Chapitre 36 : Manipulation

Hip hip hip ? HOURRA POUR VOUS, MES PRINCESSES !

Le Tome 3 a dépassé le Tome 2 en votes ! 

Me vient une idée, dis donc... 

SONDAGE : Lequel de mes Tomes préférez-vous ?

Bonne lecture <3

___________________________________________

C'est peut-être très cliché, mais lorsqu'on est devant le fait accompli, rien d'autre ne nous vient à l'esprit.

- NOOOON !, crions-nous de manière exagérée et digne d'un mauvais film sentimental.

J'en ai honte, sérieux. Mais comme je l'expliquais, rien d'autre ne nous vient à l'esprit... à part peut-être l'envie de hurler, de vomir, de tabasser tout le monde et de chialer dans son lit, appuyé contre un pot de Nutella vidé à la louche...

- Gally !, s'étrangle Damen en se jetant sur lui.

Je le laisse gérer, parce que moi, je suis en pause...

Y a des moments, comme ça, où notre propre douleur passe en arrière-plan et où on ne pense à rien d'autre, débranché du reste du monde. Un bras cassé, une cuisse hachée, l'estomac retourné, la conscience massacrée ; tout dégage de mon charmant petit crâne. Tout devient sans importance, excepté cette personne, juste en face, plus en détresse que moi.

- PUTAIN !

Ouais,Newt. Envie de gros mots, aussi.

- Chuck, Chuck, Chuck ! Non, Chuck, non ! CHUCK !

Coup de pression ou disjonction de ma cervelle, il n'en est pas moins que je fonce de plein fouet dans Thomas et Newt – strike, je sais – lorsqu'ils ont eu le même réflexe que moi : sauter sur le petit, allongé à trois mètres du sol, sur une superficie d'à peine cinq mètres carré. Mais quelle idée d'être montés ici ! Quelle idée de ne pas avoir massacré Cato ! D'avoir décidé de dormir dans un endroit pareil ! D'avoir eu l'idée d'y entrer ! Quand on y pense, Gally est le premier à s'être engouffré dans le Labyrinthe, d'ailleurs. Et je suis celle qui a voulu m'arrêter dormir dans ce couloir où sont passés Damen et les autres, poursuivit par un monstre...

On est coupable. Gally et moi, on est responsable du sort de Chuck et Teresa.

Y a des moments où on ne sait pas vraiment comment décrire nos émotions, et c'est pourquoi je trouve inutile de vous expliquer dans quel état je suis. Traumatisée, terrorisée, paniquée, abattue, suicidaire ou autre, qu'est-ce que ça fait ?! Ce qui compte pour le moment, c'est notre manière de réagir.

Aucun ordre n'émane de mon cerveau ; il est véritablement en pause. Mes genoux se plient d'eux-même pour se placer près de l'oreille du blessé de guerre, poussant inconsciemment Thomas pour me frayer une place. La petite dinde que voici – on parle de Chuck, je précise – s'agrippe fermement à mon épaule, plantant tous ses petits ongles noircis dans mon cou, ma joue, la main que je lui pose sur le visage. Il a l'air encore plus paniqué que nous tous... ÉTRANGE ! Y A PAS MORT D'HOMME, POURTANT ! Apeuré, il tremble de tous ses membres, yeux écarquillés et bouche ouverte, en quête d'oxygène. Mes yeux se baissent malgré moi vers sa blessure, mais heureusement, Thomas a déjà prit l'initiative de mettre sa main dessus pour éviter qu'il ne perde trop de sang.

C'est peine perdue, il est condamné...

Oui, BIEN SÛR, qu'il a une chance de s'en sortir ! D'ailleurs, qui as osé en douter ? Bande d'infâmes comploteurs !

- CHUCK ! CHUCK ! CHUCK !, hurle-je, hystérique, morte de peur.

Tout va bien, je gère la situation. N'ayez crainte !

- Chuck, reste avec nous !, glapit Thomas en le secouant doucement.

