Je me tiens dans l’ombre d’un des couloirs du bâtiment principal, les bras croisés, le regard fixé sur la scène qui se déroule devant moi. L’air est tendu, chargé d’une énergie presque palpable. Ce n’est pas mon duel aujourd’hui. C’est celui d’Okita.

Elle se tient droite, impassible, face à Ohona. Deux forces opposées, chacune prête à imposer sa volonté.

Okita. L’incarnation d’une détermination implacable, d’un code d’honneur qui la pousse toujours à avancer, peu importe les obstacles. Inspirée d’un autre temps, d’une autre époque, mais terriblement ancrée dans le présent.

Ohona. Manipulatrice, insaisissable. Elle se tient là, le visage calme, presque serein. Elle joue à un jeu subtil, préférant les ombres aux confrontations directes. Mais aujourd’hui, elle a été forcée de sortir de l’ombre.

Je me cale contre le mur, observant chaque détail, chaque mouvement.

— "Alors, c’est toi, Okita ?" commence Ohona, sa voix douce mais teintée d’un léger mépris. "Je me demande… pourquoi Wilfried t’a laissée venir à ma rencontre. Il sait pourtant que c’est inutile."

Okita ne répond pas immédiatement. Elle fixe Ohona de ses yeux clairs, perçants, comme si elle voyait au-delà du masque que cette dernière porte.

— "Je ne suis pas ici parce que Wilfried m’a envoyée," répond-elle finalement, sa voix calme mais ferme. "Je suis ici parce que je choisis d’être ici."

Ohona arque un sourcil, un sourire fin étirant ses lèvres.

— "Vraiment ? Et que comptes-tu faire, Okita ? M’affronter ? Me convaincre de laisser tomber mes plans ?"

Je plisse les yeux, attentif à la moindre nuance. Ohona tente de la déstabiliser, de la faire douter. C’est sa tactique habituelle. Mais Okita n’est pas une adversaire facile.

— "Je ne suis pas là pour te convaincre de quoi que ce soit," réplique Okita. "Je suis là pour te montrer que ta manipulation ne fonctionnera pas sur nous."

Elle avance d’un pas, son regard toujours fixé sur Ohona.

— "Tu penses que tout le monde suit des règles invisibles. Que tu peux tirer les ficelles dans l’ombre et que nous allons tous danser à ton rythme. Mais tu te trompes."

Ohona ne bouge pas, mais je perçois une légère tension dans ses épaules. Okita a touché un point sensible.

— "Et quelles sont ces règles, selon toi ?" demande Ohona, sa voix toujours maîtrisée.

Okita sourit, un sourire rare mais puissant.

— "Les règles de la loyauté. Du respect. De la force de caractère. Des choses que tu ne comprends pas."

Je sens une chaleur familière monter en moi. C’est pour ça qu’Okita est là. Elle ne combat pas avec des stratégies complexes ou des manipulations. Elle combat avec ce qu’elle est.

Ohona reste silencieuse un moment, puis elle éclate de rire, un rire froid et calculé.

— "Tu es naïve, Okita. Le monde ne fonctionne pas avec des idéaux. Les gens ne sont fidèles que tant qu’ils y trouvent un intérêt. Le respect ? Une illusion. La force ? Une arme comme une autre. Tout le monde peut être manipulé. Même toi."

Je serre légèrement les poings, mais je reste en retrait. C’est le combat d’Okita, pas le mien.

— "Peut-être," concède Okita. "Peut-être que certains sont manipulables. Mais pas moi. Pas ceux qui me suivent."

Elle avance encore, jusqu’à se retrouver à quelques pas d’Ohona.

— "Tu penses que tu peux nous diviser, nous affaiblir. Mais en réalité, c’est toi qui es seule. Tes manipulations t’ont isolée. Et c’est ça qui te fera tomber."

Ohona la fixe, ses yeux brillants d’une lueur étrange.

— "Tu crois me comprendre ?" murmure-t-elle. "Tu crois savoir qui je suis ?"

Okita ne cille pas.

— "Je n’ai pas besoin de te comprendre pour savoir que tu perdras."

Le silence tombe, lourd, oppressant. Je retiens mon souffle, observant chaque détail. C’est un affrontement de volontés, de philosophies. Pas de coups échangés, mais une bataille bien réelle.

Ohona finit par détourner le regard, juste un instant. Un instant suffisant pour que je sache.

Elle a perdu cette manche.

