#Chapitre 5

Je les revois ce soir encore, ces images brûlantes qui dorénavant m'accompagnent à chaque fois que mes yeux se ferment. Je le revois, ce magnifique camaïeu de couleurs chaudes, un mélange de jaune orangé et de rouge rosé. Elles sont fascinantes. Je les observe avec attention pendant que chaque détail, chaque courbe s'imprime majestueusement sur ma rétine. Elles sont envoûtantes. Elles occupent chacun de mes rêves. Et ce soir ne déroge pas à la règle...

Prise de panique, je me réveille en sursaut. Des milliers d'autres images s'ajoutent à ma rétine alors que le souvenir de mon cauchemar perdure : la voiture qui part sur le côté, les phares qui éclairent les arbres imposants droit devant nous, Logan qui tente de redresser la voiture... Je me replie sur moi-même en fermant les yeux dans l'attente du choc. Mais il ne vient pas. Par un miracle inconnu, Logan parvient à reprendre le contrôle de la voiture en jurant. Je relâche l'air de mes poumons en même temps que je m'aperçois que je retenais ma respiration. Haletante, je remonte mes genoux contre moi comme pour me protéger. Maigre réconfort. Je cache ma tête derrière mes mains en essayant de recouvrer mes esprits mais je ne récolte que des larmes et quelques tremblements.

- Eh oh, Will, entends-je la voix apaisante de Logan au milieu du chaos de mes pensées. Calme-toi, tout va bien, tu ne risques rien. Ressaisis-toi.

Il exerce une légère pression rassurante sur ma cuisse. Je lui daigne enfin un regard humide qu'il intercepte brièvement avant de se concentrer de nouveau sur la route. Quant à moi, je me perds dans la contemplation des bois qui défilent à toute vitesse devant mes yeux afin de fuir mes souvenirs. Un silence s'installe entre nous sans que nous échangions un mot. Je perçois son attention sur moi par intermittence. Je me frotte de nouveau les yeux quand finalement, il se décide à le briser :

- Ça fait longtemps que t'en fais ? des mauvais rêves, je veux dire.

J'ouvre la bouche mais rien ne sort. J'hésite. Une part de moi a juste envie de garder tout ça pour moi, comme si le fait de me taire aller les faire disparaître, ces images. Puis ma fierté se refuse d'avouer une telle fragilité... D'un autre côté, à quoi bon le lui cacher ? Il n'est pas sot. Maintenant qu'il sait que je suis sujette à des cauchemars, autant lui en parler. Peut-être même que ça m'aidera à avancer.

- Depuis le début pour être honnête...

Je n'ai pas besoin de préciser de quel début je parle, il le comprend très bien.

- Nous aurions dû nous en douter... se reproche-t-il.

- Nous ?

- Coralie, ton père et moi. Ce qui t'est arrivée avait largement de quoi te traumatiser, Will. Nous aurions pu deviner que cela te laisserait des marques...

- Mon père... Tu parles. Il ne doit même pas comprendre le concept de terreur voire carrément de cauchemars, plaisanté-je acerbe.

Logan se gare sur le bas-côté de la chaussée. Il se tourne ensuite vers moi.

- Tu sais, Will, ton père n'est pas si inhumain que ce que tu sembles penser. Il est très pragmatique, certes mais il n'en reste pas moins un être humain capable de ressentir et d'éprouver. Quand tu l'as appelé au secours la semaine dernière, nous étions en pleine réunion avec de potentiels clients. Ton père a immédiatement mis un terme à notre rendez-vous quand il a entendu la peur dans ta voix. Et juste après que vous ayez raccroché, il a déclaré sans la moindre hésitation qu'il avait problème plus urgent que protéger une réception internationale entre banquiers.

- Bref...

- Je pense que tu le connais juste très mal.

Sa dernière remarque ne me parvient qu'à moitié. Soudain prise d'un violent sentiment de claustrophobie, je sors brusquement de la voiture. Je m'appuie alors contre ma portière en avalant une importante goulée d'air frai. J'inspire plusieurs fois avant de m'enfoncer dans la forêt, Logan sur les talons muni d'une lampe de poche. Je m'apaise peu à peu.

