#Chapitre 19

Je fais volte-face. J'ignore pourquoi mais mon cœur bat la chamade ; je me sens comme une enfant prise sur le fait accompli. Quelque chose dans sa voix me met mal-à-l'aise, une tonalité grave, pleine de rancœur. Nonchalamment appuyé contre une étagère, il me transperce de son regard sombre. Je glisse une mèche de cheveux derrière mon oreille pour tenter de cacher mon trouble.

- Tu as tout entendu ? interrogé-je timidement.

Il acquiesce sans un mot. Le silence s'éternise. Je sens ses yeux posés sur moi comme pour me jauger. Finalement, il se décolle de la bibliothèque pour s'avancer de quelques pas. Face à face, il se décide enfin à ouvrir la bouche :

- Et je pense que tu as raison à propos la mort de Guillermo et Reka. Mais je suis bien curieux de savoir ce qui t'a amené à penser cela...

L'ironie de la situation m'arrache un petit rire gêné. Et dire qu'il n'y a même pas cinq minutes, c'est moi qui menais la danse avec Rosario ! voilà que maintenant, je suis devenue le pantin de Mathias...

- Pourquoi tu ris ? s'étonne ce dernier devant mon comportement si bizarre.

- Pour rien, pour rien, éludé-je.

Enervée par mon attitude de gamine apeurée, je décide de contre-attaquer :

- Et toi ? Pourquoi n'es-tu pas avec les autres pour petit-déjeuner ?

- Je n'avais pas trop faim ce matin, m'explique-t-il avec assurance. Puis j'aime bien passer du temps ici pour me retrouver avec ma solitude.

Il avance de nouveau d'un pas pour me surplomber de tout son mètre quatre-vingt-dix.

- Mais tu ne réponds pas à ma question, reprend-il. Pourquoi penses-tu que Karen nous ait menti ?

Tel un instinct de survie, je recule de plusieurs pas jusqu'à me retrouver à une distance suffisante de lui puis je lui lance un regard noir.

- Je ne suis sûre de rien, affirmé-je.

- Ce n'est toujours pas une réponse...

- Sherlock Holmes révélait-il ses secrets ?

Un rictus amusé étire ses lèvres comme si cela ne constituait qu'un jeu pour lui. De plus en plus sur mes gardes, je cherche un moyen de me sortir de ce pétrin.

- Mais toi, tu es Willow Santiago, si je ne m'abuse, continue-t-il.

- Certes, mais peut-être deviendrai-je la future Holmes en élucidant justement ce mystère. Je ne voudrais pas que quelqu'un me vole la vedette, tu comprends ?

Je m'avance sur un terrain glissant. Néanmoins, Mathias perd lui aussi légèrement de son aplomb. En fin de compte, je suis plus têtue qu'il ne le prévoyait, sans doute.

- Je suis convaincu que tu en sais plus qu'il n'y paraît et je suis également au courant d'information que tu ignores. Ne crois-tu pas que nous devrions nous entre-aider ?

Je me fige instantanément, dubitative. Après avoir joué l'ours menaçant, il me sort la carte de l'alliance, il est sérieux ?

- Ouais... non, refusé-je en secouant la tête. Sans façon. Je n'ai pas besoin d'un docteur Watson dans mes valises, ça ira.

Sur ce, je retourne à ma table où je récupère mes affaires avant de quitter la bibliothèque. Hélas, Mathias m'emboîte le pas. Je tâche de l'ignorer sur le chemin jusqu'au bâtiment scolaire. Heureusement pour moi, il se contente de me suivre en silence. Je me dépêche ensuite de rejoindre ma salle de français pour définitivement être tranquille.

Je franchis le seuil de la salle pile sur le gong, ce qui me vaut un regard noir de mon professeur. Je lui offre un sourire contrit puis je me glisse rapidement à la place la plus proche de la porte. Je remercie ma bonne étoile pour l'arrivée encore plus tardive d'Adam qui m'évite les foudres de Mme.Lagrange. Mes affaires prêtes, je focalise toute mon attention sur le cours pour palier au mieux mon retard sur le programme.

