PARTIE 3 - Épilogue : La Décision de Damen
AHHHHHH !!!
Coucou, mes jolies Princesses !
....
Bon, vous trouvez ça utile, de parler du dernier chap ? ... BAH PAS MOI !
xD Lisez plutôt ça, j'attends vos commentaires ! Soyez indulgentes ;)
Bisous bisous !!
- Angie
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PDV Emma
Je m'assieds à ma place habituelle. Roulée en boule, et adossée contre le petit banc que mon père a fait mettre ici, rien que pour moi. Ça m'a touché, il faut dire. Il y a pensé en plein milieu de la nuit, et à cinq heure du matin, le banc était installé. Je l'ai vu par la fenêtre, donner des directives aux domestiques pour le placer au bon endroit.
Oui, je ne dormais toujours pas à cinq heures du matin. C'est ce qui est à retenir.
Papa a remarqué que je passais beaucoup de temps assise dans l'herbe, face au lac, et il ne voulait pas que j'attrape froid à cause du sol humide. C'est ce qui est mignon dans son geste ; il me délivre des attentions discrètes mais pleine d'amour. Adorable. Mais bon... je préfère m'asseoir dans l'herbe quand même. C'est plus pratique pour m'adonner à mon rituel laxiste ; ramasser un caillou, le jeter dans le Grand Lac, et le regarder couler.
J'ai oublié comment faire des ricochets. C'est aussi ce qu'il y a à retenir.
- Restez ici si ça vous chante, mais sachez que vous ne duperez personne...
Je redresse la tête droit vers l'horizon, raidie.
Cette voix... Je l'aurais presque oublier. Pendant une grande période, je l'entendais tous les jours. Quotidiennement. Ça ne lui plaisait ni à elle ni à moi, mais c'est un fait : on se croisait tout le temps. Alors que maintenant... C'est à peine si je me rappelle de notre dernière conversation.
- Tiens, tiens, tiens..., fais-je sur le ton de l'humour.
Je mens, évidemment. L'humour n'existe plus depuis ces deux derniers jours. Donc ce qui devait ressembler à une raillerie est en faite une tarte à la morosité.
- Une revenante, termine-je.
Elle s'approche lentement de mon banc tout en me détaillant des yeux, ce que j'essaie d'ignorer. Qu'est-ce qu'elle fabrique ? Elle n'a jamais été aussi silencieuse, avec moi. Ça me stresse.
- Vous voulez faire croire à vos proches que vous tenez le coup, devine-t-elle.
Oh, mais que c'est étrange ! Je prédis un énième cours sur la vie et ses bienfaits, comme tout le monde m'en chante depuis mon retour ! Bizarre bizarre, cette sensation... Et le fait qu'elle ne tourne pas autour du pot. C'est tellement inhabituel, n'est-ce pas ?
Regina reste agrippée aux pans de sa robe bleue marine, et tire dessus pour pouvoir s'asseoir sur le banc, à côté de mon épaule. La Méchante Reine en psychologue... On va bien voir ce que ça donne.
- Depuis votre retour, les gens essaient de ne pas vous brusquer, poursuit-elle, bonne observatrice. Ils veulent vous laisser le temps nécessaire pour tourner la page... Et pourtant, tout ce dont vous avez besoin, c'est d'être sollicitée comme si rien ne c'était passé. Vous voulez reprendre votre rythme difficile de Princesse dans l'espoir de tout oublier...
J'aime pas les psys.
Regina part toujours trop loin en déductions, comme moi fut un temps. Je me force à l'ignorer royalement en continuant à regarder le ciel qui s'assombrit, le lac qui se mouve maladroitement, les cygnes qui volent en passant devant le soleil et les montagnes. Un paysage qui m'a manqué et me fait du bien au cerveau, si on peut dire.
Je tire de la poche interne de ma cape un carré de tissu (ou mouchoir de mon monde) pour me nettoyer le nez. D'après le médecin royal (Carlisle), je ne souffrais pas d'une angine, mais d'un rhume. Ce n'est pas étonnant, avec les coups de vent qu'il y avait, là-bas... Mais bon. Les lotions qu'il me prescrit m'aident à me remettre, doucement mais sûrement. Grâce à la magie, Damen a « réparé » mon bras et soigné toutes mes blessures.
Mais à moins de boire une potion de l'oubli, je vois mal comment je pourrais guérir intérieurement. Et je sais très bien que ni le temps, ni mon « rythme difficile de Princesse » n'y changeront quoi que ce soit.
