Chapitre 6
La voiture avançait dans les rues de Paris. Son moteur vrombissait. L'odeur de tabac avait totalement imprégné mes narines. J'avais les genoux remontés contre mon torse et la tête posée dessus. J'essayais tant bien que mal de réfléchir. Mais c'était compliqué. J'avais troqué ma mère contre la liberté. Kris continuait de conduire. J'ai du dormir car le trajet m'a paru court. La voiture s'est arrêtée. Et j'ai soupiré. J'avais confiance en Kris, et je n'avais pas le choix. Il avait l'air d'un mec bien. Mais si ça trouve il m'emmenait dans un centre, ou dans une rue sombre où j'allais être frappé à mort. C'était soit l'un, soit l'autre. Y'avait pas d'entre les deux. J'ai frémi en posant un pied sur le sol. C'était un trottoir basique. Kris m'a saisi le bras et m'a emmené devant un immeuble , même si, ça, je ne l'ai su qu'après. Une sorte de petit bip a retenti et la lourde porte s'est ouverte. Kris m'a fait entrer. J'avais l'impression d'être un roi, on m'ouvrait les portes, on me tenait pour marcher et on m'aidait même à entrer dans une baignoire. Ça peut paraitre l'idéal, dit comme ça, mais je vous assure que ça met mal à l'aise et on a peur d'énerver les gens. Dans cet immeuble, il y avait un ascenseur. Malheureusement, je ne savais pas encore lire en braille et Kris a encore dû tout faire. L'ascenseur a ouvert ses portes et je me suis retrouvé sur un palier. Je me sentais oppressé et l'endroit sentait la cigarette. Kris a continué d'avancer et je l'ai suivi. Il a frappé à une porte et c'est une femme avec un joli accent africain qui a répondu. Elle a ouvert la porte et je l'ai senti prendre Kris dans ses bras.
- Kris ! Mon chéri ! Comment ça va ?
- Très bien, et vous Madame Barnou-Toshi ?
- Oh, bien aussi. Zara n'est pas encore rentrée, il n'y a que Zoé. Kris a du murmurer quelque chose à l'oreille de cette femme, car elle s'est approchée de moi et m'a pris dans ses bras. Sur le coup, je n'ai pas su comment réagir. Je l'ai laissé m'étreindre quand elle s'est reculé, elle m'a tapoté la joue.
- L' infirmière était Mira n'est ce pas ? m'a t'elle demandé en me tirant par le bras pour me faire entrer dans son appartement. Il sentait le parfum, la nourriture, l'odeur de la lessive et, bon, ok j'arrête. Mais comme je ne peux pas décrire, j'essaye de vous apporter un maximum de précisions. J'ai repensé à sa question, et j'ai répondu :
- Oui, c'était Mira. Vous la connaissez ? La femme m'a poussé sur le canapé en cuir où j'ai pu reposer ma nuque qui était rester courbée pendant tout le trajet. Je m'attendais à une réponse venant de la voix de la femme mais ce fut une voix plus aiguë, plus jeune, plus tremblante, la voix d'une jeune adolescente qui m'a répondu :
- Mira est la meilleure amie de Zélie. Elles travaillent dans le même centre de recherche.
J'allais la remercier pour cette réponse, mais la fin de phrase me rendit perplexe. Centre de recherche...Donc, je n'avais pas été dans un hôpital. J'entendais le sang battre dans mes tempes et mon pouls s'accélérer . Il y eut un grand silence, comme si la fille ne devait pas dire ça. Mes jambes devenaient lourdes et ma tête aussi. Kris a plaqué sa main froide contre ma nuque, et j'ai peu à peu repris conscience.
- Romain, ça va ? m'a demandé Kris. J'ai hoché la tête.
- Zoé, va lui chercher un verre d'eau ! a ordonné la femme, je suis Efia. La mère de Zara, dit-elle.
- Enchanté, euh...je suis Romain...c'est Mira qui m'a envoyé ici. La prénommée Zoé m'a donné le verre d'eau, je l'ai avalé d'une traite. L'eau glacée a coulé dans mon œsophage me faisant reprendre mes esprits. Mais, maintenant que j'étais ici, que devais-je faire ? Cette femme, Mira, ne m'avait donné aucune indication. Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Ça m'a mis mal à l'aise. Je n'avais pas d'argent, les vêtements que je portais n'étaient même pas à moi. Je n'avais rien et je ne savais même pas quoi attendre. C'était peut-être une mauvaise idée d'être venu, finalement. J'allais me lever mais la porte s'est ouverte laissant échapper un courant d'air. Une nouvelle personne venait d'entrer dans la pièce. Encore une, une autre personne à qui j'allais devoir donner des explications. Efia s'est avancé vers cette personne et lui a crié dessus :
- Tu ne rentres que maintenant ?! Où étais tu ? Je sentais que ça allait mal finir. Je n'avais pas ma place ici, ils étaient en famille. Une petite communauté. Et moi, je venais m'incruster, demandant logement, nourriture, vêtements et protection. La personne qui venait d'entrer soupira et lança quelques chose, un sac je suppose, sur le canapé, juste à côté de moi.
