Chapitre 67
https://youtu.be/EuOXXKywRCU
10 juin 2019
Monsieur Taylor sortit de son coma la veille. Il se sentait très bien. Il avait juste quelques maux de tête. Il avait l'impression de se réveiller d'une soirée un peu trop arrosée. Sauf que cette nuit de repos avait duré presque 6 mois. Il ne semblait pas avoir de séquelles particulières, mis à part une légère confusion dans le temps et l'oubli des semaines précédant l'accident. Son épouse était très inquiète et pour la rassurer, il accepta de passer une batterie d'examens même s'il aurait préféré rentrer chez lui dès que possible.
Ce matin, il devait commencer son check-up par un IRM de contrôle. Le père de famille n'était pas rassuré de faire cet examen. Il savait que ce n'était pas douloureux, mais savoir qu'il allait passer plusieurs minutes dans un tube oppressant et bruyant l'angoissait un peu. Il cherchait donc le moyen de repousser le plus possible le moment où il allait devoir rentrer au service d'imagerie de l'hôpital. Il proposa de payer un café au brancardier qu'il l'accompagnait, mais ce dernier ne se laissa pas corrompre. Monsieur Taylor cherchait un autre moyen de faire traîner les choses lorsqu'il aperçut son fils au bout du couloir. Il demanda à s'arrêter une minute.
Nathan arborait un air triste, mais soudainement, un sourire s'afficha sur son visage. Cela faisait bien longtemps que Monsieur Taylor n'avait pas vu son fils aussi rayonnant. En vérité, cela faisait des années que ce genre de sourire ne lui était plus destiné. Il voulut l'interpeller, mais s'arrêta net en voyant la raison de cette joie soudaine apparaître aux côtés de son fils.
Un homme qu'il avait l'impression d'avoir déjà vu quelque part. L'inconnu s'assied aux côtés de son fils. Monsieur Taylor se demanda qui était ce garçon et pourquoi il passait son bras de manière si familière autour de son fils. Et tandis qu'il cherchait une réponse, il vit les deux garçons s'embrasser rapidement. Le père de famille tourna la tête, dégoûté de cette vision. Comment son fils pouvait-il faire cela ? Dans un endroit public en plus ?
– Monsieur Taylor, nous allons être en retard, fit le brancardier en prenant sa surprise pour la peur de l'examen. Ne vous inquiétez pas, passer un IRM ça peut être impressionnant, mais c'est sans douleur.
Le malade ne l'écoutait pas tandis qu'il le conduisit jusqu'au lieu de son examen. Il n'avait en tête que l'image obscène de son fils.
– Alors ? Ce n'était pas si terrible ?
Le brancardier ne reçut aucune réponse. Monsieur Taylor semblait complètement absorbé dans ses pensées. Le professionnel de santé ne s'en offusqua pas et le conduisit à son autre rendez-vous, il avait l'habitude de côtoyer des patients peu aimables. En réalité, Monsieur Taylor ne l'avait pas entendu. Il remarqua à peine qu'il roulait à travers les longs couloirs de l'hôpital.
Le brancardier s'arrêta finalement devant le bureau d'une secrétaire. Monsieur Taylor réalisa à ce moment qu'il avait changé de service. Il avait l'impression d'être un simple objet qu'on transportait d'un service à l'autre. Le brancardier et la secrétaire discutaient comme s'il n'était pas présent.
– Non, c'est la vérité ! Répéta le brancardier. Il roulait une pelle au nouvel infirmier des urgences.
– Je ne te crois pas, fit la secrétaire sceptique. Il est marié et père de deux enfants.
– Je l'ai vu de mes propres yeux !
Monsieur Taylor ne s'intéressait pas aux potins de l'hôpital, il ne connaissait même pas les personnes dont ils parlaient. Pourtant, la dernière phrase du brancardier lui fit ressentir une drôle de sensation. Il avait l'impression d'un déjà-vu. Soudainement, un mal de tête le foudroya en deux. Il avait l'impression que son cerveau voulait sortir de sa boîte crânienne. Des images apparaissaient, mais tout était mélangé. Plusieurs moments lui reviennent en tête, comme des flashes. Uniquement des moments avec Nathan, toujours des disputes. Il entendait les cris raisonner dans sa tête sans pouvoir arrêter le flux d'informations qui lui arrivait. La douleur devenait insupportable.
– Monsieur Taylor ? Vite, appelle le Docteur Anderson ! Cria le brancardier à sa collègue.