- Tu en fais une tête, commente ma voisine.

Je tourne la tête et retiens un soupire d'exaspération pendant qu'elle me regarde à travers sa grosse monture ronde de ses yeux noisette surmontés d'eye-liner, à moitié cachés par quelques mèches bleues. Charline...

- J'ai assez mal dormi, voilà tout, me justifié-je.

- Oh ! ça, je le sais. Ton horoscope dit aussi que tu vas passer une mauvaise journée. Vraiment pourrie.

- Ah... c'est chouette.

Je tente vainement d'oublier sa présence malgré le bruit de mastication horripilant de son chewing-gum. J'écoute Mme.Lagrange nous parler de Baudelaire comme de son dieu tout puissant. A côté de moi, Charline gribouille sur sa feuille à une vitesse vertigineuse. Au milieu de l'heure, elle pousse son bloc-notes sur le bord de sa table pour se pencher sur l'analyse de texte qui nous a été demandée. Quant à moi, je retiens un haut-le-cœur en découvrant la nature de ce qu'elle dessinait. Sur toute la première page, dans différents tons de blancs, de gris et de noirs, s'étendent des dizaines de corps au milieu de ce qui semble être de la neige.

Pendant tout le reste de l'heure, je lutte pour oublier autant son dessin que les images que cela fait remonter en moi. Je me retiens de sortir de cours pour me précipiter aux toilettes y vomir, un profond sentiment de dégoût à l'égard de cette fille si macabre. Quel sain d'esprit dessinerait ça, sérieusement ? Cette fille est complètement malade !

A peine la sonnerie retentit-elle que je m'empresse de quitter cette salle. Dans ma précipitation, mon sac fait tomber son bloc-notes de malheurs. Je le ramasse avec humeur avant de le lui rendre sans un regard.

- T'es vraiment barge, ne puis-je m'empêcher de lâcher toutefois.

Je déguerpis en quatrième vitesse, désireuse de me trouver un endroit tranquille pour souffler. Derrière moi, la voix d'Adam me parvient :

- Quelle mouche l'a piqué ?

- Je n'en ai aucune idée, lui répond Charline. Elle vient de me tomber dessus sans aucune raison...

Je les ignore royalement bien que je les entende encore échanger quelques mots que je ne parviens plus à distinguer. Finalement, au fond d'un couloir, je finis par dénicher une immense fenêtre au calme. Sans hésiter, je m'assoie contre son rebord avant de me perdre dans la contemplation du paysage mal mené par le vent fort. Je me secoue une dernière fois la tête pour recouvrer définitivement mes esprits.

- Il faut vraiment que tu t'endurcisses ma fille, marmonné-je pour moi-même.

Peu à peu, les battements de cœurs retrouvent leur rythme normal. Apaisée, je m'apprête à retourner en classe quand je sursaute violemment. Devant moi, une Charline silencieuse joue avec ses mains comme si elle ne savait pas quoi dire. Bon Dieu ! cette fille est décidément ultra flippante !

- Will, commence-t-elle hésitante. Je voulais m'excuser...

- T'inquiète, je vais bien, assuré-je en la contournant.

- Je ne pensais pas à mal, continue-t-elle. C'était simplement mon devoir d'arts. On travaille sur la Guerre de Tranchées, je devais en faire un dessin pour aujourd'hui que j'avais complètement oublié. Je n'ai pas pensée que ça te toucherait. Je te demande pardon.

- Il n'y a pas de problème...

