10. Jeux vidéo et débats (2)
— Salut, Thomas. Ravi de te rencontrer.
Un homme, environ ma taille, se tenait moi. Cheveux bruns en bataille, yeux couleur miel, et un immense sourire qui creusait des fossettes sur ses joues. Malgré sa carrure musclée et légèrement intimidante, il me fit tout de suite bonne impression.
— Salut. (Nous nous serrâmes la main brièvement.) Tu... tu veux rentrer ?
— Non, pas la peine, j'habite à peine quelques rues plus loin. Ça te dérange pas de marcher ?
— N... non, pas du tout.
Je tripotai nerveusement les fils de ma capuche. Peut-être qu'il était souriant, et que sa voix grave avait quelque chose de profondément bienveillant, mais je ne le connaissais pas.
— Tu as quelque chose à prendre, avant de partir ? me demanda-t-il.
— Non, juste... juste le double des clés.
J'attrapai ces dernières, qui étaient accrochées près de la porte, et sortis sur le trottoir, fermant derrière moi. Emmanuel portait un cardigan beige plutôt chic, et je me sentis ridicule dans mon ensemble de survêtements gris. Je fourrai les clés dans ma poche et le suivis lorsqu'il se mit à marcher.
— Tu as passé une bonne journée ?
Je mis quelques secondes à réaliser qu'il me parlait, et je m'empressai de répondre, bégayant au passage :
— O... oui, et t... toi ?
— Très bonne, oui. J'ai bientôt fini d'écrire mon roman, et je suis en avance sur les délais, donc je me permets un après-midi détente. D'ailleurs, merci d'avoir accepté de venir. Ç'aurait été triste, tout seul.
— M... mais... pourquoi moi ?
Il me gratifia d'un petit sourire, et je détournai immédiatement le regard.
— Parce que Clem ne fait que parler de toi, et je trouvais que c'était une bonne occasion pour faire connaissance. Et puis, tous mes amis sont occupés.
— Elle... elle parle de moi ?
— Une vraie pipelette ! Chaque fois qu'on discute, elle n'a que ton nom en bouche.
— Et... elle dit quoi ?
— Tu lui demanderas.
Il me fit un clin d'œil. Des milliers de questions surgirent dans mon esprit ; pourquoi parlait-elle de moi ? Que disait-elle ? Pourquoi Emmanuel ne voulait-il pas me le dire ? Est-ce que j'avais fait quelque chose de mal ?
Je décidai de toutes les ignorer, et de me concentrer sur mon interlocuteur. Il avait les mains dans les poches, et son regard se promenait soit sur le paysage, soit sur moi, ce qui me mettait très mal à l'aise. Il n'avait pas peur du contact ni de l'inconnu – tout mon contraire.
Pourtant, en dépit de nos différences, je ne pouvais m'empêcher de le trouver sympathique.
— Tu... tu fais quoi dans la... la vie ? demandai-je.
— Je suis écrivain, photographe et peintre. Et toi ?
Je ne répondis rien. Il eut la politesse de ne pas insister.
— Sinon, je passe tellement de temps à la boutique de Saska qu'on pourrait presque dire que j'y travaille, reprit-il en souriant. Il faudra que tu viennes visiter, un jour, elle est très jolie.
— C'est une boutique de q... de quoi ?
— Elle est libraire-fleuriste. Son employée, Zoée, s'occupe des plantes comme personne.
Nous traversâmes un passage piéton, et je me fis le plus petit possible lorsque nous croisâmes un groupe d'adolescents visiblement en sortie scolaire. Ce n'était pas aussi terrifiant qu'une foule, mais c'était suffisant pour que je ressente le besoin de me protéger.
Emmanuel le remarqua.
— Ne t'inquiète pas, Thomas. Tu n'es pas seul.
Étrangement, ses paroles parvinrent à légèrement me détendre. Non, je n'étais pas seul.
Pas encore.
