16 - Meiseicho

Je suis assis au fond de la salle de classe. Le silence est presque assourdissant, à peine troublé par le grincement des chaises que certains élèves rangent en prévision de la fin de la journée. Classe A.

Après tout ce temps, après tout ce travail, nous avons gravi chaque échelon pour atteindre le sommet. La classe B est montée, et la classe A est tombée. Ironique.

Je devrais ressentir de la fierté, non ? Après tout, c'est moi qui ai orchestré cette ascension. Mais il n’y a pas de place pour la satisfaction dans un endroit comme celui-ci. La victoire n’est qu’un moment fugace, un souffle avant la prochaine tempête.

Les élèves neutres — Koenji, notamment — commencent à quitter la salle. Ils sont indifférents à tout cela. Ils observent de loin, refusant de se salir les mains dans ces jeux d’influence. Cela ne me dérange pas. Ils sont inutiles.

Mais les autres… mes alliés, mes partenaires… Ils restent. Ils savent.

Hishida, toujours calme et méthodique, s’installe au centre de la salle. Kiyotaka, impassible comme à son habitude, observe avec cet éclat particulier dans les yeux. Tokito se tient à ma droite, prêt à agir. Horikita, les bras croisés, réfléchit déjà à la suite. Hirata, lisse en apparence, mais déterminé à prouver sa valeur.

Nous ne sommes plus une simple classe. Nous sommes Meiseicho. La croissance des ténèbres.

Je me lève lentement, attirant l’attention de tous. La première réunion commence maintenant.

1. Le Cœur de Meiseicho

— « Félicitations. Nous y sommes. »

Ma voix résonne, claire et posée. Je balaie la salle du regard. Chacun d’eux sait ce que cela signifie. Nous avons atteint le sommet, mais ce n’est que le début.

— « Mais ne vous méprenez pas. Classe A n’est pas une fin. Ce n’est qu’un passage. Le sommet que nous avons atteint est un champ de bataille. »

Je vois les regards se durcir. Ils comprennent. Certains sourient, d'autres restent impassibles, mais tous sont prêts.

— « Hishida, où en sommes-nous ? »

Il hoche la tête et commence à parler, sa voix posée.

— « La classe A est déstabilisée, comme prévu. Arisu a perdu, et leur cohésion en souffre. Nous avons des opportunités d’attaque, mais nous devons rester prudents. »

Je souris légèrement. Prudent, oui. Mais pas faible.

— « Tokito, ton rapport ? »

— « Ryuen commence à se méfier. Il sait que quelque chose se trame, mais il n’a pas encore compris notre stratégie complète. Pour l’instant, il observe. »

Ryuen… Il est intelligent, je le reconnais. Mais il ne verra rien venir.

2. Le Plan en Mouvement

— « Très bien. Voici ce que nous allons faire. »

Je me redresse, dominant la pièce de ma présence. Chaque mouvement compte. Nous ne pouvons pas nous permettre d’hésiter.

— « Nous allons renforcer notre contrôle sur la classe. Il ne s’agit pas seulement de points ou d’examens. Il s’agit de contrôler la dynamique sociale. »

Je me tourne vers Horikita.

— « Horikita, tu vas superviser les interactions avec les neutres. Koenji est une variable imprévisible, mais il peut être utile à certains moments. Garde-le sous surveillance. »

Elle hoche la tête, le regard déterminé.

— « Hishida, tu restes mon bras droit pour la stratégie globale. Nous devons anticiper chaque mouvement de la classe A et des autres. »

— « Compris. »

Je regarde ensuite Hirata.

— « Hirata, tu es le visage de notre groupe. Continue de maintenir l’illusion d’une classe unie et stable. Les autres classes doivent croire que nous sommes invincibles. »

— « Je m’en occupe, Wilfried. »

Enfin, mes yeux se posent sur Kiyotaka. Toujours calme, toujours indéchiffrable.

— « Kiyotaka… tu es libre d’agir comme tu l’entends. Ton rôle est d’être notre pièce maîtresse, notre atout invisible. »

Il acquiesce simplement, sans un mot. Je n’attends rien de moins.

3. L’Ascension Continue

Je prends une profonde inspiration, laissant le silence s’installer une fois de plus.

— « Nous sommes Meiseicho. Nous avons gravi les échelons de l’obscurité, et nous continuerons à le faire. »

Je sens l’énergie dans la salle. Ils sont prêts.

— « Il n’y a pas de retour en arrière. Notre objectif est simple : rester au sommet. Nous ne reculerons devant rien pour y parvenir. »

Je vois les regards déterminés, l’excitation silencieuse dans leurs yeux. C’est notre moment.

La réunion se poursuit, chacun apportant ses idées, ses suggestions. Meiseicho n’est plus une simple alliance. C’est une force inébranlable.

4. Un Nouveau Départ

Lorsque la réunion touche à sa fin, je me tiens à nouveau au centre de la pièce.

