La promesse d'un renouveau.
Cette nuit, nous nous en souviendrons pour toujours, gravée indélébilement à l'encre noire sur les pages de nos existences. Même l'alcool, qui avait coulé à flots dans nos veines, ne pourrait bloquer notre mémoire. Les jours qui suivront seront magnifiques, destructeurs, mais ils constitueront la plus belle période de nos vies. Pourquoi ne regrettions-nous pas toute la douleur que cette rencontre engendrera ? Parce que nous étions ensemble et nous n'avions besoin que de la présence des autres.
Lucas sentit les rayons du soleil sur son visage, inondant ses yeux d'une lumière bienveillante. Tout en s'injuriant de ne pas avoir fermé les volets de sa chambre, il se força à soulever ses paupières. Plus il émergeait de son sommeil brumeux, plus il se doutait d'une ombre mystérieuse. Une ombre qui planait sur sa soirée de la veille. Il se remémora le concours, son cœur se serra, puis le club. Ses danses effrénées, les inconnues qui s'étaient collées à lui et...Lui.
Il se redressa promptement, sursautant sous les palpitations croissantes de son organe vital qui s'échauffait aux pensées de sa nuit tourmentée. Il se rappela les baisers, des caresses sur ses joues, sa nuque, ses tempes. Il rougit violemment parce qu'il se rendit compte qu'un vêtement lui manquait. Son haut. Comment ? Ah ! il entraperçut les mains de son amant glisser en dessous de... Il secoua brusquement la tête, faisant voleter ses cheveux en bataille. Il n'osa plus y songer. Le lit emprunté était vide. Il soupira, nullement étonné. Pourquoi cet inconnu l'aurait-il attendu ? Il n'était sûrement rien pour lui. Se passant les mains dans sa frange, il souffla de frustration et se retourna pour sortir de la pièce.
- Je n'en reviens toujours pas, déclara une voix profonde et rauque.
Lucas leva vivement sa tête et tomba sur un regard de braise, le même qui l'avait perturbé hier. Il cligna des yeux plusieurs fois, ébahi par la présence de l'homme. Il l'avait donc attendu. Le danseur retint son souffle, vira au cramoisi, surpris de ce fait. Curieux de son intervention, il voulut l'interroger, mais ne fit que bégayer cruellement.
- D-De qu-quoi ?
- De tes abdominaux ! répliqua, comme une évidence, le mentholé. Tu en as bien plus que moi !
L'argenté dut retenir un sourire narquois. Il devinait aisément que cette remarque n'était qu'une tentative pour le faire rire. Et il le remercia intérieurement. Un silence s'abattit sur eux, un mutisme qui leur rendait service, doux. Le plus jeune en profita pour examiner son vis-à-vis. Celui-ci devait être plus vieux de quelques années, suffisamment pour qu'il en soit intimidé, mais trop peu pour qu'un écart se creuse. Sa crinière éclairait son visage et son regard cuivré, le vert et le rougeâtre se mariaient bien ensemble. Puis, un détail le frappa : il était vêtu de la même façon que lui, torse nu. Mais, cet homme n'avait pas à se sentir inférieur en ce qui concerne la musculature, loin de là. Il n'était que plus maigrelet, pas moins musclé. Voilà tout. Il constata également qu'il ne le dépassait pas de beaucoup en taille et cela le fit sourire. Il peinait à trouver des partenaires si peu grands, comme lui.
- E-Est-ce que vous pourriez...? Pourriez-vous me donner mon haut ? S'il vous plaît ?
Kai haussa un sourcil. La veille, il s'était contenu sévèrement pour ne pas le faire sien et ce matin, la tâche se compliquait. Saoul ou sobre, il s'impatientait de découvrir chaque parcelle de ce corps de dieu vivant. Il inspira lourdement et attrapa la fameuse chemise qui avait générée ses bouffées de chaleur. Il lui tendit à bout de bras. Timide, Lucas la prit et récupéra l'habit. Cependant, son inconnu vint avec et s'assit sur ses genoux, sans aucune gêne. Les joues de l'argenté semblaient sur le point d'exploser, son corps s'embrasa d'une telle proximité. Il tenta de rétorquer, mais sa bouche effectua des mouvements frénétiques, incapable de produire le moindre son.
- Je te laisserais te rhabiller et partir à une condition, susurra chaudement le pianiste.
Il se rapprocha de son oreille et s'amusa à souffler dessus, faisant frémir sa proie. Il sourit contre son cou et y déposa délicatement ses lèvres, le mordillant gentiment. Lucas respira difficilement, ne parvenant plus à déglutir correctement. Il laissa sa tête tomber en arrière dans le but de mieux respirer, mais il invita inconsciemment le mentholé à continuer sa torture. Et il ne tarda point à interpréter le message. Ses baisers humides remontèrent sur sa mâchoire, puis à son lobe d'oreille avec lequel il joua quelques secondes. De son ton le plus doucereux, Kai murmura tout contre sa peau et le benjamin fut secoué d'un violent frisson à l'échine.
- En premier lieu, j'aimerais beaucoup obtenir ton numéro de téléphone - et un vrai ! -, exigea-t-il, en attrapant ses côtes pour se coller davantage. Dans un deuxième temps, tu seras très aimable d'accepter un rendez-vous plus...officiel ? proposa le taquin, quand il embrassa ardemment sa pomme d'Adam. Et troisièmement, je serais extrêmement heureux que tu me laisses entrer dans ta vie, chéri.
Il demeura immobile, prenant une pose nonchalante toujours sur le haut de ses jambes. Lucas parut recouvrer quelques couleurs en se sentant libéré de son étreinte. Sa tête revint droite, dans sa position naturelle, et leurs nez se touchèrent presque. Il devrait s'outrer et le repousser, l'informer de sa préférence pour les femmes ; mais il n'en fit rien. D'abord, parce qu'il ne se dérangeait plus de ce rapprochement, et aussi parce qu'il n'était plus si certain de son orientation.
- Aucun homme n'a jamais provoqué cela en moi.
Lucas n'avait pu se retenir. Sa déclaration avait glissé de son propre chef, comme s'il éprouvait le besoin d'avertir Kai, de lui confesser son attirance. Le mentholé sourit gaiement. Il avait l'impression que le jeunot était complètement conquis, et il le savourait. Il posa derechef ses lippes sur son front, sur son nez, il s'attarda sur sa bouche légèrement gonflée.
- Dans ce cas, tu n'auras pas à trouver des excuses pour ne pas revoir l'inconnu que je suis, alors que tu rêves secrètement de me connaître. De ce que j'ai compris, ton ami et Liam, le barman, ont sympathisé avec d'autres et ils veulent se rencontrer de nouveau.
L'argenté passa ses doigts osseux dans ses cheveux d'un geste nerveux, tandis que Kai se réjouissait du mal-être du danseur. Mal-être qui dissimulait en réalité une profonde et fulgurante attraction envers le mentholé. Celui-ci adorait sa victoire. Et il s'en vanterait pour le restant de ses jours ; un apollon, Dieu humain au corps infernalement aguicheur, tombait instantanément sous son charme, son égo ne cesserait d'augmenter.
- Je te promets, chéri, que nous nous retrouverons bientôt.
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