Une ribambelle de pensées intrusives défilèrent devant mes yeux – merde, ce n'était pas le moment. Des scénarios sombres et sanglants se faisaient suite, tous plus horrifiques les uns que les autres. Moi, dans la salle de bains, lame en main, en train de trancher mes bras jusqu'à ce que je ne puisse plus distinguer les marques entre elles. Moi, une corde autour du cou, prêt à faire tomber le tabouret sous mes pieds. Tous mes cauchemars où je tuais Laura. Le monstre que j'étais. La bête incontrôlable que la dépression avait faite de moi. Non, je n'étais pas seul, pas encore. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils voient l'atrocité qui se cachait sous ma peau à peine humaine. Et là, ils m'abandonneraient tous, parce que c'était ce qu'ils faisaient à chaque fois. Me prendre en pitié, devenir mes amis, puis découvrir que je n'étais pas l'oiseau fragile qu'ils voyaient, mais une sorte de goule meurtrière, et enfin, me laisser tomber, parce que personne ne voulait de ma laideur. Personne ne pouvait supporter tant de tristesse et de haine. Pas même moi.
— On est bientôt arrivés, dit Emmanuel.
Je tentai vainement d'ignorer les pensées intrusives qui déferlaient par dizaines – lorsqu'elles commençaient, il était pratiquement impossible de les arrêter. Je restai silencieux tout le reste du trajet, suivant Emmanuel comme son ombre.
Nous arrivâmes devant un immeuble des plus banals. Emmanuel tapa le code et tint la porte pour moi, aussi je m'empressai de rentrer, les yeux rivés sur le sol.
— C'est au troisième étage.
L'écho de nos pas résonna dans le silence de la cage d'escalier. Je commençai à peiner à respirer entre le premier et le deuxième étage ; Emmanuel, lui, était imperturbable. Il devait faire ce trajet tous les jours. Je n'avais pas l'habitude de faire du sport, et j'étais encore extraordinaire maigre pour ma taille : le moindre effort me demandait une énergie que je n'avais pas.
Je fis une pause sur l'avant-dernier palier. Emmanuel se retourna et me jeta un regard surpris, mais encore une fois, il sut faire preuve de tact et ne dit rien. Il continua à monter et sortit ses clés.
Je le rejoignis peu après et, encore une fois, il me laissa entrer avant lui. Je m'engouffrai dans l'entrée et tâchai de me faire le plus petit possible.
— Tu peux ranger tes chaussures ici.
Je m'empressai d'envoyer mes baskets voler et de les poser sur la petite étagère où se trouvaient déjà plusieurs paires. Emmanuel retira son cardigan et le suspendit sur un porte-manteau, avant de passer devant moi pour me montrer l'appartement.
— Ici, la cuisine, dit-il en pointant une pièce. (Je me postai près de lui pour observer.) Là, le salon, où j'ai installé la PS5. Là, au bout du couloir, tu as la salle de bains, les toilettes et la chambre. Et juste ici, c'est mon bureau.
Il se pencha pour abaisser la poignée et me montrer. Je marchai jusqu'au seuil, curieux de ce à quoi pouvait bien ressembler le bureau d'un artiste.
La première chose qui me sauta aux yeux, ce fut l'immense bureau en bois poussé contre le mur, sous la fenêtre. Derrière trônait un imposant siège à roulettes qui avait dû coûter une fortune, et sur lequel reposaient deux larges coussins. Le bureau était recouvert de livres, feuilles, stylos et carnets, tous éparpillés autour de l'ordinateur portable qui siégeait fièrement, comme l'ultime soldat resté debout au combat. Dans un coin de la pièce se trouvait un grand chevalet avec une toile en cours dessus, entouré d'une multitude de pots de peinture, pinceaux et autres objets que je ne connaissais pas. À l'opposé, un grand drap blanc recouvrait le mur et le sol, et un superbe appareil photo sur pied lui faisait face.
— Wow, lâchai-je.
Emmanuel rit doucement.
— J'en suis fier. Saska m'a aidé à l'aménager et le décorer un peu. C'est grâce à elle que j'ai pu acheter tout ce matériel de qualité.
Il referma la porte et me demanda si je voulais boire quelque chose.
— De l'eau, s'il te plaît. Ou du café.
— Du café ? Tu ne me proposeras pas l'idée deux fois.