- Will ! Excuse-moi. J'ai été maladroit, s'excuse mon compagnon.

Je le fixe sans comprendre quand en fin tout s'éclaire dans ma tête.

- Oh. Désolée. Je ne suis pas sortie à cause de ta dernière remarque à propos de mon père. J'avais juste besoin de me dégourdir les pieds et d'un peu respirer.

- Tu es sûre ?

- Certaine. Tu as sans doute raison quand tu dis que je ne le connais pas assez. En même temps, dur de faire autrement vu notre relation mais tant pis. J'arrêterai de sous-entendre qu'il est un monstre, promis.

Il hoche la tête en signe d'assentiment. Nous restons plantés là bêtement encore un instant.

- Retournons à la voiture, veux-tu ? finit-il par demander.

- OK mais peut-on rester encore un moment dehors s'il te plaît ? Je ne me sens pas de faire encore plusieurs centaines de kilomètres sans un bon bol d'air frai...

- D'accord.

Il me tend une deuxième lampe puis nous rebroussons chemin. Arrivé à la voiture, je me hisse sur son capot. Je passe mes bras derrière ma tête avant de me plonger dans la contemplation des étoiles. Immédiatement, je fais machinalement la liste des constellations que m'a apprise mon grand-père et que nous pouvons voir à cette saison de l'année : Cassiopée, la Petite et la Grande-Ourse, Pégase, Andromède, Persée et Hercule.

- Laisse-moi deviner, se moque gentiment mon ami, tu es une grande romantique qui trouve les étoiles fascinantes et aimes les observer avec mélancolie ?

Sa remarque m'arrache un sourire. Je me tourne vers lui avec espièglerie. Il se tient debout, contre la voiture, la tête posée sur ses bras croisés sur le toit de la voiture.

- Et laisse-moi deviner, reprends-je ses mots, tu es le genre de gars qui ne réussit pas à garder la moindre fille dans une relation sérieuse précisément parce que tu es tout sauf romantique et irrespectueux par-dessus le marché ! Sans oublier que tu as un patron peu permissif...

Il sourit à son tour avec fanfaronnerie.

- Alors figure-toi, jeune arrogante, que je suis fiancé avec une fille que je connais depuis maintenant plus de trois ans et que j'ai, précisément, rencontrée grâce à ton père.

- Whaou, Monsieur se sent pousser des ailes parce qu'une fille l'aime. Incroyable.

- C'est ça, l'insensible. Maintenant descends de mon capot ou je te roule dessus, menace-t-il gentiment en ouvrant sa portière.

Je m'empresse d'obéir, redoutant qu'il mette quand même sa menace à exécution. Cependant, je ne peux m'empêcher de marmonner :

- C'est pas du jeu...

- Exactement, petit garnement ! s'amuse-t-il gaiement. C'est ce qu'on appelle le pouvoir.

Je lui donne un très léger coup de poing dans l'épaule avant de faire mine de bouder.

- Allez ! Fais pas cette tête ! Je te paye une crêpe au sirop d'érable dès qu'on arrive en Bretagne, promis !

Mes yeux s'illuminent aussitôt alors qu'il s'engage de nouveau sur la chaussée.

- Ventre sur pattes, va, commente-t-il avec moquerie.

- Au moins, j'ai toujours l'appétit ! protesté-je. Et pour ta gouverne, j'observe les étoiles pour me repérer.

Je laisse retomber ma tête contre la vitre de la voiture. Je baille de fatigue mais je n'ai aucune envie de me rendormir. Avant que j'ai pu y réfléchir, je lâche :

- Parle-moi de ta fiancée, s'il te plaît.

- Peur de te rendormir ? questionne-t-il avec un brin d'inquiétude.

- Parle-moi, c'est tout.

- Alors, elle s'appelle Victoire...

Ainsi, je l'écoute pendantun moment me raconter leur rencontre, me dépeindre le portrait mental etpsychologique complet de celle qu'il aime, comment ça se passe entre eux...L'écouter me fait chaud au cœur. Il semble tellement fou d'elle, c'esttellement mignon. Peu à peu, toujours bercée par sa voix, je m'endors. 

***

- Will, chuchote Logan en me secouant doucement.