- Je viens de croiser Alice Cullen, m'avoue Regina sur le ton de la confidence.
J'aurais pu sourire à cette remarque. J'aurais pu.
Je le savais... ça explique tout. Depuis que je suis rentrée, les choses ont changé. J'ai changé, mais ça, c'est normal. Je n'ai ni l'envie, ni la force de m'étendre sur le sujet de «l'après fin des Hunger Games », mais si on peut en retenir quelque chose, c'est que Storybrooke est de retour.
Au château, au château. Calmons nos ardeurs !
Oui, tous les habitants sont venus témoigner leur soutient en s'installant à la Cour et en venant régulièrement me rendre visite dans ma chambre, où je me reposais de ces huit jours difficiles passés loin de chez moi... Oh ! Mais vous ne le saviez pas. Le temps de mon monde n'est pas le même que celui de Narnia, et c'est un phénomène naturel (deux galaxies complètement à l'opposée l'une de l'autre... bref) Mais pour ce qui est de Panem par rapport aux neuf autres Royaumes, le temps est beaucoup plus rapide sans qu'on ne s'en aperçoive. C'est le dirigeant du pays qui en est le responsable : il veut que sa cité soit différente au maximum du reste de Narnia pour bien démontrer leur suprématie. Ou « suprêmes conneries », comme dirait ce bon vieux Haymitch.
Ainsi, au lieu d'avoir passé trois jours là-bas, j'y suis restée cinq de plus.
- Elle a vu ce que vous prévoyez de faire. (Euh... Ah oui, on parlait d'Alice.) Et c'est pour ça que je suis venue vous parler.
- Mmm. (Elle hausse les sourcils, étonnée que je « prenne la parole ». Faut dire que ma voix est une espèce éteinte, depuis quelques temps.) Moi qui croyais que vous vouliez imiter Archie... (Archibald Hopper le psychologue de Storybrooke, dites Jiminy Cricket de Narnia.) Ou encore que vous êtes envoyée par Damen, ou mes parents... ou alors qu'en faisant semblant de vous soucier de mon état, vous espériez reprendre Henry...
C'est d'ailleurs cette option-là qui me paraissait la plus plausible.
Après tous ces problèmes dû à la renaissance de mon passé (épisode jumeaux Laurens, on s'en rappelle...), on est arrivée précipitamment à Narnia en forçant l'exode de toute la population de Storybrooke. Les gens étaient heureux à l'idée de retrouver leur monde... mais qu'en serait-il pour Henry ? Mes parents craignaient sa réaction à long terme. A tout moment, il aurait pu craquer. Réclamer ses droits, son monde, sa ville, ses habitudes... chambouler la vie d'un enfant, c'est anormal. Indigne d'une fille comme moi.
Je me dégoûte.
Le second soucis est arrivé tout naturellement : Regina. Elle faisait des efforts pour devenir quelqu'un de bien, mais ils n'ont jamais été récompensé ; j'ai gardé Henry prêt de moi, protégée par les décisions royales de mon cher géniteur. Du coup, Regina aurait du rentrer bredouille chez elle, dans le Cinquième Royaume, mais elle est restée au château sur autorisation de ma mère. Mais plus le temps passe, plus ça devient risqué. Dès que les habitants du Palais comprendront qui est la mystérieuse femme vêtue d'une cape noire et qui hante le couloir de la chambre de Henry, ils la traqueront hache entre les dents pour avoir sa tête (rappelons-nous qu'elle est la pire criminelle du Quatrième Royaume pour déportations magiques illégales). Tout ce qui protège l'identité de la Méchante Reine pour l'instant, c'est le sort de camouflage qu'elle s'est jetée elle-même. Seules les personnes touchées par la Malédiction la reconnaissent ; les autres voient l'illusion d'une belle colombienne aux boucles volumineuses et au sourire de star.
Elle a prit l'apparence de Shakira, cette tarée. Mon Dieu.
- Je ne viens pas vous parler pour Henry !, s'agace-t-elle subitement.
Hein ? ...Oh, une seconde de réflexion, et ça y est, je suis perdue.
- Vous... (J'avale une goulée d'air.) Vous pouvez le récupérer.
