#Chapitre 55
- Will ? Youhou ? Willow ?
On me secoue par l'épaule sans aucune douceur. Groggy, j'entrouvre difficilement les paupières. Une violente migraine me lance quand la lumière du jour pénètre brutalement ma rétine. Je grogne en me redressant.
- Charmant, commente Adam. Pour quelqu'un qui ne dort pas beaucoup, tu as le sommeil sacrément lourd...
- Quelle heure est-il ?
- Un peu moins de neuf heures, mais il ne faudrait pas qu'on tarde trop. Je t'ai laissé dormir aussi longtemps que possible.
J'acquiesce d'un petit signe de tête. Il sort de la tente, son duvet déjà replié et son sac prêt à partir. Comme un automate, je rassemble mes cheveux dans leur queue de cheval avant de rouler mon duvet et de quitter la tente étouffante.
Dehors, mon coéquipier me tend une gourde et la fin de notre sachet de mûres en guise de petit déjeuner. Il se met à démonter la tente pendant que je savoure mes trois baies. Il l'attache ensuite à son sac qu'il enfile directement sur son dos. Comprenant qu'il s'agit là du top départ, je range la gourde et le sachet dans le mien avant de l'imiter. Je me redresse sûrement un peu trop rapidement car un puissant vertige me prend soudain. Je papillonne des paupières pour chasser mon étourdissement. Décidément, je peine à me réveiller ce matin. Le sommeil semble s'accrocher à moi, contrairement à d'habitude où il me fuit douloureusement... L'esprit cotonneux, je le suis comme dans un épais brouillard. Il prend la tête de notre marche à un rythme soutenu, avalant les mètres de ses larges pas déterminés. Il semble en bien meilleure forme qu'hier. Contrairement à moi...
Plus nous grimpons et plus l'ascension s'avère pénible. Le chemin se complexifie, toujours plus vague, plus abrupte. Les sols deviennent instables, recouverts de pierres glissantes qui roulent sous nos pieds tandis qu'en-dessous de nous, un précipice vertigineux nous promet une chute mortelle si l'un de nous, par mégarde, trébuche. L'oxygène se fait plus rare à cause de l'altitude. La chaleur écrasante du soleil constitue un véritable supplice dont je semble la seule à souffrir. Devant moi, Adam gravit la piste escarpée sans jamais regarder le vide à nos pieds. Alors que je m'efforce d'allonger le pas pour le rattraper, un violent vertige m'arrête net et mon pied, incertain, dérape. Déséquilibrée, je me plaque brutalement contre la montagne pour ne pas dévaler la pente mortelle de l'autre côté. Mon cœur s'emballe. Je me pince l'arête du nez pour chasser mon étourdissement tout en respirant profondément pour me calmer.
- Will ? me parvient la voix inquiète d'Adam. Tout va bien ?
J'inspire un grand coup, les yeux toujours fermés. A peu près apaisée, je finis par le rassurer.
- Ne regarde pas en bas, me conseille-t-il par méprise quant à la raison de mon vertige. Concentre-toi sur le chemin et ce sera plus facile.
Je hoche la tête, ce qui me provoque un nouveau lancement dans le crâne, avant de reprendre la marche. En continuant d'avancer, mes symptômes vont bien finir par disparaître d'eux-mêmes !
Pas à pas, j'avale la distance qui me sépare de la crête, tentant vainement d'ignorer mon inconfort. Bien vite, je finis par retirer mon manteau que je noue autour de ma taille sous le regard froncé de mon partenaire, loin devant. J'essuie la pellicule de sueur qui recouvre mon front et accélère la cadence. Le sang pulse douloureusement dans mon crâne. Ma tête fonctionne au ralentis, vaporeuse. Des tournis de plus en plus réguliers mettent à mal mon équilibre tandis que ma cheville me brûle intensément à chaque pas. Mais je continue. Un pied devant l'autre.
Un temps qui me paraît interminable plus tard, nous parvenons enfin au sommet. Depuis la crête, nous avons une vue panoramique de l'ensemble de l'île. Au loin, une étendue turquoise, infinie, s'étale à perte de vue. Quelques points noirs, indistincts, se devinent à l'horizon. Sûrement d'autres îles semblables à celle sur laquelle on se trouve. Ce panorama est magnifique.
