L'éclat des Mille Portes

Ethérius regarda la porte interdimensionnelle qui se présentait à lui. Il se pencha de nouveau sur le parchemin qu'il avait trouvé dans les archives des Grandes Bibliothèques. Toutes ses recherches qu'il avait entrepris depuis longtemps, avaient enfin abouti sur une piste valable. Les symboles étaient correctes et il avait réussi à faire un pentacle convenable. Un sourire crispé se dessina sur son visage. Ce parchemin était la clef pour aller dans une dimension bien spécifique. Il n'avait jamais cesser de penser qu'il trouverait une solution pour le revoir.

Il vérifia encore une fois son sac. Pourtant il avait déjà voyager dans les dimensions, il avait l'habitude. C'est un Voyageur. C'est ainsi qu'on nommait ceux qui passaient les portes interdimensionnelles. Mais étrangement la peur s'était emparée de lui. Ce monde lui était inconnu. Il était rarement référencé dans les ouvrages des voyages dimensionnels, le rendant bien mystérieux.

Le vortex commença à se brouiller, Ethérius ne devait pas tarder. Il remit son chapeau magique, recompta ses différentes bourses accrochées à sa ceinture, attrapa son sac chargé de toute de sorte d'objets magiques, charmes et autres potions, ainsi que son bâton enchanté. Il le pointa vers la porte interdimensionnelle et avança d'un pas hésitant.

- Ethérius !

Le jeune sorcier s'arrêta net à son nom. Il se retourna et vit Chima la centaure, essoufflée certainement par sa course, et qui vivait non loin de sa cabane.

- Tu ne peux pas faire cela ! C'est de la folie ! C'est une légende. L'éclat des Mille Portes n'existe pas !

- Ne devrais je pas faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le revoir, le ramener ici ? Et si cette légende existait réellement ? Ce parchemin est une piste que je ne peux pas ignorer ! Il faut que j'essaie...

- Et si toi tu ne revenais pas !

- Ridicule, je suis un Voyageur...

- Harween était aussi un Voyageur, bien plus expérimenté que toi !! Hurla Chima

Le vortex émit un bruit bizarre, et Ethérius jeta un coup d'œil dessus. La porte allait bientôt se refermer, et Ethérius savait qu'il ne pouvait pas la rouvrir avant cent ans. C'était maintenant où jamais.

- Chima, prends soin de mes Aqualicornes, et aussi de Mark ... Il a tendance à manger beaucoup trop.

- Ethérius ! Je me fous de ton Griffon ! Reste !

- Adieu, mon amie...

Ethérius entendit Chima crier de ne pas faire cela. Mais son corps était déjà en train de se disloquer dans le vortex.


C'est la tête lourde qu'Ethérius se réveilla de son voyage. Il émit un gémissement, qui fut suivi d'un violent renvoi. Il vomit tout ce qu'il avait mangé plutôt dans la journée. Quand les vomissements s'arrêtèrent enfin, Ethérius releva la tête et essuya d'un coup de main la salive débordante. Il stoppa son geste quand il découvrit son environnement. On l'avait allongé sur un lit sans matelas. Sur sa droite, un sceau servant surement pour se soulager de ses besoins et devant lui, des barreaux qui grésillaient régulièrement. C'est une cellule où régnait une étrange atmosphère. Elle n'était pas comparable avec les prisons de son monde. Ici tout était gris et froid. Ethérius se leva non sans difficulté. Il avança jusqu'aux barreaux qu'il attrapa de sa main droite. De suite un coup d'électricité le traversa de part en part. Il cria de douleur avant de se recroqueviller. Il souffla sur sa main douloureuse et remarqua qu'il avait été dépossédé de ses affaires.

- Non... murmura t-il

Il tapota partout sur lui, plus rien ne subsistait. On lui avait tout pris. Il se mit à tourner en rond pour voir si on avait pas déposer ses affaires dans un coin de la cellule, sans succès.  Il donna un coup de poing de rage dans le mur gris.

- Et bien... Quelle colère. J'ai bien fait de vous enfermer quand je vous ai trouvé.

Ethérius se retourna vivement au son de la voix. Il faisait face à un être étrange. Une peau bleutée, des membres longilignes et minces. Il portait sur lui, une sorte d'armure en acier qui reflétait le peu de lumière qu'il y avait dans le couloir. Il avait de grands yeux noirs si profond qu'il n'était pas bon de soutenir son regard. Ses mains étaient couvertes de bijoux eux aussi gris, et elles étaient pourvues que de trois doigts tout aussi longilignes que le reste de son corps.

- Où suis-je et qui êtes vous ? Qu'avez vous fait de mes affaires !

- Toutes ces questions, je vous les retourne, répondit l'être bleu.