Elle hoche la tête, acceptant ma décision de garder le silence. Avec un sourire amical, elle me propose de m'accompagner à mon prochain cours qu'on a commun. Arrivées en anglais, je m'attendais à ce qu'elle aille tout de même s'asseoir à côté d'Adam comme elle a l'habitude de le faire pourtant, elle s'installe de nouveau à la table voisine à la mienne. Ne sachant sur quel pied danser, je m'abstiens de toute remarque. Les cinq premières minutes de l'heure se déroulent dans une atmosphère gênée, aucune de nous deux n'osent briser le silence.

- Alors... essaye-t-elle finalement de faire la conversation, tu aimes bien Orwell ?

- Euhhh... oui, ça va.

- En fait, la Police de la Pensée dans 1984 me fait un peu penser aux Neuf Muses.

- C'est rassurant...

Le silence retombe, encore plus gênant qu'avant. Charline semble se donner du mal pour essayer de sympathiser avec moi bien qu'elle s'y prenne de façon particulièrement douteuse. Néanmoins, reconnaissante de son effort, je lui tends la prochaine perche :

- Et tu as vu le film ?

Elle sourit, comme soulagée que je réponde à ses efforts.

- Oui ! Il n'est pas mauvais mais le livre est beaucoup mieux.

Nous continuons de discuter ainsi un bon moment. La tension entre nous s'apaise pour laisser place à ce qui ressemble à un début de bonne entente. 

***

Mon poignet douloureux m'oblige à faire une courte pause sur la rédaction de mon devoir d'Histoire. Je m'avachis dans mon fauteuil club, mon bloc-notes abandonné sur l'accoudoir. Je laisse retomber ma tête sur le dossier. Qu'est-ce que je rêverais d'une boisson caféinée pour repousser ma fatigue !

Après un énième cauchemar cette nuit, je me suis retrouvée incapable de fermer l'œil de nouveau. N'ayant rien de mieux pour passer le temps jusqu'au lever du soleil, je me suis penchée sur ma dissertation d'Histoire. Voilà maintenant trois heures que je travaille dessus ce qui explique que ma concentration commence à diminuer.

Mes pensées volatiles entrainent mon regard vers ma fenêtre ouverte. La nuit noire transparaît à travers elle. Le bruit léger, à peine perceptible, de la vie nocturne du bois me parvient tel une douce mélodie apaisante. Un puissant sentiment de sérénité, bienvenu après la violence de ces derniers jours, se propage dans tout mon être. Entrainée par cette vague de calme, je m'abandonne à fermer les yeux quand soudain, un cri brise la quiétude ambiante puis le silence revient. Je me redresse aussitôt, la peur grandissant dans mon ventre. Par réflexe, j'éteins la lumière avant de me poster près de ma fenêtre pour fouiller du regard l'origine de ce hurlement. L'obscurité de la nuit et la densité du bois s'allient pour me cacher ce secret. Je poursuis malgré tout mes recherches lorsqu'un éclat de rire retentit encore. Perplexe, je fronce les sourcils.

Les minutes s'engrainent alors qu'aucune explication fait la lumière sur ce mystère. Finalement, quatre personnes devancées par une cinquième, déboulent sur la pelouse qui entoure le cottage, à l'orée de la forêt. Celui qui est devant semble assez furieux alors que ces camarades se moquent de lui ouvertement bien que je ne saisisse pas le sujet précis de la raillerie. Toutefois, cette attitude bonne enfant suffit à me rassurer ; ils sont sans doute à l'origine du cri que j'ai entendu. Soulagée, je m'apprête à refermer ma fenêtre lorsqu'un échange me parvient distinctement cette fois :

- Liam ! Attends-nous !

- Arrête de gueuler, Ryan ! Tu vas réveiller tout le monde ! s'emporte l'intéressé.

Le fameux Ryan baisse immédiatement la voix, à tel point que le reste de la conversation m'échappe. Aussi décidé-je d'arrêter de les espionner en dépit de la curiosité qui picote dans au bout de mes doigts. Que faisaient-ils dans les bois à une heure pareille ? Et pourquoi ce cri ? Je pourrai toujours poser la question à Liam dans la journée. Satisfaite de ma décision, je retourne à mon devoir tout en réfléchissant à la façon dont je vais amener la conversation avec l'anglais. 