Mon visage reste neutre, mais mes doigts et mon cœur se mettent à trembler. Aaah, la faute à ma respiration, bien sûr. Il faut que j'en parle à Carlisle discrètement... Un jour, dans longtemps. TRÈS LONGTEMPS, HEIN, ALICE ! Madame qui, sur ordre du Roi, peut se permettre de fouiner dans mon avenir ! Non, je ne donne pas de date précise EXPRÈS pour que tu ne saches pas quand je compte voir ton père ! Nananère !
Elle va me tuer, c'est sûr. Je l'entends préparer la salle de torture d'ici...
Je récupère un caillou au sol et l'envoie dans l'eau, et c'est en me tournant à demi que j'entrevois les genoux de Regina. Ah oui, elle est là, elle. Et... elle se remet pas de ma déclaration ? Sur Carlisle ? Ah non, c'était dans ma tête... Oh, sur Henry. Pff...
- Je suis tellement fatiguée de vous que je n'arrive plus à vous prendre au sérieux..., soupire-t-elle, roulant des yeux, désintéressée.
Fatiguée de moi ? Hé !
- Je suis sérieuse. Récupérez mon frère, je ne...
- OK, Mademoiselle Swan. Si vous voulez m'énerver...
- M'appelez pas comme ça ! Et je...
- Non, taisez-vous ! (Pour la première fois de l'entrevue, je la fixe droit dans les yeux, énervée.) Mademoiselle Swan, appuie-t-elle exprès, et je vous appellerais comme ça tout le long de ce dialogue... Je ne viens pas ici pour prendre en pitié une pauvre petite fille victime d'un trauma-...
- Arrêtez !, m'écrie-je en me levant de mon siège.
Elle m'attrape le bras en me poignardant du regard – évidemment, je ne peux plus rivaliser avec elle. Cette cinglée est plus entraînée sur ce terrain-là, et puis elle essaye de m'aider, après tout. Ma haine, je l'éprouve pour quelqu'un d'autre. Et à chaque fois que j'y pense... ça me donne envie de tabasser n'importe qui, chose que je dois absolument apprendre à canaliser.
- J-Je veux pas parler de ça !, bredouille-je, mon cœur battant à cent milles kilomètres heure.
- Oh que si, et vous allez m'écouter !
J'ai envie de la frapper... Merde ! Les images se bousculent dans ma tête... Non, non ! Ne pas y penser, ne pas y penser... Je ferme les poings et serre les mâchoires. Regina s'est levée en tenant toujours aussi fermement mon bras.
- Mademoiselle Swan, articule-t-elle derechef, à ma plus grande rage, je refuse catégoriquement de vous voir vous morfondre comme une adolescente dépressive dans ce parc.
- Je vous ai rien demander, peste-je, fulminante.
- J'en ai rien à faire. (Elle approche son visage furibond du mien.) Où est passée la teigne débordante de vie qui me rendait folle à Storybrooke, hein ?
.....
Alors c'est pour ça, le "Mademoiselle Swan"de retour...
Je baisse les yeux sur le bras qu'elle a saisit fortement – et elle ne semble pas prête à le relâcher. Mon membre gauche me fait un peu mal, mais la douleur passe. Les bandages me grattent et piquent un peu lorsque mes servantes m'aident à traiter la plaie, mais je pense pouvoir recouvrer le parfait usage de mon bras gauche dans peu de temps. Quant au bras droit, comme je l'ai dis, Damen l'a rendu intact en trois secondes.
- Cessez de faire l'enfant et regardez-moi.
- Lâchez mon bras, Regina !
- Non, je ne vous laisserais pas gâcher votre jeunesse, voire votre vie, comme j'ai gâché la mienne.
- Quoi ?, ricane-je avec sarcasme en revenant à sa tête. Gâcher ma vie ?
La Reine me jauge d'un œil désapprobateur avant de finir par me laisser. Puis elle s'assoit gracieusement sur MON banc, attendant que je me joigne à elle. Tsss, c'est mon jardin privé, en plus. Pff... Je m'exécute, boudeuse.
- Je vous préviens, si vous ne m'écoutez pas, j'appelle Rumpelstiltskin.
Je me pétrifie.
Mais non... NON ! Y a vraiment toute la clic, ou c'est comment ? Storybrooke en entier ? Et Peter Pan, la Méchante Reine et le Ténébreux tous près à m'aider à...Oh non, arrêtez. Une discussion avec Gold : voilà ce qui définira réellement le mot « Enfer » dans le dictionnaire.
- Chantage, grogne-je, excédée.