— « Souvenez-vous… ce n’est que le début. Le chemin est long, mais nous sommes prêts. »

Ils acquiescent. Ils savent.

La classe commence à se vider, les murmures se dissipant peu à peu. Je reste seul un instant, observant la salle vide. Classe A.

Un sourire froid se dessine sur mon visage. Nous avons atteint ce sommet… mais les ténèbres continuent de croître.

Je sors de la salle, prêt pour ce qui vient. Meiseicho est en marche.

La salle est vide. La réunion est terminée, mais je reste encore un moment, perdu dans mes pensées. Les murmures des stratégies échangées résonnent encore dans ma tête, mais une autre pensée plus persistante, plus douce, s'infiltre doucement.

Okita.

Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'elle est encore là. Je sens sa présence, calme mais imposante, derrière moi. Elle est l'une des rares personnes à pouvoir percer à travers les couches de contrôle et de froideur que j'ai construites autour de moi. Avec elle, je n'ai pas besoin de porter ce masque.

— « Tu ne viens pas ? » Sa voix est douce, mais il y a une certaine chaleur dans son ton. Une invitation, peut-être.

Je me tourne lentement et croise son regard. Ses yeux me fixent avec cette intensité que j'ai toujours admirée, mêlant force et tendresse. Okita a toujours été différente. Elle a ce don d’empathie, cette capacité à voir à travers moi, même quand je tente de me dissimuler. Et aujourd'hui, je n'ai pas envie de me cacher.

Je lui tends la main sans un mot. Elle comprend sans avoir besoin d'une explication. Ses doigts glissent dans les miens, et ce simple contact suffit à apaiser le tumulte de pensées qui m’habite. Nous sortons de la salle ensemble, nos pas résonnant dans le couloir désert.

Nous n'allons pas bien loin. La nuit est tombée, enveloppant le campus dans une atmosphère sereine, presque irréelle. Je l’entraîne vers un endroit plus calme, à l’écart de tout. Un coin du jardin intérieur, isolé, où la lumière des lampadaires projette des ombres douces sur les arbres.

Je m’assois sur un banc en bois, et elle s’installe à côté de moi, toujours silencieuse. Le silence entre nous n'est jamais gênant. Il est rempli de compréhension, de tout ce qui n’a pas besoin d’être dit.

— « Tu penses encore à la classe ? » me demande-t-elle finalement, brisant le silence d’une voix douce mais déterminée.

Je secoue la tête. Pour une fois, la classe A, Meiseicho, les stratégies… tout cela est loin. Il n’y a qu’elle, et ce moment.

— « Pas maintenant. »

Elle sourit légèrement, un sourire qui illumine ses traits d’une douceur rare. Puis, elle se rapproche un peu plus, posant sa tête contre mon épaule. Je sens la chaleur de son corps contre le mien, la douceur de sa respiration calme.

— « C’est étrange, non ? » murmure-t-elle. « Tout ce que nous avons traversé… Et maintenant, nous sommes là. »

Je hoche la tête. Oui, c’est étrange. Nous avons combattu, manipulé, survécu dans cet environnement hostile, et pourtant, dans ce moment simple, il y a une paix que je n’ai jamais vraiment connue.

Je glisse un bras autour de ses épaules, l’attirant un peu plus contre moi. Son parfum, subtil et familier, m’enveloppe. Elle lève les yeux vers moi, et je lis dans son regard cette sincérité brute, cette force tranquille qui m’a toujours fasciné.

— « Okita… » murmuré-je doucement, presque hésitant.

Elle lève une main, effleurant doucement mon visage du bout des doigts, comme pour chasser les dernières traces de mes doutes. Puis, sans un mot de plus, elle se rapproche encore, ses lèvres frôlant doucement les miennes dans un baiser tendre, délicat.

C’est différent de tout ce que j’ai connu. Il n’y a ni jeu, ni stratégie, ni manipulation. Juste elle. Juste nous.

Le baiser s’approfondit, et pour la première fois depuis longtemps, je me permets de lâcher prise. Ses mains glissent le long de mon dos, tandis que je l’enlace plus fermement, comme si je craignais que ce moment ne disparaisse.

Le temps semble s’arrêter. Chaque instant, chaque geste, chaque battement de cœur devient plus réel, plus intense. Je sens sa confiance, sa force, et cela me donne une étrange sensation de légèreté, comme si, pour une fois, je pouvais me reposer.

Lorsque nous nous séparons finalement, ses yeux plongent dans les miens. Elle ne dit rien, mais tout est là. La confiance, l'affection, cette compréhension silencieuse qui nous lie depuis le début.

Je caresse doucement sa joue, mon pouce effleurant sa peau douce. Elle sourit, ce sourire qui me rappelle pourquoi elle est différente. Pourquoi elle est spéciale.

— « Merci d’être là, » dis-je finalement, ma voix à peine un murmure.

— « Toujours, » répond-elle simplement.

Et dans ce moment, sous le ciel étoilé, loin des jeux de pouvoir et des manipulations, il n’y a que nous.

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