Point de vue de shomegaku Okita

Depuis le 1er avril, je le regarde. En silence. En retrait. Toujours dans l'ombre. Wilfried Okoda Pascal. Cet ancien ami du collège, dont le rire éclatant illuminait nos journées, n'est plus que l'ombre de lui-même. Ou plutôt, il s'est transformé en une version de lui qui me terrifie autant qu'elle m'attriste. Mais je ne peux pas détourner les yeux.

Wilfried, qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Je connais la réponse, au moins partiellement. Je l'ai vue se dessiner jour après jour. La froideur de ses calculs, la précision de ses manœuvres, cette manière de manipuler les autres comme des pièces sur un échiquier... Tout cela n'a rien d'un simple jeu pour lui. Non, c'est une question de survie. Une lutte acharnée pour ne pas sombrer.

Mais je vois aussi ce qu'il essaie de cacher. Cette peur qu'il étouffe sous des couches de contrôle, cette douleur qu'il dissimule derrière un sourire calculé. Je suis empathe. Je ressens ce qu'il ressent, même s'il fait tout pour le masquer.

La descente aux enfers

Tout a vraiment changé avec Akami. Je l'ai observée, elle aussi. Son arrogance, sa soif de pouvoir... Elle était dangereuse, c'est vrai. Mais Wilfried, lui, l'a écrasée. Pas seulement battue, non. Écrasée. Il l'a réduite à néant, l'a poussée à quitter l'école, tout ça avec une efficacité glaçante.

Je sais pourquoi il l'a fait. Il pensait protéger sa place, protéger ses secrets, protéger lui-même. Mais à quel prix ? En détruisant Akami, il a plongé un peu plus dans ses propres ténèbres. Chaque victoire le rapproche d'un point de non-retour.

Et je ne peux pas le laisser faire.

Un observateur silencieux

Depuis ce premier jour d'avril, je le surveille. Pas pour l'espionner, mais pour comprendre. Chaque action qu'il entreprend, chaque mot qu'il prononce, chaque regard qu'il esquive ou qu'il affronte... Je prends tout en compte. J'essaie de trouver une faille dans son armure, une brèche qui me permettrait de l'atteindre.

Ce que je vois est complexe. Wilfried est incroyablement intelligent, mais cette intelligence est devenue une arme à double tranchant. Elle le protège des autres, mais elle l'enferme aussi dans un isolement suffocant. Les membres de son groupe, Meifuka, Igor, Chiaki, Yinghua, le respectent et le suivent. Mais aucun d'eux ne le connaît vraiment. Pas comme moi.

Je vois aussi les moments où son masque se fissure. Quand il est seul, après un coup particulièrement dur, je peux presque sentir sa douleur. Mais il ne laisse personne s'approcher. Pas même moi.

L'obscurité qui l'engloutit

Wilfried est en mode survie. Tout ce qu'il fait, tout ce qu'il décide, est dicté par cette peur profonde de perdre le contrôle. Cette peur, je la comprends. Je l'ai ressentie moi-même, à ma manière. Mais je sais aussi que la survie ne peut pas être une fin en soi.

Je veux lui tendre la main, mais je ne sais pas comment. Chaque tentative pourrait être perçue comme une menace. Et une menace, pour Wilfried, doit être éliminée.

Alors je reste en retrait. J'observe. J'attends.

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Un moment de faiblesse

C'était le 2 mai, après les cours. Je l'ai vu marcher dans les couloirs, son visage plus fermé que jamais. Quelque chose s'était passé. Une victoire, peut-être, ou une défaite déguisée. Je l'ai suivi à distance, comme je le fais toujours, et c'est là que j'ai ressenti une vague de désespoir.

Wilfried... Il n'en peut plus.

Ce n'était pas évident. Il masquait tout avec son expression habituelle, froide et calculatrice. Mais pour moi, c'était clair. Il était à bout.

C'est là que j'ai compris : je ne peux plus attendre.

Un plan risqué

Je ne peux pas simplement lui parler. Pas directement. Pas maintenant. Il me repousserait, ou pire, il essaierait de me manipuler pour détourner l'attention de lui-même.

Alors je décide de commencer petit. Je vais semer des graines, lui rappeler qu'il n'est pas seul, qu'il peut s'appuyer sur moi s'il en a besoin.

Le lendemain, je glisse une note dans son casier :
"Wilfried, même les stratèges les plus brillants ont besoin de repos. N'oublie pas que tu n'es pas seul."

Je ne signe pas. Je veux qu'il se demande d'où ça vient, qu'il réfléchisse. Peut-être qu'il ignorera la note, mais peut-être qu'elle le fera réfléchir.

