2 - Le nouveau Wilfried

12 octobre.

C’est terminé. Deux mois de repos. Deux mois passés à réfléchir, à guérir, à évoluer. Aujourd’hui, je reviens en classe. Mais je ne suis plus le même.

Je me tiens devant le miroir, observant mon reflet. Mon apparence a changé. Mon corps est plus imposant, plus musclé, plus grand. Chaque muscle est le fruit de cette expérience accumulée — 16 années de vie concentrées en une métamorphose qui équivaut à 160 ans d’expérience.

Ma main droite se pose sur ma poitrine. Mon cœur bat à droite, une anomalie existante depuis ma naissance qui m’a sauvé la vie.

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Flashback

Cette nuit-là, tout a changé. Tsukishiro, bras droit de cet Atsuomi de merde, avait mobilisé une équipe de soldats surentraînés pour m’éliminer. La White Room… Je devais y être conduit, devenir un pion dans leurs expérimentations.

Je me souviens de la poursuite, de la forêt sombre, des tirs qui fusaient autour de moi. Je les ai affrontés un par un, mais Tsukishiro a réussi à me tirer dessus.

Une balle, tirée avec une précision mortelle, visant mon cœur. S’il avait su…

Grâce à cette hétérotaxie, une anomalie rare dans laquelle les organes sont inversés, mon cœur se trouve à droite. Tsukishiro pensait m’avoir tué. Mais au lieu de m’abattre, il m’a laissé une chance de fuir et de vivre.

Ironique, non ?

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Retour au présent

Je prends une profonde inspiration. Mes cheveux sont désormais entièrement blancs. Ils symbolisent ce que j’ai traversé, chaque épreuve, chaque combat. Mes yeux, eux, changent de couleur à chaque minute. Une mutation étrange, résultat des épreuves extrêmes subies ces dernières années.

Pour les contrôler, j’enfile des gants technologiques sur mes mains, des dispositifs conçus pour stabiliser mes fluctuations énergétiques. Mes lunettes de pointe, quant à elles, empêchent mes yeux de trahir mes émotions et mes capacités.

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Je quitte la maison, Okita à mes côtés. Elle ne m’a jamais lâché durant ces deux mois. Fidèle, silencieuse, et toujours prête à intervenir si nécessaire.

— Prêt à affronter cette nouvelle journée ? me demande-t-elle en ajustant son propre sabre à sa ceinture.

Je lui lance un regard amusé.

— Je suis né prêt.

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À l’académie, la rumeur de mon retour s’est déjà répandue. Je sens les regards posés sur moi dès que je franchis le seuil de la classe.

Les conversations s’arrêtent, le silence s’installe. Puis, un murmure collectif s’élève.

— Bon rétablissement, Wilfried !
— Joyeux anniversaire !

Je m’avance lentement jusqu’à ma place, un sourire en coin. C’est bien la première fois que je reçois autant d’attention.

Hishida me salue d’un léger signe de tête, tandis que Tokito me scrute avec ses yeux perçants, cherchant à déceler ce qui a changé. Hirata, Horikita, et même Sudo affichent des sourires sincères.

— Ça fait du bien de te revoir, déclare Horikita avec une voix étonnamment chaleureuse.

— Tu nous as manqué, ajoute Hirata.

Je m’assois à ma place, croisant les bras.

— Alors, qu’est-ce que j’ai manqué ?

Un rire léger résonne dans la pièce.

— Oh, pas grand-chose, dit Kiyotaka d’un ton détaché depuis le fond de la salle. Juste deux examens spéciaux et un festival sportif.

Je souris en silence. Nous avons gravi les échelons, mais le vrai défi commence maintenant.

Je ressens déjà les intrigues se tisser autour de moi. Arisu, Ryuen, Ichinose, tous les leaders des autres classes sont désormais sur leurs gardes. Ils savent que je suis de retour.

Et bientôt… Ils comprendront que je ne suis plus le même Wilfried qu’avant.

Mon cœur bat, non pas à gauche comme tout le monde, mais à droite. C’est là tout le symbole de mon existence. Je suis l’anomalie, l’exception.

Et les anomalies…

… changent les règles du jeu.

