Tourments
Les tourments sont tellement présents dans nos vies. Ils se présentent sous toutes les formes et tout le temps. On ne s'en sépare jamais. Nous en avons tous , sans exception.
***
- J'ai des questions à te poser, marmonna Dallas, mais je le ferai après t'avoir raconté mon histoire parce que, après tout, tu étais juste de l'autre côté du miroir.
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- Ce jour là, cette journée, ce n'était pas une bonne journée. Enfin, je suppose que tu le sais. Mais, c'est ce que je n'ai pas arrêté de me dire quand j'étais dans le coma. « Ce jour ci était vraiment nul. Vraiment. ». Je sais que ça à l'air carrément ... débile. Mais c'est ce que je me suis dit. Ne me demande pas pourquoi, moi-même je ne le sais pas.
Quand j'étais encore endormie je nous voyais, nous. Comme si je sentais que tu étais ... décédée. Lorsque Katy me l'a dit, je ne l'ai pas entendu. Je l'ai deviné en lisant sur ses lèvres, je me sentais déjà partir. Comme si nos corps se quittaient en même temps. Je voyais la lumière mais je ne voulais pas m'y abandonner. Je me disais qu'ils avaient pu te réanimer.
Mais imagine mon choc quand j'ai vu Katy s'approchait de moi en larmes dans les premières minutes de mon réveil. Je ne me souvenais plus que tu n'étais plus des nôtres. Quand elle me l'a dit, mon dieu, j'ai ressentis un vide d'une profondeur infinie.
Sans abandonner, j'ai donc continué. Continuer de me battre. Il me fallait du courage pour ce qui se passa après. Et je l'ai eu. J'ai survécu à la dépression de papa et à la tentative de suicide de maman. Quel mal cela faisait de voir sa mère allonger toute la journée dans un lit et son père une bouteille d'alcool à la main. Quand maman à avaler ses médocs, ce qui m'a le plus percuté, c'est qu'elle n'avait pas laissé de lettre. A part un petit bout de papier déchiré avec marqué « Je suis désolée ». Trois mots qu'elle laissait à ses deux filles et à son mari pour expliquer qu'elle a voulu en finir et nous laisser.
Les paroles de papa quand il l'a vu inconsciente par terre, je ne les oublierai pas. Jamais. Il a dit : « Katy appelle une ambulance, explique leur que ta belle-mère a voulu se foutre en l'air. ». C'était la première fois que je voyais notre père être aussi vulgaire et nonchalant. Surtout pour ça ! Ca !
Je ne leur ai jamais pardonné. A l'un pour son égoïsme et à l'autre parce qu'il était juste un spectateur et un créateur du désastre dans lequel on trainait.
Mais je me suis battue. Je te jure que je me suis battue. Jusqu'à la fin. Toujours d'ailleurs. Il m'en a fallut du courage. Parce que, je suppose que tu le sais, à l'école j'étais persécutée par les autres. Dès le premier jour sans toi ils se sont jetés sur moi. Je ne voulais être avec personne, je restais sur ma fenêtre, assise, à regarder les autres jouer et à pleurer. Il y avait des gens qui passaient et qui me disait : « Alors, Mayer, t'es seule ? T'as plus ta sœur ? ». Rien ne me mettait plus en colère que ça ! Même les croche-pieds, les bousculades dans les couloirs ou les chuchotements sur mon passage, les yeux rivés sur moi et les personnes qui se disaient dans l'oreille : « Regarde cette fille, sa sœur est morte. ».
Je connaissais une fille qui s'appelait Hannah Baker et qui vivait ça aussi. C'était une des rares à laquelle je parlais beaucoup. La seule je dirais même. Elle a fini par se trancher les veines avec des lames de rasoir dans une baignoire. C'est seulement là que je me suis dit que le suicide n'était pas une option. Pas après les récidive de ma mère de se tuer, non, mais après le suicide d'une ado de ma classe qui devenait une amie.
« Dallas Mayer, tu es un modèle pour nous. » C'est ce que m'avait dit notre professeur principal un mois après que tu ne sois plus des nôtres. J'avais envie de lui lancer en pleine figure « Tu peux aller te faire voir ! Tu t'en fous de moi en vrai ! Tout le monde s'en fous de moi ! ». J'avais de la rage qui m'envahissais et qui restais avec moi à longueur de temps.
J'ai vécu avec ma tristesse pendant toutes ses années mais une seule chose peut m'aider à l'évacuer, me mettre en scène en face d'une caméra. C'est arrivé par hasard, grâce à l'ami de notre père qui voyait que j'étais dans la détresse et qui m'a gentiment proposé ce job d'été. Je me suis révélée. Ca m'a libérée de ce quoi j'étais enchainée.
Mais tu es revenue alors que j'avais réussie à accepter que tu n'étais plus là. J'avais essayé d'oublié tant bien que mal les moments de joie qu'on a vécu. Les paroles qu'on échangé dans nos lits séparés, les fous rires, les instants si doux avec Katy, nos soirées télé, nos jeux. Tout. Puisqu'on faisait tout ensemble.
Je me souviens, une fois, j'étais assise dans notre chambre, au pied de notre lit superposé, environ une semaine après ton accident. Je tenais nos poupées dans les mains et je te voyais en face de moi. Mais je me sentais si seule. Je me rappelle avoir fondue en larmes. Je ne pouvais plus toucher un jouet sans pleurer. Je n'ai jamais touché ton téléphone pour faire quoi que ce soit. D'ailleurs, j'ai toujours gardé tous nos messages. Tu peux vérifier, ils sont encore dans mon téléphone.
Je me plains mais tu devais tellement être malheureuse aussi. Nous avons ressentie la même chose. Ca peux sembler étrange mais je trouve ça normal étant donné que nous n'étions rien l'une sans l'autre. Nous avons toutes les deux criées dans le vide, pleurées notre solitude, soufferts, ... On avait chacune les mêmes rêves, les mêmes espérances. Se revoir, rire à nouveau ensemble, se parler.
Je ne veux pas que tout notre passé soit effacé. Je peux encore croire que, dans un avenir proche, on sera ensemble. Je l'espère tellement. Je pourrais mourir pour être avec toi. Mais Katy, ça l'achèverai. Je ne peux pas lui faire ça. Je le sais. Je souffre mais elle souffrira encore plus. Mon corps est coupé en deux, Charli. Je dois choisir entre deux personnes que j'aime le plus au monde. Tu me diras, après sept ans, je l'ai prise ma décision.
Mais tout est arrivé si vite. Il fallait que je prenne du recul, sinon j'allais devenir folle, carrément hystérique et dépressive. Je me connais mieux. J'en suis heureuse parce que je connais mes joies et mes peines, mes sentiments. Oui, j'ai appris à me connaître mais à quel prix ? Parce que je ne t'avais plus.
Je t'avais écris un mot, Charli, que j'ai toujours. Mais je me rappelle, je sais par cœur ce qu'il y a marqué sur cette feuille. A peu près tout ce que je t'ai dit là. En mieux, en plus court. En fait, je t'ai même écrit plusieurs lettres, mais je suppose que tu les as vues et peut-être lues.
Parce ce que tu voyais tout en silence jusqu'à environ quelques jours auparavant. Comment cela se fait-il que tu viennes me parler, que je puisse te voir ?
J'ai besoin d'explication, de donner un sens à tout ça. Dis-moi pourquoi tu es là.
***
Les tourments sont naturels, après tout, notre vie ne peut pas être simple et sans ennuis. Certains sont plus imposants que d'autres et plus destructeurs. Plus nocifs pour notre vie qui ne tient qu'à un fil.
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