Prologue
Je roule depuis trois quart d'heure en direction de l'hôpital. Les secours m'ont appelé quelques minutes plus tôt, pour me dire qu'elle venait d'être transportée en ambulance suite à un malaise. Etant le dernier numéro appelé depuis son téléphone, je me retrouve là, en pleine nuit, à rouler comme un malade pour rejoindre les urgences. Ils m'ont dit qu'ils se rendaient au San Francisco General Hospital. Cette nuit, comme un fait exprès, rien ne va comme je le voudrais. Je viens enfin de traverser le Golden Gate Bridge mais les bagnoles n'avancent pas. Je klaxonne dans l'espoir de faire accélérer le gars qui est devant moi, mais ce n'est qu'après plusieurs appels de phare qu'il se décide enfin à se rabattre et me laisser passer.
Je me gare finalement devant l'hôpital, il est deux heures quarante cinq. Ca fait plus d'une heure qui je suis parti de chez moi sans me poser de question.
Je me précipite dans l'entrée des urgences et me jette sur le premier mec en blouse blanche que je croise.
- Bonnie Gibson! Où est-elle ?
Le type me regarde comme si j'avais un troisième oeil au milieu du front. Pas certain qu'il me sera d'une quelconque utilité celui-là! Je m'apprête à partir à la recherche de Bonnie sans qu'on me vienne en aide, quand il se décide enfin à répondre.
- Calmez-vous monsieur ! Qui cherchez-vous?
Me calmer ? Facile à dire ! Ma copine se retrouve à l'hôpital sans que j'en connaisse la raison, et le mec me demande de me calmer!
- Gibson, Bonnie Gibson. Elle est arrivée ici en ambulance ! Il faut que je la voie !
Je sens mon coeur qui bat à une vitesse folle. Mon bide se tort tellement, que je pense un instant que je vais gerber là, dans l'entrée des urgences. Le type me prend par le bras et m'éloigne de la foule qui s'était déjà rassemblée autour de nous.
- Venez avec moi monsieur, me dit-il.
- Martha, demande le doc à la réceptionniste, peux-tu regarder si nous avons admis une patiente du nom de Gibson s'il te plaît? Bonnie Gibson.
- Etes-vous un membre de la famille, monsieur? me demande le doc.
- Je......... je suis un ami.
Un ami, tu parles! me hurle ma conscience. Je ne sais même pas si Bonnie voudra encore me voir après ça, alors dire que je suis un ami.
- Je suis navré monsieur, mais nous ne sommes autorisés à fournir des informations sur l'état de santé de mademoiselle Gibson, qu'à un membre de la famille. "
Je vois qu'il ajoute quelque chose à l'attention de la femme derrière le comptoir et s'en va, me laissant là, sans plus d'explications. C'est quand même eux qui m'ont appelé ! Je me penche vers le comptoir pour m'adresser à la Martha en question, quand j'entends quelqu'un prononcer mon prénom.
- Matt ?
Je me retourne et vois Jane, la soeur de Bonnie, venir vers moi. Elle ne m'apprécie pas trop. En même temps, comment lui en vouloir ? Je sais qu'elle est au courant de toute l'histoire entre sa soeur et moi, jusque dans les moindre détails. Elle et Bonnie n'ont aucun secret l'une pour l'autre.
- Qu'est-ce que tu fais là ? me demande-t-elle sèchement. Tu ne crois pas que tu en as assez fait comme ça? Si elle se retrouve ici c'est à cause de toi ! Je lui avais dit d'arrêter cette histoire avant que ça ne dégénère, mais elle ne m'a pas écouté. Elle pensait qu'elle te ferait changer d'avis, que t'avais juste besoin d'un peu de temps pour digérer la nouvelle ! Comment un connard comme toi serait capable de gérer le merdier qu'elle trimballe ?
- Jane, je suis désolé, je ne savais pas qu'elle........ . La gifle qu'elle m'envoie ne me laisse pas le temps d'ajouter quoique ce soit. Elle m'a frappé tellement fort que j'en ai les oreilles qui bourdonnent. Je sens que ma joue commence à chauffer, elle ne m'a pas loupé !
- Tu ne savais pas quoi , Matt ? Qu'elle se rendait chez toi pour te parler, parce qu'elle croyait qu'il y avait encore une chance pour te faire changer d'avis ! Elle m'a dit qu'il fallait absolument qu'elle te voit, que vous deviez en parler calmement.
Je baisse la tête, les larmes me montent aux yeux. Jane continue de me parler mais aucun son ne me parvient. Je me laisse glisser le long du mur, les poings serrés sur la tête à m'en arracher les cheveux. Je suis qu'un putain de connard, Jane a raison.
- Je veux que tu t'en ailles ! Jane s'adresse à nouveau à moi tandis que je remonte doucement à la surface.
- Tu m'entends ? Je veux que tu t'en ailles !
Comme si je ne l'avais pas entendue la première fois elle me répète ces mots en criant.
- Ne reviens pas ! Jamais ! Tu dois partir et la laisser tranquille ! T'es pas bon pour elle, tu le sais.
Je ne réponds rien tellement je suis sonné par la dureté de ses mots.
Je tourne les talons et quitte l'hôpital. J'avance sans trop regarder où je vais et regagne ma voiture. Je reprends la route et me laisse guider, pensant rentrer chez moi. Quand enfin je sors de ma léthargie, je me rends compte que je suis devant le Buena Vista. Le café dans lequel Bonnie travaille. Je gare ma bagnole le long de Hyde Street et descends à pied jusqu'au Pier. Je m'assieds sur le ponton et laisse mes jambes pendre dans le vide.
Comment avons-nous pu en arriver là ? A quel moment ai-je laissé les choses m'échapper à ce point ?
Je m'appelle Matt, j'ai 34 ans. Mes potes vous diront que je suis un bon gars, sur qui on peut compter, que j'ai le coeur sur la main et ce genre de conneries. Mais ceux qui me connaissent depuis longtemps vous diront que ça n'a pas toujours été le cas. Peut être que si je vous explique comment j'en suis arrivé là, vous comprendrez mieux pourquoi je suis l'homme que je suis aujourd'hui. Je ne cherche ni votre pitié, ni votre pardon, mais, bizarrement, je me dis que si je vous raconte mon histoire, ça me rendra plus humain à vos yeux. Comme si j'avais besoin de ça...
Cette histoire, c'est NOTRE histoire...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top