Secrets
Nous avons tous, absolument tous, des secrets. Ils ont des différences, comme l'ampleur par exemple : que se passerait-il si l'on révélait nos secrets ? Destruction, perte de confiance ou un soulagement. Un soulagement doux et profond car nous nous somme ôtés d'un lourd poids. Qui n'est d'ailleurs pas sans impacts.
***
- Tu es fatiguée, Dallas ? demanda la petite Candice.
- Oui, ma chérie. Je suis très fatiguée, souffla Dallas en avalant une gorgée de café, qu'elle n'avait pas l'habitude de boire.
La jeune fille faisait déjeuner sa nièce, à 11h du matin. L'enfant était réveillée depuis longtemps quand Dallas arriva dans sa chambre trente minutes avant de la faire manger. Elle n'avait presque pas dormi tant la discussion avec Charlize avait durée. Quoique, se ne fut pas tant qu'elles se parlèrent mais se regardèrent plutôt. La fatigue avait pris le dessus mais tout passait aussi par le regard. Et puis, l'observation l'une de l'autre ne les lassait jamais.
- Dallas, est-ce que tu vas mourir ? interrogea de nouveau sa nièce.
Celle-ci la regarda, surprise. Elle esquissa un sourire qui laissa s'échapper un rire dans le but de rassurer la petite fille.
- Pourquoi est-ce que tu dis ça ?
- Je ne sais pas. Maman est inquiète pour toi et elle dit que tu ne vas pas bien. Addison aussi. Elles ont parlées l'autre jour. Et à ce qu'il parait, c'est quelque chose qui datent de longtemps. Tu es malade ?
- Non ma Puce. Maman et Addi veulent dire que je suis juste fatiguée par mon travail. Ne t'inquiète pas, je vais bien, tout le monde va bien.
Mensonge ou vérité ? Dallas disait cela pour que sa nièce soit rassurer mais aussi pour se persuader que c'était la vérité. Elle n'était pas malade mais souffrante. Ces mots sont similaires mais très différents. Sa souffrance n'était pas quelque chose qui pouvait se guérir par des médicaments. Elle était incurable et destructrice. Oui, Dallas était détruite. Mais elle ne le disait pas. Prendre sur soi, une « qualité » qu'elle connaissait mais qui lui coutait. Ne rien dire peut-être une chose destructrice plus qu'on ne le croit. Et cela ne lui était pas passé à côté.
- Dis ma Chérie, est-ce que tu sais si Addi travaille aujourd'hui ?
- Pas du tout. Désolée.
- Ce n'est pas grave, marmonna Dallas en embrassant Candice sur le front. Je dois passer un coup de téléphone. Je te laisse là mais ne fait pas de bêtises, d'accord ?
La petite fille hocha la tête. Sa tante alla dans le salon et essaya d'appeler Addison qui ne répondit bien évidemment pas. Elle se résolut alors à lui envoyer un message : « Coucou Addi. J'aurais besoin de parler. Si tu travailles, ce n'est pas bien grave mais dit moi quand tu peux. ». La jeune femme eut une remonté de stresse quand elle appuya sur la touche envoyer. Mais elle savait que la meilleure amie de sa sœur comprendrait qu'elle veuille lui parlait à elle. Après tout, si Addison aimait les jeunes, elle était aussi chef du service pédiatrique de l'hôpital. Le contact avec les enfants lui demeurait familier.
- Je suis là ! lança Dallas en revenant dans la cuisine.
***
Dallas avait laissé Candice à son père qui, heureusement, ne travaillait pas cet après-midi. Elle était vite partie au Starbucks à vingt mètres de l'hôpital où Addison devait déjà l'attendre. Comme Dallas s'y était attendue, la chirurgienne pu répondre très rapidement à son message. Et elle s'était montrée très agréable, comme à son habitude.
Une fois garée, l'adolescente se regarda dans le miroir. Le reflet de sa jumelle laissa place à son visage, fatigué, avec quelques cernes et ses cheveux rassemblés en un chignon qui laissé s'échapper des mèches. Le maquillage appliqué semblait le seul point non négligé. Son t-shirt transparent qui laissé voir la marque rouge sur son épaule.
Dallas sortit de la voiture en mettant ses lunettes de soleil pour cacher ses yeux qui montraient son manque de sommeil et se précipita dans le café. Elle chercha à peine Addison, facilement discernable grâce à sa posture élégante et ses magnifiques cheveux roux. Rapidement, elle commanda une boisson fraiche à la banane et alla s'asseoir en face de la doctoresse.