Il croit que c'est doucement, l'animal, mais on dirait une daronne énervée qui secoue son linge avant de l'étendre. Regardez-moi, par exemple : je contrôle mes émotions.

- RESPIRE ! RESPIRE, CHUCK, RESPIRE BIEN FORT ! TOUT VA BIEN SE PASSER, Y A PAS A T'INQUIETER ! NO PROBLEM !

- Emma, calme-toi, tu vas faire une crise d'asthme !

Mais non, Newt, que racontes-tu ? TOUT LE MONDE VA BIEN !

Courte partie récit : je suis incapable de respirer normalement. Mon cœur bat à peu près aussi vite qu'après un cinq cent mètres, je crève de chaud, je me sens rouge et enflammée, et les yeux du petit roulent dans tous le sens, sa bouche est ouverte, il n'arrive plus à respirer... Non, il peut pas y passer ! Pas ici, pas maintenant ! J'AI DIS NON, AVORTON ! Reste en vie !

- Chuck, chuchote Thomas, mais ça ressemble plus à un appel. Regarde-moi, Chuck, regarde-moi !

Newt se couvre la bouche, frappé d'horreur, incapable de quoi que ce soit : ni bouger, ni parler, ni s'agenouiller. Thomas garde sa main fermement plaquée sur la gorge blessée, mais une impressionnante flaque de sang entoure déjà la tête de Chuckie. Il pâlit de ouf, au faite. Je serre si fort sa main que j'en ai mal ; mes ongles sont tous plantés dans sa paume. Je vais bousiller ma manucure. T'as intérêt à survivre !

- Chuck, tu m'entends ?, reprend Thomas, peu abattu par son silence. Regarde-moi, Chuck !

- NON, DAMEN, LAISSE-MOI !, hurle l'autre psychopathe dans mon dos.

- Attrape-lui les pieds !, ordonne Damen à Minho, tout deux plus haineux qu'attristés par les événements.

Je les ignore complet. Faut que je reste concentrée sur la boulette aux bouclettes brunes. Ses petits yeux noirs continuent de rouler bizarrement, comme ceux d'un chat qu'on viendrait de buter avec une voiture. Le Chat, en l'occurrence. Avec ma bagnole jaune de Boston. Vous vous rappelez ?

- OH ! (Ouais, je lui gueule dessus, ma parole.) Eh, pars pas, t'as compris ?

En vrai, il fait trop le malin, ce gamin ! D'où il crève sans mon consentement ? C'est pas possible, ça ! C'est moi qui décide ! Débile, va. Énervée, je lève ma main et la pose difficilement sur son front. Mes doigts tremblent et peinent à passer dans ses cheveux emmêlés, mais je plante malgré tout mon regard furibond dans le sien. Il me stresse, là ! Fait pas le mariolle et sois fort, Chuck, sois fort !

- Écoute bien ce que j'vais te dire, p'tit gars : t'as pas intérêt à y rester, pigé ?! On rentre tous ensemble aux Districts ! Les Hunger Games méritent pas de nous conserver dans ses cercueils !

Pour seule réponse, il déploie le peu de forces qu'il lui reste – nan, je déconne, il pète la forme. Y a intérêt ! – pour lever sa main jusqu'à celle de Thomas, toujours serrée autour de son cou. Cet acte rend Thomas incontrôlable de fureur.

- Non, Chuck, je te lâcherais pas ! Tu vas pas y passer, c'est mort !

- PARLE PAS DE MORT, ABRUTI !, m'écrie-je, blessée dans mon estime sur la vie.

Vive les phrases qui veulent rien dire !

