28 - Le Requiem du Traître
Les jours passent, mais la colère ne s’estompe pas. Chaque fois que je croise un regard ou que j’entends un murmure dans les couloirs de Meitanjo, je sens la trahison rôder autour de moi. Quelqu’un a osé me dénoncer.
Je n’ai jamais toléré l’insubordination, encore moins la trahison. Ici, chaque acte a ses conséquences, et celui ou celle qui a brisé mon cercle de contrôle va apprendre cette leçon de la manière la plus brutale.
Ce soir, la chasse touche à sa fin. J’ai trouvé le traître.
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La capture
Minuit sonne. Meitanjo dort, mais moi, je veille. Mon esprit est en éveil, chaque détail de la soirée au bord de la piscine gravé dans ma mémoire. Ils étaient tous là, mais l’un d’eux a parlé en premier.
Il a suffi de quelques observations, d’une poignée de questions lancées au hasard, et d’un suivi discret pour découvrir l’identité du coupable : Nakamura Kenji. Un élève insignifiant, membre de la majorité silencieuse, qui s’est cru intouchable.
Je le retrouve dans un coin isolé du campus, là où il pensait être à l’abri des regards.
— Bonsoir, Kenji.
Il sursaute, son visage pâlit. Il sait.
— Wilfried… Qu’est-ce que tu fais ici ? bredouille-t-il, cherchant une issue invisible.
Je m’avance lentement, chaque pas calculé.
— Nous allons avoir une petite conversation.
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L’interrogatoire
Je l’entraîne dans une salle vide, une ancienne salle d’entretien que personne n’utilise plus. Les murs sont nus, le sol froid. Parfait pour ce genre de rencontre.
Je le fais asseoir sur une chaise au centre de la pièce, et je verrouille la porte derrière nous.
— Tu sais pourquoi tu es là, Kenji ?
Il secoue la tête, mais ses yeux le trahissent. Il sait exactement pourquoi.
— Je… je ne comprends pas…
Je m’approche, mon regard planté dans le sien.
— Ne mens pas.
Il déglutit difficilement, son corps tendu comme une corde sur le point de rompre.
— Je n’ai rien fait…
Je le frappe. Pas un coup physique — pas encore — mais un choc mental, une vérité brutale.
— Tu m’as dénoncé. C’est toi qui as prévenu les autres. Tu as brisé le cercle de confiance.
Son visage se décompose.
— Je… je n’ai pas…
Je l’interromps d’un ton glacial.
— Je n’ai pas besoin de preuves supplémentaires, Kenji. Tout mène à toi. Ton comportement, tes réactions. Tu pensais que je ne le remarquerais pas ?
Il baisse la tête, incapable de soutenir mon regard.
— Je… je ne voulais pas… c’était une erreur…
Une erreur. Il ose appeler ça une erreur.
Je me penche, mon visage à quelques centimètres du sien.
— Tu as trahi ma confiance, et ici, à Meitanjo, la trahison se paie au prix fort.
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La sentence
Kenji tremble maintenant. Il sait que je ne plaisante pas.
— Je… Je suis désolé… Je ferai tout pour réparer ça…
Je souris, mais il n’y a aucune chaleur dans ce sourire.
— Réparer ? Il n’y a rien à réparer, Kenji. Seulement des conséquences.
Je sors une tablette de ma poche, connectée au système de points de Meitanjo. Chaque élève a un score, un indicateur de sa valeur et de sa position dans l’école. Kenji n’a jamais été brillant, mais il avait accumulé un nombre décent de points.
— Kenji Nakamura. Score actuel : 620 points.
Il me regarde, terrifié.
— Je vais t’expliquer ce qui va se passer.
Je fais glisser mon doigt sur l’écran, et d’un geste, je lui retire tous ses points.
— Score actuel : zéro.
Il écarquille les yeux, paniqué.
— Non… non, tu ne peux pas faire ça…
— Je viens de le faire.
Je me redresse, croisant les bras.
— À partir de maintenant, tu n’es plus rien à Meitanjo. Plus de statut, plus de privilèges.
— Mais… mais… sans points… je vais être expulsé…
Je hoche la tête.
— Exactement. Tu as deux options, Kenji : partir de toi-même, discrètement, ou attendre que le système te chasse.
Il tombe à genoux, les mains tremblantes.
— S’il te plaît… Wilfried… Je ferai tout ce que tu veux…
Je le regarde, impassible.
— Tout ce que je voulais, c’était ta loyauté. Et tu as échoué.
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Un dernier avertissement
Je me dirige vers la porte, mais avant de sortir, je me retourne une dernière fois.
— Kenji.
Il lève les yeux, désespéré.
— Considère cela comme une leçon. La prochaine fois que tu trahiras quelqu’un, assure-toi que ce n’est pas moi.
Je sors, laissant la porte se refermer derrière moi.
Dans le silence de la nuit, je ressens une étrange satisfaction. La justice a été rendue.
Le traître est tombé, et Meitanjo se souviendra que je ne pardonne jamais une trahison.
Le lendemain matin, Meitanjo tout entier est en ébullition. Les rumeurs circulent vite, et déjà, les murmures sur l’expulsion de Kenji Nakamura s’insinuent dans chaque recoin de l’école. Je m’assure que l’information devienne officielle.
Je me tiens au centre du hall principal, l’air calme mais chaque geste calculé pour attirer l’attention. Tout le monde doit comprendre.
— Kenji Nakamura a été expulsé.
Ma voix résonne, coupant court aux conversations autour de moi. Les regards se tournent.
— Il a trahi ma confiance, il a servi d’exemple.
Je laisse planer un silence, suffisamment long pour que chaque mot soit gravé dans les esprits. Personne ne bouge.
— Je ne m’en prends à personne… à moins qu’ils deviennent un obstacle.
Je croise le regard d’Hishida, impassible, et celui de Tokito, plus curieuse que choquée. Hirata, lui, semble peser mes paroles avec prudence. Ils étaient tous là hier soir. Ils savent que je ne plaisante pas.
— Kenji n’a pas seulement rompu notre accord, il s’apprêtait à faire bien pire.
Je fixe un point invisible devant moi, comme si je visualisais les menaces à venir.
— Il aurait pu me vendre à Ryuen. Je marque une pause, laissant le nom provoquer les frissons nécessaires. Ou pire… Nagumo. Un frémissement parcourt l’assemblée. Ou même Arisu.
Je croise les bras, les yeux scrutant chaque visage dans la foule.
— Cette école n’est pas un lieu de paix. C’est un terrain de survie. Et je ne fais que survivre. Ceux qui veulent se mettre sur mon chemin doivent être prêts à en payer le prix.
Mon regard revient sur Hishida, Tokito, et Hirata.
— Vous m’avez vu hier soir. Un sourire presque imperceptible étire mes lèvres. J’espère que vous avez compris la leçon.
Un silence pesant s’installe. Personne n’ose répondre.
Je tourne les talons, prêt à quitter le hall, mais avant de partir, je lance une dernière phrase :
— Je n’ai rien contre personne ici… Mon ton se fait plus froid. Mais souvenez-vous que, trahir, c’est choisir de me défier.
Et dans cette école, défier Wilfried Okoda Pascal, c’est choisir la défaite.
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