Adam pointe du doigt un détail qui l'interpelle. Je plisse les yeux pour apercevoir ce qu'il me montre : un regroupement de tentes dans une large clairière dégagée à moins d'un kilomètre d'un minuscule lac. Le campement des Traqueurs. Central et doté d'un point d'eau à proximité. Idéal. Nous signalons sur notre carte son emplacement.
- Profitons de notre petite pause pour nous désaltérer et nous alimenter, propose mon partenaire avec une brusquerie qui me surprend. Ça nous fera du bien.
Mon humeur déjà mise à mal par mon état physique, la colère monte à son tour. Sans lui daigner attention, je m'assoie dans l'herbe sèche. Mon mouvement provoque une soudaine brûlure aussi intense que douloureuse au niveau de ma cheville. Je retiens difficilement un gémissement. La main tremblante, je relève le bas de mon treillis pour étudier le haut de mon pied et ce que j'y vois n'a rien de rassurant. D'un diamètre équivalent au cul d'une bouteille, une épaisse boursouflure blanchâtre se développe vers l'intérieur de ma cheville. En son centre, deux petits trous d'un jaune foncé. La plaie est absolument répugnante et hyper sensible. Quant à savoir comment je me la suite faite, c'est un véritable mystère... Impossible de me souvenir à quel moment je me suis égratignée. Sûrement une ronce qui m'a agrippée puis la coupure s'est infectée...
Dans un silence tendu, nous finissons nos dernières réserves de nourriture, l'un comme l'autre d'une humeur massacrante. Assoiffée, je bois jusqu'à plus d'eau avant de me rendre compte de ma bêtise : n'étant pas certains de trouver de l'eau aussi haut dans les montagnes, il fallait la rationner ! Et le visage furieux d'Adam ne fait que confirmer mon jugement.
- Putain, mais Will ! s'énerve-t-il pour de bon. Qu'est-ce que tu fous ?! Hier tu grimpais comme un véritable petit cabri et aujourd'hui, tu te traines comme une vieille chèvre borgne ! Et maintenant tu nous siffle la totalité d'une gourde en moins de dix minutes ? T'as décidé de nous plomber jusqu'à la fin de la semaine ?!
Un peu trop émotive, son ton venimeux me fait monter les larmes aux yeux. Surprotecteur, si je lui parle de ma plaie, il va s'inquiéter et sûrement demander que l'on soit rapatriés. Ce qui reviendrait à une élimination immédiate or, il nous faut impérativement valider cette épreuve. Puis quand nous aurons monté le campement, je pourrais m'occuper de ma cheville et désinfecter tout ça. Rien ne sert de l'alarmer. Alors je lui sors la première excuse qui me passe par la tête :
- J'ai mal dormi, désolée.
- T'as mal dormi ? répète-t-il sarcastique. Ça ne change pas de d'habitude, je crois, non ? Alors pourquoi tu agis comme une touriste qui ne s'attendait pas à ce que cela soit si dur ?
Je garde le silence, ne sachant que répondre à ça. Mon partenaire semble s'adoucir tandis qu'il m'étudie attentivement, en quête d'une explication sur mon corps. Heureusement, j'ai rabattu le bas de mon treillis sur ma cheville.
Au même moment, notre talkie-walkie se met à grésiller dans sa poche, l'arrachant à ses observations. La voix d'Hartmann nous parvient faiblement. Il ne s'encombre pas de politesse avant d'exiger :
- Je veux parler à Santiago.
Mon partenaire, les sourcils froncés, me tend la radio avant de légèrement s'éloigner. Malgré tout, je parle tout bas.
- Je suis là.
- Bien.
Mon entraîneur semble incertain, hésitant.
- Comment tu te sens ? Ton bracelet nous indique que tu as une fièvre importante et une tension assez basse...
J'avais oublié qu'ils avaient accès à mes constantes, leur cacher ma plaie sera plus ardu...
- Un peu chaud, mais ça va, amoindris-je mes symptômes. J'ai dû attraper un coup de froid en plongeant les pieds dans l'eau, hier, lors de la pêche. D'ici ce soir, ça devrait aller mieux.
Un silence accueille mon explication vaseuse.
- On peut vous ramener si tu ne te sens pas suffisamment en forme... me propose-t-il.
- Non, non, m'empressé-je de refuser. Tout va bien, vraiment.