Le petit l'ignore. Tout en observant ma veste, il gratte son poitrail, à la recherche de je sais pas quoi, encore. Non, tu trouveras pas de billets verts ici. Quoi que vous connaissez pas les billets, à Narnia. Ça paye encore en pièce d'or ! Merde, qu'est-ce que je fous là ? Je me suis fais arnaquée par des haricots, ma parole ! Stupidité réincarnée, mais vous n'êtes pas censé le savoir. Je baisse les yeux sur ce que Chuck observe avec autant d'intérêt. Non, pas une tâche de sauce tomate, mais quelque chose de plutôt jaune.

Mais non, pas de moutarde non plus ! VOUS ÊTES DES IDIOTS !

Il fixe ma broche.

Franchement, j'ignore comment je fais. Parce que mon esprit à beau être d'un intellect incommensurable, il n'en reste pas moins très complexe. Alors même si j'ai pas capiche comment je fais, je le fais quand même. Je comprends ce que Chuck veut. Mon cerveau toujours hors service, je réussie tout de même à retirer sa little paluche de son cou pour chercher à sa place. A mon avis, le coup de l'autre connard psychopathe a dû la couper, mais... Oh, attendez, je la sens ! Je pince entre deux doigts la petite chaînette que j'avais déjà remarqué, mais je n'ai jamais pensé à lui demander de me la montrer. Je la tire, et elle me reste entre les mains. Je lui lève devant les yeux, fière.

- C'est ça que tu cherchais ?

Un faible, minuscule, invisible spectre de sourire se dessine légèrement sur ses lèvres coupées. Il est content.

Ce con. Ce gros con sentimental. Il va réussir à me faire pleurer.

Ce que j'ai pris pour une simple chaîne est en réalité un précieux médaillon. Rouillée, sans esthétique, bon marché ou plutôt invendable, ce collier supporte les quelques grammes d'un petit objet que je reconnais instantanément. Un petit rond doré. Un oiseau en plein vol. Une flèche dans le bec.

Son médaillon. Ma broche. 

Ce sont les même.

- Un... Un geai moqueur ?, chuchote-je, voix cassée, choquée.

Une chose ignoble déforme ses traits. Je crois qu'il a envie de rire, mais qu'il ne peut plus. 

- Raison de plus pour pas me laisser tomber, Chuck ! (Vous voyez la voix avant-pleure ? Gorge serrée, bannissement des larmes du revers de la main et tout ? J'en suis là.) T'as le même insigne que moi ! On forme notre propre équipe des Geais Moqueurs, tu m'entends ? On est ensemble, Chuck, comme un frère et une sœur ! Tu m'entends, Chuck ?! On forme une équipe ! (A chaque parole supplémentaire, le corps de Thomas tremblent sous les sanglots qu'il tente de cacher.) On... On va tous mourir, si t'es pas là pour nous donner de l'écorce ! Il faut que tu tiennes le coup.

Il arbore le même visage crispé... mais souriant.

Je continue à papoter, en pause café, à raconter ma vie sans intérêt. Cet idiot ne peut pas mourir, après tout ; il n'a pas encore rencontré Henry. Ça serait dommage de crever sans voir son double psychique ! Un cri exigu retentit derrière nous, mais j'y prête à peine attention. Je caresse les cheveux de Chuck en continuant à lui causer. Thomas s'effondre, en larmes, et secoue le petit. Immobile. Newt semble comprendre je ne sais quelle révélation et s'assoie près de la tête à Chuckie. Il le fixe, et une larme roule sur sa joue sale.

Thomas retire sa main de la gorge tranchée.

- EH, PAUVRE FOU ! IL VA MOURIR !

- Emma...

- LA FERME, INCAPABLE !

Fâchée, je remplace sa main sur la gorge de Chuck. Non mais ! Si défaitiste, quand même ! Il ira pas loin, celui-là ! Roulant des yeux, moqueuse, je poursuit ma discussion.

Mon monologue.

- Oh, j'y pense ! Chuck, tu m'as toujours pas dis ce que c'est, du plonk ! (Il garde la même position depuis dix minutes, avec sa tronche heureuse et ses yeux noirs plongés dans les miens.) Ouhou, j'te parle ! Tu dois rester avec nous, tu dois m'expliquer ! C'est quoi, Chuck ? Dis-le moi !