***

Je profite du petit-déjeuner pour mettre mon plan à exécution. Ainsi, c'est avec un sourire avenant que je prends place à côté du Don Juan. Je tente d'adopter mon regard le plus charmeur pour le mettre en bonne condition.

- Bonjour Liam, salué-je.

- Bonjour Will, me répond-il avec méfiance. Tu as bien dormi cette nuit ?

- Très bien.

Je me penche ensuite sur mon plateau dans lequel reposent deux tartines de confitures de myrtilles et un bol de lait. Je fais mine d'être hésitante, comme si je n'osais pas lui dire quelque chose sciemment. Comme je m'y attendais, la curiosité prend le pas sur son apparente maîtrise de la situation : il tombe dans le panneau.

- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-il.

- Dis-moi... poursuis-je mon petit-jeu, est-ce que tu accepterais de me faire visiter le reste de l'île, s'il te plaît ? Je ne connais que quelques chemins...

Il hausse un sourcil, une lueur d'agréable surprise dans le regard.

- Evidemment, accepte-t-il avec un clin d'œil.

Je me retiens de lever les yeux au ciel face à sa piètre tentative de flirt. Contente de moi et de la réussite de ma première étape, je mords à pleines dents dans ma tartine. Nous avalons rapidement nos assiettes puis Liam et moi sortons du Patio pour nous enfoncer dans la forêt. Avec patience, il entreprend de me montrer chaque infrastructure qui pourrait m'être utile, prend soin de m'apprendre les chemins les plus rapides pour y accéder. Peu à peu, un dessin semblable à une toile d'araignée se tisse dans ma tête.

Pendant toute la balade, Liam en profite un peu pour flirter. Dès que l'occasion se présente, son bras effleure le mien, il m'attrape par la main pour me mener sur des pistes moins praticables... Chaque possibilité de contact est saisie. Il se comporte comme un véritable gentleman. A la fois flattée et gênée de telles attentions de sa part, j'essaie de rentrer dans son jeu. Toutefois, peu habituée à des égards pareils à ceux-ci, je me sens aussi séduisante que Maître Yoda en bikini à fleurs. J'éprouve un léger pincement au cœur de lui faire de faux espoirs.

Nous nous faufilons entre les broussailles de plus en plus denses. Liam sinue entre les buissons sans une once d'hésitation, comme s'il faisait le chemin régulièrement. Quant à moi, je commence à me méfier ; je doute fortement qu'il y ait une installation quelconque utile à la vie au Neuf Muses après ce chemin si peu fréquenté.

- Je peux savoir où on va ? ne puis-je m'empêcher de le questionner.

Il s'arrête avant de me répondre avec un ton de défi dans la voix :

- Fais-moi confiance et tu sauras !

- J'aime pas les surprises... affirmé-je même si ce n'est pas vrai afin qu'il me donne l'information que j'attends.

- Bah on fait demi-tour alors ! s'exclame-t-il avec taquinerie.

Sur ces mots, il rebrousse chemin. La curiosité me tiraille. Je danse d'un pied sur l'autre, pesant le pour et le contre à le suivre. Une petite voix paranoïaque m'interpelle sur la bizarrerie de la situation ; une fille, un garçon ne laissant aucun doute sur ses intentions, perdus au fin fond des bois, sans personne alentours... Bref, la situation que toute fille sensée aurait évitée... Mais, étonnamment, malgré ses tentatives de séductions permanentes, je me sens en confiance avec lui, et ce même si nous sommes isolés.

Quelques secondes de plus de réflexion, la curiosité prend le pas sur la prudence. Après tout, je pourrais toujours me défendre et l'île joue sur lui comme une prison dont il ne pourrait fuir s'il lui venait à l'idée de faire un geste de trop. Puis je n'oublie pas mon objectif.