La douleur fut intense mais brève. Monsieur Taylor finit par retrouver ses esprits. Il vit alors un médecin près de lui. Il lui expliqua que tout cela était normal après un coma. Les connexions de son cerveau pouvaient parfois s'emballer. Le médecin était même ravi que cela lui arrivât, affirmant que cela pouvait débloquer certains souvenirs.
24 décembre 2018
– Je l'ai vu de mes propres yeux !
La femme de ménage ne pouvait pas garder le secret plus longtemps. Assise à la table de cuisine, elle racontait à sa collègue qui était occupée à préparer le repas pour le réveillon ce qu'elle venait de voir. Sofia, la gouvernante des lieux depuis de nombreuses années, l'écoutait d'une oreille, tout en surveillant la cuisson des petits fours.
– Ce garçon, Alex, qui est arrivé tout à l'heure, n'est pas simplement un ami. On ne tripote pas un ami comme ça, raconta la femme de chambre dégoûtée.
– C'est peut-être le petit ami de Nathan.
– Petit ami ? Mais c'est un garçon !
Sofia fut étonnée du manque d'ouverture de sa collègue. La jeune femme avait l'âge d'être sa fille, elle n'aurait pas pensé qu'elle soit si fermée d'esprit, surtout à notre époque. Elle réalisa soudain que la société texane était encore très ancrée dans les traditions et que ce genre de remarques était très fréquent.
– C'est contre-nature ! Continua la femme de ménage. Mon dieu, je plains ses parents. Madame Taylor est tellement gentille.
La cuisinière ne voulut pas entrer dans le débat. Elle allait perdre son temps en voulant expliquer qu'il n'y avait rien de mal à ce que deux personnes du même sexe soit ensemble, tant qu'ils s'aimaient. Elle préféra continuer à préparer le dîner et s'aperçut soudain que la boîte d'œufs était vide. Elle se rendit à la réserve juste à côté de la cuisine et tomba alors nez à nez avec son employeur.
– Monsieur Taylor ?
– Sofia, vous pourriez m'apporter une tasse de café dans mon bureau ?
– Tout de suite, monsieur.
Il retourna à son bureau. Il ne fit aucune remarque, Sofia pensa qu'il n'avait pas surpris la conversation. Elle fut soulagée, elle connaissait les idées de son employeur concernant l'homosexualité, c'était un peu comme sa collègue, mais avec beaucoup plus de virulence.
10 juin 2019
– Vous avez besoin d'autre chose ? Demanda Alex après avoir aidé Monsieur Taylor à s'installer sur son lit.
– Que tu acceptes mes excuses.
– Des excuses ? Pour quoi ?
– Pour mon comportement à Noël, précisa Monsieur Taylor.
– Oh ! Fit soudainement Alex comprenant où il venait en venir. Mais on nous a dit que vous aviez oublié ce qui c'était passé avant votre accident.
– C'est encore flou, mais j'ai quelques souvenirs qui me reviennent.
Alex ne sut pas comment réagir à cette nouvelle. Était-ce d'ailleurs une bonne nouvelle ? Le jeune homme se demanda s'il allait lui reprocher de briser sa famille. Il ne serait pas le père de Nathan, il lui aurait dit sa façon de penser depuis un moment. Il savait combien Nathan était malheureux à cause de cet homme. Il était détestable sur bien des points, mais en le voyant allongé sur ce lit d'hôpital, vulnérable et affaibli, Alex ne pouvait pas abuser de la situation.
– Tu m'as l'air d'un garçon intelligent, fit soudainement Monsieur Taylor.
L'étudiant sortit de ses pensées et se tourna vers son beau-père. Il ne le connaissait pas assez pour savoir s'il disait cela sur un ton sarcastique ou non. Il préféra laisser parler le malade avant de lui répondre.
– Avec Nathan, vous êtes... Vous vous connaissez depuis longtemps ?
– On sort ensemble depuis plus d'un an et demi, répondit Alex en insistant sur le mot sortir, comprenant que Monsieur Taylor n'osait pas l'employer.
– Je vois...
– Vous voyez quoi ?
Alex était une personne vraiment patiente, mais il avait du mal à mettre en marche cette qualité devant Monsieur Taylor. Il connaissait peu cet homme, ou plutôt le peu qu'il connaissait était suffisant pour penser qu'il ne méritait pas qu'il fasse le moindre effort pour lui. S'il était là, c'était pour Nathan. Il s'était montré courtois et aimable avec cet odieux personnage uniquement pour cela.
