#Chapitre 50
Le bon vieux « driiiiiing » de la sonnerie me sort de mes pensées. Réalisant que je n'ai rien écouté de la leçon, je jette un œil rapide à ma voisine de table pour observer ses notes. Malheureusement, il s'agit de Charline dont la feuille est noircie de petits dessins, certes très réussis, mais aucune référence au cours. Voilà à peine trois jours que les cours ont repris et j'ai déjà décroché... La nouvelle année s'annonce bien ! comme me le confirme le regard sévère de ma professeure de français qui me poursuit jusque dans le couloir alors que je m'empresse de rassembler mes affaires pour quitter la classe, Charline, Liam et Adam sur les talons.
- Vous êtes pas très sérieuses, les filles, se moque l'anglais. Il va encore falloir qu'on vous file nos cours...
- Désolée, m'excusé-je, je suis un peu dans la lune en ce moment.
- On n'avait pas remarqué... réplique-t-il avec ironie.
- On descend au journal ? nous rappelle notre rendez-vous Charline.
Les garçons acquiescent. Quant à moi, il me reste une dernière chose à faire avant de retrouver le reste du groupe. Comme s'il devinait mon intention, Adam m'adresse un discret signe de tête, m'invitant à suivre mon instinct.
- Allez-y, je vous rejoins, assuré-je.
Je les salue d'un rapide geste de la main avant de dévaler l'escalier principal, à la recherche de quelqu'un. Du coin de l'œil, je repère son abondante chevelure bouclée dépasser d'une bonne tête les autres élèves sur le point de quitter le bâtiment scolaire. Je presse le pas, autant que les chaussures à talon de Jaz me le permettent. Une fois dehors, je parcours la foule des yeux avant de croiser le regard d'Elinore, à son côté. Avec l'ensemble de leur cercle, ils s'apprêtent à prendre la direction du Patio quand je le hèle :
- Mathias !
Surpris, il se retourne vers moi. Lorsqu'enfin il me localise en train de fendre le troupeau d'élèves, un large sourire apparaît sur ses lèvres.
- Wow, m'accueille-t-il finalement, une fois à sa hauteur, t'as fait un truc à tes cheveux, non ?
Etonnée par sa question, je touche inconsciemment une boucle rousse qui encadre librement mon visage.
- Euh, non, j'ai juste abandonné ma sempiternelle queue de cheval, lui apprends-je.
- Ça te change en tout cas... Mais ça te va bien.
Je balaie son compliment d'un mouvement de la main, la raison de ma venue étant tout autre.
- Je... On... euh, tu... hésité-je pour trouver la meilleure formulation.
Comment lui faire comprendre que le cercle se réunit pour discuter d'Octavius sans qu'Elie et ses amis – que je devine écouter notre conversation malgré leur attitude pseudo nonchalante – en saisissent également le sens ?
- ... manges avec vous ? propose-t-il finalement, d'un air entendu.
Mon hésitation a dû suffire à ce qu'il se doute du motif de mon étrange comportement... Satisfaite, je me contente d'acquiescer. Il prévient ses amis de son changement de plan, provoquant la colère de sa meilleure amie qui me foudroie du regard, suspicieuse, avant de m'emboîter le pas. Une fois loin de leur groupe, Mathias reprend la parole :
- Vous avez du nouveau ? m'interroge-t-il.
- Plus ou moins, expliqué-je vaguement. Rien dont on soit sûr, en tout cas, donc il faut qu'on détermine comment on va se débrouiller pour en tester la véracité. On se retrouve tous à la rédaction du journal pour en discuter, je pensais que ça t'intéresserait...
L'air grave et la démarche déterminée de mon ami confirment mon intuition : Mathias nous sera d'une aide inestimable. Toutefois, il y a un aspect de cette alliance qui me turlupine, alors avant de pleinement l'intégrer à nos investigations, je préfère clarifier ce point :
- Dis... travailler avec nous ne va pas te poser des problèmes vis-à-vis d'Elinore et des autres ?
- Si, sûrement, concède-t-il avec franchise et simplicité. Elie est déjà assez possessive avec nous tous, mais en plus, je vais commencer à trainer avec le cercle ennemi pour elle, celui qui regroupe Jasmine, Charline et toi qu'elle déteste, mais aussi celui qui rivalise le plus avec nous – enfin jusqu'à cette année, parce que pour le moment, votre début dans la compétition est assez catastrophique...
