#Chapitre 57

Son saut manque de vigueur, je le remarque tout de suite, de même que son corps tombant sans aucun contrôle, comme une poupée de chiffon. Il ne se sortira pas indemne d'une telle chute... Une montée d'adrénaline me secoue. Je m'approche de son point d'impact d'un crawl vigoureux. Il disparaît sous l'eau dans une gerbe d'éclaboussure. Il ne remonte pas. Une bouffée d'angoisse me donne le tournis, mais je ne m'en préoccupe pas ; retenant un maximum d'air dans mes poumons, je plonge en piquet. L'eau salée me brûle la cornée, mais peu m'importe, je continue de descendre. L'ombre que la falaise projette sur l'océan rend ma perception très faible. Mais je finis par le voir, sombrant, entrainé par le poids de ses vêtements imbibés d'eau. Je le rejoins d'une brasse, lui ôte son manteau avant de tenter de le hisser avec moi. Il est lourd et mon corps épuisé. Chaque brasse me demande un effort cuisant. Le souffle me manque, mes poumons privés d'air commencent à brûler.

Encore un peu !

Au prix d'un douloureux acharnement, je parviens à nous sortir la tête de l'eau. J'inspire une profonde goulée d'air, redresse le visage d'Adam vers le ciel et nous maintient tant bien que mal à la surface. Au sommet de la falaise, les hommes d'Octavius inspectent l'océan, mais l'obscurité nous cache à leur vue. Résignés, ils finissent par s'en aller.

Une violente crampe se met à irradier dans mon épaule. Il faut absolument que je nous ramène sur la terre ferme ou nous allons nous noyer. Je repère au loin un récif anguleux sur lequel nous refugier. Puisant dans mes dernières forces, je nous dirige comme je peux vers lui. Adam pèse un âne mort et je peine à nous garder la tête hors de l'eau. Les flots vigoureux nous ballotent en tous sens, nous élèvent, nous rabaissent, nous rabattent contre la falaise, nous entraînent vers le fond. Je perds très vite notre direction, complètement désorientée. Une nouvelle vague nous submerge, nous secoue puis nous relâche. Je tousse. Le sel me brûle la gorge. Je cherche un point d'ancrage, un repère pour nous guider vers le récif. L'alignement avec une cavité dans la roche et un sapin au sommet de la falaise. J'ai un cap.

Brasse après brasse, je lutte contre la houle et l'épuisement qui s'empare de mon corps. Chaque poussée me devient plus difficile que la précédente, me demande davantage d'énergie. L'inconscience me guette, je la sens toute proche. Je la chasse d'un puissant mouvement de jambe. Je ne peux pas céder. Pourtant, mes paupières se font de plus en plus lourdes, mes gestes perdent en ardeur. L'eau s'infiltrant de ma bouche me ramène brutalement à la réalité. Prise d'un sursaut salvateur, je nous fais regagner la surface. Un bref coup d'œil vers notre objectif m'apprend que nous n'en sommes plus très loin.

Je peux le faire.

Une ultime brasse et ma main se referme enfin sur la pierre humide et glissante. Les muscles bandés dans un dernier effort, je nous empêche de nous ouvrir le crâne contre la roche émergée. Je tâtonne du bout des pieds pour trouver une prise afin de nous mettre en sécurité. Quand mes orteils se glissent dans une fente solide, je hisse maladroitement Adam, toujours inconscient sur le récif. De l'eau jusqu'en-dessous des bras, je grimpe à son côté sans le lâcher afin que l'océan ne le ravale pas. Enfin sur la terre ferme, je termine de le tirer hors de l'eau.

Un vent glacial nous reçoit, transperçant nos vêtements trempés. J'abrite Adam autant que faire se peut derrière une élévation rocheuse d'un côté, faisant barrage de mon corps de l'autre. Grelottante de froid, tremblante d'épuisement, je puise dans mes ultimes ressources pour chasser la perte de conscience qui semble n'attendre qu'un petit relâchement de ma part pour m'emporter dans les limbes. Les mains sur son poignet, je tente de percevoir le pouls de mon compagnon à travers mes doigts engourdis. Je ne sens rien. Un sanglot secoue mon corps exténué et, toutes mes forces pour lutter épuisées, l'inconscience m'entraine un peu plus vers l'obscurité fatale.

***

Etendue dans une prairie verdoyante, j'observe le ciel dégagé se parer de douces nuances de rose et d'orange, apaisant. Les hautes herbes ondulent paresseusement sous la caresse d'une brise légère. Les silhouettes majestueuses de quelques conifères oscillent paisiblement à la bordure du champ. La plaisante et familière odeur de la terre humide emplit mes narines. Je soupire d'aise et, les paupières lourdes, je m'abandonne à la quiétude ambiante. Le discret clapotis d'un ruisseau plus en retrait et le bruissement du vent dans les branches me bercent agréablement. Le joyeux gazouillement des oiseaux m'offre une ravissante mélodie que j'écoute inlassablement, transportée par la sérénité de ce lieu merveilleux.

