06 décembre
Par une des membres de la CdL Dragoness_Blue
Saint-Nicolas. Nicolas de Myre. Nicolas de Bari. Qui ne connait pas l'histoire de ces trois enfants découpés par le boucher et sauvés sept ans plus tard?
Cela est pourtant bien étrange. En effet, un homme peut-il ramener des enfants à la vie? Comment savait-il quelles horreurs le boucher avait commises?
Et si le conte pour enfants que tous connaissent n'était pas la véritable histoire? Plongez au cœur d'une histoire palpitante... je plaisante, ce n'est pas le résumé d'un roman.
Des coups résonnent contre la porte en cette froide nuit de décembre. Un homme velu vêtu de son tablier tâché va ouvrir. Il découvre trois enfants sur le seuil de sa chaumière. Ça pour une surprise! pense-t-il. Il les fait entrer, un sourire aux lèvres. Leur servant à boire une eau opaque, il leur annonce n'avoir pas assez de nourriture pour leur en donner. Pour se faire pardonner, il leur propose de passer la nuit au chaud chez lui. Tout d'abord hésitants, les trois enfants fatigués finissent par accepter et se coucher. Ils s'endorment. Dans l'obscurité, un rayon de lune se reflète sur la hache du boucher qui s'abat brusquement. Les temps étaient durs, il fallait bien faire des réserves.
Les années filent et défilent, sept ans s'écoulent. Un homme drapé de rouge et de blanc s'avance sur le chemin menant à la bâtisse, accompagné de son vaillant âne et d'une ombre noire. Il frappe à la porte, le boucher lui ouvre. Tous deux s'installent autour de la table.
Tiens, une étrange odeur flotte dans l'air, remarque Saint-Nicolas.
Voyant un tonneau dans un coin, il demande ce qu'il contient. Oh, rien de particulier, lui répond son hôte.
— Voulez-vous voir? ajoute-t-il aimablement.
Le voyageur acquiesce, il s'approche et soulève le couvercle. En découvrant l'intérieur, il devient blême.
— Vous n'avez tout de même pas...? commence-t-il avant de s'arrêter, incapable de mettre des mots sur ce qu'il voit.
Aucune réponse ne lui parvient, Saint-Nicolas se retourne. Face à lui, le boucher tient fermement sa hache tâchée de sang séché.
— Je n'ai rien contre vous, monsieur le voyageur, dit-il avec des yeux brillants de perfidie, mais le monde est cruel.
— C'était des enfants.
— Ils n'auraient pas dû entrer.
— Vous êtes un monstre.
— Merci.
— Ce n'est pas un compliment.
— S'il faut être un monstre pour survivre, y a pas de raison d'hésiter.
— Seul le malheur vous attend. Arrêtez-vous tant que c'est encore possible.
— C'est déjà trop tard.
— Il n'est jamais trop tard.
De la tristesse passe sur le visage du boucher, bien vite remplacée par la folie.
— Plus jamais je connaitrai la faim. Sentez-vous honoré, voyageur, vous allez m'y aider, s'écrie-t-il en s'élançant, sa hache levée.
Un sifflement retentissant. Un cri de douleur. Un choc sourd. Saint-Nicolas se tourne vers l'homme baraqué qui se tient sur le pas de la porte, armé d'un fouet. Recouvert de noir, son visage est dissimulé par son abondante chevelure négligée.
—Qui... qui es-tu? couine piteusement le boucher, rampant à reculons sur le sol impur.
— Il ne peut pas parler, explique le saint. On peut dire que c'est ton avenir.
— Mon avenir?
— Un homme qui use de violence pour punir les impertinents.
— Impertinents? Comme les enfants qui ne sont pas sages?
— Te considères-tu toi-même comme un enfant?
Perplexe, le boucher ne sait quoi répondre. C'est alors que son invité lui tend la main, visiblement prêt à l'aider à se relever. Apeuré, il recule et se cogne contre le lit, là où sept ans plus tôt il a ôté la vie à trois enfants.
— Personne n'est parfait. Pourquoi ne pas mettre ton talent à mon service?
— Mon talent? Qu'allez-vous faire?
— Oh, simplement punir quelques malotrus.
— Comment savez-vous si quelqu'un a mal agi?
— C'est là toute la beauté de mon rôle, soupire le saint, une lueur étrange dans le regard. Je suis le seul à en décider, ajoute-t-il avec un sourire sanguinaire.
Ils se serrent la main.
N'entrez jamais chez un inconnu, vous ne savez pas ce qui vous attend.
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