Il entra dans la cuisine et se planta devant une machine à café qu'il alluma, avant d'y insérer une capsule. Il glissa deux tasses sur la plateforme puis se tourna vers moi.
— Raconte-moi, il y a des choses que tu aimes faire ? Un hobby ?
— Pas particulièrement. Je passe mes journées à lire et à cuisiner.
— Ça, je le sais, Clem me décrit toujours chaque plat que tu prépares. Tu es plutôt doué, il paraît.
— Je le fais pour lui rendre service. Elle m'héberge, paye mon eau, ma nourriture et mes vêtements, alors c'est la moindre des choses.
— Elle ne le fait pas pour avoir quelque chose en retour, tu sais ? (Le café commença à couler, répandant une odeur divine dans la pièce.) Elle a le cœur sur la main, et elle ne sait jamais quand il faut s'arrêter de donner. Tout ce qu'elle veut, c'est pouvoir se rendre réellement utile à quelqu'un qui en a besoin.
Et racheter une dette passée, aussi.
« J'ai failli perdre des gens parce que je n'ai pas su les aider. Laisse-moi ne pas reproduire la même erreur. »
C'était ce qu'elle m'avait dit le jour de notre rencontre, quand elle avait proposé de m'héberger et que je ne voulais pas la croire. Clémentine aussi avait quelques démons qui la suivaient ; peut-être voyait-elle en moi l'occasion de s'en débarrasser.
Voilà quel était son profit. Voilà pourquoi elle était si généreuse. La véritable bonté n'existait pas : les humains étaient égoïstes et opportunistes, moi y compris. Elle ne pouvait pas agir par pure gentillesse. Il fallait toujours qu'il y ait une raison, quelque chose à y gagner.
Quel était alors le profit qu'Emmanuel pouvait tirer de moi ?
— Tiens, ta tasse. On va s'installer dans le salon ?
Je hochai la tête et le suivis. Dans ledit salon se trouvait une table ronde entourée de quatre chaises, une bibliothèque au moins trois fois plus remplie que celle de Clémentine, un canapé et une télé. Un grand carton traînait au milieu de la pièce, entouré de plastique et papier bulle, et sous la télévision, la fameuse PS5, flambant neuve. Deux manettes reposaient à côté.
Emmanuel posa sa tasse par terre, devant le canapé, et je fis de même. Il ne me laissa pas le temps de lui poser la moindre question qu'il repartit en cuisine, et lorsqu'il revint, ce fut avec un sachet de chips dans une main, et une boîte de cookies dans l'autre.
— Je ne sais pas si tu es plutôt salé ou sucré, dit-il.
— Je... je... Qu'importe, je ne m'attendais pas à...
— Va pour les deux. Tu préfères qu'on commence par quoi ? J'ai Fortnite, Call of Duty ou Haven, mais Saska voulait que je découvre celui-là avec elle... Ou sinon, j'ai un bon vieux FIFA.
— FIFA, dis-je sans hésiter.
C'était le jeu de mon adolescence, avec Mario Kart. Emmanuel sourit avant d'allumer la console. Il s'installa à côté de moi, par terre, dos au canapé, ouvrit le sachet de chips en m'en proposa une. Je n'osai pas refuser, même si je n'avais pas faim.
Il lança le jeu et me tendit une manette. Cela faisait des années que je n'en avais pas tenu une, et les nouvelles étaient sensiblement différentes par rapport à celles avec lesquelles j'avais grandi. Je la tournai dans tous les sens pour l'observer, et Emmanuel le remarqua.
— Elles sont belles, pas vrai ? J'ai déjà configuré la console avant que tu arrives, j'ai juste à lancer le jeu. T'es prêt ?
Je plaçai mes pouces sur les joysticks et rivai mon regard sur la télévision.
— Je suis prêt.
⁂
Le sachet de chips vide gisait près de nous, tout comme la boîte de cookies, vide, elle aussi. Emmanuel avait renversé sa tasse par terre, laissant une tache sur le tapis rouge. Il m'avait dit que ça faisait style « café renversé », avant de rire de sa propre blague. J'en avais conclu que c'était une référence que je n'avais pas.