Mes yeux papillonnent avant que je ne me réveille vraiment. J'observe notre décor : nous nous trouvons dans un vieux parking de sable entouré d'une digue donnant sur la mer qui ondule avec vigueur sous un grand soleil de fin septembre. Non loin, on aperçoit quelques voiles tendues au large, telles de petites taches blanches, roses, jaunes ou noires sur le fond bleu de la Manche. Sans doute les quelques courageux qui trouvent encore la force de naviguer en dépit de la fraîcheur de l'eau. Encore derrière, on distingue vaguement un petit bateau de pêche. Quelques mouettes accompagnent ce tableau de leurs cris perçants pendant que le vent nous envoie des relents de poissons et d'air iodé à travers nos fenêtres légèrement entrouvertes. Apaisée, je repose ma tête contre le bord de ma portière en ouvrant grand la vitre pour savourer ce doux soleil automnal. Sans m'en apercevoir, je me mets à fredonner une mélodie improvisée.

J'ai dormi tout le trajet jusqu'à Brest. Nous avons fait un saut de quelques jours au lac Saint Point, dans la très ancienne maison de la famille Santiago pour l'enterrement de mon grand-père. Mon père a profité de notre escale pour m'offrir le violon de ma mère, ce qui m'a permis de tenir la promesse faite à mon grand-père de composer un morceau plutôt qu'un éloge funèbre. 

C'est du grand soleil dont je me souviens le plus des funérailles. Généralement dans les films, les enterrements se font sous la pluie ou à minima dans un climat morne et gris pour insister sur le côté tragique de la chose. Mais pour mon grand-père, au contraire, le soleil était éclatant, c'était une journée radieuse. A l'image de l'incinéré. Nous n'avons pas suivi le plan habituel pour la cérémonie. Nous avons mangé d'abord puis ensuite ont eu lieu les cérémonies classiques. A vrai dire, nous étions moins d'une dizaine à être présent. Il y avait nous, mon père et moi, seuls membres de la famille directe. Venait ensuite le meilleur ami d'enfance de mon grand-père qui n'avait jamais quitté le village de leur jeunesse. Et avec nous trois, se tenaient Logan et quelques employés du domaine. Comme l'aurait souhaité mon grand-père : un petit comité. Seulement les raisons de ce faible effectif était pragmatique plus que sentimental, c'était un besoin de discrétion et non de respecter ses dernières volontés qui avaient prévalu ce choix. Il n'y avait même pas eu d'office. Deux bancs posés à même le sable, quelques personnes tout de noir vêtues et le majordome de la famille avait endossé le rôle du prêtre. Mon père avait fait un discours expéditif qui racontait en synthèse à quel point il avait eu une relation tumultueuse avec son père mais que ce dernier avait toujours était là pour lui, avait sacrifié nombre de choses pour sa famille et qu'il l'aimait beaucoup. Comme j'avais demandé expressément à passer en dernier, le tour de l'ami d'enfance est venu. Récits d'enfants, souvenir de fac, rêves de vies futures, tout y est passé. C'était touchant, j'ai découvert mon grand-père sous un nouvel aspect. Ensuite, les employés ont discouru, puis moi. Sauf que je n'ai pas dit un mot pour ma part. A la place, j'ai sorti le violon de maman fraîchement acquis et j'ai joué un morceau composé spécialement pour cette occasion. J'ai essayé de raconter sa vie avec cette musique : d'abord un air contenu mais heureux pour son enfance avec son père qui le contraignait alors que lui rêvait de liberté. Puis un passage violent et triste pour le moment où son père l'a finalement mis à la porte. S'enchaîna un air semblable à un regain d'espoir ; mon grand-père construit sa vie peu à peu et réalise son rêve, sillonner le monde. Nouveau passage entre la tristesse et le bonheur, plein de sacrifice : il a trouvé l'amour et a fondé une famille mais cela le restreint à rester à terre... Finalement, le passage redevint vif : ma grand-mère lui offre un nouveau voilier, La Petit'Anick, il reprend la mer avec elle. Puis avec moi. Et pour finir, violence et tristesse pour sa mort mais une note d'espoir pour, peut-être, un autre monde où il voguera à l'infini. 