- Ok, cédé-je. Allons-y...

- Tu ne seras pas déçue !

Il reprend son rôle de guide avec dextérité. Je saute sur l'occasion pour essayer d'avoir l'info que je veux :

- Tu connais vachement bien le coin, commenté-je. Tu viens souvent ?

- Plutôt oui. Personne ne passe vraiment par ici, sans doute qu'ils ont autre chose à faire que gambader sur des pistes aussi peu praticables...

- Mais toi, tu aimes ça.

Il se fige comme pour réfléchir à la question.

- Oui et non, m'apprend-il enfin. Je ne suis pas un amoureux de la nature comme Leander et Ania mais il n'y a pas de si beaux paysages sauvages à Londres alors ça me fascine un peu.

Je hoche la tête. Il est vrai que sur les deux derniers mois que j'avais passés en mer avec mon grand-père, la verdure me manquait un peu alors je peux comprendre que cela lui soit revigorant. Bien que je trouve l'effet de la forêt bien moins revitalisant que celui des embruns de l'océan.

Nous serpentons encore un moment. Devant mon précédent échec d'amener la conversation là où je le voulais, je tente une approche plus directe :

- On dirait que tu connais tellement bien le bois que tu pourrais t'y déplacer de nuit...

- Je n'irais peut-être pas jusque-là mais oui, j'en ai exploré chaque recoin.

J'hésite un instant. Mes efforts de mènent à rien actuellement... Je décide de tenter le tout pour le tout :

- C'est ce que tu faisais ce matin vers cinq heures ?

- On t'a réveillé ? s'inquiète-t-il en éludant ma question.

Au moins, il a le mérite de ne pas se cacher comme le font presque tous les autres depuis que je suis arrivée.

- Oui, un peu, mens-je. Entre vos cris et vos éclats de rire, vous n'avez pas été particulièrement discrets. Je ne dois pas être la seule que ça a dérangé...

- Désolé, s'excuse-t-il alors.

- Mais vous faisiez quoi dehors, donc ?

- Rien. Ryan est mon coloc de chambre. Il a sans doute encore voulu se siffler quelques bières à l'abris des adultes. Sauf qu'il en a abusé et ses potes sont venus me demander de l'aide pour le ramener dans son lit.

Ce qui explique son humeur de chien sur le moment. Acceptant ses explications, je repars d'un bon pas quand Liam me fait signe qu'on est arrivé. Il retient une branche pour me laisser passer et je découvre un endroit de toute splendeur. Une petite plage s'étend sous une immense arche naturelle creusée dans la montagne. L'eau de l'Atlantique vient paresseusement caresser le sable, à l'abris du vent. Je m'avance d'abord timidement, impressionnée par la grandeur de l'arche, avant de finalement me mettre à courir jusqu'à la limite de l'océan comme une enfant émerveillée.

- Je t'avais dit que ça te plairait, me nargue Liam.

- C'est magnifique, confirmé-je.

Prise d'une envie subite, je me déchausse en deux temps trois mouvements avant de plonger les pieds dans l'eau glacée. Le froid me brûle la peau exposée mais j'accepte cette sensation avec plaisir. Rien de tel qu'un bon bain de pieds gelé pour remettre les idées en place !

- Tu es cinglée, commente alors mon compagnon en me regardant faire, avec un mélange d'incompréhension et d'amusement.

- Merci !

Après cinq minutes et la totalité de mes pieds engourdis, je ressors de l'eau pour m'assoir sur la plage où Liam se joint à moi.

- Voilà ! tu connais le plus bel endroit de l'île, déclare-t-il solennellement.

- Oui. Et tu sauras où me retrouver les jours de beaux temps... 

**********

Comme promis, voici le chapitre 19 ! Encore beaucoup de secrets et de cachotteries... Que pensez-vous du comportement de Mathias ? et de Liam ? 

Léna Gem

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