2 - Présentation
De ce que j’ai appris jusqu’à maintenant, j’en ai déduit cinq choses importantes à propos de ce lycée, de son système et de ses règles implicites. Tout n’est pas encore clair, mais assez d’éléments émergent pour que je commence à élaborer une stratégie.
1 – Les 100 000 points initiaux.
C’est notre base, nos « points privés ». En gros, une somme d’argent virtuelle mise à notre disposition. Cependant, en creusant un peu, je me rends compte que ces 100 000 points sont équivalents à 1 000 points collectifs pour notre classe. Ce détail me ramène au système de notation par classe que j’ai connu dans mon ancien collège. Là-bas, chaque groupe était évalué collectivement, et la somme des efforts ou des erreurs de chacun influait directement sur les résultats des autres. Ici, il semble que ce sera pareil, mais en bien plus sournois.
2 – Les points ne tombent pas du ciel.
Une chose est claire : nous ne recevrons jamais 100 000 points par mois comme ça, gratuitement. Si j’étais le directeur de cette école, dans un système où les points sont équivalents à de l’argent, je les rendrais accessibles uniquement à ceux qui sont utiles au système. En clair, il faudra « contribuer à la société » du lycée, ou plus probablement, s’écraser les uns les autres pour progresser. Cela peut se faire de manière honnête — en participant aux clubs et aux activités extra-scolaires, ou en rendant des services — ou de manière moins légale.
Je dois également considérer une autre possibilité : piéger les piégeurs. Je sais déjà que dans un environnement compétitif comme celui-ci, certains élèves exploiteront les failles pour avancer. Si je vise ceux qui jouent à ce jeu, je pourrai les contrer ou même les utiliser à mon avantage. Enfin, il y a les fameux « examens spéciaux » mentionnés en passant. Cela mérite plus d’attention. Je vais m’assurer de me renseigner dessus et de garder un œil sur leur fonctionnement.
3 – La note collective dépend de deux facteurs.
J’ai remarqué que la note collective de notre classe ne se base pas uniquement sur notre performance académique ou physique. Non, elle inclut également notre conduite. Voilà un détail qui change tout. Tant que je reste moi-même et que je fais profil bas, je devrais être à l’abri. Mais qu’en est-il des autres ? Comment vont-ils réagir dans un système où aucune règle claire n’est donnée au départ ? Probablement mal. Sans consignes ou directives, certains agiront égoïstement, d’autres feront n’importe quoi. Et nous finirons avec un score collectif de 0.
4 – Parmi les 40 élèves, un se distingue.
Il y a un garçon dans cette classe qui, pour une raison que je n’explique pas, détonne complètement du reste. Je ne parle pas de son apparence ou de son comportement, mais de quelque chose de plus subtil, presque imperceptible. Mon instinct me dit de ne pas m’approcher de lui. Pourtant, il a l’air perdu, comme quelqu’un qui ne comprend pas ce qui lui arrive ou où il est. Désolé, mec, mais si j’ai appris une chose, c’est que mon intuition ne me trompe jamais. Tu resteras en périphérie de mes priorités pour l’instant.
5 – Chabashira Sae joue un double jeu.
Notre professeur principale, Chabashira Sae, ne nous donnera pas de consignes spécifiques. Elle va simplement nous observer, attendant sans doute de voir comment nous réagirons dans ce chaos organisé. C’est une manipulatrice, ça se voit à sa façon de parler et de se tenir. Tout en elle crie qu’elle nous considère comme des « ratés », des élèves relégués en classe D, et qu’elle n’attend rien de nous.
Ce genre de professeur, je l’ai déjà rencontré dans mon passé. Une, en particulier, m’avait marqué par son mépris apparent pour ses élèves. Le genre à vouloir briser les faibles tout en prétendant les préparer à la vie réelle. Je ne laisserai pas Chabashira jouer ce rôle avec moi.
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Après son discours, les choses évoluent rapidement. Un garçon que j’apprends à identifier comme Hirata propose que chacun se présente brièvement. Typique de ce genre de personnes : il est beau, charismatique, et tout le monde semble naturellement attiré par lui. Le type d’élève qui, dans un autre environnement, serait capitaine d’une équipe de sport ou président du conseil des élèves.
Mais tout ne se passe pas aussi simplement. Une fille aux cheveux noirs refuse de participer et quitte la salle sans un mot. Les autres restent, un peu gênés, mais Hirata, avec son sourire indestructible, parvient à garder l’attention de la majorité.
Puis vient Kushida, une fille qui se démarque immédiatement. Ses cheveux mi-jaunes, mi-marron, son attitude énergique, et son sourire éclatant la rendent impossible à ignorer. Elle est ce genre de personne avec « popularité » écrit en grosses lettres sur le front. Tout en elle est calculé pour séduire et attirer l’attention, de ses gestes à sa voix légèrement sucrée.
Mais je vois clair dans son jeu. Elle cache quelque chose. Ce genre de personnalité, trop parfait pour être vrai, finit toujours par avoir un côté sombre. Elle parle, plaisante, et parvient à détendre l’atmosphère, mais tout ce que je ressens en l’observant, c’est une forme de dégoût. Pas parce qu’elle est laide — bien au contraire, elle est objectivement belle — mais parce que tout semble faux. Elle est une succube déguisée en élève modèle.
Enfin, c’est à mon tour de me présenter. Je me lève calmement, prenant soin de ne pas attirer plus d’attention que nécessaire. D’une voix douce et posée, je commence :
— Bonjour, je m’appelle … (j’hésite une fraction de seconde à dire mon prénom, mais je continue). Je viens d’un ancien collège classique, et j’espère m’adapter à ce nouvel environnement.
Ma présentation est courte, volontairement concise. Pas besoin d’en dire trop. En vingt-cinq secondes, j’ai terminé. Je me rassois rapidement et observe les réactions. Rien de notable. Parfait. Je veux rester invisible pour le moment, une ombre parmi les autres.
En fin de compte, cette journée de rentrée m’a appris bien plus que je ne l’aurais cru. L’école est un jeu, les règles sont floues, et mes camarades de classe, qu’ils soient naïfs, manipulateurs ou simplement désintéressés, seront mes alliés ou mes adversaires. Il ne reste plus qu’à jouer.
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