- Nous en parle pas, c'est un carnage. On a seulement fini de rattraper nos points en négatif, ris-je avec lui.
Il hausse les épaules, avec fatalisme.
- J'imagine qu'entre vos colles hebdomadaires à Charline et toi et votre petit manège pour accéder au rapport d'autopsie, le retard que vous prenez sur la compétition doit être conséquent... Cela dit, si Elie le vit comme une petite victoire, personnellement, je ne vous estime que davantage pour agir ainsi en faisait fi de ce concours stupide.
Sa remarque me va droit au cœur même si elle est partiellement erronée. Nous ne nous fichons pas tellement de cette compétition entre les cercles, loin s'en faut. Valentin et Jaz redoublent d'effort pour que nous trouvions un moyen efficace de réduire l'écart avec les autres cercles. Si l'on pouvait facilement allier le concours avec nos investigations, nous le ferions sans hésiter !
- Pour en revenir au sujet, reprend-il plus sombrement, je sais qu'Elie va beaucoup m'en vouloir de traîner avec vous et de lui cacher des choses, mais je veux vous aider. Pour arrêter cette mascarade au sein de l'Organisation, pour protéger nos camarades et... j'ai besoin de découvrir ce qu'il est arrivé à Vittoria ! Cette ignorance me pèse, t'as pas idée...
La véhémence et le désespoir présents dans ce dernier aveu me coupe le souffle. Mathias d'habitude si calme et maîtrisé...
- Je ferai ce que je peux pour t'aider à trouver les réponses, lui promets-je en pressant doucement sa main pour lui témoigner mon soutien.
Il accepte ma promesse d'un signe de tête, un faible sourire reconnaissant aux lèvres juste avant que nous atteignions le bureau d'Ania et Leander. L'italien recouvre son attitude déterminée, méthodique, réfléchie puis j'ouvre la porte.
A l'intérieur, un joyeux fouillis habite les lieux, provoqué par le surnombre de personnes présentes dans la pièce exiguë. Les deux journalistes semblent au bord de la syncope devant le bazar qui s'installe dans leur lieu de travail. Inquiet qu'il arrive malheur à leur matériel photographique, Leander déplace tous ses appareils dans une armoire métallique qu'il ferme à clé, à l'abri, tandis que sa jumelle se tient la tête entre les mains, au-dessus de son bureau, habituellement très ordonné, mais qui aujourd'hui est recouvert de feuilles éparses sur lesquelles un fond de tasse de thé s'est renversé. A son côté, Liam se confond d'excuse en tentant d'effacer les dégâts, mais le résultat paraît pire encore. Jaz est lovée dans les bras de son chéri, ignorant superbement l'agitation environnante, tandis que ce dernier morigène Charline, affalée sur le canapé, qui tente de lire un roman. Au fond de la pièce, sûrement dans une vaine tentative de discuter « au calme », Adam et Valentin échangent avec gravité. Comme nous l'avions convenu, mon partenaire s'est chargé d'interroger le nouveau Président de l'école, qui, comme nous, se posait déjà beaucoup de questions à propos de la conversation que nous avons surprise, avant de finalement se rendre à notre avis et d'en parler aux autres.
- Votre cercle... commence Mathias, les yeux exorbités devant cette effervescence chaotique, en cherchant ses mots, a l'air très... dynamique.
Son euphémisme m'arrache un éclat de rire. C'est sûr qu'à côté du sien, très carré et contrôlé, on doit ressembler à une bande de gamins hyperactifs et turbulents...
- Oh ! Will, dieu merci, m'accueille Ania, lorsqu'elle remarque enfin mon arrivée.
Elle se relève précipitamment, quittant aussitôt son bureau sinistré au grand désarroi de Liam, simplement planté là.
- Maintenant que t'es là, on va pouvoir commencer ! s'enthousiasme-t-elle. Plus vite on en aura fini, et plus vite ce troupeau de singes surexcités et remuants abandonnera mon bureau !
- Eh ! proteste Charline en relevant la tête de L'Attrape-Cœur de Salinger, c'est nous les singes surexcités et remuants ?!
Le regard explicite que lui renvoie la journaliste suffit à lui clouer le bec. Comme une petite fille grondée, la jeune fille aux cheveux bleus se redresse finalement afin de s'asseoir correctement sur le sofa.
