Par une des membres de la CdL : StianSamaelle

Une brise glacée fait voler les longues mèches noires qui s’échappent de son bonnet en laine. Des flocons de neige se déposent sur son sweat, il les chasse vivement d’une pichenette irritée. Le spectacle m’arrache un sourire malgré moi. Franchement, ça fait trop bizarre de le voir sans ses costumes de luxe. En train de boire du chocolat chaud bon marché dans un parc public en plus !

Mais en même temps, je trouve ça… tellement mignon ! Je me surprends même à l’imaginer avec des cornes de rennes en laine sur la tête. Et je rigole. Il se tourne aussitôt vers moi, les sourcils froncés.

— Je peux savoir ce qui te faire rire ? Tu n’es pas en train de te moquer de moi, n’est-ce pas ?

Tout en parlant, ses jolis yeux se plissent de contrariété, puis sa bouche se tord en cette petite moue que je connais désormais par cœur. C’est fascinant comment un aussi beau visage affiche constamment une mine grincheuse, hautaine ou bien les deux en même temps. Je me demande qu’est-ce que ça pourrait bien donner s’il esquissait un sourire, un vrai…

Eeeeuh OK. Il faut vraiment que j’arrête avec ce genre de pensées ! Parce que je vais finir par croire que ce type me plait… alors que les mecs c’est pas du tout mon trip.

— Hey ho, je te parle ! s’impatiente-t-il en agitant une main agacée sous mon nez.

Je hausse les épaules en buvant une gorgée de chocolat. Je m’affale ensuite sur notre banc en poussant un petit soupir d’aise. Pendant ce temps, ses deux améthystes me couvent d’un regard agacé auquel je réponds par un grand sourire taquin.

— Je me moque pas. Je viens juste de t’imaginer avec des cornes de rennes en laine sur la tête.

— Très drôle, grommèle-t-il en se détournant avec dédain dans une expression des plus adorables.

Ouais, j’avoue. Je trouve ses mimiques vraiment adorables. Il se pourrait bien que je fasse exprès de sortir des conneries rien que pour le voir esquisser sa petite moue. C’est bête, mais c’est plus fort que moi. Là, j’ai très envie de remettre une de ses mèches en place. Mais je me retiens.
Faut pas qu’il s’imagine des trucs non plus !

— Je déteste Noël ! lâche-t-il soudain en embrassant le parc et sa décoration lumineuse d’un œil toujours aussi dédaigneux. Toute cette mièvrerie est d’un ridicule !

Mais c’est pas possible d’être aussi ronchon !

Même si pour une fois, je suis d’accord avec lui. Noël c’est à chier.
Quoique… j’aime bien ce moment qu’on passe tous les deux sur ce banc de pierre. Alors ouais, les gens doivent sûrement nous prendre pour des clodos qui n’ont nulle part où aller en cette soirée du 24 décembre, mais on s’en fiche n’est-ce pas ? Je crois que je suis bien avec lui…

Quoi ?! Mais bordel !! C’est quoi ces pensées chelous envers un mec, franchement ?!

J’ai beau lui répéter qu’il ne m’attire pas du tout, je n’arrête pas de penser à des trucs mielleux quand il s’agit de lui. C’est tellement… bizarre. Même avec des filles, je n’ai jamais eu ce genre de pensées toute nian nian. Mais surtout que les mecs ne m’ont jamais intéressé.

Ouais, mais là c’est clair que LUI, il t’intéresse…

Ah et puis merde ! Je me penche vers lui et ramène une mèche rebelle derrière son oreille. Mes lèvres s’étirent malgré moi en un sourire niais lorsque je croise son regard surpris. Putain, ses yeux sont trop beaux ! On dirait deux joyaux… Et me voilà devenu l’âme d’un poète !

— C’est moi ou tu flirtes là ? Je croyais que les mecs « c’était pas ton trip » !

— Ouais mais… je sais pas, murmuré-je en dérivant mon regard vers sa bouche. Toi… je crois que tu m’intéresse. C’est peut-être la magie de Noël ?

Tout en parlant, mon pouce caresse sa joue qui reste rose malgré la neige et le froid.

— Là, j’ai très envie de t’embrasser. T’en dis quoi ? Faut pas gâcher ce pauvre gui qui se balance désespérément au-dessus de nos têtes…

— Crétin va !

Il attrape soudain mon visage entre ses paumes et s’empare de ma bouche avec autorité. Mon corps frissonne délicieusement au contact de ses lèvres contre les miennes. Elles sont douces et j’aime ça.

Sérieux, j’aime vraiment ça ! songé-je en l’entourant de mes bras pour approfondir notre baiser.  J’aime quand il fait sa tête grincheuse, quand il se plaint tout le temps, mais surtout quand il sourit et que des fossettes creusent ses joues. Et surtout, j’aime l’embrasser. Même si c’est un mec.
Finalement, c’est super Noël.

Faut vraiment que je lui trouve un bonnet avec des cornes de rennes tout à l’heure.