Je me lève d'un bond, prête à sauver le "jouet" de la noyade même si je perd ma dignité. Je vois revenir le diable et il me demande si on peut rentrer. A ce moment là, je saisis l'occasion de faire d'une pierre deux coups.

-Ecoute moi Somarin, lui dit-je de ma voix la plus envoûtante (Il ne résiste JAMAIS la première fois que je l'utilise), tu va être un ange, prendre mes clés et rentrer comme un grand à la maison. J'ai perdu mon portable quelque part et je vais le chercher ok ? Je te rejoins.

Comme prévu, ça marche et comme par miracle il m'obéit et cours dans la direction opposé à la mienne. Je cours au ponton et plonge sans réfléchir dans le lac.

J'ai l'habitude d'ouvrir les yeux sous l'eau et je cherche Riku depuis le fond. Je le retrouve peu de temps après, il est à la surface. Malheureusement, les vagues produites par le vent un peu fort de cette journée d'été suffisent à submerger ses 15 centimètres de hauteur et il n'arrive pas à nager jusqu'à la rive, les vagues le poussant vers le centre du lac. Je remonte à la surface et j'attrape sa main avant de nager le plus vite possible jusqu'à le terre ferme...

Je m'étend de tout mon long dans l'herbe, épuisée. D'habitude, même lors des compétitions, je garde quelques forces mais là, j'ai vraiment tout donné. Je lâche Riku qui, au lieu de s'étonner ou de s'enfuir ou de simplement paniquer, s'assoit tranquillement en face de moi, une jambe à terre et l'autre, genou plié. Il me parle, sans hurler cette fois-ci :

-Merci de m'avoir sauvé. Je n'aurai pas pu continuer longtemps comme ça. Mais... Pourquoi tu m'as sauvé ? Je croyais que je n'étais qu'un jouet... et vu ta tête, tu n'étais pas sincère quand tu disais que tu me voulais.

-Disons... que j'avais envie de me baigner...

-Mais oui, bien sûr... Et je peux connaître le nom de cette "baigneuse" ?

-Clémence... Mais appelle moi Clem...

-Ok Clem, moi c'est Riku. Dis moi, tu le connaît le petit borné qui ne m'entend pas quand je lui hurle de me lâcher ?

-Ce petit borné, c'est le diable en personne et il est accessoirement mon cousin. Il s'appelle Somarin.

-Alors toutes mes condoléances. 

Je ris : Il a toujours eu cet humour si spécial qui le rend à la fois froid et amical. Il me fixa un moment avant de détourner son regard sur le reste du parc.

-Je sais que je suis assez petit, continua Riku, mais du coup je ne sais pas vraiment où je suis... Tu peut m'éclairer ?

Je me relève et je m'assois en tailleur pour être un peu plus à l'aise.

-Actuellement, tu es dans le parc de la ville et de ce que j'ai compris, tu étais accroché à la branche d'un arbre n'est ce pas ? Mais comment tu es arrivé sur cette branche ?

-... En fait, je cherche un ami qui devrait se trouver ici, en tout cas j'espère, et quand je suis arrivé, j'étais à quelques mètres au dessus de cet arbre et dans ma chute, je me suis accroché à cette branche. La suite, tu l'a connais...

Il parle forcément de Sora. Cela me fait penser que je dois rentrer à la maison mais surtout, que Sora est dans le grenier, sûrement en train de dormir.

-Eh Riku, tu veux savoir pourquoi je t'ai sauvé ?

Il tourne sa tête dans ma direction.

-Déjà, je ne suis pas aveugle : ça se voit que tu n'es pas un jouet Riku.

Il me lança un petit soupir, comme pour me dire qu'il était soulagé de ne pas être une figurine pour enfant.

-Mais surtout, ce matin alors que je prenais mon petit-déjeuner, j'ai vu quelque chose tombé dans mon jardin. Je l'ai rattrapé et ramené dans ma chambre et en fait, j'avais rattrapé une autre personne, petite comme toi voire quelques centimètres de moins. Il a eu moins de chance que toi puisqu'il a chuté de beaucoup plus haut, au dessus des nuages sûrement, et il était donc gelé. En ce moment, il dort dans mon grenier. Ce que je veux dire, c'est que 2 personnes minuscules qui tombent du ciel le même jour, ce n'est pas une coïncidence. C'est sûrement l'ami que tu cherche : il s'appelle Sora.

Au moment où je prononce "Sora", Riku perd son sang-froid, qu'il ne perd qu'en situation extrême.

-Sora est chez toi ?!

Je sais que je dois l'amener auprès de lui. Je me lève, nous avons tout les deux repris des forces et séchés pendant notre discussion et j'invite Riku à sauter dans la poche avant de mon fourre-tout, là où il n'y a rien, pour prendre le chemin du retour. On continue de discuter de tout et de rien, du fait que l'on a le même âge mais, disons-le, pas la même taille mais Riku m'assure qu'en temps normal, il pourrait me dépasser mais je ne suis pas sûr : je suis quand même la plus grande fille de ma classe. Il me pose alors une question déroutante :

-Tu es sûr que Sora est en sécurité ? Personne ne peut le trouver ?

-Là, lui répondis-je, il est dans mon grenier, surveillé par mes deux fidèles gardes : mon perroquet, M.Lazuli et ma chienne, Jonquille ! Tiens tiens, quand on parle du chien, elle est au bout de la rue !... Attend un peu, pourquoi elle est là ?? Jonquille ! Viens ici, que se passe t-il ?