J'étais actuellement en train de faire un carnage sur Fortnite ; Emmanuel et moi étions en mode « Battle Royale », et nous étions sur le point de gagner. Il s'était révélé que j'étais bien meilleur joueur qu'Emmanuel, en dépit de mes années sans avoir touché à un jeu vidéo, mais contrairement à lui, je n'avais absolument aucun scrupule à appuyer sur la gâchette. Je décimais et détruisais à une vitesse folle. Je me sentais tout-puissant, avec ces armes fictives entre les mains qui réduisaient le monde en miettes. Je passais chaque recoin au peigne fin et ne laissais rien ni personne derrière moi.
J'étais en train de me placer stratégiquement pour abattre notre dernier ennemi, qui ne m'avait pas vu, lorsque le téléphone d'Emmanuel sonna. La sonnerie me surprit tellement que j'en lâchai ma manette et, en chutant, elle appuya sur les mauvais boutons.
— Merde ! jurai-je.
— C'est Clem, dit Emmanuel. Je dois répondre.
Il abandonna la partie et décrocha. J'entendis très distinctement la voix de Clémentine à l'autre bout du fil :
— Manu, ça fait quinze minutes que je poireaute en bas de ton immeuble, qu'est-ce que tu branles ?
— Quinze... ? Mais pourquoi tu n'as pas sonné ?
— Tu me crois vraiment débile ? J'ai fait que ça, sonner ! Je t'ai envoyé quarante messages !
Il éloigna le téléphone de son oreille pour vérifier. Son fil de notifications était saturé de SMS.
— Je suis désolé, il doit y avoir un problème avec la sonnette, et mon téléphone était en silencieux. Je descends t'ouvrir.
— T'as intérêt à m'accueillir comme une reine !
Il raccrocha, et lorsqu'il tenta de se relever, il chuta sur le canapé. J'explosai de rire.
— T'es pas doué, me moquai-je tandis qu'il trottinait jusqu'à la porte d'entrée.
— Essaye de cacher le bordel, au lieu de te foutre de ma gueule !
Je l'entendis fermer derrière lui. Je laissai ma partie à contrecœur et fis ce qu'il m'avait demandé : je ramassai les emballages ainsi que les tasses et rapportai le tout à la cuisine. Je venais à peine de me rendre compte que j'avais une pépite de chocolat sur le coin des lèvres que la porte d'entrée s'ouvrit à la volée.
— Je te jure, vous, les hommes, vous êtes la plus piètre espèce de cette planète ! râla Clémentine.
Je souris en la voyant entrer, sac sur l'épaule, nez en l'air. Emmanuel la suivait, hilare.
— On représente quand même la moitié de l'humanité, dit-il.
— Justement ! C'est un drame. Comment nous, les femmes et les non-binaires, allons faire pour réparer toutes vos erreurs ?
— Enlève tes chaussures, au lieu de faire un scandale. Tu mets de la saleté partout.
Elle envoya ses bottines valser, avant de se tourner et de me voir. Comme elle le faisait souvent ces derniers temps, elle se figea, yeux écarquillés, et je m'empressai de m'essuyer la bouche – est-ce qu'il restait du chocolat dessus ?
Elle me sourit avant de jeter un coup d'œil à l'appartement.
— Les garçons, vous êtes de vrais porcs. Mes chaussures sont bien moins sales que ce salon.
— C'est juste des miettes et... du café, et... du chocolat, se défendit Emmanuel.
— Saska va te tuer.
— Saska va me tuer, acquiesça-t-il.
Ils se mirent à rire. Clémentine entra dans la cuisine et se dirigea droit vers moi, avant de s'arrêter à un mètre, comme frappée. Je fronçai des sourcils.
— J'ai failli te faire un câlin sans te demander, expliqua-t-elle. Je peux ?
Elle tendit les bras dans ma direction. Un câlin ? Mais pourquoi voulait-elle mon accord ? Ce n'était pas quelque chose qu'on demandait, si ?
— Euh... Oui, tu... tu peux.