- La ferme. Vous pensez que je n'ai aucune idée de ce que vous endurez ? Des malheurs et des déceptions que vous ne cessez de connaître ? A votre guise. Est-ce que Henry vous a déjà raconté mon histoire ?
- Oui, réponds-je, sèche comme le désert.
- Dites-m'en ce que vous avez retenu.
- Rhooo, ronchonne-je.
La peste hausse un sourcil dubitatif. MERDE. La simple volonté de faire apparaître l'autre troll à dague magique va le faire débarquer...non ! Ma fierté roulée en boule dans ma boche, je me ravise de mes espoirs de révolte.
- Il était une fois votre timbrée de mère Cora...
- Décédée et regrettée mère, oui, fulmine-t-elle.
Oh, pas le temps de faire dans la dentelle, hein...
- Pieuse, savante, et digne Mère Cora, donc, voulait faire de sa fille Regina l'épouse du Roi du Quatrième Royaume, Léopold Ier. Elle se souciait du bonheur de sa fille, évidemment... (Elle s'apprête à en placer une, mais je poursuis mon récit.) Alors, un jour où le Roi était en balade je sais plus où...
- Dans la forêt enchantée, m'informe-t-elle en désignant l'immense forêt qui recouvre toutes les montagnes derrière le Lac, face à nous.
Oh... OH, MAIS QUELLE IDIOTE ! Bien sûr, toute cette histoire s'est déroulée ici, près du château... Wow.
- Ouais, ça. Il se promenait à la recherche d'une nouvelle épouse, accompagné de sa fille Blanche-Neige... Sauf que le cheval de celle-ci s'emballa ! Et qui l'a sauvé ?
- Roulements de tambours... PAM ! (Regina sursaute, me faisant légèrement rire.) Vous, Votre Majesté ! Et votre acte héroïque a poussé le Roi à demander votre main... Donc... OH ! Vous auriez du être ma grand-mère adoptive ?!
Stupéfiée, je la dévisage en recollant les morceaux. Elle lève les yeux au ciel en soupirant fortement. Ouais bah hein ! C'est chaud, quand même...
- Seigneur, soupire-je, affligée. Bref... Votre mère a tout orchestré, les noces, votre couronnement et tout le tralala... Sauf que vous n'étiez pas consentante. Vous aimiez votre valet, Daniel.
A partir de ce moment, je me calme complètement... Parce que, même si je me sers de cette discussion pour me distraire de toutes ces idées noires qui me tourbillonnent dans le crâne, je n'oublie pas que Regina a énormément souffert, et je ne veux pas lui faire de mal alors qu'elle essaye de m'aider.
- Continuez, me dit-elle en gardant les yeux rivés sur le Grand Lac.
Je fais pareil qu'elle. Je n'ai pas envie de la regarder se remémorer ses pires souvenirs...
- Cora... Cora s'est servie de sa prétendue envie de vous rendre heureuse pour soutirer à ma mère des informations sur vous, puisqu'à ce moment-là, vous vous entendiez mal... Et quand elle a découvert votre liaison avec Daniel, elle...
- C'est bon, arrête-t-elle, rejetant ses mèches folles derrière ses oreilles. Vous vous rappelez de nombreux détails.
- Henry tenait à ce que je comprenne ce qui vous a transformé en Méchante Reine. Vous n'étiez pas une « méchante » gratuitement ; c'est votre passé qui a changé votre cœur.
Un sourire cassé lui tord les lèvres.
- Comme tout le monde. (Elle sourit légèrement en se tournant vers moi.) On ne naît pas méchant – on le devient.
Ow.Elle reprend sa phrase tout de suite après, mais je reste concentrée sur celle-ci, choquée par sa véracité.
- Lorsque la haine et la tristesse se rencontrent... Ils donnent facilement naissance à l'esprit de vengeance. Et la vengeance peut détruire une vie, et même plusieurs.
Je la regarde de biais, touchée. Parce que jamais, au grand jamais je n'aurais cru qu'un jour, Regina se livrerait ainsi... pour moi. Pour m'aider...Elle a du faire un énorme effort pour ravaler sa fierté et ses envies de préserver ses sentiments. Je sais ce que ça lui en coûte, et je l'en remercie au fond de moi. Même si tout ce qu'elle pourra dire ne changera pas mes plans.
Tout est déjà prêt. Je ne passerais pas à côté de ça.
- Vous êtes la preuve vivante que la vengeance est totalement destructrice, poursuit-elle en me désignant de haut en bas via sa main. Vous avez grandie orpheline parce que je voulais réduire à néant le bonheur de votre mère à cause de sa trahison.
