Une ballade en voiture

Une semaine passe et toujours pas de réponse de Monsieur C ni de Monsieur Mc Clairen à croire qu'ils se sont totalement volatilisés. La vie de Laura n'a jamais semblé aussi plate, elle s'ennuierait presque. Elle a lâché l'affaire avec Monsieur C, elle ne devait être qu'un passe temps comme la plupart des hommes qu'elle croise sur cette application. Et elle s'imagine qu'Anton enfin Monsieur Mc Clairen n'avait pas apprécié ses excuses ou bien en avait rien à faire. Après tout à quoi elle s'attendait ? Elle n'est pas dans un roman d'El Jame, c'est la vie réelle et non une comédie romantique. Elle devait écrire le prochain article pour son magazine mais l'inspiration manqué terriblement. Rien ne se passe, tout est un calme plat limite angoissant. Sa vie est rythmée par Milki, Mona et Angelina autrement dit : son chat, sa meilleure amie et sa boss, même Juan Carlos jouait au roi du silence. Les fait elle tous fuir ? C'est la question qu'elle se pose quotidiennement. C'est en pleine réflexion sur sa condition que Mona décide d'appeler pour l'inviter une nouvelle fois à un évènement mondain, une certaine Katy Floberg lance sa nouvelle exposition en ville, c'est l'occasion de sortir. Laura n'a pas la force de trouver une excuse pertinente pour esquiver cette soirée, la dernière exposition à laquelle elle avait participé s'était soldée par un échec. Mais elle n'ose pas refuser, au pire, elle pourra toujours prétexter une affreuse migraine pour rentrer plus tôt.

Cette fois-ci elle ne fait aucun effort particulier, elle est même dans une tenue plutôt confortable. C'est-à-dire jean retroussé un petit top avec un kimono argenté et des petites baskets blanches, une tresse avec un serre tête fleuri et une touche de gloss. Elle n'a pas le cœur à faire plus. Un sentiment de détresse voir de dépression s'installe depuis un petit moment en elle. Laura n'a plus envie de grand-chose et la compagnie des êtres humains l'agace de plus en plus. Alors l'exposition de ce soir la mine encore plus. Mais il faut faire plaisir à Mona donc elle va faire un effort même si le cœur n'y est pas.

Laura a rendez-vous avec Mona à 19H devant la galerie, elle rentre les coordonnées GPS dans son téléphone et se met en route. En chemin, elle reçoit une notification sur son téléphone, elle n'y prête pas attention trop absorbée par la route. Ce n'est qu'une fois arrivée qu'elle s'aperçoit qu'elle a un nouveau message sur l'application, c'est surement un nouveau prétendant qui va lui promettre monts et merveilles pour après fuir le plus loin possible d'elle et ses démons antérieurs.

Elle décide de ne répondre que plus tard et ne se connecte même pas à l'application, elle aperçoit Mona dans la galerie et rentre sans hésiter.

L'artiste semble réellement douée, ses œuvres sont un mélange d'élégance et de fragilité d'un côté et de l'autre provocation et vulgarité. Elle a l'impression d'être entre le paradis et l'enfer si c'est le message qu'elle souhaite faire passer c'est réussi.

Elle embrasse Mona et entame une conversation pour le moins banal jusqu'à que Mona aperçoit l'artiste en pleine discussion avec un homme, une magnifique rouquine aux yeux verts, et décide de la présenter à Laura. C'est donc sans gêne que Mona incruste Laura dans la conversation.

- Katy ? Excuse-moi de te déranger mais je tiens à te féliciter pour ton exposition, elle est sublime j'ai l'impression d'être entre le paradis et l'enfer.

- Je te remercie, c'est très gentil de ta part ! Comme je l'expliquais à l'instant à Anton, c'est un reflet de la société entre générosité et la perversité qui la compose.

- C'est très réussit ! Je voulais te présenter également ma meilleure amie qui admire également ton exposition. Voici Laura, Laura voici Katy l'âme de notre société.

