Chapitre 9
— Tu pourrais prévenir, Will, la prochaine fois qu'il y a un garçon dans ton lit ! m'apostrophe Jaz en s'asseyant en face de moi.
— Quoi ?!
— Qui ?!
— Ahhh ! c'est pour ça que tu as la tête gonflée d'un ogre qui n'a pas dormi depuis l'invention du feu !
Comme un seul homme, mes amis m'assaillent de questions, se méprenant totalement sur la nature de l'incident, tandis qu'une infime partie de mon cerveau s'inquiète de l'état de mon visage pour susciter un tel commentaire de la part de Charline. Je ressemble à un ogre, vraiment ? Je ne pensais pas que les dégâts de ma nuit blanche étaient à ce point-là...
— Je ne vous raconte pas la surprise quand je suis rentrée sans gêne dans sa chambre pour découvrir Adam, seul et endormi, dans son lit ! poursuit ma meilleure amie, indifférente à l'embarras dans lequel elle me plonge.
C'est sûrement le fruit de mon imagination, mais j'ai l'impression que leurs voix retentissent à travers tout le réfectoire. Terriblement gênée, je me fais toute petite, le visage dissimulé derrière un rideau de cheveux roux. Le picotement de mes joues ne me laisse aucun doute sur la couleur cramoisie qu'elles doivent arborer. Ania, Charline, Valentin et Mathias m'observent avec stupeur, leurs grands yeux écarquillés, sous le choc.
— Il était nu ? s'enthousiasme Charline, toujours avide de petites histoires torrides.
Elle en frétillerait presque sur sa chaise. Néanmoins, son interrogation provoque un certain malaise sur la table.
— Quoi ?! m'insurgé-je. Non ! bien-sûr que non ! ça va pas la tête ?!
— Oh, détends-toi, râle-t-elle, déçue. Pas besoin de te mettre dans tous tes états, tu ne devrais pas être aussi paniquée à l'idée de coucher avec lui. Adam est attentionné et plutôt canon, ça serait une super première fois, non ?
Prise au dépourvu, partagée entre la honte suprême et la fureur, aucun mot ne parvient à passer mes lèvres. Je me contente d'ouvrir et fermer la bouche comme un poisson hors de l'eau. Que quelqu'un m'entende et mette un terme à ce supplice, je vous en prie !
— On parle de ton meilleur ami, rappelle Jaz, dégoutée. Celui que tu as connu en couches... Tu fantasmes sur lui maintenant ?
L'intéressée lui lance un regard blasé. Face aux expressions réprobatrices de la tablée, elle secoue la tête.
— Je vous ferai remarquer que c'est lui, le tout premier zizi que j'ai vu, pas besoin de faire vos mijaurées ! Et si tu veux tout savoir, si justement, il n'était pas mon meilleur ami, j'aurais été ravi de m'adonner à quelques plaisirs avec lui... Mais il l'est. Donc à l'instar de Valentin, Leander ou maintenant Mathias, non, jamais je ne coucherai avec lui.
Je rougis encore davantage en tentant d'imaginer les circonstances dans lesquelles Cha' a pu découvrir les... attributs de mon coéquipier.
— On ne voulait pas savoir... commente Mathias.
— Oh ça va ! on avait six ans ! se défend Charline. J'étais curieuse, je lui ai demandé de me montrer, c'est tout.
Lasse, elle se cale contre le dossier de sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, la mine bougonne.
— Six ans et déjà perverse, commente Ania en sirotant son jus d'orange, l'air de rien.
— Heureusement qu'il n'est pas là pour entendre cette conversation... souffle Valentin en se massant le crâne.
— En ce qui me concerne, intervient Ania avec malice, je note toutefois que si tu exclus la possibilité de coucher avec mon frère, Adam, Valentin et Mathias, tu n'as pas cité Liam...