Elle n'attendit pas pour enrouler ses bras autour de ma taille et enfouir son visage dans mon cou. Je posai mes mains dans son dos par réflexe, déstabilisé par sa proximité soudaine. Ce fut quand je pris son odeur de plein fouet que je me rendis compte que c'était la première fois que je l'étreignais.
Elle était extraordinairement fine entre mes bras. Clémentine était si solaire, si puissante, je l'imaginais presque comme une demi-déesse, et pas comme une simple fille. Je pris conscience de sa fragilité : tout comme moi, elle n'était faite que d'os et de chair. Ses bras me serraient fort, pressant mon corps contre le sien, et l'un de ses cheveux s'était collé à mes lèvres. Il y avait l'odeur de son shampooing, mais aussi son odeur à elle, quelque chose d'indescriptible et de farouchement vivant, cette même fragrance qui flottait dans sa maison et à laquelle j'avais fini par m'habituer, comme un élément de mon quotidien.
Elle me sembla si vulnérable, entre mes mains, que j'eus peur de la briser. Je ne me rendis pas compte que j'inspirai à fond.
Elle se détacha de moi et m'offrit son sourire le plus radieux.
— Alors ? Emmanuel ne t'a pas trop martyrisé ?
— Pourquoi ce serait moi qui le martyriserais ? s'écria le concerné depuis le salon, sûrement en train d'éteindre la console.
— Parce que Thomas ne ferait pas de mal à une mouche ! répliqua Clémentine. (Si elle savait. Je traînais derrière moi le cadavre de Laura.) T'as du chocolat sur la joue.
Elle se lécha le pouce et voulut m'essuyer, mais je repoussai sa main.
— Clem ! C'est dégueulasse !
— Ça va, c'est que de la bave.
Je m'empressai de me frotter les joues avant qu'elle n'ait une autre brillante idée. Emmanuel revint dans la cuisine, éponge en main, et sourit en nous voyant nous chamailler.
— Vous comptez faire quoi, ce soir ? nous demanda-t-il.
— Je ne sais pas. Thomas, ça te dirait de manger des pizzas ?
— Hein ?
Elle me prenait de court.
— Des pizzas. Ça te dirait ?
— Euh... Pourquoi pas, je...
— OK, c'est décidé ! On commandera en rentrant.
Je me retins de lui dire que ce n'était pas nécessaire. Je commençais à la connaître : quand elle était comme ça, rien ne pouvait la faire changer d'avis.
— Manu, merci d'avoir pris soin de lui, dit Clémentine. On va rentrer, je crève la dalle. Pas toi, Thomas ?
— Avec tout ce qu'on a grignoté, ça m'étonnerait, répondit Emmanuel à ma place.
— Vous avez... ?
Elle se tut et secoua la tête. Emmanuel rit doucement.
— C'était un plaisir de te rencontrer, me dit-il. J'espère qu'on se reverra vite.
— J'ai passé du bon temps. Je ne pensais pas le dire, mais... merci de m'avoir invité.
Nous nous serrâmes la main. Je ne pensais pas non plus que je me familiariserais à la présence d'Emmanuel aussi rapidement, non plus, mais il s'était montré si prévenant envers moi que j'avais fini par me détendre. Nous avions énormément ri. Mon côté sarcastique avait même fini par montrer le bout de son nez, au plus grand bonheur d'Emmanuel, qui s'était esclaffé à chacune de mes remarques.
— Merci à toi d'avoir accepté, Thomas.
Nous fîmes nos au revoir, et je suivis Clémentine hors de l'immeuble jusqu'à sa voiture. Une fois installés et l'habitacle silencieux, elle se tourna vers moi, un sourire aux lèvres.
— Il est sympa, pas vrai ?
— Oui. Je ne m'attendais pas... Enfin, je ne m'attendais pas à passer un bon après-midi. Emmanuel est quelqu'un de bien.
— Je n'aurais même pas daigné te proposer si j'en avais douté.
Elle mit le contact et commença à manœuvrer pour sortir de sa place. Je laissai mon regard dériver, serein. Emmanuel avait été amical. Clémentine prenait soin de moi. Nous allions commander des pizzas. Je me sentais en sécurité.
Ça faisait si longtemps que ça ne m'était pas arrivé...
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