Pour terminer la cérémonie, mon père et moi avons dispersé ses cendres sur le lac. Solennellement, tout le monde a jeté des roses rouges dans l'eau ensuite. J'aurais bien ri s'il ne s'était pas agi de funérailles ; s'il y avait bien une fleur que mon grand-père haïssait, c'était les roses rouges. A la place, avec son ami d'enfance, nous avons attendu qu'ils soient tous partis pour déposer un petit bateau à voile fait de bois et de tissu sur l'eau. C'était plus approprié...

Et aussitôt le lendemain, Logan et moi avons pris la route jusqu'au jet privé de mon père...

Comme convenu, une deuxième automobile se trouve à côté de la nôtre. Elle est le sosie de la première, une banale Renault noire. Les deux seules différences notables entres les deux voitures sont les plaques d'immatriculation et la présence d'un accessoire en forme de lézard accroché un rétroviseur intérieur du nouveau véhicule. Deux personnes, un homme et une femme attendent à côté de lui. Je devine sans mal à leur attitude impassible, leur tenue toute de noir et leur voiture pareille à la nôtre qu'il s'agit de la seconde équipe chargée de nous suivre à distance pendant le trajet.

Sans un mot, le conducteur lance les clés de sa voiture à Logan qui lui envoie les siennes en retour. Ah, visiblement, on change de voiture... La jeune femme, d'environ la trentaine, vient à notre rencontre pour discuter du déroulement prochain des événements avec mon garde du corps. A ma plus grande déception, ils s'éloignent de moi pour que je ne puisse rien entendre de leur conversation. Je lève un sourcil hautain devant cette tentative de m'exclure, comme une enfant qu'il faut préserver du dur monde des adultes. La bonne blague... Finalement, Logan et la femme se séparent : le premier revient vers moi pendant que la deuxième retourne auprès de son coéquipier déjà au volant de la voiture. J'ignore pourquoi, mais rien que cette petite scène suffit à me la rendre antipathique. Elle m'a ignorée superbement, son port altier lui donne des aires de supériorité et, détail déroutant, elle porte des talons aiguilles. C'est stupide, mais je déteste les gens qui portent des talons aiguilles... Surtout quand ils sont chargés de ma protection. Bizarrement, je n'aurais pas assez confiance pour lui laisser ma vie...

Le véhicule dans lequel nous avons fait le trajet depuis Marseille s'éloigne, emportant mes bagages, puis disparaît au détour d'un virage. L'automobile engloutie par la ville, Logan se décide enfin à bouger pour gagner notre propre véhicule. Pensant que nous partirions immédiatement, je m'installe à mon tour... pour rester interloquée devant mon compagnon que se met à l'aise, les pieds à travers la fenêtre ouverte et les bras croisés derrière la tête.

Dépitée, je l'interroge :

- On ne les suit pas ?

- Non, déclare-t-il.

Il marque une très légère hésitation, presque imperceptible pour tous ceux qui n'ont jamais côtoyer mon père avant de m'expliquer que l'avion a pris du retard – une histoire de plein d'essence pas encore achevé complètement bidon, si vous voulez mon avis – et qu'il préfère attendre sur ce parking tranquille plutôt qu'à l'aéroport bondé. Hélas pour lui, j'ai déjà compris qu'il me mentait...

- A d'autres, épargne-moi les salades et dis-moi la vérité, affirmé-je avec une assurance qui le surprend.

- Ah bon, et que crois-tu alors ? me questionne-t-il platement, ce qui confirme mon soupçon.

Je réfléchis un instant avant de lui répondre :

- Moi, je crois que vous redoutez une attaque de ces mystérieux « méchants » à l'aéroport. Comme je suis prête à parier que ceux-ci connaissent parfaitement l'existence de votre secte douteuse – secte qui est, selon moi, en lien direct avec ce conflit – ils doivent se douter que papa, ne pouvant pas me garder et n'ayant plus de famille, m'enverrait dans cette Ecole qui, toujours à mon avis, joue un rôle capital dans votre drôle de secte. Donc en toute logique, à leur place en tout cas, plutôt que de nous poursuivre à travers la France, je me contenterais de baliser les aéroports pour nous surprendre. Qui plus est, j'ignore comment fonctionne le système aérien mais je doute qu'un avion puisse décoller sans signaler son départ et son point d'arrivée. J'en déduis donc que même sans savoir qu'il s'agit de Jet de papa, ils ont dû s'apercevoir qu'un avion décollerait ce soir de Brest pour, comme par hasard, atterrir à Sligo.