L'ombre d'une silhouette me cache les derniers rayons du soleil couchant. Les yeux plissés, un sourire relève le coin de mes lèvres lorsque je reconnais les cheveux en batail et le regard gris clair de mon partenaire. Comme pour m'aider à me relever, il me tend la main. Je voudrais la saisir, mais je suis incapable de bouger. Soudain transie de froid, je ne peux l'attraper. Je ne sens plus ni la brise, ni la chaleur du crépuscule ; je ne ressens plus rien, juste ce froid qui paralyse mes muscles et me prive de toute sensation. Prisonnière de mon corps glacé, la peur m'envahit. J'implore du regard mon compagnon qu'il me vienne en aide, mais il fixe sombrement la masse nuageuse d'un gris profond, presque noir, qui se forme au-dessus de nos têtes. Il me retend la main.

- Dépêche-toi Mini-Portion, m'enjoint-il, le visage de plus en plus inquiet, il faut qu'on file d'ici.

Je voudrais me redresser, mais mon corps ne me répond pas. J'ai beau mobilisé toute ma concentration pour ne bouger ne serait-ce que d'un centimètre, pas le moindre tressaillement. Juste ce froid glacial, encore et toujours. Ce froid qui m'immobilise... Ce froid qui anesthésie mes sens...

Comme le froid inexorable qui prend possession des corps lorsque leur dernier souffle s'évapore dans l'atmosphère...

Suis-je morte ?

Non, je ne le pense pas. Sinon, je ne pourrais plus réfléchir comme je suis en train de le faire. Enfin je crois...

Impuissante, je regarde Adam se baisser, passer mon bras par-dessus sa tête et tenter de se redresser. Il tressaille lorsque ma peau glacée rentre en contact avec la sienne, mais il s'obstine à vouloir me relever. J'aimerais lui crier de s'en aller, de me laisser, mais aucun mot ne sort de ma bouche. Dans son dos, les premiers éclairs déchirent le ciel. Je devine aux herbes et aux sapins malmenés que le vent a forci, mais je ne le sens toujours pas. Je ne vois que des flashs lumineux qui agressent mes rétines. Le grondement tonitruant, transperçant, de la terre frappée par la foudre m'empêche de penser calmement. La panique prend possession de moi tandis qu'Adam ne parvient toujours pas à m'arracher du sol, comme si mon corps s'enlisait, absorbé par la terre déterminée à causer ma fin. Au loin, les sonneries caractéristiques des talkies-walkies raisonnent en tous sens au milieu du vacarme climatique, accompagné d'aboiements sauvages.

Une battue. On nous cherche.

Des larmes de frustration dévalent sur mes joues alors que mon corps s'enfonce inexorablement dans le sol devenu boueux. Adam tire sur mes bras, lutte de toutes ses forces pour me retenir. En vain. Il s'épuise, impuissant, refusant catégoriquement de me lâcher. Son regard humide croise le mien. Ses iris grises se sont parées de nuances sombres, semblables aux couleurs du ciel orageux. Il s'apprête à dire quelque chose, mais je ne saisis pas ses paroles ; un éclair s'abat sur nous dans un immense déchirement. La terre sous nos pieds se fend et nous tombons dans un gouffre à l'obscurité infinie avant de violemment percuter une surface liquide. Le choc me fait l'effet d'une décharge électrique, comme si subitement, mon corps reprenait vie. Je ressens de nouveau l'eau sur ma peau, aussi glaciale que le froid qui m'habite encore. Je ressens mes poumons souffrir du manque d'oxygène, les tremblements incessants qui parcourt mes muscles. Pourtant, je suis toujours incapable de bouger. C'est donc impuissante que je regarde mon corps sombrer immanquablement. Je cherche mon compagnon, priant pour qu'il s'en sorte, mais je devine dans la pénombre grandissante sa silhouette abandonnée me suivre dans l'intense obscurité des profondeurs abyssales. Je hurle son nom pour qu'il se réveille et regagne la surface, mais cela n'a pour effet que de laisser l'eau s'engouffrer dans ma bouche, la morsure du sel brûlant ma gorge, mon cri se perdant dans l'immensité liquide. 

***

Je me redresse en sursaut. L'écho d'un cri se réverbère entre les murs de pierre et je comprends que j'en suis l'origine. Ma gorge me brûle.

- Du calme, Will, déclare la personne qui s'approche de moi. Tout va bien, c'est fini. Ce n'était qu'un vilain cauchemar, tu es en sécurité à l'infirmerie maintenant.