Vu que Blanche-Neige a avoué à Cora que Regina avait un amoureux secret, et que Cora, horripilée, a assassiné cet amoureux.
- Et je travaillais tellement sur l'anéantissement total de sa vie que j'en ai oublié la mienne. Ce sont des années parties en fumée, dédiées à une Malédiction que vous avez mis quelques mois à rompre.
- Désolé.
Elle se tourne vers moi avec de gros yeux.
- Ah ouais, je savais que vous aviez changé, mais quand même...
- Laissez tomber, c'est dans ma tête. Continuez.
Oui, j'écoute plus l'histoire que la morale. J'aime sa façon de parler pour persuader les gens, même si moi, elle ne m'atteindra pas. C'est la voir aussi bienveillante qui me fait réaliser qu'elle n'est plus la même du tout. Ses efforts pour devenir quelqu'un de bien, tout ses efforts pour Henry, finissent par payer sur son comportement.
- Tout un destin peut se jouer en une seule seconde. Emma... (Regina me regarde enfin, et je ne bouge plus, à l'écoute.) Ne faites pas la même erreur que moi, ou celle de votre mère. Lorsque Daniel est mort, j'ai voulu me venger. Lorsque Blanche a tué ma mère, elle s'en est voulue et est... devenue carrément dépressive, d'après mon miroir magique.
- Vous nous espionniez ?!
- Oh, je surveillais mon fils, c'est tout. (Roulement de ses yeux noirs. J'y crois pas ! Qu'elle tarée, n'empêche !) Mais écoutez bien, et gardez en tête que... Vous êtes en plein dedans. Entre la rancune et la peine. Je veux dire... Vous jouez la misérable pour que la gentille famille Charmant vous laisse en paix. Ils pensent que vous avez des remords...
J'en ai. Des tonnes...
- Et ils respectent votre chagrin en vous laissant méditer... (Et paf ! Son ton change du tac au tac, et son regard devient glaçant. Elle me lorgne mauvaisement.) Mais Alice a vu votre avenir. Elle sait très bien que vous profitez de vos heures seule pour préparer un mauvais coup. Et avant que vous ne puissiez mettre votre plan à exécution, elle aura alerter tout le monde. Et les autres vous en empêcheront, parce qu'ils vous aiment. Ils ne veulent pas vous perdre...
OK, là, ça devient lourd. Je fulmine dans mon coin, excédée par ses belles paroles tout droit sortie du guide des gentilles personnes. Je suis pas gentille, moi. La gentillesse est une putain de fleurs épineuses qui ne mérite pas qu'on l'arrose. Pas pour tout le monde, en tout cas.
- Je n'ai pas peur de mourir, siffle-je en détournant la tête, furieuse.
- C'est ce qui restera de vous qui devrais vous inquiéter.
- L'image d'une fille assoiffée de vengeance, et sans état d'âme ?
- Les humains ont fait de la vengeance un sentiment naturel, mais ce n'est qu'une arme de destruction massive comme la bombe nucléaire.
Je reluque les arbres, les rosiers, le coucher de soleil ; tout sauf elle. Qui c'est, pour me donner des leçons ? Je n'ai besoin de personne pour prendre mes décisions. Je suis assez forte pour m'assumer seule.
- Oubliez vos projets, me conseille-t-elle fermement. Vous gagnerez plus en allant manger du fondant au chocolat de Granny qu'en lançant des cailloux dans l'eau en ruminant. (Pause. Elle semble réfléchir. Puis... pose sa main sur mon épaule.) Oubliez les Hunger Games et Snow, Emma.
Putain.
Elle l'a dit, cette folle.
Au moment où je bondis du banc, folle de rage à l'entente de ces mots dans la même phrase et qui me percent les tympans, la traîtresse disparaît dans un nuage de fumée mauve. Argh !
+++
- Les rencontres avec « Shakira » sont toujours aussi mouvementées, à ce que je vois...
Oh non, pas lui. J'suis pas d'humeur, merde.
Pourtant, lorsque je me retourne, il est bien là. Assis dans une barque à la dérive, sans rames, en tailleur, sourire aux lèvres. Ce monde est vraiment perché, sérieux. Il se croit malin ? La fumée kaki avec laquelle il vient d'apparaître vient tout juste de se dissiper. Bien sûr, lui et la magie, ça ne devrait plus m'étonner – il ne s'en passera jamais. Tel père, tel fils...
