La porte avait claqué, le tonnerre, grondé.

Énervé, triste et brisé, Kim Seokjin avait dévalé à toute vitesse les marches de son immeuble, son manteau dans les mains, le cœur en miette. Ses bruits de pas résonnaient dans la cage d'escalier, rapides et lourds.

Il fallait qu'il sorte de là. Il fallait qu'il s'éloigne de lui. Il fallait... que tout ceci ne soit qu'un cauchemar d'où il se réveillerait. Mais Seokjin savait pertinemment que la réalité s'était reflétée dans les yeux de Namjoon, quand ce dernier était resté bouche-bée au moment où il lui avait déclaré sa flemme.

Il avait compris immédiatement que ses sentiments n'étaient pas réciproques et pire, qu'il venait de perdre son meilleur ami.

Tomber amoureux d'une personne qu'on connaît par cœur – ou presque – et qui nous donne l'impression d'exister. Voilà ce qu'était Namjoon à ses yeux. Un homme qu'il désirait, qui l'attirait et qui le faisait vibrer.

Seokjin était tombé amoureux de son voisin et meilleur ami depuis si longtemps qu'il ne pouvait affirmer, à quel moment son regard sur Namjoon avait changé. Tout ce qu'il savait, c'est qu'à présent, il l'avait perdu.

Ses certitudes en tête, son chagrin au bord des yeux, quand Seokjin était sorti de l'immeuble, la pluie s'était abattue d'un coup, comme s'il n'en avait pas eu assez. Comme si sa journée n'avait pas été assez éprouvante. Comme si le monde voulait qu'il passe la pire soirée de sa vie.

Il avait longé le trottoir en courant, le vent fouettant son doux visage baigné de larmes. Et c'est à quelques centaines de mètres, trempé jusqu'au os, que Jin avait fini par céder et s'était arrêté devant la façade d'une petite boutique de fleurs, tremblant de froid et de tristesse.

Il y avait eu une poignée de secondes où il crût entendre la voix de Namjoon au loin, mais il s'était persuadé que ce n'était pas possible.

Avec Namjoon, c'était fini avant d'avoir commencé et il fallait qu'il l'accepte.

En y pensant, les sanglots avaient afflué de plus belle et s'étaient mélangés aux gouttes de pluie, inondant son si beau visage. Seokjin s'était mis à pleurer malgré toute sa bonne volonté et il s'en était voulu. Il détestait ressentir autant de peine et le montrer. Ce n'était pas comme ça qu'il aurait souhaité réagir. Alors, ne voulant pas être vu, il avait caché son visage sous ses mains délicates, et même si ses larges épaules le trahissaient, bougeant sous ses sanglots, à présent, il s'en fichait. Ça lui faisait un bien fou. Il avait besoin d'évacuer cette peine, de laisser couler ses maux.

Quand soudain, deux mains pressèrent doucement ses épaules.

Le cœur de Seokjin avait bondi dans sa cage thoracique et il avait relevé la tête brusquement, les poings serrés de confusion. Prêt à en découdre.

Namjoon se tenait là, le corps ruisselant de gouttelettes, les cheveux noir de jais mouillés et collés sur son front. Son meilleur ami lui avait adressé un regard désolé et empli d'autre chose, que Seokjin n'avait pas réussi à déchiffrer. Pourquoi l'avait-il suivi ?

Il n'avait même pas eu le temps de lui demander quoi que soit, car Namjoon l'avait devancé et lui avait demandé s'il pouvait sécher ses larmes. Sourire te va mieux, avait-il dit. Seokjin avait opiné du chef et son meilleur ami avait passé son doigt doucement sous ses yeux.

Évidemment, Seokjin n'avait rien compris. Tout avait été flou dans son esprit.

Et comme si Namjoon avait lu dans son esprit, le cœur battant la chamade, il s'était lancé à son tour sans plus de cérémonie. Je t'aime, avait-il enfin avoué à Seokjin, je t'aime de tout mon cœur, depuis des années.

Namjoon aimait Seokjin et Seokjin aimait Namjoon.

Ce n'était pas un amour impossible comme ils se le répétaient tous deux. Rien n'est impossible pour ceux qui s'aiment.

Sous cette averse, ils avaient scellé leurs lèvres et s'étaient promis de vivre ici et dans d'autres vies, la plus belle histoire d'amour jamais connu. La leur.

FIN.