- Bien, approuve Ania, visiblement satisfaite de son petit effet, avant de reprendre plus sérieusement : j'imagine que si vous nous avez réunis ici, c'est qu'il y a du nouveau ?
Pour toute réponse, je me contente d'un lourd hochement de tête.
- Sérieux ! râle Jaz, en abandonnant les bras d'Adrian, ça fait même pas une semaine qu'on est revenu aux Neuf Muses ! Y a pas des fois où vous avez juste envie d'agir comme des étudiants normaux ?
Le silence équivoque qui lui répond fait aussitôt disparaître son sourire. Oui, on aimerait tous, voilà la vérité. Mais notre environnement ne nous le permet pas, pas alors qu'une guerre politique nous entoure et que nous les élèves ne sommes rien de plus que des pions, une part de gâteaux que les adultes se disputent sans grande considération pour les victimes parmi nous. Bien que Karen et mon père fassent leur possible pour nous préserver, notre meilleure défense, c'est nous-mêmes. Et c'est pour ça que nous nous sommes tous réunis ce soir.
Sans un mot, nous nous rassemblons tous autour du petit salon sur lequel j'ai été interviewée quelques mois auparavant. Notre attitude soudain calme et sérieuse déroute encore davantage Mathias, complètement perdu par nos manières, qui néanmoins ne dit rien lorsqu'il s'installe simplement à côté de moi.
Adam s'apprête à présider notre petite assemblée, comme nous l'avions prévu, avec le soutien de Valentin quand je l'interromps avant même qu'il n'ait commencé :
- Première question : Liam, ton père a-t-il reçu un courrier « étrange » à Noël ?
Si mon initiative l'a d'abord surpris, mon binôme m'adresse un signe de tête approbateur.
- Attendez ! intervient Adrian, y a rien qui vous gêne dans cette réunion ?
Perplexes, nous échangeons des regards curieux, en quête de l'élément perturbateur qui turlupine l'ex-Président.
- Lui ! s'emporte-t-il alors en désignant Mathias. Il n'a rien à faire là, il ne fait pas partie du cercle !
J'aurais dû me douter que le copain de Jaz créerait encore des problèmes...
- Toi non plus, je te signale, répliqué-je d'un ton morne.
- Et toi seulement depuis deux mois alors ne t'octroie pas plus d'autorité que tu n'en as !
- Alors quoi ? soupiré-je. On dégage tous les trois ? ça va nous avancer, ça, tiens !
Je sens qu'il est sur le point de m'envoyer balader quand ma meilleure amie pose la main sur son biceps, apaisante.
- Adrian, s'il te plaît... De toute évidence, il n'y a que toi que la présence de Mathias ici dérange alors laisse tomber.
- Mais je vous rappelle qu'il est en tête de liste des suspects pour la taupe ! Comment vous pouvez le laisser assister à nos conseils ? s'entête malgré tout Adrian.
Si le concerné est surpris par cette révélation, il ne laisse rien paraître. Il se contente d'assister, les sourcils froncés, à la diatribe virulente de l'ex-Président.
- On en a déjà discuté, rappelle Ania avec diplomatie en posant une main réconfortante sur la cuisse de l'italien, geste qui n'échappe à personne. Oui, nous avions des soupçons, mais Mathias a fait preuve d'une totale transparence avec nous à propos de sa sœur et de ce qu'il savait à propos d'Octavius. On peut lui faire confiance.
- Et il ne te vient pas à l'esprit qu'il t'a peut-être menti de A à Z ?
- Non, tranche la journaliste, cinglante. J'ai peut-être tort, mais j'étais là quand il nous a raconté son histoire et je doute qu'on puisse aussi bien mentir alors en ce qui me concerne, je le crois.
Elle plonge son regard dans celui, si sombre, de l'intéressé, un courant passe entre eux.
- Moi aussi, appuie son jumeau, seule autre personne présente aux aveux de l'italien, les faisant revenir parmi nous.
- Par ailleurs, déclare Valentin avec douceur, mais fermeté, nous étions tous d'accord pour laisser à Will la liberté d'impliquer Mathias ou non donc si elle a décidé de lui accorder sa confiance, à nous de faire de même à présent.