Laura n'écoute plus un mot de la conversation, elle est plongée dans les yeux ébène d'Anton. Elle qui ne voulait plus avoir à faire à lui. C'est Mona qui la rappelle à l'ordre, elle se tourne alors vers Mme Floberg, la félicite et fuit la conversation trop bouleversée par cette rencontre hasardeuse. Au final, elle ne fuit pas que la conversation mais également l'exposition. Elle arrive enfin jusqu'à sa voiture, prête à s'engouffrer dedans. Cependant, quelque chose ou plutôt quelqu'un lui retient le bras. Elle se retourne et retombe nez à nez avec lui. Il est impeccable dans sa chemise noir et son jean brut. Son regard est toujours aussi envoutant, elle se perd une nouvelle fois dans son âme sombre et lumineuse à la fois. Le son de sa voix douce et chaude qui la ramène peu à peu à la réalité. Pendant l'espace d'instant, elle sentait bien, un instant de sérénité de courte durée, il a fallu qu'il casse ce moment hors temps.

Mademoiselle Arriste, j'ose espérer que ce n'est pas moi que vous fuyez. Mme Floberg n'apprécierait surement pas que je fasse fuir ses invités.

Non j'ai seulement une grosse migraine qui s'installe, j'ai donc besoin de renter, j'espère ne pas avoir blessé votre grand égo.

Bien sûr que non, mais ces migraines vous arrivent souvent ? Je connais un très bon neurologue qui pourrait vous soulager, si vous le souhaitez, je peux vous transmettre ses coordonnées.

C'est très gentil, mais ça ira. Je suis sujette à ces migraines depuis la petite enfance et je suis suivie par le meilleur neurologue du pays. Mais c'est aimable de votre part et je vous en remercie. Si vous voulez bien m'excuser, je vais rentrer chez moi et me reposer.

Très bien, cependant, je ne peux pas vous laisser prendre la route dans cet état, vous semblez livide, je me sentirai tellement coupable s'il vous arrivez quelque chose. Je vais prendre le volant et vous conduirez jusqu'à chez vous, ensuite je prendrai un taxi pour revenir à l'exposition.

Non ça ira merci, je suis en parfait état de conduire malgré mon teint livide mais je vois que vous avez toujours le compliment facile. Je ne comprends pas votre comportement...

Avant même qu'elle puisse continuer sa phrase, Anton lui subtilise les clés de la voiture et s'installe derrière le volant. Pris par une grande lassitude et fatigue, Laura se laisse donc conduire jusqu'à chez elle. Durant le trajet, personne ne laisse échapper un mot, ce silence n'est pas gênant contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'est un silence confortable qui laisse un sentiment de plénitude et de sérénité. Le trajet est bien trop court aux yeux de Laura, elle aurait bien aimé continuer à rouler, cela la plonge une nouvelle fois dans des souvenirs lointains qui la rendent tellement mélancolique. Ses yeux trahissent ses émotions, une larme s'échappe discrètement, elle réussit à la rattraper et à l'effacer avant qu'Anton s'en rende compte et lui demande une quelconque explication. Elle ne saurait que dire à ce moment-là. 

