J'ouvre à moitié mon œil droit et pose mon regard sur le réveil mais je ne vois rien : j'avais oublié que M.Lazuli l'avait cassé. Je soulève entièrement mes paupières et je m'étire tout en bâillant à m'en décrocher la mâchoire. Je me lève avec peine et j'ouvre mes volets d'un coup sec, respirant à plein poumon l'air de ma petite ville tranquille. Vu le soleil, il doit être 9h. Je prend mon portable pour vérifier : il est 8h30, j'y étais presque. A ce moment, M.Lazuli sort lui aussi de son sommeil et bat vigoureusement des ailes pour me signaler que c'est l'heure de ses graines.

-Pas maintenant l'oiseau, tu les auras tes graines disons... vers 10h.

-Graines ! Graines ! Lazuli veut graines ! me cria le ara bleu

-Non non non, c'est moi qui décide et tais-toi, les parents dorment encore sinon tu ne les auras pas du tout ! lui chuchotais-je

-... graines plus tard...

M.Lazuli me regarde avec pitié mais je garde la tête haute : il ne m'aura plus ! Déçu de son échec, il se rendort et, comme d'habitude, ne se réveillera qu'à midi. J'enfile mes habits, fais ma toilette matinale et je prend mon petit-déjeuner calmement. Il ne se passe pas grand-chose pendant une demi-heure, la cuisine est vide, le salon avait été nettoyé la veille. Le seul bruit audible est celui du jouet de Jonquille, qu'elle ne veut pas lâcher, persuadé par l'odeur qu'un morceau de viande se trouvait à l'intérieur et qu'il faillait "juste" l'exploser avec ses crocs et le balancer dans toute la pièce pour libérer le précieux butin. Aujourd'hui, ma tante venait nous rendre visite mais cela ne m'intéressais pas : je ne la vois que quelques fois par an et pour les fêtes. En plus, elle ramène Somarin, son fils. Sérieusement, qui appelle son enfant Somarin ?! On dirait un nom de plante ! Comme si cela ne suffisait pas, il est Insupportable avec un grand I. Il n'arrête pas de tirer la langue, de désobéir, de crier quand on ne lui donne pas ce qu'il veut et le PIRE c'est qu'il me fait TOUJOURS porter le chapeau et CA MARCHE ! Un vase cassé parce que je ne l'est pas autorisé à utiliser mon portable ? "C'est pas moi c'est Clémence la méchante ! OUIN !". Un tsunami d'eau parce qu'il a laissé le bain couler pour faire comme les pirates ? "Clémence a dit qu'elle surveillait mon bain ! Elle veut que je sois puni ! OUINNNNNN !". Un vrai calvaire je vous jure... Mais cette fois, j'ai un MEGA plan ! C'est........... hein ?... C'est quoi ça ? Je jette un coup d'œil au jardin par la porte vitrée de la cuisine et je distingue quelque chose dans le ciel, un point noir très petit.

-Qu'est ce que c'est ? C'est si petit on dirait un moucheron mais pourtant, c'est beaucoup plus loin... Une météorite ? Quand même pas, il y aurait du feu.... Un avion ? Bien trop petit ! C'est à peine si je le distingue ! Quoi que... En fait c'est vachement près de chez nous ! Une seconde, je rêve ou ?... Mais oui, c'est en train de tomber ! Jonquille, quelque chose tombe au fond du jardin !!!

Ma chienne tourne la tête à l'appel de son nom mais n'a visiblement pas compris ce que je lui raconte. Je lui demande si c'est une bonne idée d'aller voir de plus près et cette fois, elle aboie comme pour me dire "Ouai vas-y je reste ici pour t'avertir si tes parents se réveillent !". Bien sûr, je n'ais aucune certitude quand à ce qu'elle me dit mais son regard suffit pour comprendre qu'elle est avec sa maîtresse. Je hoche la tête en signe d'accord et je cours mettre mes baskets et une veste en jean. Je referme la porte derrière moi et cherche du regard le point noir dans le ciel. Après un court instant, je le retrouve enfin, toujours en train de chuter vers l'arrière du jardin mais là, il est à quelques instants de l'impact ! Je ne sais pas quel réflexe ou quel instinct se déclenche mais au lieu de m'abriter, je cours vers l'endroit présumé de la chute et, même si mes jambes rêve de courir à l'intérieur, je reste planté là, les mains ouvertes, la boule au ventre et par je ne sais trop quel miracle, la "chose" se posa délicatement au creux de mes deux mains, comme si elle a été ralentie par l'air juste au bon moment. Je détourne la tête de peur de savoir ce que j'ai actuellement dans ma main. Vers le sommet de l'objet, quelque d'assez léger s'était aplati sur mes paumes. Au centre, quelque chose de... compliqué, je ne peux pas vraiment le définir... Je suis troublée et, sans poser le moindre regard dessus, je ferme doucement mes deux mains de peur de briser quoi que ce soit. Je sens que l'objet s'est également plier sans casser à ce mouvement et je fonce dans ma chambre, sans enlever mes chaussures qui ne sont pas si sale que ça.

Je reste un petit instant sur mon lit, à l'écoute de tout, avec la peur de savoir ce que j'ai rattrapé en plein vol... littéralement !

-Allez Clem, ça ne peut pas être si terrible hein, sinon tes mains ne seraient plus là ! me répétais-je dans la tête. Allez je compte jusqu'à trois et je regarde : 1...2...3 !!!