L'expression scandalisée de la jeune fille aux cheveux violets et roses vaut bien tous les tourments de cette horriblement gênante conversation ! Outrée, elle ne sait pourtant pas quoi répliquer, pour la plus grande satisfaction de sa colocataire qui arbore un immense sourire.
— Ça paraissait tellement évident que j'y ai même pas pensé, baragouine-t-elle finalement.
Aucunement convaincus par son explication, mes amis la fixent avec un petit air sceptique. Charline se trémousse nerveusement sur son siège. N'y tenant plus, elle décide de revenir au sujet principal :
— Donc, Will, si, comme tu le prétends, vous n'avez rien fait, pourquoi Adam a-t-il dormi dans ta chambre ?
C'est un coup bas pour détourner l'attention. A mon tour de la foudroyer du regard tandis qu'elle m'offre un pal sourire désolé. Elle va me le payer...
En attendant, je tente un haussement d'épaules nonchalant.
— Après l'accident de Victoire, il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il a dû se dire qu'il y avait de fortes chances que je ne dorme pas non plus alors il est venu... Il a fini par s'endormir, exténué qu'il était, et je suis partie pour mon heure de colle. Rien de bien fou, navrée.
La bonne humeur retombe instantanément à la mention de la fiancée de Logan, plongeant tout à coup la table dans le silence. Mes amis posent alors quelques questions timides sur son état de santé et je remercie mentalement Charline de leur faire un bref résumé des nouvelles à ma place. Un mélange de béatitude et de terrible tristesse parcourt le groupe à la mention du bébé, mais chacun y va de sa petite phrase d'espoir et de courage. De toute façon, seul l'avenir nous dira ce qu'il en sera de l'enfant...
La cloche du réfectoire tintinnabule, signalant aux élèves qu'il est temps de quitter les lieux. Heureux d'être interrompus après cet instant larmoyant, nous récupérons rapidement nos affaires pour gagner le bâtiment scolaire.
Les deux heures d'italien me parurent durer une éternité, le manque de sommeil n'aidant pas à la concentration. Mathias m'a plusieurs fois ramené au présent, mais mon esprit ne semblait pas enclin à rester attentif au cours. A la pause, j'étais tellement loin dans mes pensées qu'il m'a fallu quelques instants pour remarquer mes camarades rassembler leurs cahiers et sortir de la salle. Après un soupire, je les imitai.
Dans la classe de français, mon cœur se serra en remarquant la chaise vide habituellement occupée par Adam. En même temps, après la nuit éreintante qu'il vient de passer, je me doutais qu'il ne viendrait peut-être pas assister aux cours pour récupérer un tant soit peu. Pourtant, un large sourire de soulagement apparaît sur mes lèvres quand je reconnais sa tignasse ébouriffée passer le pas de la porte au moment même où retentit la sonnerie.
— Je ne vous attendais pas dans mon cours, aujourd'hui, M.Lombardo, commente avec surprise Mme Lagrange.
— Mais je suis là, réplique l'intéressé en se glissant à côté de moi.
Une pointe d'irritation à peine perceptible transparaît dans sa voix. Même si la sollicitude de notre prof de français n'est mue que par compassion, Adam ne doit pas apprécier qu'on le prenne en pitié.
— Je vois ça... approuve-t-elle avant de se reprendre.
Sans attendre, elle nous demande de ressortir nos textes avant de lancer le cours.
— Je ne savais pas si tu allais venir, avoué-je après quelques minutes à l'adresse de mon voisin.
— J'admets que la tentation de sécher et dormir un peu plus m'a longuement tiraillé, reconnaît ce dernier. Mais Logan m'a demandé de vivre normalement alors même si c'est pas évident, j'essaie. Puis tu as passé une nuit aussi pourrie que la mienne, je ne pouvais pas te laisser assister aux cours pendant que je dormais confortablement dans ton lit, ça n'aurait pas été cool. Je culpabilise un peu, à vrai dire. J'avais complètement oublié que tu devais te lever à cinq heures pour ton heure de colle.