- Comme tu voudras... Mais je veux que tu en parles à Adam rapidement, qu'il surveille un peu ton état et te ménage.
- Je le ferai, promets-je sans en avoir nullement l'intention.
Il nous souhaite ensuite une bonne continuation avant de couper la communication. Je rends le talkie à Adam qui m'interroge silencieusement. Je prétexte un énième problème avec mon bracelet. S'il n'y croit pas, il n'insiste pourtant pas. Il remet son sac ses épaules. Nous réfléchissons un moment à notre plan d'action. Maintenant, nous savons où se situe le camp de Traqueurs, la zone à éviter. Le mieux serait de redescendre de l'autre côté de la montagne pour regagner le couvert des arbres tout en restant protégés par son accès difficile. Ceci établi, Adam part d'un bon pas. Un énième vertige me cueille alors que je me relève trop rapidement, amplifiée par le poids de mon sac. Je parviens à me rééquilibrer in extremis. Par chance, mon compagnon n'a rien remarqué.
Sur la crête, un puissant vent nous secoue et joue avec mon équilibre déjà précaire. Le frère de Logan referme son manteau pour se préserver des bourrasques. Je devrais l'imiter, mais j'ai beaucoup trop chaud. Ralenti par le vent contre nous, il avance difficilement, mais le pied solide, refusant de reculer du moindre centimètre. L'effort physique est éreintant. Ma queue de cheval fouette mon visage, les rafales manquent me faire tomber, mes jambes peinent à avancer. Le souffle court, le cœur battant fébrilement, je me sens faiblir un peu plus à chaque pas. J'ignore comment Adam parvient à lutter aussi efficacement contre le vent qui semble déterminé à nous repousser. L'écart entre nous se creuse. Devant moi, mon partenaire est obligé de s'arrêter de plus en plus souvent pour m'attendre. L'impatience le gagne.
Deux heures à marcher à allure d'escargot, bravant difficilement le vent, nous finissons par débouler sur une discrète piste à la pente légèrement moins raide et accidentée que les flancs de la montagne, relativement abritée des rafales. Sans attendre, Adam dévie pour l'emprunter. Nous descendons ainsi pendant plusieurs bons kilomètres. Il dévale la pente avec aisance et précision tandis que, loin derrière, je désescalade la montagne avec gaucherie, la tête de plus en plus embrumée. Mes pieds glissent, mon équilibre est précaire. J'ai l'impression d'avancer dans la mélasse, sans vraiment avoir conscience d'où mes pieds se posent. Mes jambes tremblent d'épuisement et des fourmis parcourt l'ensemble de mes muscles. Le sang bat furieusement dans mon crâne douloureux. Des taches noires se mettent à danser devant mes yeux. Je me sens faiblir d'un coup. Dans le brouillard de ma vision, je perçois Adam soudain courir vers moi, au moment même où mon corps cède et que tout disparaît brutalement.
***
- Will ? me parvient doucement la voix d'Adam. Eh oh ? Tu m'entends ?
Je me sens complètement sonnée. J'ai l'impression qu'un troupeau de mammouth a dansé la samba dans mon crâne. Je plisse les paupières pour protéger mes yeux de la lumière. Une main à la fraicheur si agréable se pose sur mon front brûlant. J'entends un juron. Je m'efforce d'ouvrir les yeux. Je tombe nez à nez avec le visage soucieux et réprobateur de mon coéquipier. Il saisit notre talkie-walkie.
- C'est bon, elle revient à elle, confie-t-il à la radio.
- Tant mieux, soupire la voix grave reconnaissable de notre coach. On va vous rapatrier.
Malgré la brume de mon esprit, mon cerveau tire la sonnette d'alarme.
- Quoi ?!
J'ouvre grand les paupières en me redressant un peu trop vivement. Un vertige me cueille.
- Eh, me rabroue Adam. Vas-y mollo, tu viens de faire un malaise. Laisse-toi le temps de récupérer un peu.
- On ne peut pas rentrer, protesté-je, indifférente à ses conseils, en me massant l'arête du nez. On doit continuer. J'ai eu un coup de chaud et l'ascension m'a crevé, rien de bien dramatique.