Complètement perdue, j'observe frénétiquement le paysage que m'entoure : d'imposants murs de pierres claires, des rangées de lits blancs successifs, de grandes fenêtres à carreaux laissant passer la lumière vive d'un début de journée... En effet, je reconnais l'infirmerie des Neuf Muses. Comment me suis-je retrouvée-là ? Je n'en ai aucune idée...

La silhouette se poste à mon chevet pendant que son visage inquiet continue de me scruter. Je relève enfin la tête pour tomber dans un regard gris familier et j'éprouve un profond soulagement. Je remarque alors que ses yeux tirent un peu plus vers le bleu que ceux que je connais si bien, ceux de son frère... Mon cœur se serre lorsque je reconnais Logan. Au souvenir du pouls inexistants de mon partenaire, un voile de panique m'agite. Je le cherche frénétiquement dans l'infirmerie, en vain. Autour de moi, il n'y que des lits vides, à l'exception d'un seul occupé par une fillette qui ne doit pas avoir plus de douze ou treize ans. Les larmes me montent aux yeux. Je refuse de croire qu'il... non, je ne peux pas y croire !

Conscient de mon soudain malaise, Logan me presse délicatement la main, réconfortant. Un sanglot me secoue. Encore un peu faible, je remonte mes genoux contre moi, incapable de retenir mon chagrin.

- Oh, oh, oh, me parvient la voix apaisante de Logan à travers le tumulte de mes sanglots incontrôlables. Calme-toi Will, tout va bien. Tout va bien...

Et il répète inlassablement ses mots. Il me sert contre lui pour m'apporter tout le réconfort qu'il peut, mais cela ne suffit aucunement à chasser ma douleur. Mais j'apprécie sa chaleur rassurante, alors je m'abandonne pleinement à ma peine contre son torse. Les sanglots déchirent ma gorge irritée tandis que la douleur me brise morceau par morceau. Je ne peux pas, je refuse de croire...

Il s'interrompt brutalement. Surprise, je m'essuie les yeux, prête à quitter le confort de ses bras, mais sa main se pose sous mon menton pour me redresser la tête. Un fin sourire est apparu sur ses lèvres et une lueur de compréhension habite désormais ses yeux. Pleinement face à lui, son sourire s'agrandit encore.

- Il va bien, Will, affirme-t-il avec bonheur. Adam va parfaitement bien.

Je bats des paupières un instant, incertaine. Se peut-il que... ? Un profond soulagement m'arrache de nouvelles larmes, de joie cependant, quand je réalise que Logan est tout à fait sérieux, et serein. Un éclat de rire s'échappe de mes lèvres au milieu d'un sanglot d'euphorie. Je frotte mes yeux dont un flot intarissable de gouttelettes salées s'écoule sur mes joues secouées d'un fou-rire incontrôlable.

- Désolé de ne pas avoir compris plus tôt, s'excuse Logan en souriant. Si j'avais su, je t'aurais rassuré bien avant...

Je balaie ses excuses d'un geste de la main, c'est tellement dérisoire. Je ressens qu'une vive chaleur dans mon ventre, comme une lumière que rien ne pourrait obscurcir à la découverte de la bonne santé de mon camarade !

Reprenant finalement mon calme, je pose enfin le flot de questions qui me tiraillait :

- Où est-il ? J'ai dormi longtemps ? On est quel jour ? Et que fais-tu là ? Comment suis-je arrivée ici ? Comment nous avez-vous retrouvés ? Que s'est-il passé ? Il va vraiment bien ?

- Du calme, respire, me réprimande-t-il gentiment. Je préviens Amanda et ton père que tu t'es réveillée et je t'explique tout, d'accord ?

- Mon père ? relevé-je.

Il m'adresse un signe que j'aurais mes réponses dans un instant avant de disparaître dans le bureau de l'infirmière en chef. Frustrée, je prends mon mal en patience. Moins de deux minutes plus tard, il réapparaît avec la doctoresse. Ses cheveux blonds et son large sourire me font momentanément oublier mes interrogations. Après de brèves salutations, elle commence son examen. Pendant ce temps, je presse Logan d'enfin soulager mes tourments.

- Nous sommes le samedi neuf février, il est pas loin de midi et tu as dormi pendant un peu plus de quarante-huit heures, selon nos estimations. Ensuite, oui, Adam va vraiment bien, débite-t-il en se remémorant les questions que je lui ai posées. En ce moment-même, il est avec ton père qui avait lui aussi une foule de questions sur ce qu'il s'est passé. D'ailleurs, ton père passera te voir dès qu'il en aura terminé. Et si on est là, c'est parce que Karen nous a appelés pour nous prévenir des événements. Mes parents et Victoire repartent demain pour Grasse. Quant à ce qu'il s'est passé...

Il réfléchit un moment, cherchant ses mots.

