3 - Retour en classe

Retour en classe

Le matin après l'examen, l'atmosphère dans le bus qui nous ramène à l'école est étrange. Je sens l'adrénaline encore courir dans mes veines, mais une partie de moi est déjà focalisée sur ce qui m'attend une fois arrivé en classe. La tension est palpable, mais ce n'est pas à cause de la course. Non, il y a quelque chose d'autre. Une sensation étrange qui me serre l'estomac.

Yuri marche à mes côtés, plus silencieux que d'habitude. Cela ne me surprend pas. Depuis que nous avons remporté l'examen du camp, je sais que quelque chose pèse sur lui. Et avant même d’entrer dans l’établissement, il prend une profonde inspiration, comme s’il s’apprêtait à me délivrer une mauvaise nouvelle.

— Wilfried…

Je tourne légèrement la tête vers lui, une lueur de question dans mes yeux. Il hésite un instant, puis se lance.

— Ryuen n'est plus le leader de la classe D.

Je m’arrête brusquement, le regard figé. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. Si Ryuen, l’individu que je détestais depuis mon arrivée, avait perdu son rôle de leader, ce serait une victoire. Une véritable libération pour cette classe. Mais quelque chose cloche.

Je prends une grande inspiration, puis réponds sans cacher mon scepticisme.

— C’est une bonne nouvelle, non ?

Il hoche lentement la tête, mais il y a une lourdeur dans son regard.

— Oui et non.

Je fronce les sourcils, une étrange tension m’envahissant.

— Explique-moi.

Yuri m’épargne pas une seule seconde et poursuit :

— C’est une autre fille qui a pris le contrôle de la classe D. Une fille nommée Rei Ohona.

Cela m’étonne. Une fille ? Je pensais que cette classe était toujours dirigée par des leaders masculins. Mais, après un instant de réflexion, je me rends compte que je n’ai jamais vraiment pris le temps de m’intéresser à qui était derrière les intrigues de Ryuen. En toute honnêteté, je me moquais de tout cela, préférant concentrer mes efforts sur ma propre survie.

— Rei Ohona… Qui est-elle ?

Yuri me regarde un instant, puis lâche un long soupir.

— Elle a toujours été discrète. Elle était presque invisible, sauf pour quelques personnes comme Ibuki ou Albert. Mais depuis l'incident avec Kiyotaka et la défaite de Ryuen…

Il marque une pause, scrutant mon visage pour s'assurer que je suis toujours attentif. Je le suis. Je suis intrigué. Il continue :

— Ohona a pris le contrôle de la classe D d’une manière violente. Elle a littéralement écrasé Ryuen et assujetti ses partisans.

Je suis choqué. Comment quelqu’un comme Ryuen, avec son caractère et son influence, a-t-il pu se faire écraser ainsi ? J’essaie de décomposer cette situation, mais quelque chose me manque.

— Mais comment ? je demande. Elle n’a pas le profil d’un leader.

Yuri semble penser à sa réponse.

— Elle a frappé quand personne ne l'attendait. Elle a manipulé les autres, mais elle n’a pas hésité à montrer sa force. Elle a aussi pris le contrôle des deux autres… Ibuki et Albert. Ryuen, lui, a été traité comme une sous-femme.

Je n’arrive pas à croire ce que j’entends. Ohona, cette fille invisible, a battu Ryuen, un des plus redoutables de la classe D. Et tout cela sans que je l’aie jamais remarquée.

Je me tourne vers Yuri, plus pensif.

— Et qu'est-ce qu'elle a fait avant ça ? Elle ne peut pas avoir un tel pouvoir sans être formée ou préparée.

Yuri baisse les yeux, visiblement mal à l’aise.

— Elle… suivait Ryuen. Elle était sous son contrôle, subissant même les brimades de Shiro Manabe. Mais tout a changé après la défaite de Ryuen face à Kiyotaka. C’est là qu’elle a tout pris en main. Elle a changé de tactique, pris les rênes et écrasé tout sur son passage.

Je hoche lentement la tête, digérant l’information. Un détail me frappe. Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour agir ? Pourquoi se cacher et se faire petite ?

— Elle a dû recevoir l’ordre de se cacher avant de frapper.

Yuri acquiesce.

— C’est ce que je pense aussi. Elle n’a pas agi seule.

Je me retrouve face à un dilemme. Cette Rei Ohona semble avoir une influence sur toute la classe D, mais elle ne l’a obtenue qu’après des années de soumission. Cela me rend perplexe. Peut-être qu’elle est bien plus que ce qu’elle semble être, et elle pourrait constituer un obstacle majeur.

Yuri me remercie de l'avoir écouté, et je lui fais signe de partir. Je sais qu’il y a une part de vérité dans ce qu’il vient de me dire, mais je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui se cache vraiment derrière cette nouvelle dynamique.