- ANTON -

Anton se concentre essentiellement sur la route, mais la sublime Laura le perturbe sérieusement. Depuis la dernière altercation, il souhaitait absolument s'expliquer avec elle, leur échange avait été houleux, elle l'avait sous-entendu qu'il n'était un gros pervers. Certes, il aime les femmes, la séduction mais toujours dans le respect de l'autre. Il ne saurait dire pourquoi mais ses mots l'ont réellement peiné. Avec sa langue bien pendue, elle l'avait blessé, il était en colère contre elle. Il était même prêt à appeler sa responsable pour se plaindre de son manque de professionnalisme. Mais il s'était ravisé conscient que cela n'arrangerait pas la situation et il avait eu raison. Laura lui avait envoyé un mail où elle s'excusait platement du débordement, il avait envie de lui répondre à la seconde où il l'avait reçu, mais il n'avait rien à dire de plus. Elle avait pris au pied de la lettre la distanciation qu'il souhaitait. Au fond, il se demandait même si elle ne s'était pas excusée que pour son manque de professionnalisme et non le fond de sa pensée. Il ne pouvait pas croire qu'une femme aussi intelligente puisse se cantonner aux rumeurs qui courent sur lui. Il voulait absolument la recroiser pour pouvoir avoir une réelle explication avec cette femme qui lui chamboule sa vie d'artiste célibataire. Il ne pensait pas la retrouver à l'exposition de son amie de cœur Katy. Il avait été soufflé par sa beauté naturelle, s'il avait eu une toile, il l'aurait dépeinte comme une étoile filante, pas une étoile filante mais une comète aux multiples couleurs au milieu de la foule. Il ne se concentrait plus sur la conversation avec Katy, il n'avait d'yeux que pour elle. Il semblait qu'elle ne l'avait pas encore remarqué, heureusement que Mona s'approcha de Katy, il put plonger une nouvelle fois dans son regard qui semble le reflet de son âme mélancolique pendant ce lapse de temps, il semblait être seul au monde. Mona et Katy les ramenèrent à la réalité et en un claquement de doigt, Laura s'était enfuit. Un courant d'air, il avait réussi à la suivre jusqu'à sa voiture. Elle semblait tellement fatiguée en manque d'air, il aurait damné un saint pour lui faire du « bouche à bouche ». La possibilité de pouvoir gouter à ses lèvres lui était tellement précieuse qu'il aurait trouvé n'importe quel prétexte. N'était-il pas réellement pervers finalement ? 

Elle souhaitait rentrer chez elle, mais il était hors de question pour lui qu'elle touche à ce volant, elle ne semblait vraiment pas en état de conduire unsentiment puissant de protection l'avait envahi. Il avait alors pris la décision de la raccompagner, même s'il était attendu par Katy pour annoncer une future collaboration artistique et qu'elle lui arracherait surement ses couilles pour en faire un porte clé ,il avait cette irrésistible envie de partir loin très loin avec Laura. 

Une suite d'œuvre qu'ils réaliseront à deux mains. Ils avaient eu l'idée lors de leurs dernières nuits ensemble, Katy est ce que l'on appelle une amie améliorée, quand il avait certains besoins physique il faisait appel à elle. C'était sa meilleure amie, sa confidente et sa partenaire sexuelle préférée, elle le connaissait tellement par cœur qu'elle savait comment le faire grimper en température rapidement. Son entourage proche se demandait pourquoi, ils ne finissaient pas ensemble. Ils se connaissaient trop par cœur, il n'y avait pas cette étincelle, ce petit truc qui te retourne le bide. Il n'arrivait pas à l'expliquer, mais il savait qu'elle n'était pas la femme de sa vie.

Sur le trajet qui l'amène à chez elle, il était installé confortablement dans un silence relaxant, ce n'était pas dérangeant. Les gens n'aiment pas le silence, cela crée une gêne qu'ils comblent par des conversations futiles. Anton aimait bien ce genre de moments et Laura semblait aussi absorbée par cet instant. Le trajet fut bien trop court à son goût il aurait bien continué à rouler encore quelques instants avec elle à ses côtés, ne pas briser la magie du moment. C'est pour cela qu'il s'entend dire :

On peut continuer à rouler si tu veux, je ne sais pas où exactement mais je ne suis pas réellement pas pressé de retourner à l'exposition, et tu sembles avoir besoin de t'évader. Je te promets de ne poser aucunes questions de ne pas te parler à moins que ce ne soit toi qui souhaite converser, mais s'il te plait accepte.

Allons-y, je n'ai pas envie de rentrer... Merci Anton. 

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