— "Nous verrons," murmure-t-elle finalement. "Nous verrons qui aura raison."

Elle se détourne, quittant la salle sans un mot de plus.

Okita reste immobile un moment, puis elle tourne la tête dans ma direction, ses yeux rencontrant les miens.

Je sors de l’ombre, un léger sourire aux lèvres.

— "Pas mal," dis-je en m’approchant.

Elle hausse un sourcil.

— "Je n’étais pas là pour faire bien."

Je ris doucement.

— "Je sais. Et c’est pour ça que tu as gagné."

Elle me regarde un instant, puis hoche la tête.

— "Ohona n’abandonnera pas," dit-elle.

— "Je sais. Mais elle a compris qu’elle ne peut pas nous diviser aussi facilement. Et c’est un pas de plus vers sa chute."

Nous quittons la salle ensemble, nos pas résonnant dans le couloir vide. La bataille est loin d’être terminée, mais aujourd’hui, c’est nous qui avons avancé d’un pas.

Nous marchons côte à côte dans le couloir, le silence ponctué uniquement par nos pas. Okita est concentrée, son esprit déjà tourné vers sa prochaine cible : Nagumo.

Je la laisse faire. Elle a déjà prouvé qu’elle est bien plus qu’une simple exécutante. Son instinct, son empathie... ces dons qu’elle a affinés sont devenus des armes redoutables. Et si quelqu’un peut convaincre Nagumo qu’Ohona est une menace non seulement pour la classe D, mais pour l’ensemble du système, c’est bien elle.

— "Tu sais ce que tu dois faire," dis-je doucement.

Elle hoche la tête, le regard déterminé.

— "Je vais le faire comprendre à Nagumo. Il ne tolère pas les éléments incontrôlables, et Ohona est exactement ça. Il interviendra. Et une fois qu’il sera en mouvement, nous n’aurons plus qu’à achever le travail."

Je la regarde partir, sa silhouette disparaissant au bout du couloir. Okita est prête.

Mais moi aussi.

Je me dirige vers la salle où Horikita, Hirata et les autres m’attendent. La stratégie est simple : neutraliser la classe D. Battre Ohona sur son propre terrain, la déstabiliser suffisamment pour qu’elle perde son influence.

Lorsque j’entre, Horikita lève la tête, déjà en pleine discussion avec Hirata et Chiaki.

— "Wilfried," dit-elle, "tout est en place ?"

Je prends place, croisant les bras.

— "Okita s’occupe de Nagumo. Si tout se passe comme prévu, il ne tardera pas à agir. Mais nous devons être prêts. La classe D est plus fragile qu’elle ne le laisse paraître, et c’est là qu’on va frapper."

Hirata acquiesce, son visage sérieux.

— "Qu’en est-il de Ryuen ? Si Ohona perd le contrôle, elle pourrait le relâcher comme un chien de guerre."

Je souris légèrement.

— "Je compte sur ça. Mais ce ne sera pas notre problème."

Horikita me fixe, intriguée.

— "Pourquoi ?"

Je la regarde dans les yeux, un éclat de malice dans le regard.

— "Parce que Kiyotaka s’en occupe déjà."

Un silence tombe. Le simple nom de Kiyotaka suffit à faire comprendre la portée de ce que je viens de dire.

— "Il va réveiller Ryuen," reprends-je. "Lui rappeler qui il est vraiment. Et Ryuen fera ce qu’il fait de mieux : semer le chaos. Mais ce chaos ne nous atteindra pas. Pas cette fois."

Horikita fronce les sourcils.

— "Tu comptes vraiment sur lui ?"

Je hoche la tête.

— "Oui. Kiyotaka est imprévisible, mais il est aussi méthodique. Si Ryuen devient une menace, ce sera une menace pour Ohona, pas pour nous."

Sudo, assis un peu plus loin, interrompt la conversation.

— "Et si ça tourne mal ? Si Ryuen décide de nous attaquer aussi ?"

Je me tourne vers lui, mon regard assuré.

— "C’est là qu’Okita entre en scène."

Tous les regards se tournent vers moi, attendant une explication.

— "Okita n’est plus seulement une combattante," dis-je calmement. "Son don d’empathie a atteint un tout autre niveau. Elle ressent les intentions, elle voit au-delà des masques. Et avec le charisme qu’elle dégage maintenant, elle peut diriger cette classe, la maintenir unie même sous la pression."

Sakura, qui est restée silencieuse jusqu’à présent, murmure :

— "Tu veux qu’elle devienne notre leader de l’ombre ?"