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Entrée en classe

Je me retrouve face à la porte de la salle de classe. Une porte symbolique, car elle marque la séparation entre mes pensées et la réalité de cette école. La réalité est froide. La réalité est un monde d'ombres et de lumières, où il faut naviguer avec prudence.

En entrant dans la pièce, je remarque immédiatement Kiyotaka et Hishida, qui discutent en aparté. Mon intuition me dit qu’il faut que je les voie maintenant. Il faut qu’on parle. L’heure est grave.

Je me dirige vers eux, le regard déterminé. Je les observe tous les deux, un instant, avant de briser le silence.

— Kiyotaka. Hishida. Il faut qu’on parle.

Ils lèvent tous les deux les yeux vers moi, et je lis dans leurs expressions que quelque chose de majeur se cache derrière cette conversation. Il est temps de comprendre ce qui se trame.

Je prends une chaise et m’assois à leur table sans attendre d’y être invité. Le moment est trop critique pour les formalités. Kiyotaka m’observe avec son visage impassible habituel, tandis que Hishida fronce légèrement les sourcils.

Je croise les bras et regarde Kiyotaka dans les yeux.

— Il y a un problème, et j’ai besoin de vos avis.

Kiyotaka incline légèrement la tête, attendant que je développe. Hishida, lui, s’agite légèrement sur sa chaise, comme s’il sentait que quelque chose de grave allait être dévoilé.

— Ryuen n’est plus le leader de la classe D, dis-je d’un ton direct.

Hishida ouvre la bouche, surpris.

— Quoi ?

Kiyotaka, en revanche, ne montre aucune réaction. Comme s’il s’y attendait.

— C’est Rei Ohona qui a pris le contrôle, j’ajoute. Et elle n’a pas seulement pris le contrôle… elle a écrasé Ryuen. Littéralement.

Hishida secoue la tête, incrédule.

— Ohona ? Cette fille invisible qui suivait toujours Ryuen comme une ombre ?

Je hoche la tête.

— Elle-même. Et ce n’est pas tout. Elle a mis sous sa coupe Ibuki, Albert, et même Manabe. Ryuen est devenu… une marionnette.

Un silence s’installe. Hishida semble perdu dans ses pensées, essayant de comprendre ce retournement de situation. Kiyotaka, lui, reste impassible, mais ses yeux trahissent une lueur d’intérêt.

— Ça n’a aucun sens, murmure Hishida. Comment quelqu’un comme elle, toujours en retrait, a-t-elle pu prendre le pouvoir aussi brutalement ?

Je serre les dents. C’est la même question que je me pose.

— Elle s’est cachée. Elle a attendu son moment. Et quand Ryuen a chuté, elle a frappé.

Kiyotaka prend enfin la parole, sa voix calme et posée.

— Une tactique classique. Attendre que l’ennemi s’affaiblisse pour frapper au moment opportun. Mais si elle a pu s’imposer aussi rapidement, c’est qu’elle n’est pas seule.

Je le regarde avec attention.

— C’est aussi ce que je pense. Elle n’a pas agi seule.

Hishida interrompt :

— Tu penses qu’elle est liée à la White Room ?

La question plane un instant dans l’air. C’est une possibilité que je ne peux pas ignorer. Mais je n’ai aucune preuve.

— Peut-être, dis-je prudemment. Elle agit comme quelqu’un qui a été formé. Son ascension est trop… parfaite.

Kiyotaka fixe le vide un instant, réfléchissant.

— Si elle est réellement affiliée à la White Room, alors elle a un objectif. Et ce n’est pas simplement de diriger la classe D.

Je me redresse légèrement.

— Quel serait cet objectif ?

Kiyotaka me regarde droit dans les yeux.

— Te détruire.

Hishida sursaute légèrement.

— Quoi ?! Pourquoi Wilfried ?

Kiyotaka reste calme.

— Wilfried a détruit le système des classes de cette école. Il a provoqué un changement que personne n’avait anticipé. Si la White Room est impliquée, ils voudront récupérer le contrôle.

Je serre les poings. Cette idée me traverse l’esprit depuis un moment.

— Elle est là pour rétablir l’ordre, murmuré-je.

Kiyotaka hoche la tête.

— Exactement. Et pour y parvenir, elle devra éliminer la plus grande menace à cet ordre : toi.

Hishida regarde entre nous deux, le visage tendu.

— Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On ne peut pas laisser Ohona prendre le dessus.

Je réfléchis un instant. Je ne suis pas du genre à attendre que les choses se passent.

— Nous devons agir avant qu’elle ne le fasse.

Kiyotaka lève un sourcil.

— Tu comptes attaquer en premier ?

Je secoue la tête.

— Pas encore. Je veux comprendre ses faiblesses. Chaque leader a un point faible. Nous devons le trouver.