- T'aurais aussi pu basculer dans le vide, soulève Adam, maîtrisant difficilement la colère dans sa voix. Imagine si tu avais fait ton malaise sur la crête ! Tu aurais au moins dû m'en parler, Will ! On aurait ralenti et je serais resté près de toi au cas où ! C'était bien beau, hier, de me faire la morale avec ma côte, hein ?!
De mauvaise foi, je lui lance un regard noir, vexée qu'il me renvoie en pleine face mes reproches de la veille.
- Je vais bien, assuré-je, entêtée.
On se défit silencieusement, avec obstination, refusant l'un comme l'autre de capituler. La voix de notre prof de voile nous rappelle à l'ordre :
- Will, ta température est montée jusqu'à quarante virgule deux. Ta tension remonte un peu, mais est encore très basse. Il vaut mieux que vous rentriez, tant pis pour votre épreuve.
- On reste, insisté-je. Je prendrai un doliprane pour faire baisser la fièvre.
Adam semble en proie au doute. Rentrer au risque de se faire éliminer et expulser d'Eos voire de l'Ecole ? Car c'est ce qui nous attend si on demande à se faire rapatrier, De Clermont a été très clair là-dessus... Ou bien continuer en dépit de mon état ? Le garçon surprotecteur rechigne à prendre une telle décision. Mais je ne lui laisse pas le choix.
- La nuit va bientôt tomber, poursuis-je. On va monter la tente et je vais me reposer. Une bonne nuit de sommeil et des médicaments devraient suffire à ce que j'aille mieux.
- Will... tente Adam.
- Non, le coupé-je, sans appel.
Il plonge son regard d'acier dans le mien, cherchant le moindre signe d'hésitation ou de faiblesse. Mais il n'y trouvera rien. Il soupire et je sais que j'ai gagné. Il relève la radio devant son visage.
- On va ralentir le rythme jusqu'à ce qu'on trouve un bon endroit où installer notre campement. On n'en bougera pas jusqu'à ce que Will aille mieux. Je veillerai à ce que son état n'empire pas et au moindre signe suspect, on se fera rapatrier. Je m'occupe de tout.
Hartmann ne répond pas immédiatement, méditant ses paroles. Finalement, il capitule à son tour.
- Très bien. Mais je veux un rapport toutes les deux heures maximum. Je garde tes constantes à l'œil, Santiago. Si elles ne se stabilisent pas, j'envoie l'hélicoptère, que vous le vouliez ou non.
- Ça marche, accepté-je le compromis.
- Ah et une dernière chose, Santiago, reprend durement le coach. Quand je te donne un ordre, tu obéis. Je t'avais demandé de le dire à Adam, il me semble. Tu as de la chance que j'ai pu le prévenir à temps que tu allais faire un malaise.
Je m'excuse piteusement. Autant Hartmann que mon coéquipier paraît véritablement énervé contre moi. Malgré tout, une profonde lueur d'inquiétude ne quitte pas les yeux gris du frère de Logan lorsqu'il me tend sa gourde. Me rappelant que j'en ai déjà vidée une, je décline.
- Bois, ordonne-t-il avec détermination.
Je ne m'autorise pas plus de deux gorgées afin d'avaler un doliprane pour lui faire plaisir tandis qu'il déplie notre carte approximative à même le chemin avant de se rendre à l'évidence : les professeurs nous ont laissé une carte qui reprend vaguement la forme de l'île et les gros points d'eau comme le lac à côté du camp des Traqueurs, mais ils n'ont nullement signalé les petites sources. La zone de la montagne est vide de toutes indications. Adam soupire avant d'observer autour de nous, impuissant. En dépit de ma migraine, je m'efforce de rester concentrée suffisamment longtemps pour trouver une solution. Plongée dans une certaine confusion, un détail salvateur m'interpelle difficilement.
- Tu vois le bois en contrebas ? lui indiqué-je.
Il hoche la tête.
- La végétation est bien plus verte qu'ailleurs et il se trouve dans un creux entre deux vallées. Je te parie qu'il y a de l'eau.
- Pas bête, approuve-t-il.
Après s'être assuré que j'étais en état de marcher, il prend les devants tout en restant à proximité, refusant catégoriquement de lâcher ma main pour m'empêcher de tomber. Son excès de sollicitude m'exaspère, mais je m'abstiens d'en faire la remarque, au risque qu'il change d'avis et décide de rentrer. Nous quittons le chemin pour descendre en ligne droite en direction de notre destination. Je me sens toujours un peu faible, mais les médicaments semblent agir, limiter mes étourdissements et diminuer ma fièvre.