– Arrêtez donc de jouer les hypocrites ! Je sais très bien que vous pensez réellement ! Je vous dégoûte, pas vrai ? "Je ne veux pas de ça chez moi", c'est bien ce que vous m'avez dit, la dernière fois.
– Je suis désolé, lui répondit Monsieur Taylor.
Alex sentit sa colère baisser d'un cran en entendant ces mots. Il s'attendait à une répartie cinglante de sa part sur le fait que l'homosexualité était une tare. Entendre des excuses, il ne s'y attendait pas du tout. Il resta figé un instant, essayant de déchiffrer le visage de Monsieur Taylor. C'était impossible, même s'il remarqua que son regard sur lui avait changé. A Noël dernier, il le regardait comme s'il était un moins-que-rien, aujourd'hui, difficile de savoir ce qu'il pensait de lui mais il eut l'impression qu'il ne le jugeait plus aussi mal.
L'étudiant savait que Monsieur Taylor était un maître de la manipulation, notamment pour gérer ses affaires. Ce gourou des affaires était un modèle à suivre pour lui. Alex l'admirait beaucoup, mais cela, c'était avant de savoir qu'il était le père de Nathan et comment il était odieux avec son fils.
– Je me fous de vos excuses. Vous n'êtes pas le premier à m'insulter. Et vous ne serez malheureusement pas le dernier. Je me fous de vos excuses parce que votre avis, je n'en ai rien à faire ! Vous n'avez aucune influence sur moi. Mais j'aime votre fils ! Et j'aime le voir heureux ! Et lui, votre avis, il en a quelque chose à faire ! Si vous avez des excuses à faire, c'est à lui, pas à moi !
Quelqu'un frappa à la porte, et sans attendre de réponse, elle s'ouvrit. Madame Taylor entra dans la chambre, ne réalisant pas qu'elle coupait Alex dans son monologue. Mais ce dernier avait terminé de dire ce qui était important.
12 août 2019
– Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? Demanda Ha-Neul. Cela ne dérangera pas mes parents, je t'assure.
– Ne t'inquiète pas, je vais survivre sans toi ! Allez, file à ton dîner ! Fit Lalisa en mettant littéralement son amie à la porte.
– Bon... D'accord... Je t'appelle demain !
Ha-Neul avait l'air chagriné de la laisser seule dans cette chambre d'hôtel. En apprenant sa venue à Séoul, son père avait insisté pour qu'elle passât quelques jours chez eux. Elle avait bien tenté d'y entraîner Lalisa, mais cette dernière refusa sous prétexte de rendez-vous professionnels. Ha-Neul n'insista pas. Après tout, Lalisa était là pour une promotion commerciale pour une marque. Pour qu'on acceptât de lui payer le voyage et l'hôtel, elle devait avoir sûrement des obligations en retour.
En réalité, il n'y avait aucune obligation parce que ce voyage, payé par une marque de cosmétiques, était bidon. Lalisa avait tout inventé pour obliger Ha-Neul à l'accompagner. Et d'ailleurs, elle lui mentait sur beaucoup de choses depuis des mois mais, tout cela, c'était bientôt fini. Dans quelques jours, elle allait enfin lui révéler la raison de leur présence en Corée.
Quelques minutes plus tard, Lalisa avait filé à la salle de bains. Elle venait de maquiller son oeil gauche et s'attaquait à l'autre oeil lorsque quelqu'un frappa à la porte. Elle répondit qu'elle n'avait besoin de rien, mais on continua de frapper à la porte. Elle quitta finalement son miroir et ouvrit la porte de sa chambre, légèrement excédée d'être dérangée.
– Je vous dis que je n'ai besoin de rien !
– Pas même de moi ?
– Jimin ? Mais tu ne devais pas être là avant une heure !
– Si tu veux, je repasse plus tard, proposa le garçon en commençant à s'éloigner.
Lalisa rattrapa le garçon en agrippant sa manche. Il fit marche arrière lorsqu'il sentit sa petite amie l'entraîner vers la chambre. A peine la porte refermée, Jimin saisit la main de Lalisa et l'attira vers lui. Il tira un peu trop fort sur son bras, elle perdit l'équilibre, tombant sur le garçon. Il profita de l'avoir dans ses bras pour se pencher vers elle et l'embrasser. Un baiser long et passionné qui donnait l'impression à Lalisa que Jimin essayait de rattraper tous les baisers qu'ils n'avaient pas pu échanger ces derniers mois.