Le regard fixé vers le tableau, je hausse les épaules.
— Tu sais, j'ai l'habitude des courtes nuits... ça me change pas beaucoup de d'habitude.
— Will, me rabroue-t-il, la voix dure, je sais que tu n'as pas fermé l'œil de la nuit à cause de moi. Je t'ai senti t'agiter quand j'ai commencé à plonger. Et tes problèmes de sommeil sont loin de me réconforter. A cause de moi, tu es d'autant plus fatiguée.
— Ce n'est rien, vraiment. C'est aussi ça, former une équipe, non ? Combien de fois t'ai-je réveillé au milieu de la nuit parce que je ne trouvais pas le sommeil ?
Adam finit par accepter mes arguments. Il a déjà suffisamment de sujets d'inquiétude avec Victoire sans qu'il se préoccupe en plus de mon état de fatigue. Nous nous replongeons donc dans le cours, écoutant pour ma part d'une oreille plus que distraite les interprétations alambiquées de Mme Lagrange. A côté de moi, le frère de Logan n'a guère l'air plus attentif, mais, si elle l'a remarqué, la professeure ne semble pas s'en offusquer.
— Au fait, reprend Adam au bout d'un moment, je ne t'ai pas remercié pour les gâteaux, pour avoir reprogrammé ton alarme et pour... m'avoir accueilli dans ta chambre.
Mes joues rosissent légèrement tandis que je balaie ses remerciements d'un geste de la main.
— On a qu'à dire qu'on est quitte, non ? déclaré-je avec un clin d'œil.
Un sourire s'épanouit sur ses lèvres au souvenir de la nuit où je me suis faufilée dans sa chambre après une des plus grosses crises d'angoisse que j'ai connue. Il acquiesce. Puis, fouillant dans ses poches, il me tend mes clés.
— Et merci de m'avoir évité de repasser par les toits pour sortir de ta chambre, ajoute-t-il.
— Tu peux arrêter là les remerciements, tu sais ? protesté-je, un brin gênée. Sinon, tu en auras pour la journée avant d'avoir terminé la liste, je suis tellement géniale...
Il ricane devant mon effronterie qui a au moins le mérite de faire son office : masquer mon embarras.
— Ah ouais ? réplique-t-il avec humour, un peu de gratitude et déjà tu prends la grosse tête ?
— C'est juste que tu ne me reconnais pas à ma juste valeur.
— Sûrement...
Nous sommes peut-être loin de son répondant habituel, je suis tout de même soulagée de le voir s'amuser comme à l'accoutumée lors de nos joutes verbales.
***
N'ayant pas encore eu la possibilité de véritablement récupérer de ma nuit blanche de la veille, c'est toute somnolente, l'esprit embrumé d'une étrange torpeur cotonneuse, que je lasse mes chaussures comme un automate avant de relever mes cheveux en queue de cheval approximative. Les coudes posés sur les genoux, je me masse les tempes, espérant ainsi éclaircir mes idées, mais le manque de sommeil se fait lourdement sentir. Chaque parcelle de mon corps proteste que je devrais rester au lit, qu'il est trop tôt pour commencer la journée. Et en effet, se lever à cinq heures du matin pour suivre ma cession d'Eos, c'est carrément de la torture.
— Will, tu devrais te faire porter mal... commente timidement ma colocataire. Amanda m'a dit qu'elle t'avait proposé de te faire un mot d'excuse, tu aurais dû accepter...
— Ça va, assuré-je. J'ai juste un peu de mal à émerger, rien de plus.
Je l'entends soupirer.
— Tu me tiens le même discours depuis que je te connais, Will. J'y croyais guère avant, je n'y crois pas plus maintenant. Pourquoi tu t'obstines à ne pas vouloir prendre tes somnifères ?
— Et rester enfermée dans mes cauchemars ? Merci bien, mais je préfère encore me réveiller quitte à ne dormir que quelques heures...