Le débat clos, je ramène le sujet à la question posée. Liam confirme mes soupçons : mon père et Logan n'étaient pas les seuls destinataires du courrier d'Octavius. Sans trop d'espoir, je pose la même question à Mathias, à propos d'Elinore, mais comme attendu, il n'en sait rien. Néanmoins, si mes conclusions sont correctes, tous les principaux ennemis de Di Prospero ont dû recevoir une lettre similaire le jour de Noël donc Karen et le père de l'Ambassadrice du Dortoir des Filles ont dû découvrir la même surprise au pied du sapin... La question reste à savoir s'il s'agissait de menaces pour chacun d'entre eux ou si certaines avaient plus d'importance que d'autres.
- Tu sais un peu ce que disait cette lettre ? interrogé-je Liam.
- Mon père a été assez évasif, mais il m'a demandé d'être extrêmement prudent, de ne jamais me déplacer seul et de préférence avec quelqu'un comme Adam ou Adrian spécifiquement...
- D'excellents combattants, quoi... remarque Valentin, plongé en intense réflexion.
- Ce qui peut laisser supposer que, comme mon frère, ton père a reçu des menaces à ton encontre, conclue Adam avec un haussement d'épaules fataliste.
- Mais pourquoi Octavius s'abaisserait à envoyer de banales menaces à nos parents ? relevé-je. Il espère vraiment qu'ils cèderont face à son petit courrier ? ça ne lui ressemble pas.
Tout le monde réfléchit à mon questionnement et aucune des hypothèses que j'émets mentalement ne me plaît vraiment... On pourrait s'imaginer que ces menaces sont justement la démonstration de la crainte d'Octavius, qu'il redoute nos parents, mais ce n'est pas logique. En les envoyant, il devait se douter que cela ne provoquerait aucun mouvement de panique auprès de ses destinataires. Karen, mon père, M.Collins, M.McQuellen, Logan... Ils ne sont ni faibles, ni vulnérables, ni simples d'esprit. Aucun d'entre eux n'est intimidable. Ce courrier a davantage l'air narquois que véritablement menaçant. Si j'ai raison, cela signifie qu'Octavius doit avoir une idée bien en tête qu'il est sur le point de réaliser... Auquel cas, nous avons intérêt à être sacrément prudents. S'il se permet de nous narguer de la sorte, c'est qu'il est sûr de lui et de son plan. Simple excès de confiance ou risque réel et important ? Telle est la question. Autre hypothèse, M.Collins et surtout Logan nous auraient menti ou omis une partie de la vérité, mais je n'y crois pas. La réaction de ce dernier lorsqu'on l'a confronté avait l'air sincère et je ne l'imagine pas mentir à son frère.
- Pour nous faire peur, parce que lui-même a peur de nous ? tente mollement Jaz, elle-même peu convaincue par son hypothèse.
- Quel que soit son plan, Octavius est confiant, rétorque Adam, me volant les mots de la bouche. Il est sûr de son coup et s'apprête sûrement à frapper. S'il a choisi de faire en sorte que chacun de ses destinataires reçoivent ses « vœux de noël » le vingt-cinq décembre précisément, ce n'est pas anodin. C'était certainement pour montrer qu'il est partout, tout le temps, même dans nos moments les plus privés. Ça ressemble plus à une tentative de nous narguer et vaguement de nous intimider dans un excès d'assurance qu'à une démonstration de faiblesse parce qu'il se sent acculé...
- Et vous ne vous êtes pas dit qu'il ne s'agissait en rien de menace et que vos parents vous ont dit ça pour que vous n'alliez pas fouiner plus en profondeur ? remarque Adrian.
- C'est incroyable, constate Charline avec humour. Jaz, rassure-moi, à toi, il te fait confiance ?
Sa plaisanterie nous arrache à tous un maigre sourire – à l'exception de l'intéressé, déjà furieux...
- Parfois, je me le demande... réplique ma meilleure amie sur le même ton.
- Non, mais vous vous rendez compte que vous basez tous vos jugements sur des « on lui fait confiance » ? s'exclame Adrian. On n'est pas dans un monde de bisounours ! On est au milieu d'une guerre avec, comme dans toutes les guerres, des agressions, des menaces, des secrets, des complots... Oui, il y a des morts et sûrement d'autres encore à venir. Oui, nous sommes menacés en permanence avec Octavius au-dessus de nos têtes, tel l'épée de Damoclès. Oui, il y a un espion dans l'école. Oui, nos parents et nos frères et sœurs nous cachent des choses. Arrêtez d'être naïfs et méfiez-vous un peu des gens qui vous entourent ! Et de tous. Sans exception.