- J'étais avec les gens du groupe...Zélie elle non plus n'est pas rentrée ! C'était une voix de femme, beaucoup plus mûre que celle de la prénommée Zoé. Cette voix, elle était grave, un peu tremblante, un peu comme une voix de jazz, un très joli son.
- Oui, mais Zélie est avec le Dr Meyer ! La femme à la jolie voix pesta, je put deviner qu'elle avait un fort caractère.
- Mais bien sûr ! Un soit disant docteur qui a quinze de plus qu'elle, qui passe ses journées avec elle, qui vient manger à la maison et qui oh ! coïncidence, l'invite à dormir chez lui ! a répondu cette fille. Je me sentais très mal à l'aise. Et je me racla la gorge pour rappeler ma présence.
- Tiens ! Zara, emmène Romain dans ta chambre, installe le confortablement. D'accord ? ordonna Efia. Je faillit m'étouffer. Cette femme venait vraiment de dire à sa fille de me mettre dans sa chambre. Zara a soupiré et elle m'a fait levé brutalement. Elle m'a tiré jusqu'à dans une pièce qui sentait le parfum à la rose. Ça m'a prit la gorge. Je me suis retenue d'éternuer, par politesse. Zara a débarrassé des affaires qui étaient sur son lit et elle m'a poussé dessus. Je l'ai entendu s'affairer. Je me sentait mal, j'étais pas à ma place. Efia avait demandé à sa fille de m'installer dans sa chambre alors qu'elle ne me connaissait pas. Rien. Elle ne savait rien de moi. Si ce n'est mon prénom et la personne qui m'a envoyé ici.
- Je t'ai enlevé mes papiers et mes vêtements. Maintenant, débrouille toi ! m'a dit Zara d'un ton désagréable. Je ne lui en voulait pas. C'était pas de sa faute, je débarquais comme ça, et elle devait me donner sa chambre. J'ai même essayé de lui sourire, mais je ne sais pas si ça a réussit. Elle a soupiré, encore, et elle est sortit. Je me suis laissé tomber sur le lit. Et comme, je n'avais que ça à faire, j'ai penser. Penser à ce qui se serait passer si je n'avais pas écouter cette infirmière, si je n'étais pas entrer dans le resto de Kris ou si Mia n'avait pas appelé l'hôpital. Mia. Cette fille imprévisible. J'ai passé une main dans mes cheveux, en essayant de me souvenir de sa voix et de son rire. J'ai ramené mes jambes contre mon torse, en m'allongeant sur le côté. Mais quelqu'un a ouvert la porte, grâce à son odeur j'ai pu deviner que c'était Efia. Je me suis rapidement relevé. Elle s'est assise à côté de moi.
- J'ai un marcher à te proposer, Romain...a-t-elle doucement commencé. J'ai lentement hoché la tête. Rien n'est gratuit, je le savais. Alors, pourquoi ça m'a surpris ? Pourquoi ais je été surpris qu'elle me propose un marcher ? J'en sais toujours rien. Même si, en prenant du recul, je pense que c'est parce que je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'accepte comme ça.
- Bon, c'est assez bref et j'ai peu d'explications à te donner, mais voilà : Zara est soit disant inscrite à une fac de musique, mais je ne pense pas qu'elle y aille réellement. Est ce normal quelle parte à dix heures pour revenir vers dix huit heures ? Ce ne sont pas des horaire normale pour une fac ! Ensuite, elle traîne avec toute une bande de son âge, et qui à mon avis ne sont pas inscris à cette fac. Enfin bref, je voudrais que tu la " piste " et que tu découvres ce qu'elle fait vraiment. Je sais que tu es aveugle, mais ne t'inquiète pas. Ton ouïe te suffiras ! a-t-elle poursuivis. Autant dire que...je m'attendais à un peu près tout sauf à ça. Je devais pister cette Zara ? Pourquoi ? Comment ? Enfin pour le pourquoi je savais mais pourquoi moi ? J'ai cru qu'elle avait deux sœurs, pourquoi pas elles ? Ou Kris ? Il aurait pût dire à Efia ce que faisait sa fille quand elle était censée aller à la fac. Mais non, c'était moi qui me retrouvait avec la corvée de suivre une fille que je ne connaissais pas et découvrir ce quelle faisait de ses journées, en étant aveugle. Pouvait on qualifier ça d'impossible ? Je pense que oui.
- Euh...bien sur...c'est tout ce que j'ai trouvé à répondre. Une longue hésitation et deux mots qui ne veulent rien dans dire dans ce contexte.