- Concrètement, Adam et toi êtes largement plus au courant... m'avoue-t-il finalement. Mon frère nous a raconté dans les grandes lignes les événements de son côté. Tu t'étais enfin endormie alors il a voulu en profiter pour remplir vos bouteilles vides. Au ruisseau, trois hommes lui sont tombés dessus, il n'a rien pu faire...

Il serre les poings à s'en blanchir les jointures en reprenant le récit de son frère. Aussi protecteur l'un que l'autre, j'imagine que Logan souffre d'avoir su son cadet courir un tel danger...

- Ces hommes ont lourdement insisté pour savoir où tu te trouvais, poursuit-il tandis qu'Amanda plonge une lumière dans mes yeux pour tester leur réactivité, mais il n'a rien dit. Puis tu es arrivée au bord de l'eau armée de... de concombres gicleurs, ce qui lui a permis de se libérer des deux vaut-riens qui le retenait. Vous avez couru à travers bois, mais les hommes vous ont cernés alors vous avez sauté du haut de la falaise. A partir de là, Adam a un grand trou dans ses souvenirs, ce qui est normal puisqu'il s'est reçu une fléchette de sédatif... Tout ce qu'il sait, c'est qu'il s'est réveillé sur un récif, toi à côté de lui, que t'étais inconsciente et le corps glacé. Il nous a alors contactés grâce au Talkie-Walkie avec lequel tu avais appelé à l'aide et on vous a rapatriés au Neuf Muses aussi vite que possible.

J'acquiesce à ce récit et complète les zones d'ombre. Amanda termine son examen avant de me lancer un sourire satisfait. En dépit de l'état critique dans lequel je suis arrivée, m'explique-t-elle, mon corps semble bien se remettre. Elle m'apprend alors que j'étais à un stade avancé d'hypothermie lorsqu'ils nous ont retrouvés et que mon corps souffrait d'un profond épuisement à cause de la morsure d'araignée – Adam ne s'était pas trompé – et de l'effort physique pour échapper aux hommes d'Octavius, ce qui leur a fait craindre le pire. Elle me met en garde sur la faiblesse physique que subissent encore mes muscles et la vulnérabilité de ma santé face aux virus. Elle m'ordonne alors un lourd repos ainsi que de faire attention à ma cheville qui n'a pas encore totalement guéri, avant de me laisser.

Je m'avachis contre mon oreiller excessivement moelleux. A ma grande surprise, Logan s'installe confortablement sur le fauteuil qu'il occupait déjà à mon réveil. Mon père a dû lui donner l'ordre de ne pas me quitter d'une semelle, comme à Marseille... La colère me tord les entrailles. C'est lui qui devrait être ici, et non son bras droit ! Par ailleurs, Logan doit sûrement n'avoir d'autre envie que celle de passer du temps avec son frère après ce qu'il vient de se passer.

Adam... tout le monde m'assure qu'il va bien, mais je me souviens de l'hématome d'un noir d'encre sur sa joue, le coup qu'il a reçu dans sa côte déjà blessée et je suis loin d'avoir assisté à tout. Sans oublier que tel que je le connais, il doit se sentir responsable de l'état critique dans lequel on m'a retrouvée. Il culpabilisait déjà d'avoir accepté qu'on continue l'épreuve... Alors de savoir qu'il s'est retrouvé impuissant face aux sbires de notre ennemi, de n'avoir pu me protéger comme il s'en estime le devoir, d'avoir perdu connaissance lorsque nous étions dans l'océan... Je suis certaine que s'il n'est pas en danger de mort, il ne va quand même pas si bien que ça.

Mais quand je pose la question à son frère, je n'ai pour réponse qu'un haussement d'épaule qui ne fait que m'inquiéter que davantage. Pourtant Logan s'obstine à rester vague ; « il est un peu secoué, mais c'est normal », voilà le mieux que j'ai pu obtenir avec la promesse qu'il lui dira de passer me voir. Mais cela ne me rassure pas. Dans son état normal, je suis certaine qu'Adam passerait sans que personne n'ait à le lui demander.

- Arrête de te faire du mauvais sang pour rien, Will, finit par craquer Logan. Il va aussi bien que possible, je t'assure. Préoccupe-toi de ton rétablissement avant de penser au sien.

C'est ainsi que je me retrouve à broyer mes idées noires, en dépit de ses recommandations. Je lui tourne le dos, ne souhaitant plus lui parler pour l'instant. Recroquevillée dans la chaleur de ma couverture, je ne parviens à chasser mon partenaire de mes pensées. Je serai certaine qu'il va bien seulement quand je l'aurais vu ! Malheureusement, j'ai interdiction de quitter l'infirmerie jusqu'à nouvel ordre. Ressassant indéfiniment mes angoisses et ma frustration, j'ignore superbement mon cerbère jusqu'à finalement m'endormir, emportée par mon profond état de fatigue.  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top