Un nouveau vent glacial s'abat sur notre groupe. Décidément, nous allons de pensées réjouissantes en pensées réjouissantes...
- Se méfier de tout le monde n'est pas la solution, reprend finalement Adam, la tête baissée. Cela n'aura pour effet que de nous diviser et si on commence à agir chacun pour soi, on n'en finira jamais et on s'exposera bêtement à notre ennemi. On sait déjà que l'information est notre meilleure arme. Si on ne la mutualise pas et si on n'est pas capable d'accorder une confiance aveugle à quelques personnes triées sur le volet, comment veux-tu qu'on avance ? Pour moi, les choses sont simples : j'estime que chacune des personnes ici présentes est digne de confiance, de même que mon frère et ma sœur. Je sais qu'il est soumis à un secret professionnel, je suis également certain que si ce secret risquait de nous mettre en danger d'une façon ou d'une autre, Logan n'hésiterait pas une seconde à le briser pour nous en faire part.
Son regard, habité d'une froide détermination, va des uns aux autres avec confiance et complicité.
- Tu es un idiot, Lombardo, déclare Adrian. Je me tue à te le répéter, pourtant...
- Peut-être, réplique ce dernier, ou peut-être pas. Je comprends ta méfiance à l'égard de Mathias et je dois avouer que quelque part, je la partage, mais toutes les personnes à qui je confierais ma vie sans sourciller ont décidé de lui faire confiance alors je m'efforcerai de faire de même.
Son aveu me surprend, d'abord. Puis je me rappelle qu'il m'avait tenu à peu près le même discours quand je lui avais demander de croire en Mathias, c'est vrai. Il m'avait promis d'essayer, mais qu'il resterait prudent jusqu'à avoir une preuve indiscutable de sa loyauté envers nous. Adam reste Adam et sa prudence nous évitera sûrement un paquet d'ennuis, même si je la trouve excessive dans le cas présent...
A côté de moi, je sens la tension dans les muscles de l'italien. Je n'ose pas imaginer comment je me sentirais à sa place. Comment s'intégrer et pleinement aider les autres quand ceux-ci se méfient de nous comme de la peste ?
- Ne te laisse pas abattre, chuchoté-je discrètement à son attention. Adrian est un con et Adam est prudent, rien de plus. Il ne sera pas dur à convaincre.
Il hoche la tête, comme par automatisme, mais je devine à son corps toujours aussi tendu qu'il m'a à peine écoutée. Je n'insiste pas plus.
- En ce qui me concerne, je partage l'avis d'Adam. Si l'on remet en doute tout ce qu'on nous dit, on n'y arrivera jamais, appuie Valentin. Et pour en revenir au sujet principal... J'ignore encore quel est le plan d'Octavius, mais une chose est sûre : il doit être solide pour que Di Prospero fasse preuve d'autant d'assurance. Il est sur le point de frapper et je mettrai ma main à couper que sa cible, c'est l'un de vous deux...
Il nous désigne Liam et moi, la mine très sombre. Néanmoins, cela n'est pas une surprise, j'en étais venue à la même conclusion. Logan est peut-être dangereux, il n'a pas de pouvoir décisionnel dans cette affaire. Le neutraliser éliminerait une menace et affaiblirait mon père, mais cela demanderait bien trop d'efforts par rapport en gain. Karen est plus ou moins dans la même situation. Elle est certes active dans ce combat, elle est malheureusement impuissante pour véritablement nous protéger ou défendre l'école. En outre, elle n'a ni famille, ni enfant. L'atteindre serait ardu. Quant à M.McQuellen, il n'a d'influence que sur la trésorerie de l'Ecole et de l'Organisation. S'en prendre à lui brouillerait temporairement notre défense, le temps de lui trouver un remplaçant, mais nos familles sont toutes assez fortunées pour que l'immobilisation du capital de l'Organisation d'Athéna n'ait que peu d'effet, pas assez important pour faire décrocher la victoire à Octavius. Non, ses meilleurs atouts sont Liam et moi. Cela lui permettrait de prendre directement la tête d'Athéna ou d'éliminer son plus grand rival et principal bouclier de l'Organisation...
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