- Dégage, crache-je, sauvage.
En comprenant que rester debout et colérique face à Regina ne sert pus à rien, je retourne m'asseoir sur mon banc abandonné. Je balance des brassées de cailloux dans le lac, en furie. Pourquoi ils veulent tous me donner une morale ? La vie est belle et charmante, et rose et pleine d'amour et de pâquerettes ! La mort d'innocents sous mes yeux, c'est un détail de ma vie. Faut passer à autre chose... Je me mords la joue. Ploc, ploc, ploc ; les cailloux tombent comme des feux d'artifice. Damen me regarde, affalé sur son genou.
- Tu fabriques quoi, au juste ?
- Laisse-moi.
- Viens voir. Je dois te parler.
Maintenant ? Après la dispute d'hier ? Ça ne lui a rien fait, il faut croire. Je croise les bras, furieuse, et secoue la tête.
- T'es relou, grognasse-t-il en levant la main vers le ciel.
Oh non, pas...
Il claque des doigts.
L'instant d'après, je suis assise face à son visage sobre et... magni.. non, y en a marre, du charme vampirique ! Je tourne la tête dans tous les sens. Non ! Qu'est-ce que je fiche ici ?
- Ramène-moi à la berge !
- Emma...
- Mon banc ! Dégage, Damen, j'veux pas te voir !
Je commence à ramer avec mes mains. Ce con, il nous a déporté en plein milieu du lac. Grrr, je lui en foutrais, des baffes, si ça pouvait lui remettre les idées en place...
- T'as même pas vu que je t'ai ramené un cadeau..., souffle-t-il, déçu.
Un cadeau ? Pour moi ? Je me retourne avec curiosité. C'est vrai, il tient entre ses mains un petit colis enveloppé de torchons encore chauds, vu la fine vapeur qui s'en dégage. Il me le tend sans me demander mon avis et le dépose dans ma robe. Malgré les quatre épaisseurs de jupons, je ressens tout de suite la chaleur sur mes jambes. Et une odeur très particulière m'embaume les narines...
Oh. Choc... choc cardiaque... choc... olat...
DU CHOCOLAT !
Je crois que mes yeux deviennent deux tablettes au chocolat brillantes de gourmandise, comme dans les dessins-animés. Je me vide de toute inutilité intellectuelle, obnubilée par cette seule présence tant regrettée ; MERDE, DU CHOCOLAT, QUOI ! Je déballe le tout, sous l'œil intéressé de l'autre singe blond. DU FONDANT AU CHOCOLAT ! Deux belles tranches rien que pour moi ! Oh la vache, je décède, ça y est, c'est la fin, the end, terminus, j'en peux plus ! Qui c'est qui l'a fait ? Ramené ? Préparé ? Je demanderais après. Là, je m'empiffre comme jamais, folle de joie, bouche ouverte comme une poubelle de table. Les manières de Princesse... Ooh, plus tard, plus tard.
Le vampire roule des yeux, peu attendrit.
- Je savais bien que ça ferait fureur... (Il pince une de mes mèches et en extrait... un caillou ? Ouah, j'étais énervée, tout à l'heure...) Le temps que je vienne te prévenir que Granny a fait du gâteau rien que pour toi, Caleb et Clark auraient tout avaler...
« Et Henry. », tiens-je à ajouter.
- Bon... Tu as réfléchis à notre discussion d'hier ?
DISPUTE, Damen. Une DISPUTE.
J'entame la deuxième part en gardant furieusement les yeux baissés sur mes genoux. Oui... Oui, j'ai eu le temps de beaucoup réfléchir, depuis ces deux derniers jours. Les nuits blanches hantées par les cauchemars incessants y contribuent peut-être un peu, je l'avoue. Entre préparer mes petits plans (espionnés par cette malade d'Alice) et songer à notre grosse embrouille, rester assise près d'un lac et y jeter des cailloux n'a jamais été si difficile pour qui que ce soit.
Quand je termine mon goûter... Bah, j'ai plus de raison de ne pas parler. Oups.
- Ouais. (Il incline la tête sur le côté, comme un chien battu.) Ouais, je... je me suis emportée. (Je me racle la gorge en regardant les montagnes derrière lui.) Je comprends.
- Tu as vu comment tu as réagis face au chocolat, hein ? Mets-toi à ma place, maintenant.