Ethérius marqua un temps d'arrêt. Il trouva son geôlier plutôt calme. Il n'arrivait pas à sentir de la haine en vers lui. Cet être l'avait surement enfermé ne savant pas ce qu'il était et d'où il avait pu arriver.

- Je m'appelle Ethérius, de la Lune de Fayé , je suis un Voyageur et je suis à la recherche d'un artefact.

L'étranger cligna des yeux à sa présentation, puis émit un bruit bizarre et s'inclina.

- Je suis Octölö, et vous avez atterri dans mon laboratoire de recherche. Sans que je comprenne comment ni pourquoi .

Ethérius grimaça. Le vortex l'avait amené directement chez un autochtone de la dimension qu'il avait ouvert. C'était bien sa veine. Maintenant il ne savait pas comment il allait sortir de ce pétrin.  Octölö émit encore une fois un bruit bizarre puis commença à s'en aller.

- Attendez ! Hurla Ethérius tout en touchant de nouveau les barreaux, qui lui envoyèrent une nouvelle décharge électrique. 

- N'avez vous pas deviné qu'il ne fallait pas toucher aux barreaux ? Je vous pensais plus intelligent que cela, au vu ce que vous transportiez sur vous, mais visiblement ce n'est pas le cas...

Ethérius se massa les mains et se mordit les lèvres pour s'empêcher de gémir de douleur.

- Faites moi sortir d'ici ... murmura t-il à son geôlier

Octölö cligna encore des yeux, tout en le considérant, puis dit :

- Pourquoi ferais je cela ?

- Vous avez dit que j'étais tombé dans votre laboratoire, vous êtes un chercheur je suppose. Si je vous dit comment j'ai voyagé et atterri ici, accepteriez vous de me libérer et de me redonner mes affaires ? 

Octölö ne cessa pas de le regarder en silence. Il semblait réfléchir. Il claqua soudainement ce qui devait être sa langue dans sa bouche. Puis il s'éloigna de la cellule. Ethérius était déconfit. Visiblement l'autochtone ne semblait pas décidé à le libérer. Néanmoins il entendit un cliquetis de loin et d'un coup les barreaux se déplacèrent sur les cotés, laissant une place assez large pour qu'il puisse sortir. Ethérius, étonné, s'avança jusqu'à la sortie de sa cellule. Il tourna la tête vers la direction prise par Octölö. Il était juste à coté ce qui devait être un système de contrôle des portes des différentes cellules présentes dans ce couloir.

- Hachäkä va surement me tuer, mais je suis, comme vous le dites, "un chercheur". Ma curiosité est plus forte que tout. Je veux tout savoir.

- Qui est Hachäkä ?

- Quelqu'un sans aucune importance...


Le sorcier sourit, il avait deviné la nature de cet être étrange. Il devait être comme lui, un grand sorcier, qui faisait des recherches quelconques. La créature partit sans le prévenir, mais il le rattrapa et lui emboita le pas. Pendant de longues minutes, ils traversèrent des couloirs à n'en plus finir, tous aussi gris que sa cellule. Octölö n'était pas du genre bavard et semblait être à mille lieux d'ici. Ethérius n'en fit pas de cas et le suivit sans dire un mot. Ils arrivèrent enfin dans ce qui devait être son laboratoire. Ethérius se statufia devant cette salle plus qu'étrange. Rien ne ressemblait à un repaire de sorcier. La salle était de forme ovale avec une grande verrière donnant sur, ce qui devait être, un océan. Il était dans une bulle de verre. Octölö s'avança au milieu de la pièce où une grande table était installée avec de nombreux objet que le jeune sorcier n'arrivait pas à déterminer. L'être bleu se pencha d'un coté et ouvrit un tiroir où il n'y avait ni marquage, ni poignée. Il farfouilla et sortit le sac d'Ethérius, puis il plongea la main et sortit un des ouvrages sur les mondes parallèles.

- Qu'est ce donc ? Demanda Octölö

- Un livre, mais... vous ne devez rien y comprendre, nous ne parlons pas la même langue et...

Soudain Ethérius s'arrêta. Comment comprenait-il l'être qui était face à lui ? Ils n'étaient pas du même monde, ne se ressemblaient aucunement, alors comment pouvait-il lui parler ? Octölö feuilleta rapidement le livre avant de le refermer.

- C'est exact, je n'arrive pas à lire vos écrits. Je ne les comprends pas.

- Alors, comment se fait-il que nous arrivons à communiquer ?

- J'ai mis sur vous un dispositif qui permet de me faire comprendre et de vous comprendre.

- Un dispositif ? Où cela ? Je ne porte rien d'autre que ma robe ? Un sort peut être?

- Non... Un petit appareil que j'ai introduit dans votre cerveau le temps que vous étiez inconscient.