- Évidement, en échange je te loge et je te nourris. D'ailleurs il va bien être vingt heures ! Je vais préparé à manger. Je n'ai pas de vêtements mais Zara ne porte que des jeans troués et des chemises à carreaux beaucoup trop larges, elle te passera ses...
- Jamais ! a hurlé Zara depuis le salon. Efia a soupiré et m'a tapoté l'épaule avant de ressortir. Je n'ais pas pu m'empêcher de sourire, voir rigoler. Mais ça tracassa quand un même un peu, si Zara avait entendu sa mère parler de ses vêtements, elle avait aussi dû entendre sa mère me demandant de la pister. J'ai frémis en y pensant. Mais pourquoi je penses au pire ? Pourquoi l'Homme pense toujours au pire ? Jamais au meilleur, toujours à ce qui aurait pût se passer ou si jamais. Je critique, mais je fais parti des Hommes, et mon cerveau est le même, donc mes réflexes sont un peu près les mêmes. Je me suis levé, et j'allais sortir, mais la chambre étant petite et Zara souhaitant entrer au même moment, je me suis pris la porte en pleine face. J'ai poussé un petit cri, plus de surprise que de douleur.
- Désolée...a marmonné Zara. Je savais que ça avait rien de sincère mais j'ai joué le jeu :
- Aucun soucis...
- Bon, tiens ! Elle m'a lancé une boule de linge. Je l'ai maladroitement récupéré, heureusement qu'elle avait visé le torse. J'ai difficilement démêlé le linge. Grace au touché, j'ai pu deviner un jean troué, ou un jean dans le troue tellement il était déchiré, et une sorte de chemise. Moi, Romain Faurnier tout maigre et pas très grand, j'allais être un en mot : ridicule. Mais j'ai quand même enfilé les vêtements, étant donné que je n'avais que ça. Le jean était beaucoup serré et la chemise trop large. Avec beaucoup de difficulté, je l'ai boutonné. J'ai dû vérifier au moins cinq fois que je n'avais loupé aucuns boutons et qu'ils étaient bien attachés avec ceux d'en face. J'avais entièrement conscience de mon ridicule. Mais je suis quand même sorti, je n'avais guère faim, étant donner que Kris m'avait donné à manger, puis ma mère. D'après Efia, il était bientôt vingt heure. Je ne sais pas si j'ai perdu toutes notions du temps ou alors, la journée est passé rapidement.
Quand je suis rentré dans la salle mangé, peut être cuisine et salon aussi, il y avait toujours Kris. Il y avait aussi Efia, Zara et Zoé. Mais il manquait cette Zélie, si j'avais bien compris, c'était leur sœur. Kris m'a guidé jusqu'à une chaise. J'ai dû aussi perdre la perception de la hauteur et de la grandeur, car la chaise m'a parut beaucoup plus base que prévue. Efia est arrivée avec un grand plat qu'elle a posé sur la table. Malheureusement, son odeur ne m'a pas permis de deviner ce qu'était le plat, et au goût aussi. Ça m'était inconnu. Et je n'ai pas osé demander car ils avaient l'air de tous connaitre ce plat. Logique, en soit.
- Alors, Romain, tu viens d'où ? m'a demandé Zara. Il y avait ce petit timbre de malice dans sa voix. Je ne savais pas si elle souhaitait me piéger ou si c'était naturel chez elle.
- Euh...Paris...
- Non, mais tu as des origines ? a-t-elle rectifier. OK, elle voulait me piéger, maintenant que c'était fait, j'espérais qu'on allait pouvoir avoir une conversation sérieuse. Je me suis racler la gorge puis j'ai répondu :
- Pas spécialement. Je crois que la mère de mon père était Suisse, mais c'est tout.
- Très bien. Tu étudiait dans quel domaine ? C'était un test ou quoi ? J'allais vraiment devoir déballer toute ma vie ? Enfin, c'était peut être le minimum pour que j'habite chez elles. Il fallait qu'elles sachent un minimum de choses sur moi.
- En droit, pour devenir avocat. Et toi en musique, c'est ça ? Quel corps ? ais je demandé. C'était un beau retournement de situation ! Ou pas...en tout cas, elle a semblé perturber mais elle a répondu :
- Chanteuse, naturellement. En soit, c'était assez évident. Même en ne chantant pas, elle avait une belle voix. Ce fut la dernière fois où je parlais durant le dîner. Efia et Zoé eurent une conversation sur cette prénommée Zélie. Elle m'intriguait cette fille, elle travaillait dans le même centre de recherche où j'avais passé une semaine, et elle connaissait Mira.
Le repas se termina sur une tarte aux pommes, dont je dus refuser une part par peur d'exploser durant mon sommeil. J'allais me coucher dans la chambre de Zara tandis qu'elle, elle alla s'endormir sur le canapé du salon. J'eus quand même légèrement pitié, mais pas longtemps.
En y repensant, j'ai dû passer la journée la plus étrange de ma vie.
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