- Oui, je sais... Je te pardonne... et tu me pardonnes, au pire, et tout est réglé.
Est-ce mon précieux festin qui me rend si indulgente ? J'y ai réfléchis, certes, mais est-ce que ma conclusion personnelle est « Il faut pardonner Damen. » ? Je crois que j'en avais marre de lui faire la tête. C'est juste pour ça. Il est si important, dans ma vie... je ne voulais pas continuer à jouer les blessées déçues. Et puis, ses motifs étaient compréhensibles. C'est sa nature qui a prit le dessus, en faite. Rien n'était prémédité.
Monsieur accepte donc mon idée pacifique en hochant la tête, mais pinçant les lèvres.
- Mmm, ça me va, ment-il.
Je ne le quitte pas une seconde des yeux. C'est ballot pour lui, je le connais par cœur.
- Il t'arrive quoi ?
- Mmm ?, fait-il en redressant la tête vers moi.
- T'es bizarre.
On reste plusieurs secondes comme ça, les yeux dans les yeux, sans savoir quoi faire. Je me... Je me demande une demi seconde pourquoi tout est calme sur la berge que je viens de laisser.
Connaissez-vous le secret de Polichinel ? (Oui, encore un délire avec ma belle France, ce qui horripile Clark mais qui renforce l'admiration de Caleb, lui aussi fan de ce pays.) C'est lorsque des gens essaient de garder un secret... que tout le monde connaît, mais que tout le monde fait mine d'ignorer. C'est ce qui se passe ici ; tout le monde sait que ma mère me fait suivre par au moins huit gardes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Personne n'est censé être au courant ; tout le monde fait semblant de ne pas le savoir, donc. Ma mère sait qu'ils le savent, mais elle s'en fiche, étant donné que la seule qui ne doit pas le savoir est moi. Et tout le monde (sauf ma mère) sait que je suis au courant.
Ah, l'embrouille.
Tout ça pour dire que les gardes censés me surveiller "discrètement cachés" ne bougent pas. Pourtant, j'ai disparue subitement dans un nuage de fumée kaki... Alors soit ils savent que je suis avec Damen, soit... Non, en faite, je comprends pas. Pourquoi ne cherchent-ils pas à me sauver ? Qui leur dit que ce n'est pas le Président de Panem qui vient de kidnapper ?
- Emma ?
Je rage intérieurement en lui redonnant de ma concentration. Euh... Oh, je réfléchissais en continuant à le regarder dans les yeux ; c'est pas du tout gênant, ça... Je n'ai pas le temps de répondre qu'il me coupe déjà par son immense prise d'inspiration.
- Est-ce que notre relation t'apporte quelque chose ?
+++
Hm... Déboussolée, oui. C'est le mot.
J'ai un mouvement de recul instinctif en entendant ces mots, sourcils froncés et bouche en cul de poule. Damen reste immobile, ses pupilles noires plantées dans les miennes, tout à fait serein. Il n'a pas l'air de vouloir plaisanter... Pourtant, pour la première fois depuis longtemps, j'ai envie de rire.
- J'ai pas compris.
Bizarrement, ça ne l'étonne pas.
- Je te demande si ça t'apportes quelque chose. Si tu te sens... différente, depuis qu'on est ensemble.
Je m'écarte de lui, yeux exorbités. Là, il est perdu.
- Quoi ?, fait-il innocemment.
Je m'écarte encore plus de lui, yeux encore plus exorbités. Là, il est encore plus perdu. Mais c'est quoi, cette histoire ? Non, en faite, c'est moi, la plus perdue des deux.
PDV Damen
Y a pas à tournicoter bien longtemps, ça saute aux yeux ; elle est complètement bouleversée.
La voir comme ça m'enserre un peu le cœur, je l'avoue. Mais ça ne servait à rien de continuer à faire semblant. Je me doutais bien que ce ne serait pas une partie de plaisir... Tant pis, c'est mon choix, après tout. J'ai longuement médité sur la situation, et je ne savais pas à quel moment me lancer pour lui parler. C'est surtout la façon dont je devais lui annoncer qui était difficile. Tout faire pour ne pas la brusquer, lui briser le cœur... Du moins lui briser en douceur. Elle ne mérite pas de souffrir. Elle en voit assez comme ça. Mais bon... Comme je l'ai dis, j'ai pris ma décision, et même si je suis doué dans ce domaine, jouer la comédie ne me plaît pas.