Comme pour appuyer mes dires, je me relève avec énergie. Bien qu'un début de migraine se loge dans mon crâne, je lui offre un large sourire rassurant. Pourtant, cela ne semble que peu la convaincre. Sa mine soucieuse achève de faire disparaître ma feinte bonhommie.
— Tes entrevues avec Karen n'ont toujours rien donné à ce propos ? demande-t-elle sans oser me regarder.
Consciente que je déteste en parler, Jaz se frotte les mains, visiblement mal-à-l'aise. J'ai beau savoir qu'il ne s'agit que d'une inquiétude légitime d'une amie vers une autre, sa sollicitude m'exaspère. Croyait-elle vraiment que mes terreurs nocturnes s'effaceraient d'un tour de main ? La vérité, c'est que si j'ai accepté de jouer le jeu lors de mes rendez-vous avec la conseillère d'éducation, que j'ai initié le dialogue conformément au pacte que j'ai conclu avec mon père, j'évite encore le sujet fatidique. Etrangement, j'arrive à lui dépeindre avec précision les souvenirs douloureux de mon grand-père, de Guillermo, Reka et Rosario, de Ryan, de la tentative d'enlèvement de Liam et du fiasco de notre épreuve de survie avec Adam avec un froid détachement, m'en tenant aux faits et seulement aux faits, autant les mots se bloquent lorsque la psychologue des Neuf Muses me demande de lui partager mes sentiments vis-à-vis de ce bordel sans nom, et mes cauchemars tout particulièrement. Cela reviendrait à lui avouer mes failles et mes faiblesses, lui confesser mon angoisse permanente, ma paranoïa et mes doutes persistants, ce serait admettre que je n'ai rien de la fille confiante et déterminée, la battante que tous croient percevoir en moi. En réalité, je suis tout bonnement terrorisée et mes troubles nocturnes sont la parfaite manifestation de la peur que j'enfouis au plus profond de moi. Et je dois continuer de la garder cachée, de paraître forte sous peine de les effrayer.
— On a commencé depuis un mois seulement, l'apaisé-je malgré tout avec patience. Ça prendra du temps, j'imagine.
Elle hoche la tête pendant que j'enfile mon manteau. Un tour de clé puis nous descendons discrètement l'escalier principal du dortoir avant de prendre la direction du souterrain. A mi-chemin, nous nous séparons, Jaz s'avançant vers le bâtiment scolaire tandis que je rejoins la petite porte dissimulée près de la bibliothèque afin d'écourter mon trajet dans les tunnels. Une autre de mes failles...
Je patiente quelques minutes, guettant l'arrivée de mon coéquipier. J'ignore s'il participera à la cession de ce matin, mais s'il a assisté aux cours la veille, pourquoi sècherait-il Eos ? La boule au ventre à la perspective de pénétrer les tunnels toute seule, je retarde encore et encore le moment de me lancer dans les profondeurs de l'île. En plus, j'ignore si je serais capable de retrouver mon chemin jusqu'à la grande salle, les souterrains qui s'étendent sous l'école forment un véritable labyrinthe. Or, ma phobie des espaces clos m'a poussé à beaucoup trop me reposer sur Adam pour me guider sans que je me donne la peine de tenter une mémorisation du chemin. Et voilà que ce matin, je vais peut-être me retrouver toute seule pour m'enfoncer dans un cauchemar éveillé. Cette simple perspective me rend nauséeuse et tremblante. Fébrile, j'effectue encore quelques allers-retours devant la porte, tentant d'apaiser les battements déjà frénétiques de mon cœur. Et dire que tous me trouvent si courageuse ! Je ne suis même pas fichue de traverser trois tunnels toute seule...
Les minutes défilent et bientôt, je ne pourrai plus attendre. J'inspire un grand coup pour me donner un semblant de bravoure, mais je ne fais pas un pas que je m'immobilise, mon sang se glaçant dans mes veines. Mais rapidement, une rage ineffable remplace l'effroi tandis que j'observe la fine feuille blanche placardée sur la porte. Délicatement calligraphié en boucles étroites, mais gracieuses, mon prénom me nargue de cette écriture que je ne reconnais que trop bien : celle d'Octavius.