Logan siffle d'admiration pendant que je reprends mon souffle. Faut que j'apprenne à respirer même quand je suis totalement prise dans ce que je dis...

- C'est qu'il y en a là-dedans, se moque-t-il en me tapotant de son doigt tendu le front.

Je me dégage d'un geste brusque qui l'étonne. Etonnamment, je n'ai pas trop l'âme à plaisanter là tout de suite. J'ai surtout envie de savoir à quoi me préparer quant aux prochaines heures. Il laisse retomber sa main.

- Bon, oui, tu as raison, capitule-t-il. Damien et Géraldine sont partis en éclaireurs. Ils doivent s'assurer que la voie est libre, charger tes affaires et préparer l'avion à partir. Ensuite ils nous appelleront pour nous donner le feu vert. Quand on rentrera, faudra être prudent mais rapide, au cas où. D'accord ?

Je hoche la tête pour lui faire comprendre que je l'ai reçu cinq sur cinq. De nouveau ce sentiment d'angoisse me sert les entrailles, angoisse qui augmente encore d'un cran quand Logan me tend un gilet pare-balles. Je reste un instant coite devant la protection qu'il m'a donnée. Je me secoue la tête pour retrouver ce simili courage que j'avais à Piombino deux semaines plus tôt puis j'enfile le gilet. Il éclate de rire :

- Détends-toi, je plaisante avec ce gilet, m'apprend-il. Crois-moi, ils te laisseront pas passer s'ils remarquent que t'es ainsi protégée, ça va éveiller les soupçons...

Gênée, je le retire tandis qu'un silence s'installe entre nous. Finalement, il reprend plus sérieusement :

- Mon chemin avec toi s'arrêtera à cet avion, Will. Une fois dedans, tu ne risqueras plus rien. Il t'amènera à Sligo où un hélicoptère t'attendra directement sur place. La probabilité que tu te fasses agresser à ce moment-là reste faible mais pas impossible donc reste prudente. Pareil, une fois dans l'hélico, tu es hors de danger définitivement.

J'emmagasine dans ma tête les précieuses informations qu'il vient de me transmettre. Nous ne sommes même pas encore partis du parking que je ressens déjà tout un flot d'adrénaline. Mon ami, quant à lui, semble parfaitement serein. Prenant exemple sur lui, je m'efforce de me détendre à mon tour. Comme lorsque j'étais petite, afin de calmer mes crises d'angoisses, je me mets à réciter mentalement les notes d'une partition. Qu'est-ce que vous voulez ? Il y en a qui se concentrent sur leur respiration, d'autres qui comptent... bah moi, mon truc à moi, ce sont les notes de musiques !

Finalement un peu apaisée, Logan en profite pour reprendre la parole :

- Et avant que j'oublie, commence-t-il avec un sourire amical, bonne chance dans cette école, Will la Gloutonne !

Je lui lance un regard froid.

- « la Gloutonne » était de trop, déclaré-je menaçante.

- Dommage parce que c'est le nom que je t'ai donné dans mon répertoire !

- Tu as pris mon numéro ? questionné-je, interloquée.

- Plus exactement, j'ai enregistré le mien sur ton téléphone. Je me suis dit que dans un premier temps, ça te ferait du bien d'avoir quelqu'un avec qui communiquer sur tes impressions, l'Ecole et tout ce qu'il y a autour. Et comme, ton père étant mon patron, on se recroisera sans doute un jour...

Son geste me touche profondément alors je le remercie chaleureusement. J'en aurais presque les larmes aux yeux mais c'est Logan alors je ne peux pas : j'en entendrai parler toute ma vie sinon... Son téléphone émet justement un léger « ti-ding », sonnerie signalant l'arrivée d'un message. Rien à signaler, nous pouvons venir jusqu'à l'avion. Il allume donc le moteur avant de passer sa première vitesse, puis nous partons vers l'avant dernière étape d'ici à mon arrivée à l'Ecole des Neuf Muses. 

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