- Qu'avez vous fait ?

Ethérius se toucha la tête frénétiquement.

- C'est indolore et pratique.

Paniqué, le jeune sorcier secoua la tête pour essayer de faire sortir ce "dispositif" de la tête. En vain. Octölö le regarda intrigué.

- Tout le monde porte un criptoleur ici. Mais vous n'en aviez pas, alors j'ai réparé ce préjudice.

- Enlevez moi ce "criptoleur" !

- Je ne peux pas, il fait parti intégrante de votre corps maintenant. Et je ne pourrais plus vous comprendre si vous venez à l'enlever. Comment avez vous fait pour venir ici ? Vous n'êtes clairement pas de notre monde.

- Je... Ne répondrais pas à cette question ! Vous m'avez touché et enfoncé un truc dans ma tête sans ma permission !

- Vous auriez donné votre permission si je vous l'avais demandé ?

- Oui !!

- Alors la question est réglée. Parlez moi de votre voyage pour arriver jusqu'ici ? Et pourquoi êtes vous là ?

Ethérius observa Octölö qui semblait sérieux dans son attitude.

- Je suis arrivé par un vortex...

- Un vortex ?

- Oui, chaque monde, chaque dimension est reliée et nous avons la capacité de voyager d'une dimension à l'autre.

- Comment ?

- Avec la sorcellerie, les pentacles sont les clés des différentes dimensions. Certaines sont très connues, d'autre se sont perdues au fils du temps et la votre en faisait partie, jusqu'à maintenant.

 - Sorcellerie ? Je ne connais pas ce mot, il n'y a pas son équivalent dans ma langue.

Octölö se retourna vers la table d'où surgit une console.  Une fenêtre translucide apparut au dessus l'autochtone où des symboles se distinguèrent au fur et à mesure qu'Octölö les lisait.

- Comment avez vous fait cela ? Demanda Ethérius en s'approchant de la console, intrigué par un tel prodige.

- C'est l'ordinateur central.

- L'ordiquoi ?

- L'ordinateur central est une sorte de grosse machine, la plus intelligente sur notre planète. Elle fonctionne toute seule, pense toute seule et apprend aussi. Je rentre dans un logiciel ce mot "sorcellerie". Peut être qu'elle le connait ? Mais... Je n'en ai pas l'impression... Par contre vortex n'est pas un mot inconnu pour elle.

- Elle ?

- Nous l'appelons EMI, Essentielle Machine Intelligente. Grace à elle, nous vivons dans les meilleures conditions possibles. Et en retour nous la servons.

- Elle connait les vortex, mais pas la sorcellerie ?

Octölö ne répondit pas de suite. Il lisait d'autres symboles qui apparaissaient.

- Non... Mais c'est étrange, EMI sait que vous êtes là et veut vous rencontrer... Elle n'a jamais demandé à un des habitants de Logos de venir la voir. C'est... une grande première. Pourquoi voudrait-elle vous rencontrer ?

 J'en sais rien moi non plus, pensa Ethérius, devenu subitement méfiant.

Octölö referma la fenêtre translucide et se retourna vers Ethérius. Ses pupilles noires le scrutaient intensément.

- Montrez moi comment êtes vous arrivé là ? Ensuite je vous conduirai à EMI comme elle le souhaite.

 Ethérius se braqua et dit :

- D'abord, dites moi si vous avez déjà entendu parlé de l'éclat des Mille Portes !

Octölö cligna des yeux et recula d'un pas.

- Non... Nous n'avons pas d'éclat des Mille Portes.

Il ment, il est en train de paniquer, ça se voit dans son comportement, pensa Ethérius

- Mais EMI sait peut être quelque chose sur cet objet ? répondit Octölö.  Elle saura vous répondre j'en suis sur.

Ethérius baissa la tête par regret.

- Alors montrez moi votre "sorcellerie", demanda Octölö



Octölö marchait d'un bon pas. Il ne semblait pas content de la démonstration d'Ethérius. Les pentacles qu'il avait dessiné pour l'expérience, faisaient apparaitre des vortex dans des dimensions aléatoires.  Il ne voulait surtout pas monter la voix pour aller sur la Lune de Fayé. Il se méfiait de plus en plus de l'être qui se trouvait devant lui maintenant. Pourtant Octölö lui avait rendu son bâton magique, après avoir essayer de dessiner à son tour un pentacle qui fort heureusement ne fonctionna pas avec lui. Il n'avait aucune magie en lui, contrairement à Ethérius et c'était rassurant.

Ils tournèrent à droite à une intersection puis continuèrent à marcher pendant cinq minutes. Ces longs couloirs gris donnaient le tournis à Ethérius. S'il devait s'enfuir, il serait incapable de trouver la sortie, s'il en existait une seule... Car depuis son arrivé, à part le laboratoire qui donnait sur l'extérieur, et encore c'était dans un océan, il n'avait pas vu la lumière d'un quelconque soleil.