Trois quart d'heures qui me paraissent une éternité plus tard, et nous voilà au cœur de la petite forêt. L'oreille dressée au moindre clapotis indiquant de l'eau, je nous dirige vers les arbres aux feuillages les plus vifs et drus, à la rencontre des différentes pentes de la vallée. Comme attendu, un fin ruisseau serpente entre les troncs sur un lit de pierres. Je désigne fièrement ma trouvaille d'un geste des bras qui arrache un sourire à Adam. Il me fait part de son intention d'établir le campement plus loin en revenant sur nos pas dans un espace dissimulé par d'épais fourrés et broussailles. Après une brève dispute quant à ma participation à la préparation du camp, il finit par accepter mon aide. L'espace nettoyé et la tente montée, il part en quête de fougères et d'orties repérées sur le chemin pour notre repas de ce soir pendant que je transmets un bref rapport à notre coach, comme convenu. Ceci fait, j'attrape la trousse de secours avant de m'installer contre un tronc d'arbre pour enfin m'occuper de ma cheville. Un haut-le-cœur me prend quand je redécouvre la plaie blanchâtre. Un bout de bois glissé entre les dents, j'imbibe un morceau de coton de désinfectant avant de le presser contre ma boursouflure. La brûlure me fait monter les larmes aux yeux. La douleur trop intense, j'éloigne le coton de ma plaie. Sans Adam, je n'y arriverai pas...
Frustrée, je patiente un moment en attendant son retour. Quand il réapparaît dans l'étroite clairière, ses sourcils se froncent instantanément en me découvrant la cheville à l'air et le matériel de secours répandu autour de moi. Il se précipite à mon côté, le regard réprobateur.
- T'as écoulé ton stock d'idées débiles ou je dois encore m'attendre à pire ? lâche-t-il, acerbe. T'essayais de faire quoi au juste ? D'ailleurs, tu comptais m'en parler de ta blessure ou tu comptais sur Hartmann pour le faire à ta place, là aussi ?
- Ça va, ça va, je t'assure...
- Répète-moi encore une fois que ça va et je m'énerve pour de bon, Will, menace-t-il les dents serrées. Maintenant je veux que tu me dises exactement tout ce qu'il y a à savoir sur ton état sinon j'appelle le coach pour qu'on rentre.
Contrainte et forcée, je lui relate chacun de mes symptômes : la fièvre, les étourdissements, l'épuisement, ma cheville douloureuse, l'apparition de la plaie... tandis qu'à la lumière de son briquet, il inspecte attentivement mon pied.
- Ça m'a tout l'air d'être une simple infection due à une entaille provoquée par une ronce ou quelque chose du genre, conclus-je en tentant d'en minimiser la gravité.
Mais Adam secoue la tête, catégorique.
- Ça aurait pu, approuve-t-il, mais il y a deux trous au niveau de la nécrose.
Il désigne le point jaune au centre de la plaie.
- Ça ressemble à une morsure. Je ne connais pas les espèces endémiques du coin, mais vu la taille, je miserais sur une araignée ou une bestiole du style. Faudrait contacter Hartmann pour avoir son avis.
Sans attendre, il se met à nettoyer ma plaie avec douceur même si cela ne suffit pas à m'épargner la douleur. Il étale une fine couche d'anti-inflammatoire avant de bander mon pied.
- Je ne peux pas faire mieux pour le moment, déclare-t-il ensuite. Prends des antibiotiques et ça devrait aller.
Je suis ses recommandations tandis qu'il nous prépare une soupe d'orties. Peu à peu, la douleur s'apaise et ma fièvre semble avoir diminuée. Nous mangeons en silence, parfois entrecoupé de questions d'Adam qui s'enquiert de mon état. L'inquiétude barre son front, mais j'essaie de le dérider à coup de plaisanteries. Le repas terminé, il m'invite à aller me reposer, se proposant de tout ranger. Je m'apprête à rechigner, mais il me fait taire d'un haussement de sourcil provocateur. Bon gré mal gré, j'obtempère. Je me faufile dans mon duvet, et, épuisée, m'endors presque aussitôt.
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