Préchauffer le four à 210°C

Ce jour-là, Namjoon était sorti dehors avec un doudoune noire qui le protégeait du vent frais. Un bonnet rouge qui couvrait ses cheveux à peine coiffé. Une écharpe blanche pareille à la neige sur le sol, autour de son cou. Et des gants noirs pour ses petites mains d'enfants de huit ans.

Il marchait doucement pour éviter de glisser, en faisant la route inverse de ce qu'il avait l'habitude de faire en quittant l'école élémentaire. C'est que, pendant qu'il jouait avec son tout nouveau jouet, son papa lui avait demandé d'acheter le pain à la boulangerie. Il ne s'était bien sûr pas défilé, surtout que son père lui avait donné de l'argent supplémentaire pour qu'il s'offre son dessert préféré.

Le voilà arrivé. Il reprit de nouveau son doux sourire quand il pénétra dans cet endroit. Il se dirigea bien vite vers le comptoir, là où y reposait la caisse et où se trouvait derrière le boulanger. Ce dernier, faussement surpris, interrogea le nouveau venu.

« Oh, mais qui voilà en ce jour de Noël ? Ça ne serait pas Namjoon sous toute cette couche de vêtements ?

- Si, c'est moi, monsieur. »

Il baissa l'écharpe qui lui bloquait la bouche et une partie de son nez, et sourit à l'homme pour que l'on l'identifie.

« Ah c'est bien mon petit Namjoon ! Joyeux Noël, mon grand !

- Joyeux Noël ! »

Et ils finirent par discuter ensemble pendant ce petit laps du temps où aucun client n'était présent dans la petite boulangerie.

Namjoon lui avait raconté que le Père Noël lui avait offert des Playmobils et même une toupie Beyblade. Et comme quoi, il s'amuserait avec ses jouets une fois qu'il ira chez Hoseok, un peu plus tard. Mais il s'arrêta au soudain souvenir de la requête que son père. C'était complètement sorti de sa mémoire.

« Monsieur ! Je dois acheter deux baguettes de pain bien chaudes et un éclair au chocolat pour moi, s'il vous plaît.

- Tu as l'argent ? »

Namjoon acquiesça et déposa les pièces qu'il tenait dans la main, depuis tout le trajet, dans la paume de l'homme. Ce dernier compta l'argent pour vérifier si rien ne manquer. Cependant, il se mordit la lèvre inférieure quand il remarqua que cela ne suffisait pas à tout acheter.

« Il te manque mille Wons Namjoon...

- Non, mon papa a dit que c'était bon, répondit simplement le bambin.

- Tu as peut-être fait tomber une pièce par mégarde ? »

Namjoon secoua la tête, convaincu que ce n'était pas le cas. Il n'aurait pas pu en perdre. À moins que ce soit au moment où il était tombé des escaliers à cause de la neige. Mais il était pourtant sûr d'avoir tout ramassé !

Ses yeux devinrent rapidement larmoyants. Il continua de secouer la tête même s'il savait que l'argent manquait, par sa faute. Son père allait le gronder, et il n'aurait pas son éclair au chocolat. Ça ne devait pas arriver...

Voilà que des petites larmes dévalèrent sur ses joues bouffies et rosées, et que son corps subit de légères secousses à force qu'il se retenait de ne pas sangloter bruyamment. Il tenta d'articuler malgré sa gorge nouée :

« Je, je voulais juste manger l'éclair, j'ai même pas fait... »

Il fut coupé par ses propres couinements alors que les larmes sur ses joues s'accentuèrent. Le pâtissier, attendri mais un peu paniqué face à la scène qui s'offrait à lui, fit le tour du comptoir pour l'approcher. Il n'eut pas le temps de s'accroupir pour tenter de consoler Namjoon qu'il orienta son regard sur la nouvelle arrivante. Ses traits s'adoucirent automatiquement témoignant de sa joie, et peut-être son soulagement.

Mettre la casserole hors du feu.

« Oh, mais pourquoi un enfant adorable pleure-t-il ici ? demanda la cliente. »

Elle était habillée d'une chemise blanche à peine repassé, recouvert par un long manteau noir et d'un jean dépravé, accompagné de ses claquettes. C'est qu'elle n'habitait pas très loin de cet endroit pour se mettre sur son trente-et-un. Elle avait ses cheveux bruns attachés à la va-vite, sûrement par manque de temps et tenait à la main, un petit garçon aux cheveux d'un noir profond, couvert correctement face à ce froid, et qui fronçait les sourcils en regardant Namjoon.

La femme s'approcha des deux hommes, s'abaissa pour essuyer doucement les larmes de Namjoon. Elle abordait un sourire réconfortant dont elle seule avait le secret.

Les couinements de Namjoon cessèrent peu à peu à cette figure maternel, même s'il continuait à renifler bruyamment tout en faisant la moue. Le fait qu'il ne puisse pas s'acheter son dessert préféré l'attristait encore.

« Pourquoi il pleurait, chéri ? questionna la brunette en se remettant droite. »

Le boulanger après avoir déposé un chaste baiser sur les lèvres de sa femme, commença à lui expliquer la situation.