Ils finirent par se détacher l'un de l'autre, leurs respirations encore haletantes. Jimin sembla partant pour une seconde session de baisers lorsqu'il se pencha pour atteindre de nouveau les lèvres de la thaïlandaise. Lalisa évita son baiser puis posa sa main sur le torse de Jimin, l'obligeant à reculer d'un pas. Frustré, le garçon se contenta de fixer la jeune femme qui s'empressa de donner une explication.
– Je te rappelle qu'on a un rendez-vous important, je dois finir de me préparer, dit Lalisa en montrant son visage à moitié maquillé.
– Tu n'as qu'à lancer une nouvelle mode : les jours pairs, tu maquilles uniquement l'œil droit et les jours impairs, l'œil gauche.
Un rire tonitruant envahit la pièce. Lalisa éclata de rire à l'écoute de la proposition saugrenue de Jimin, mais ce qui était le plus hilarant, c'était l'air sérieux qu'il essayait de tenir. Le garçon esquissa un sourire, ravi de sa blague tandis qu'elle retournait à la salle de bains.
Quelques minutes plus tard, Jimin patientait pendant que Lalisa terminait de se préparer. Une notification arriva sur son portable. Il la consulta alors que Lalisa quittait enfin la salle de bains. Il releva ensuite la tête et fixa sans dire un mot la jeune femme.
– Quoi ? Ça ne va pas ? Demanda Lalisa en scrutant sa robe. Tu m'as dit d'être simple et élégante. Tu crois que je devrais me changer ?
– Tu es très bien comme ça ! Répondit Jimin en enroulant ses bras autour d'elle.
– Je peux me changer, j'ai apporté une autre robe qui...
– Lalisa, tu es parfaite !
– Mais tu...
– Je suis juste ébloui par ta beauté.
– N'importe quoi, fit Lalisa en lui frappant le bras, refusant le compliment.
– Mais c'est vrai, tu es magnifique. Et j'ai craqué sur toi dès que je t'ai vu.
– Je sais, tu es tombé amoureux au premier regard, Taehyung me l'a raconté.
Lalisa pensait qu'il allait confirmer, mais il resta simplement à la regarder, comme s'il était gêné. Elle n'aimait pas le voir ainsi, redoutant d'apprendre une mauvaise nouvelle.
– Quoi ? Ce n'est pas vrai ? Osa demander la jeune femme. Mais il m'a dit que tu étais tombé amoureux à la minute où tu m'as vu, sur le palier de ma chambre étudiante.
– En réalité, fit Jimin en fuyant le regard de Lalisa, à ce moment-là, je me suis dit que j'avais envie de coucher avec toi.
– Eh !
– Je suis tombé amoureux de toi ce jour-là, mais plus tard. Tu te souviens, on avait laissé Jungkook et Ha-Neul dans la chambre pour qu'ils puissent parler. Tu nous avais conduits, Tae et moi dans ce café.
– Je me souviens, répondit Lalisa curieuse d'en savoir plus.
– Tu as mangé ce gâteau au chocolat et tu en avais partout, autour de la bouche. Tu ne comprenais pas pourquoi le gamin de la table d'à côté te fixait comme ça. Et puis tu as vu ton reflet dans le miroir et tu t'es mise à rire. Tout le monde s'est retourné vers toi. La mère du gamin t'a prise pour une folle. Et c'est à ce moment que je suis tombé amoureux de toi.
– Lorsque j'étais couverte de chocolat ? Demanda la jeune femme étonnée.
– Quand j'ai entendu ton rire ! Tu te fichais de l'avis des autres. Tu étais heureuse, rayonnante. C'est à ce moment-là que j'ai su que j'allais t'épouser.
– Jiminie...
– Et dans quelques jours, ce rêve deviendra réalité. Je n'arrive pas à y croire.
Oui, vous avez bien lu, Jimin et Lalisa vont se marier ! Qui est au courant ? Comment cela va-t-il se dérouler ? Vous le serez bientôt mais pas la semaine prochaine. Au prochain chapitre, on va s'attarder un peu sur le couple d'Alex Nathan.
Rien à voir avec ce chapitre, mais hier, j'ai regardé le film "Nos coeurs meurtris" (Purple Hearts en VO). En lisant les les paroles de la chanson "I didn't know", je me suis dit que c'est exactement ce que Lalisa pourrait dire à Jimin.
https://youtu.be/3SYdxBlULQs
Prenez soin de vous et de vos proches. A dimanche prochain.
A LIRE LA SEMAINE PROCHAINE
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top