Chapitre 6: Je viens en ami...
L'air frais qui s'infiltra directement dans mes poumons, me donna le tournis. Je n'avais pourtant pas bu tant que ça, mais les quelques bières ajoutées aux évènements du début de soirée avaient suffi à me rendre plus saoule que je ne le pensais. J'entendis quelqu'un rejoindre l'entrée du Skyline, je tournai la tête et vit Matthew passer les portes battantes.
- Tu ne devrais pas rester toute seule dehors à cette heure, Bonnie.
J'avais envie de lui lancer une remarque cinglante, mais je me retins. Je me dis que je m'étais assez donnée en spectacle pour aujourd'hui. Je resserrai mes bras autour de moi comme pour me protéger, de quoi je l'ignore.
- Je t'ai vue quitter la discothèque et je voulais m'assurer que ça allait. Je me suis vraiment comporté comme un connard ce soir et je m'en veux, Bo. Je ne sais vraiment pas ce qu'il m'a pris.
- N'en parlons plus, ok ?
- Ok j'ai compris Bonnie,je suis désolé. C'est la première fois que je fais ça, je n'ai jamais trompé ma copine, tu sais. Est-ce qu'on pourrait oublier ce malheureux incident, et être amis ? Tu as Luana, j'ai Kai, on va être amené à passer beaucoup de temps ensemble les prochaines semaines. Et puis tu sais ce qu'on dit: "les amis de mes amis, sont mes amis !"
Je ne pus me retenir de rire en l'entendant prononcer cette dernière phrase.
- Tu crois vraiment qu'on peut être amis, toi et moi ?
- J'en suis persuadé ! me dit-il le plus naturellement du monde. Je vais donc faire ce que tout ami qui se soucie de son amie ferait, et te donner ma veste pour que tu ne prennes pas froid. Et je vais t'appeler un taxi aussi. Il se fait tard et tu as l'air crevée, je ne veux pas que tu rentres en bus. Je dirai à Bonnie que tu est partie et que tu te m'as chargé de lui dire au revoir pour toi, ok?
Il posa son blouson sur mes épaules, s'approcha du trottoir et leva la main vers le premier taxi qui passait. Il me déposa un baiser sur le front, puis s'assura que j'étais bien installée et donna mon adresse au chauffeur. Je me demandai comment il avait su où j'habitais. Il referma la portière et tapa sur le toit indiquant au chauffeur qu'il pouvait démarrer.
Je me retournai vers la vitre arrière et vis qu'il était toujours sur le trottoir, regardant le taxi partir, les mains dans les cheveux. Je n'avais jamais eu d'amis homme, mais je doutais que deux amis se comportent comme ça l'un envers l'autre.
Je me réveillai le lendemain matin fraîche comme un gardon. Pas de migraine, de bouche pâteuse ni de courbatures. Aucun cauchemars n'étaient venu interrompre ma nuit. Je me sentais reposée comme je ne l'avais plus été depuis longtemps. J'enfilai un leggings et une brassière, bien décidée à aller courir. La journée s'annonçait parfaite en tous points. Je commençais vraiment à aimer ma vie ici.
Le lendemain matin, j'appelai Jane pour lui raconter les derniers évènements. Je ne lui cachai pas ce qu'il s'était passé avec Matthew. Nous nous étions toujours tout raconté, je n'allais pas changer nos habitudes. Je m'attendais à ce qu'elle me passe un savon, comme elle le faisait quand nous étions plus jeunes et que je faisais des conneries. Elle se contenta de me mettre en garde, me disant que ce mec avait l'air louche et que ce besoin de devenir ami avec moi devait cacher quelque chose. Je ne me vexai pas de cette dernière remarque, je savais que Jane ne pensait pas à mal.
- Tu es sûre que ce n'est pas un de ces déséquilibrés qui se rapproche des filles pour les droguer et ensuite leur faire je ne sais quel truc tordu?
- Non Jane, Luana ne serait jamais amie avec ce genre de mec. C'est vraiment une chouette fille, tu sais ! Un peu cinglée, je le reconnais mais c'est grâce à elle que j'ai eu ce job, je te rappelles.
- Ok je te crois, mais restes quand même sur tes gardes avec ce Matthew. Je ne le sens pas !
- Promis maman, je veillerai à garder mon spray au poivre dans ma poche dès que je quittes mon appart. Ca te va comme ça?
- Ne joues pas les insolantes, Bo, ça ne te va pas ! Bon je dois te laisser, John part amener les garçons à l'école. Prends soin de toi, ma belle. Je t'aime.
- Je t'aime aussi Jane. Embrasses John et les enfants pour moi.
Je me hâtai de prendre une douche et me rendis à l'aquarium. Un plan de l'île sous le bras, je ne pris rien d'autre qu'un peu d'argent et mon appareil photo. J'allais profité de ce temps libre pour partir à la découverte de l'île. Je n'appelai pas Luana, à cette heure-ci elle devait encore dormir.
Ca faisait du bien de jouer les touristes. Après avoir photographié l'aquarium en long et en large, je me rendis jusqu'à North Shore. D'après les infos que j'avais réussi à glaner, c'était le spot préféré des surfeurs et j'étais certaine d'en trouver à cette heure.
Je passai le reste de la journée assise dans le sable à mitrailler ces dompteurs de vague. J'admirais la facilité avec laquelle ils se laissaient porter et ne craignaient pas la chute. Les vagues mesuraient facilement dix mètre de haut, j'étais subjuguée par la puissance avec laquelle elles aspiraient le surfeur dans leurs rouleaux. Ces mecs étaient de vrais têtes brûlées, il fallait avoir un grain pour jouer avec sa vie comme ils le faisaient. Quelque part, je les enviais.
Luana et moi nous rapprochions de plus en plus. Elle était à présent la meilleure amie que j'avais eue jusqu'ici. J'avais rapidement coupé les ponts avec la plupart des amis que j'avais à San Francisco. Je ne supportais plus la pitié que je lisais dans leurs yeux à chaque fois qu'ils me regardaient. Ils avaient tous connus Owen et tous les souvenirs qui me liaient à eux me ramenaient à lui systématiquement. L'idée même qu'Owen ne soit plus là, j'avais déjà du mal à m'y faire. Alors passer du temps avec d'autres personnes qui l'avaient connu et devoir parler de lui, m'était insupportable.
Je passais beaucoup de temps avec le reste de la bande. Ils m'avaient vraiment acceptées parmi eux et me considéraient comme une des leurs. J'appréciais leur compagnie.
Même Amanda semblait s'être calmée me concernant. Depuis le fameux soir au Big Kahuna, je n'avais plus eu droit à aucune remarque de sa part. Elle suivait Matthew comme son ombre, je me demandais comment il faisait pour la supporter, mais ce n'était pas mon problème après tout.
Matthew avait dit vrai quand il me disait ne pas être du genre à se comporter comme il l'avait fait. Depuis ce baiser, plus rien n'avait laissé supposer qu'il c'était passé quoique ce soit entre nous. Il était toujours gentil et bienveillant avec moi, je supposai que c'était sa définition de l'amitié.
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