depuis un moment, n’est-ce pas ?
— Oui, c’est ce que je pense.
— Alors elle a probablement déjà un plan contre toi. Nous devons anticiper.
— C’est pour ça que je t’en parle. Je veux qu’on reste vigilants, tous les trois.
Yinghua réfléchit un instant, puis propose :
— Ok, on se voit demain après les cours pour en parler. Si cette fille est aussi dangereuse que tu le dis, on doit être prêts.
— Merci, Yinghua.
Je raccroche une dernière fois, et un sentiment de soulagement m’envahit. J’ai fait ce que je pouvais pour prévenir mes alliés. Mais la menace qu’Akagami Akami représente est loin d’être terminée.
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Demain, il faudra établir une stratégie. Parce que si cette fille veut vraiment devenir mon ennemie, je ne peux pas me permettre de baisser ma garde.
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