- Salut Addi ! lança Dallas en posant ses lunettes sur la table.
- Bonjour ma belle. Alors, comment ça va ? demanda Addison avec un regard doux.
- Depuis hier ? Pas trop de changement. Mais j'ai besoin de te parler de quelque chose en particulier.
- Je t'écoute.
La jeune fille ravala sa salive et se remit les idées en place. Elle ne savait pas quoi dire mais demeurait sure d'une chose : elle ne dirait pas tout en entier.
- Je sais que tu vas me prendre pour une folle. Moi-même, je pense que je le suis. Mais ça fait déjà quelques jours que je crois que je la vois. Que je vois Charlize partout. Et puis j'entends sa voix aussi. Ca me fait peur, j'ai impression d'être une déséquilibrée et ça me fait me sentir mal.
- Je ne pense pas que tu sois folle, commença Addison en lui attrapant la main sur la table. Tu sais, quand j'ai divorcée, je voyais mon ex-mari de partout. C'était l'infirmier en face de moi, le serveur du café où j'allais, l'homme qui marchait dans la rue ou un acteur à la télévision. Et puis, il m'arrivait de me souvenir de sa voix, de son parlé chaud et rassurant qui me chuchotait des mots doux à l'oreille. Je me souvenais même de certaines paroles qu'il m'avait dites. Il m'a fallu du temps pour l'oublier, le mettre dans une boîte bien fermer dans un placard. Mais j'y suis arrivée.
Dallas se dit pendant une seconde que c'était ce qui lui arrivait aussi. Mais elle réalisa tout de suite que ce n'était pas ça. Charlize lui chuchotait elle aussi à l'oreille et se montrait dans les miroirs mais elle lui disait des choses nouvelles, actuelles et lui remémorait des souvenirs.
- Tu es sure ? demanda-t-elle. Je pense que c'est bien plus que ça.
Addison but une gorgée de son café doucement, comme si cela la faisait réfléchir.
- Ma belle, s'il y a bien une chose que je sais, c'est que tu n'es pas une déséquilibrée. Tu es intelligente, forte mais très soucieuse et angoissée. Je le comprends tout à fait. Je suis aussi très stressée mais avec les années, j'ai appris à garder mon calme et à relativiser.
- Addi, je ... je ne sais pas. Je ne sais plus, marmonna Dallas en laissant une larme couler le long de sa joue.
- Qu'est-ce que tu ne sais pas ? interrogea la femme en lui essuyant délicatement le coin de l'œil.
- Tout. Je ne sais plus rien. J'ai peur, Addison. J'ai peur de moi.
- Tu ne te reconnais plus, tu es triste, tu as l'impression que tout changes et que tu ne peux plus faire confiance à personne.
La jeune fille hocha la tête et regarda sa main sous celle d'Addison. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était plus sentie comprise comme cela. Elle avait enfin trouvé la bonne personne à qui se confier.
- Comment tu peux savoir ça ?
- Je te parle en connaissance de cause. C'est tout, assura Addison.
- Je veux exploser. Je veux pleurer Addi. Je n'en peux plus !
- Viens, on va sortir.
Les deux femmes rangèrent leurs chaises sous la table haute et laissèrent leurs boissons sur celle-ci. Addison prit Dallas mit son bras derrière le dos de Dallas qu'elle câlina doucement. Puis, une fois sorties, l'obstétricienne l'amena vers un petit parc près du Starbucks qui semblait très apprécié des habitants du quartier. Les jeunes faisaient du skate ou du roller, les mères promenaient leurs enfants en poussette et les adolescents lisaient ou travaillaient dans l'herbe verte.
Dallas s'assit sur un banc derrière un sol-pleureur, sans doute l'espace le plus isolé du parc.
- Je suis désolée, dit-elle, un sanglot dans la voix. C'est plus fort que moi.
- Ce n'est pas grave, ma belle. Laisse toi aller.
- Je ne veux plus être triste, Addi. Je ne veux plus rien ressentir. Plus rien ressentir du tout !
***
Les secrets. Les grands secrets. Ce sont parfois une destruction intérieure que nous avons besoin d'extériorisée. Mais à quel prix ? Nous ne prenons pas conscience que ce sont de pures bombes à retardement pour d'autres personnes. Mais une fois lâchées, ces bombes détruisent tous ce qu'il y a sur le passage. Absolument tout.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top