Kiyotaka acquiesce lentement.

— Très bien. Mais n’oublie pas, Wilfried : elle ne joue pas seulement pour elle-même. Si elle est soutenue par la White Room, ce sera une bataille d’endurance.

Je me lève, déterminé.

— Alors je ferai ce que je fais de mieux. Survivre.

Kiyotaka esquisse un léger sourire, un rare signe d’approbation.

— Survivre… et gagner.

Hishida, encore un peu tendu, se lève à son tour.

— On est avec toi, Wilfried. Cette école n’a pas encore vu de quoi on est capables.

Je les regarde tous les deux, mes alliés dans cette bataille à venir.

— Alors, préparons-nous. La guerre ne fait que commencer.

La suite au présent. Je marche vers le bureau du directeur Sakayanagi. Et je crois que Yoshida la même idée. Non, il m'arrête. Il me dit que si je vais là-bas je risque de commettre une erreur qui pourrait me faire expulser.. Attends, attends, ça n'arriverait pas avec Mr Sakayanagi à moins que.... et il me le dit de face : Mr Sakayanagi n'est plus le directeur à cause des magouilles de la White Room. C'est alors que le directeur par intérim sort.  Je commence à trembler.... je me souviens de lui.... c'est celui qui failli tuer moi et  mon grande frère : Tsukishiro !!!!

Je reste figé, les jambes lourdes, chaque battement de mon cœur résonnant comme un coup de marteau dans ma poitrine. Tsukishiro. Le bras droit d’Atsuomi. Celui qui a failli me tuer. Celui qui a failli tuer mon grand frère. Et maintenant, il est ici, à la tête de l’Académie.

Yoshida me serre discrètement l'épaule pour m'empêcher d’avancer. Son regard est sérieux, presque froid.

— Wilfried, garde ton calme. Si tu fais un pas de travers, il aura une excuse parfaite pour t’éliminer.

Je hoche la tête, mais mes yeux restent rivés sur cet homme. Tsukishiro avance dans le couloir d’un pas mesuré, son costume impeccable, son visage impassible, comme s’il n’était qu’un fonctionnaire ordinaire. Mais je sais ce qu’il est vraiment.

Un prédateur. Un survivant de l’ombre, tout comme moi. Sauf que lui, il joue avec des règles que je refuse d’accepter.

Je murmure à Yoshida, sans détourner les yeux :

— Qu’est-ce qu’il fait là ? Pourquoi lui ?

Yoshida me répond d'une voix basse, presque inaudible :

— Atsuomi renforce son emprise. Sakayanagi a été écarté pour une soi-disant affaire de corruption. Une mise en scène, évidemment. Maintenant, Tsukishiro est ici pour s’assurer que tu ne survives pas jusqu'à la fin de l’année.

Je serre les poings, les ongles s'enfonçant dans la paume de mes mains.

— Il pense que je vais le laisser faire ? Qu’il va me briser comme les autres ?

Yoshida me fixe, un éclat d’avertissement dans ses yeux.

— Ce n’est pas une question de force, Wilfried. C’est une guerre d’influence. Et il est un maître dans ce domaine.

Tsukishiro s’arrête brusquement devant nous. Son regard glisse sur Yoshida, puis se pose sur moi. Son sourire est aussi froid qu’une lame.

- Okoda Wilfried. Que de souvenirs.

Ma gorge se serre. Je n’oublierai jamais cette voix. Cette intonation glaciale.

— Monsieur le directeur… Je le salue d’une voix neutre, luttant pour ne pas montrer la moindre faiblesse.

Il incline légèrement la tête, feignant la courtoisie.

— J’espère que tu profites bien de ta dernière année ici. Ce serait… regrettable que quelque chose vienne perturber ta réussite.

Un avertissement. Déguisé en politesse.

Je lui rends son sourire, aussi acéré que le sien.

— Ne vous inquiétez pas, monsieur. Rien ne viendra entraver ma réussite. Je suis très… résilient.

Son regard s'assombrit, mais il ne répond pas. Il se contente d’un dernier regard en direction de Yoshida, puis s’éloigne, son pas résonnant dans le couloir.

Yoshida et moi restons immobiles, jusqu’à ce que sa silhouette disparaisse au détour du couloir. Je souffle enfin, relâchant la tension dans mes épaules.

— Il va falloir agir vite, Yoshida.  Ma voix est grave. Ce n’est plus seulement une question de survie. C’est une guerre ouverte.

Yoshida acquiesce.

— Oui. Et on ne peut pas la gagner seuls. Il va falloir trouver des alliés… et frapper avant qu’il ne le fasse.

Je sais ce que ça implique. Confronter Tsukishiro, c’est affronter l’ombre même de la White Room. Mais je n’ai jamais reculé devant un combat. Et je ne commencerai pas maintenant.

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