20 décembre

Par une des membres de la CdL : HelynePaclet

— Réveille-toi ! Réveille-toi ! Le père Noël est passé !

Les yeux lourds de fatigue, je peine à les ouvrir pour fixer ma cadette. Ses pupilles bleus pétillent de bonheur, alors qu'elle sautille à côté de mon lit, impatiente.
Ses cheveux roux sont emmêlés dans un sac de nœud, des taches de rousseur picorent son nez et son sourire édenté arrache un allongement de mes lèvres.

— Allez, dépêche-toi, Zaza !

Je m'étire comme un chat, extirpant une grimace à ma petite sœur. Elodie attend Noël depuis des semaines. Sa liste de cadeaux est prête depuis le mois d'octobre et elle nous a cassé les pieds jusqu'à voir son beau courrier décoré dans la boîte, prête à l'envoi. Ma lenteur est un vrai supplice pour elle.

Je retire enfin mes jambes de la couette, frissonnant face à la perte de chaleur. À peine mes pieds ont-ils frôlé la moquette que, déjà, Elodie glisse sa main dans la mienne pour me tirer à sa suite.

Avec empressement, elle descend les escaliers et trottine jusqu'au salon où trône le sapin que l'on a décoré ensemble. Ses épines vertes sont recouvertes de boules et guirlandes, toutes dans des tons blancs, dorés ou encore faites de bois.

Papa a déjà allumé la cheminée. Le feu crépite derrière nous et l'odeur de chocolat emplit la pièce. Maman est derrière les fourneaux, un œil fixé sur nous grâce à la cuisine ouverte. Des viennoiseries sont posées sur la table et, même si je sais que le repas sera succulent, je ne vais pas me priver pour les dévorer.

Et pour parfaire le tableau, la neige tombe en gros flocons, déposant son manteau blanc sur le sol.

— Papa ! Maman !

Sa voix, douce et enfantine, résonne dans la pièce. La tradition familiale. On n'ouvre pas les cadeaux tant que tout le monde n'est pas là. Mes parents arrivent et s'installent à nos côtés, à même le carrelage, au pied du sapin.

Elodie me tend un paquet, avant de s'emparer de l'un de ceux étiqueté à son nom. Elle arrache le papier, sous nos regards aimants. Elle s'extasie devant sa nouvelle barbie, dévoile ses dents, dont trois sont manquantes, et se jette sur le prochain présent.

Lorsqu'elle découvre le fin bracelet, identique au mien, elle me saute dans les bras.

— Je suis sûre que c'est toi qui l'as commandé au père Noël pour moi. Maintenant on a le même !

Je serre mon emprise sur elle. Je profite de sa chaleur, plonge mon nez dans son cou, inspire son odeur, les yeux larmoyants.

— Alex.

Ce souffle au creux de mon oreille me ramène dans le présent. Mon regard se pose sur ma mère, dont les iris sont brillants de tristesse.

— Elle me manque, murmuré-je, un sanglot coincé au fond de la gorge.

— À nous aussi, elle nous manque.

Je triture les bracelets qui ne quittent jamais mon poignet. Plus personne ne m'a jamais appelé Zaza. C'était son privilège.

Malgré la tristesse, la douleur et le temps qui passe, même si Elodie n'est plus, elle restera toujours parmi nous. Grâce à nos souvenirs, notre amour pour elle.

Tandis qu'une larme coule le long de ma joue, j'ai la sensation d'une caresse enfantine sur mes doigts.

— Joyeux Noël, petite sœur.

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