Pendant ce temps, Jimin tenait toujours la main de sa génitrice, mais son regard curieux était dirigé vers Namjoon. Ce dernier fixait le sol en silence. Du haut de ses six ans, Jimin cherchait désespérément à savoir la raison qui se cachait derrière les pleurs du plus grand. Pourquoi pleurait-il un jour de Noël ?

Jimin mit fin à l'étreinte de sa mère sur sa main et alla, doucement pour ne pas le brusquer, devant Namjoon. Il retira de sa bouche la sucette goût fraise que sa mère lui avait offert ce matin et la tendit vers le garçon dans le but de le rendre plus joyeux.

Namjoon l'avait considéré de ses yeux vitreux, mais finit par refuser l'offre en secouant timidement la tête. Puis il réfugia la moitié de son visage dans son écharpe blanche.

« Tu ne veux pas, t'es sûr ? Mais c'est trop bon celui-là ! Affirma Jimin, des plus étonnés à ce qu'on refuse une gourmandise. Surtout la sucette goût fraise.

- Jimin, tu as déjà mis cette sucette dans ta bouche, alors tu la gardes mon grand, dit fermement le boulanger à l'encontre de son fils, et Namjoon, tu pourras l'avoir ton éclair au chocolat. Tu n'as qu'à considérer ceci comme mon cadeau en ce vingt-cinq décembre ? »

Namjoon baissa à nouveau son écharpe et leva la tête vers les adultes pour s'assurer que ce n'était pas une blague. Et d'après leur sourire chaleureux, c'était loin de l'être. Il finit par les remercier en afficha un énorme sourire à son tour, comme il en faisait rarement. Voyant que ce n'était pas assez pour évacuer son trop-plein de bonheur, il se mit même à sautiller sur place, sous les regards amusés des adultes et ceux perdus de Jimin. Il était heureux de pouvoir manger un éclair au chocolat, surtout un gratuit.

« T'as des trous dans les joues quand tu souris, remarqua Jimin en se rapprochant un peu plus de son aîné. Il fut soudainement intrigué par le creux qu'il pouvait apercevoir sur les joues du noiraud. »

Y incorporer cent cinquante grammes de farines.

L'homme s'en était allé chercher les deux baguettes de pain, pendant que la femme s'occupait à mettre l'argent dans la caisse, laissant les enfants discuter.

Namjoon, toujours souriant, secoua tardivement la tête à l'affirmation de Jimin.

« Maman m'a dit que c'était des fossettes, c'est pas des trous.

- Fossettes ?, répéta Jimin pour savoir si sa prononciation était bonne. C'est qu'il ignorait qu'un tel mot existait avant aujourd'hui.

- Oui ! Fossettes. »

Jimin dirigea son petit index vers cette fossette. Il afficha un air étonné et des plus intrigué en réussissant à mettre son doigt dedans sans que celui-ci disparaisse. Ce n'était pas un trou.

Namjoon l'avait laissé faire en l'observant juste du coin de l'oeil. Pour l'instant ça ne le dérangeait pas vraiment. Cela l'amusait presque.

Pourtant il se figea en constatant que le doigt fut remplacé par des lèvres pulpeuses pendant quelques instants. Namjoon s'éloigna bien vite et posa automatiquement la paume de sa main sur sa fossette. Il ne s'attendait pas à ce qu'on lui fasse un bisou à cet endroit, surtout un garçon. D'habitude, c'était toujours ses parents et sa grande sœur. Cette sensation était vraiment étrange, surtout qu'il ne connaissait même pas le plus petit.

« Je peux te faire encore ? Je veux faire un bisou à l'autre fossette aussi, sinon elle va être triste.

- Namjoon, ta commande est prête. »

Le plus grand enfant ignora la requête de son cadet et prit les deux baguettes de pains mises dans un sac en papier. Il plaça ceci sous son aisselle et veilla à ne pas le faire tomber grâce à ses mains et à la force de ses bras. Il prit dans sa main libre l'éclair au chocolat que la femme lui tendait et la remercia encore une fois.

Jimin avait profité qu'il soit occupé et souriant pour appuyer ses lèvres sur l'autre fossette. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il ne s'était même pas rendu compte qu'elle disparaissait au fil du temps et que Namjoon rougissait de honte, sans le repousser.

« Mon chéri. Arrête ça. Tu vois pas que Namjoon est embarrassé à cause de toi et tes bisous ? Pourquoi tu lui en fais autant, d'abord ?

- Ça veut dire quoi embarrassé, maman ? »

Namjoon profita du fait que les lèvres de Jimin ne soit plus en contact avec sa peau, mais à remuer entre elles lors de sa discussion avec sa mère, pour se précipiter vers la sortie.

Malgré le froid et la neige dehors, rien n'était en mesure de faire redescendre la rougeur de ses joues.

Remuer jusqu'à l'obtention d'une pâte compacte.

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J'sais pas si il y'en a qui ont lu les tags, mais l'histoire sera assez (très) fluff.

J'avais fait ce dessin en pensant à la scène, huhu. À part que là, ils portent des vêtements d'été. Mais bref.