- Halte! Vous ne pouvez pas passer ! cria -t-on

- Hachäkä, c'est EMI qui m'envoie... Elle veut le rencontrer.

Ethérius sursauta au prénom de l'autre autochtone. Octölö laissa place pour montrer le sorcier derrière lui. En même temps les mains touchèrent le front du gardien hachäkä qui ne bougea plus. Il avait les yeux dans le vide puis revint subitement à la raison.

- Je vois...

Il se tourna vers une console où apparut de nouveau une fenêtre transparente. Il tapa sur des symboles et la grande porte qui leur faisait face s'ouvrit lentement. Ethérius se pencha sur le coté pour entrapercevoir une immense salle plongée dans le noir.

- Elle vous attend... Dit Octölö

- Vous ne venez pas ? Demanda Ethérius.

- Non, elle n'a demandé que vous et vous seul.

Ethérius grimaça, soupira puis finalement s'avança, plongeant dans le noir complet. La porte se referma derrière lui dans un grand fracas. Il sursauta puis inspira pour se donner de la force. Ne voyant rien, il serra son bâton et prononça quelques mots magiques. Une lueur apparut au dessus du bâton et ainsi il éclaira la salle. Il n'y avait rien, si ce n'est au milieu de la salle un présentoir avec un joyau qui reflétait la lumière magique.

Le sorcier marcha lentement, par crainte d'une attaque quelconque, jusqu'à arriver devant le joyau. Il l'observa plus attentivement, et devina dans ses reflets des centaines de petits vortex tourbillonnants.

- L'éclat des Mille Portes ! s'exclama Ethérius.

- Oui... C'est bien lui, répondit une voix dans la salle.

Ethérius se retourna vivement vers la voix, mais ne vit personne. Il fronça des sourcils, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

- Et il ne vous appartient pas, continua la voix

- Qui êtes vous ? Montrez vous !

- Je suis EMI, je suis l'entité de cette planète. Vous ne pouvez pas me voir car je suis fait de tout et de rien. Ce que vous voyez devant vous est mon cœur. Sans lui, je ne peux vivre.

- Si vous n'êtes pas visible, alors il m'est facile de vous prendre votre cœur !

- A votre place je n'essayerai même pas, vous pourriez subir de terribles conséquences  si vous le voliez... La mort simplement.

Ethérius frissonna à ses mots. Il avait devant lui l'éclat des Milles Portes, pourtant il ne pouvait s'en emparer sous peine de mourir. Il avait fait tout ce chemin pour rien. Abattu, il se laissa tomber par terre.

- Alors je ne le reverrais jamais... Chuchota-t-il

- Qui cela ?

- Celui que j'aime, celui qui s'est perdu dans les dimensions. L'éclat des Milles Portes était le seul espoir pour le revoir. Avec ma sorcellerie j'aurai pu faire quelque chose, mais si je meurt...

- J'ai dit que vous ne pouviez le prendre, mais je peux toujours vous aider dans votre quête. Que faut il faire ?

Ethérius n'était pas certain d'avoir bien entendu, mais comme EMI répéta la même phrase une seconde fois, le sorcier sortit en vitesse le parchemin lui indiquant les procédures pour faire réagir l'éclat. Un autre pentacle était dessiné en dessous de celui qui l'avait amené sur Logos. Il se leva et commença à dessiner par terre à l'aide de son bâton, le pentacle en question autour de l'éclat. Quant il eut fini, il regarda vers le haut de la salle et cria :

- Si vous le permettez je vais lancer le sort !

- Je suis prête, allez y...

Ethérius sourit. Il prit le bâton de ses deux mains et prononça la formule qui accompagnait le pentacle, puis il abaissa son arme enchanté sur le dessin qui se mit à briller fortement. Soudain la salle fut complètement éclairée, et Ethérius entrevit alors EMI. Il se mit à hurler. Un grondement se fit entendre puis Ethérius disparut complètement, lui et sa magie. L'immense pièce redevint alors noire et silencieuse. C'est à ce moment là que la grande porte s'ouvrit de nouveau et qu'Octölö entra à son tour.

- Il est parti ?

- Oui, répondit EMI

- A t-il eut satisfaction auprès de vous ?

- Il voulait revoir un être cher à son cœur. La porte en question s'est ouverte à lui et l'a avalé.

EMI se tut quelques instants avant de reprendre :

- Combien d'autres Voyageurs aurons nous encore à gérer Octölö ?

Octölö soupira et hocha la tête.

- Je ne sais pas ô grande EMI, mais nous ferons tout pour vous protéger, vous et l'éclat des Mille Portes.

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