Je souris légèrement.

— "Pas de l’ombre. Pas comme moi. Elle sera celle qui apparaîtra au grand jour. Celle que les autres suivront, non par peur ou manipulation, mais par respect."

Horikita réfléchit un instant, puis hoche la tête.

— "Ça peut fonctionner. Mais il faudra agir vite. La classe D ne restera pas passive, et Ohona non plus."

Je me lève, prêt à mettre le plan en action.

— "Alors allons-y. Il est temps de montrer à Ohona que la classe A n’est pas seulement une force à laquelle elle doit faire face. C’est une force qui l’engloutira si elle ne fait pas attention."

Nous sortons ensemble, chacun prêt à jouer son rôle. La bataille commence, et cette fois, toutes les pièces sont en place.

Nagumo, Kiyotaka, Ryuen, Ohona...

Mais au centre de tout, Okita.

Elle guidera cette classe à travers l’adversité, et moi, je resterai à ses côtés, observant, calculant, prêt à intervenir si nécessaire.

Nous ne sommes plus en mode survie. Nous sommes en mode conquête.

Je m’installe sur l’un des bancs du terrain de sport désert avec Hishida. Le ciel commence à virer à l’orange, baigné par la lumière du crépuscule, et l’air est chargé d’une tranquillité rare.

Hishida s’assoit à mes côtés, l’air détendu mais concentré. Il sait que nous approchons d’un tournant. Ohona a déjà commencé ses mouvements, mais lui, Hishida, a tout préparé dans l’ombre. Chaque détail est en place pour la faire tomber.

Je le regarde un instant, cherchant les mots justes. Il mérite de savoir ce que je pense vraiment.

— "Hishida," dis-je calmement, "tu as tout mis en place. Je le sais. Mais je vais être honnête avec toi."

Il tourne la tête vers moi, intrigué.

— "Dans ce combat, on ne va pas se mentir," je poursuis. "Ce n’est pas vraiment mon combat. C’est celui de la classe A."

Hishida plisse légèrement les yeux, mais il ne dit rien, m’incitant à continuer.

— "Je suis le plus efficace quand on s’attaque à ma survie. C’est là que je brille, là où mon esprit est le plus affûté."

Je fais une pause, observant l’horizon, avant de reprendre.

— "Mais Ohona... elle ne s’attaque pas directement à ma survie. Elle s’attaque aux membres de la classe, un par un, pour soi-disant me détruire."

Je ris doucement, un son presque cynique, mais sincère.

— "Et c’est là sa plus grosse erreur."

Hishida sourit légèrement, un sourire de connivence.

— "Parce qu’elle ne comprend pas que cette classe n’est pas juste un ensemble de pions à sacrifier," ajoute-t-il.

Je hoche la tête.

— "Exactement. Elle pense que les affaiblir me rendra vulnérable. Mais ce qu’elle ne comprend pas, c’est que chaque attaque contre eux les renforce. Chaque coup qu’elle porte forge une solidarité qu’elle n’avait pas prévue."

Le silence s’installe, mais il n’est ni lourd ni inconfortable. C’est le silence d’une compréhension partagée.

— "Et toi ?" demande Hishida après un moment. "Quel est ton rôle, si ce n’est pas ton combat ?"

Je le regarde, un éclat déterminé dans les yeux.

— "Mon rôle, c’est de m’assurer que chacun d’eux reste debout. Que personne ne cède, que personne ne se perde. Mon rôle, c’est de veiller à ce qu’Okita, Horikita, Hirata et les autres comprennent qu’ils sont plus qu’une classe. Ils sont une force, une unité."

Hishida hoche la tête, pensif.

— "Et si elle change de stratégie ? Si elle décide de s’en prendre à toi directement ?"

Je souris, cette fois avec une pointe de défi.

— "Alors, elle découvrira pourquoi s’attaquer à ma survie est une erreur fatale."

Hishida éclate de rire, un rire franc et sincère.

— "C’est bien toi, ça. Toujours prêt, toujours un coup d’avance."

Je me lève, étirant mes bras, prêt à retourner au cœur de la bataille.

— "Ce n’est pas une question d’avance," dis-je en le regardant. "C’est une question de savoir quand frapper. Et crois-moi, Hishida, le moment approche."

Nous quittons le terrain ensemble, chacun sachant que la prochaine phase est imminente.

Ohona a peut-être commencé cette guerre, mais c’est la classe A qui la terminera.