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Le défi de sauver une lumière

Sauver Wilfried ne sera pas facile. Il est enfermé dans sa propre obscurité, piégé par sa peur et son besoin de contrôle. Mais je refuse de l'abandonner.

Parce que je sais qu'il y a encore une lumière en lui. Je l'ai vue, par moments, dans ces rares instants où il se permet d'être vulnérable. Cette lumière est ce qui fait de Wilfried une personne exceptionnelle. Mais si personne ne l'aide à la retrouver, elle s'éteindra.

Et je ne laisserai pas ça arriver.

Wilfried, je te sauverai. Même si tu refuses de voir que tu as besoin d'être sauvé.

C'est décidé. Je ne peux pas continuer à agir seule. Si je veux vraiment sauver Wilfried, il me faut des alliés.

Le choix le plus logique est évident : Suzune Horikita et Kiyotaka Ayanokoji. Je les ai observés, tout comme Wilfried, et je sais ce qu'ils cachent.

Horikita est déterminée, ambitieuse, et surtout, elle veut comprendre et maîtriser tout ce qui l'entoure. Son regard froid et distant pourrait effrayer n'importe qui, mais je ressens sa sincérité. Elle veut faire les choses correctement, même si elle refuse de l'admettre à voix haute.

Quant à Ayanokoji... Il est un mystère. Un mystère que je commence à percer grâce à mon don d'empathe. Cet air détaché, cette façade terne, tout cela masque une intelligence redoutable et une maîtrise impressionnante de lui-même. Il agit dans l'ombre, toujours, mais jamais sans raison.

Ils sont tous deux les alliés idéaux.

Une confrontation calculée

Je choisis de commencer par Horikita. Elle est plus accessible et, même si elle se méfie de tout le monde, je pense pouvoir la convaincre.

Je la trouve à la bibliothèque, plongée dans un livre. Sans perdre de temps, je m'approche et m'assieds face à elle. Elle lève les yeux, légèrement surprise, mais ne dit rien.

- Horikita, je veux te parler de Wilfried.

Son regard se durcit immédiatement. Elle referme son livre avec lenteur, comme pour s'assurer que je comprends qu'elle n'aime pas être dérangée.

- Et pourquoi est-ce que je devrais m'intéresser à lui ?

- Parce qu'il est en train de se détruire. Et je sais que tu es capable de comprendre ça.

Elle fronce les sourcils, mais je ressens quelque chose. Une hésitation. Un intérêt, même minime.

- Tu sais qu'il est brillant, dis-je. Peut-être même plus que toi ou Ayanokoji. Mais il est seul. Et la solitude, combinée à ce qu'il traverse, va finir par le briser.

Elle garde le silence, mais je sens que mes mots font leur chemin.

- Tu veux quoi ? finit-elle par demander.

- De l'aide. Pour le sauver.

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Ayanokoji, l'indéchiffrable

Convaincre Ayanokoji est une toute autre tâche. Il est beaucoup plus difficile à atteindre, même avec mon don.

Je le croise dans les couloirs, à un moment où il est seul, ce qui est rare. Je prends une grande inspiration et m'approche.

- Ayanokoji.

Il s'arrête et me fixe de ce regard vide et indifférent qui donne toujours l'impression qu'il sait déjà tout ce que vous allez dire.

- Shomegaku, c'est ça ?

Je hoche la tête, légèrement surprise qu'il connaisse mon nom.

- Je veux parler de Wilfried, dis-je, directe.

- Oh ? Qu'est-ce qu'il a fait cette fois-ci ?

- Ce qu'il a fait n'est pas le problème. Ce qu'il devient, si.

Il plisse les yeux, un infime changement d'expression qui me confirme qu'il écoute vraiment.

- Et qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

- M'aider à le sortir de cette spirale.

Il croise les bras et me scrute, comme s'il cherchait à me percer à jour.

- Pourquoi ? demande-t-il enfin. Pourquoi tiens-tu autant à lui ?

Je serre les poings.

- Parce que je le connais. Parce que je sais ce qu'il vaut. Et parce que je refuse de le regarder s'enfoncer dans les ténèbres sans rien faire.

Il reste silencieux, mais je ressens une légère curiosité chez lui. Peut-être même un soupçon de respect.

- Je réfléchirai à ce que tu viens de dire, finit-il par répondre avant de s'éloigner.

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Seule, s'il le faut

Je sais que ce ne sera pas simple. Horikita et Ayanokoji sont puissants, mais ils ne se lancent jamais dans une bataille sans être sûrs que cela leur sera bénéfique. S'ils refusent, je devrai agir seule.

Mais je ne reculerai pas.

Wilfried mérite d'être sauvé, même s'il refuse de l'admettre. Et même si je dois affronter tout le monde pour y parvenir, je n'hésiterai pas.

Wilfried, je ne t'abandonnerai pas. Jamais.