Après les cours, je me rends directement au club de football.

Les vestiaires sont bruyants, les conversations fusent sur tout et rien, mais je reste silencieux. J’enfile mes gants — ceux qui me permettent de contenir mes fluctuations. En revanche, pour les lunettes, je dois opter pour un modèle de sport, plus léger mais tout aussi efficace.

Ils pensent tous que je suis fini.

Les murmures circulent encore :
— Il ne pourra plus jouer comme avant.
— Il a changé, mais est-ce que c’est vraiment un avantage ?

Ils vont vite comprendre.

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Sur le terrain, je prends ma place en défense. Ce n’est plus la même sensation qu’avant. Je sens chaque muscle, chaque fibre de mon corps réagir avec une précision chirurgicale. Le ballon arrive, rapide, puissant. Mais avant même qu’il ne touche le sol, je suis déjà là.

Mon pied rencontre la balle avec une force contrôlée, et elle s’élance loin devant.

— Quoi ?! murmure un attaquant de la classe A, surpris par la vitesse de mon interception.

Les actions s’enchaînent. Chaque mouvement est fluide, précis, calculé.

Je dois me contenir, je le sais. Un mauvais geste… Et je pourrais blesser quelqu’un sérieusement.

Un instant d’inattention de l’adversaire, et je vois une opportunité de récupérer la balle. J’avance, glissant entre deux joueurs. L’un d’eux tente de m’arrêter. Son épaule heurte mon torse, mais c’est comme s’il avait frappé un mur. Il recule sous l’impact.

— T-t’es devenu quoi, Wilfried ? lâche-t-il, les yeux écarquillés.

Je me contente d’un sourire en coin.

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Après l’entraînement, je me dirige vers la sortie du stade, mon sac de sport sur l’épaule. Le soleil décline à l’horizon, teignant le ciel d’une lueur orange. C’est là que je le remarque.

Un élève m’attend, appuyé contre un lampadaire.

Il a une posture droite, un regard perçant, et une attitude qui en dit long. Il n’est pas là par hasard.

Au premier coup d'œil, je comprends qu’il vient de la classe A. Sa tenue impeccable, ses gestes mesurés. Tout indique qu’il est là pour une raison précise.

Je m’approche, impassible, tandis qu’il me fixe sans détour.

— Kurozawa Ren, dit-il calmement en avançant d’un pas.

Je le reconnais. Champion de shogi dans sa catégorie. Sa réputation le précède, tout comme celle de sa mère, une scientifique de renommée continentale.

— Je sais qui tu es, dis-je simplement.

Il plisse les yeux, évaluant chacun de mes mouvements.

— Et moi, je sais qui tu es. Wilfried, le prodige qui a gravi les échelons en silence. Mais…

Il marque une pause, croisant les bras.

— … je trouve que tu te la pètes un peu trop.

Je hausse un sourcil. C’est donc ça ?

— Je veux t’écraser, ici et maintenant, continue-t-il. Prouver que les rumeurs sur toi ne sont que ça : des rumeurs.

Je le regarde un instant, cherchant à comprendre ses motivations. Ce n’est pas juste de l’arrogance. Il cherche à se prouver quelque chose. Peut-être à sa classe, peut-être à lui-même.

Il me considère comme son adversaire, mais uniquement sur la base des rumeurs.

Je suis sur le point de répondre, mais une présence familière me coupe. Okita vient d’arriver, silencieuse comme à son habitude, mais son regard est alerte.

— On rentre ? demande-t-elle, sans prêter attention à Kurozawa.

Je lui fais un signe de tête.

— Ouais, on rentre.

Je me tourne vers Kurozawa.

— Désolé, Kurozawa. Aujourd’hui, ce sera sans moi.

Je passe à côté de lui, Okita à mes côtés.

— C’est tout ? lâche-t-il, presque incrédule. Tu fuis ?

Je m’arrête un instant, sans me retourner.

— Fuir ? Non.

Je jette un regard par-dessus mon épaule, un sourire en coin.

— Je choisis simplement mes batailles.

Et je reprends ma route. Kurozawa ? Une première impression… Perte de temps.

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