— C'est une plaisanterie, rassure-moi ?
La froide intonation d'Adam m'arrache un sursaut. Toute à ma triste contemplation, je ne l'ai pas entendu arriver. Et si sa présence devrait me consoler, rien ne déloge la boule d'angoisse qui fait dérailler mon cœur. Des brindilles craquent sous ses pieds tandis qu'il s'approche en silence. Avec humeur, il arrache la page qu'il serre dans son poing. Je partage sa fureur. Après des semaines sans le moindre signe de vie, Monsieur se décide enfin à me recontacter, rappliquant l'air de rien ? La belle affaire ! Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il sait choisir son moment, celui-là ! S'il espère encore nous rallier à sa cause, alors que Victoire dort encore dans son lit d'hôpital... il a une foi inébranlable !
— Parce qu'il pense qu'on va l'écouter tranquillement pendant que la vie de mon neveu ou ma nièce est en péril ?! fulmine Adam, en écho à mes propres pensées. Je vais lui refaire le portrait, plutôt, oui !
La surprise passée, la colère m'abandonne doucement pour laisser place à une implacable lassitude. Une part de moi aimerait lui donner raison, ne laisser parler que ma rage à l'encontre ce type aussi présomptueux que monstrueux. Ma tête, en revanche, n'oublie pas à quel point nous avons besoin d'informations. Pour tous ceux qui ont déjà subi les conséquences de cette guerre froide, pour les victimes et leurs proches, pour ce fameux Max, pour Vittoria et pour nous-mêmes. Il n'y a qu'à cette condition que nous pourrons nous protéger de lui...
Et mon partenaire doit se faire la même réflexion puisqu'il s'apaise avant de déplier le maigre morceau de papier. Après une brève inspiration, il prend connaissance de son contenu.
— Il nous donne rendez-vous dans la buanderie du Cottage, demain à vingt-trois heures quarante-cinq, résume-t-il.
Il plonge son regard métallique dans le mien en quête d'une réaction, mais je me contente d'un vague hochement de tête détaché, mon attention déjà focalisée sur les différents scénarios qu'il risque de se produire.
— Va falloir qu'on se prépare, pensé-je tout haut, qu'on anticipe les questions qu'on va poser, qu'on se prévoit plusieurs plans de secours pour parer à toute éventualité...
Mon coéquipier soupire, las.
— Passe dans ma chambre, ce soir, après le couvre-feu, on en discutera, propose-t-il, résigné. Avant, je serai au chevet de Vic avec Logan.
J'acquiesce. Après une hésitation, je me résous à ne pas l'interroger sur l'état de sa belle-sœur et de son bébé. Adam a passé tout son temps libre à veiller sur elle et soutenir son frère ; s'il y avait eu du nouveau, il m'en aurait déjà informée.
— Je hais ce type, déclare-t-il en broyant le message dans sa main.
Ce n'est pas moi qui vais le contredire. Si avant notre épreuve de survie qui a failli nous coûter la vie, je commençais à douter d'œuvrer dans le bon camp, les derniers agissements de mon soi-disant parrain ont suffi à me convaincre. Quoi qu'ait pu faire mon père de moralement condamnable, ce ne sera sûrement pas pire que les méfaits d'Octavius. Notion du bien relatif et du choix le moins pire, en somme... Rien de bien réjouissant.
Fourrant la feuille froissée dans une poche de son manteau, il me tend la main, son sourire bienveillant renaissant sur ses lèvres, l'incident clos. D'une routine devenue aussi naturelle que rassurante, je m'en saisis, inspire un grand coup avant de m'enfoncer à sa suite dans les étroits boyaux à la lumière blafarde qui s'étendent dans les profondeurs de l'île, tout en me promettant d'être plus attentive à notre itinéraire.
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