Mon regard dérive sur le Grand Lac, calme et obscur. Elle a l'air vraiment perturbée, là ; j'ai pas le choix, je dois poursuivre sur ma lancée.
- J'y ai longtemps réfléchis, et je crois que c'est une mauvaise idée.
Ne pas la regarder, ne pas la regarder... Si je croise son regard, je vais prendre pitié et changer tous mes plans. Faut que je termine. Qu'on termine cette histoire de manière assez élégante. Pas de larmes, j'en suis allergique.
- Je... J'sais pas, je n'ai pas vraiment décidé de quelle manière je devais te l'annoncer, mais je pouvais plus attendre, soupire-je avec consternation. C'est con à dire, mais j'en peux plus. Y a trop de... Enfin j'sais pas, tu le vois comment, toi ? On s'aimait, on s'embrassait, câlins party et mots mielleux... Et je t'ai offert ces bracelets...
Je tends la main près d'elle, ce qui déclenche un frémissement dans ses bras. Une petite source de chaleur s'inhibe dans le creux de ma main. Au début, ça piquait, mais je suis habitué. Je ne sens plus rien. Ma main s'enveloppe d'une fumée kaki ; lorsque j'ouvre les doigts, deux bracelets sont apparus. Au visage d'Emma, je comprends qu'elle les reconnaît.
- Je savais bien que ça faisait tellement gamin que même toi tu te rendrais pas compte que je les avais récupéré, dis-je, honnêtement honteux de cette idée que j'ai eu.
Et sans ma détacher de son regard, je les jette à l'eau. Au début, Emma essaie de continuer notre affront visuel, mais ses yeux lui piquent, j'ai l'impression... Quoi ? Pour ces deux bracelets ? Elle finit par rompre le lien et regarde le Lac engloutir ces babioles. Elle y était attachée, alors ? Moi pas. Fut un temps, j'avais comme un besoin de me sentir liée à elle par quelque chose. C'est pour ça que je lui ai offert ces trucs, pour ça que je voulais trouver un petit mot rien qu'à nous. Le "toujours" que ses parents ont toujours eu, c'est le cas de le dire, est devenu note "OK". C'était stupide.
J'avais vraiment un grain, ma parole.
- Donc voilà, conclus-je tout naturellement en levant la tête vers le ciel.
Il commence réellement à s'assombrir. Le coucher de soleil est magnifique, mais dans peu de temps, il va faire nuit.
- Je sais bien que tu t'attendais pas à entendre tout ça, mais je crois qu'après... après ce qu'on vient de vivre... (Je me tais quelques secondes, m'incitant au calme. J'arrive à contrôler mes souvenirs. Ouf. Oublions, oublions...) Je me suis rendu compte qu'il fallait mettre les choses au clair, entre nous. Je pense qu'on a tous les deux grandis avec cette épreuve, et je sais bien que le temps ne fera qu'atténuer nos blessures... Mais après ce séjour, je réalise que... que la vie est imprévisible.
Et je suis sérieux. Vraiment.
- Chaque moment compte réellement, et j'ai pas envie de perdre mon temps à attendre que tu grandisses, que tu vois les choses comme moi etcetera... Alors comprends... Comprends qu'on est plus des gosses.
Je porte une main tremblante dans mon veston pour chercher la petite boîte. Elle en a réellement besoin, vu les deux et uniques larmes silencieuses qui roulent sur ses joues. Je ne vois pas son "mouchoir" à proximité, le petit carré de tissu que tout noble porte sur lui pour larmes et tâches malencontreuses. Heureusement que j'ai ramené le mien. Je lui tends la boîte, et elle s'en saisit, la mort dans l'âme.
- Allez, sèche tes larmes, lui recommande-je simplement. Et comprends. Petit copain-petite copine, c'est bon quand on a treize pige.
Elle me fusille du regard sans un mot. Fulminante ou chagrinée. Mais j'ai fais ce que j'avais à faire ; lui dire la vérité. Elle ouvre la boîte à grâce, comme ils appellent ça ici (de la grâce dans un klinex, oui) et en sort le mouchoir brodé qui s'y trouve. Puis éponge ses larmes avec. Faisant tomber dans la barque un petit truc tout brillant. Je baisse les yeux dessus, la gorge serrée. Emma regarde l'objet.
Elle se fige.
Lève les yeux vers moi. Les yeux brillants. La bouche ouverte.
Je souris.
- On est plus des gosses. Alors marions-nous.
- A suivre...
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