- Emma...

Je me tourne froidement vers Thomas, qui se relève tout doucement. J'avoue que je reste quelques secondes figée sur ses traits. Ses joues sont rougis, ses yeux trempés. Il est beau mais abattu.

- Encore toi ? Attends, me coupe pas la parole, je dois dire un truc au gosse. (Je me tourne vers l'intéressé.) Eh, Chuck, tu m'avais promis de me le...

- Emma, c'est fini...

Pause. De trois secondes chrono – j'ai compté.

- QUOI ?! Mais comment tu peux dire ça ?! T'as pas honte ?!

- Le coup de canon a retentit depuis dix minutes.


+++


- Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Non ! NOOON, LÂCHEZ-MOI !

Ma voix se brise comme un bocal sur du carrelage, j'ai envie de dire. Je me fais penser à une trucidée de la guerre, en train de brailler sur ses bourreaux sans âmes. Je m'époumone de toute mes forces en me débattant, cherchant à quitter les bras de Thomas et Newt, qui me tirent de force loin de mon partenaire.

- Lâchez-moi de suite ou je vous cogne, putain ! On a aucun compte à se rendre, OK ?! Je suis libre ! Dégagez-moi vos sales pattes...

Je crise comme une enfant en leur frappant le torse et le visage, furibonde. Ils me parlent, mais je peux tellement plus les encadrerque même leurs voix ne m'arrivent pas aux oreilles. C'est fou, quand même.

- Laissez-moi, merde ! On peut pas laisser Chuck, il a besoin de nous !

- Emma, y a plus rien à faire !

Oh.Thomas. QU'EST-CE QUI LUI PREND ?! Je le foudroie du regard, et même Newt, mais lui ne me regarde pas dans les yeux. Il s'essuie le nez en tirant mon bras dans sa direction, puis il me lâche. J'en profite pour mettre un coup au creux du coude de Thomas. Son bras se plie, et je suis enfin libre.

Je leur colle mes poings dans la figure en criant.

- T'avises pas de répéter ces conneries sans quoi ça va pleurer des yeux, tête creuse !, hurle-je gorge déployée, enragée. Le gamin dort, c'est évident. Tous ces événements, ça épuise, quand même ! Vous êtes inhumains pour le considérer comme...

Je cesse de parler. Le filou ! Il pense pouvoir m'arrêter ?Je le dévisage passablement tandis qu'il agrippe mes épaules, plantant ses yeux noisettes dans les miens. Il n'a plus d'espoir, j'en suis convaincue.

- Emma, je vais te poser une question.

Haineuse, je reste cependant figée, attendant la suite. Au pire des cas, si ses paroles me gênent vraiment trop, je lui mets un coup de tête. C'est la technique fatale de Crochet et Caleb. Ils adorent frapper leurs fronts partout, ces idiots. N'empêche, ça marche.

- Quand ta main était posée sur sa gorge, est-ce que tu sentais son pouls ?, me demande-t-il simplement, très calme. A ton avis, pourquoi j'ai retiré la mienne, hein ? Tu penses que je l'aurais largué, s'il était encore vivant ?

Calme, certes, mais ses doigts tremblent sur mes épaules.

Je me contente de l'observer droits dans les yeux, sans broncher. C'est même pas gênant, et pourtant, on ne se connaît presque pas. Je suis calme. Il est calme. On connaît tous les deux la réponse à sa question, et on sait tous les deux ce que je vais répondre.

- Il n'est pas mort.

Je parle si doucement, ces derniers temps, qu'on ne m'entend presque pas.

Derrière lui émergent les visages assombris de Minho et Damen. Ils s'avancent et s'arrêtent près de Newt et Thomas, en face de moi. Moi qui suis seule, et du côté de Chuck. L'ultime espoir du monde, c'est ça ? Ils manquent pas de culot, de me laisser tomber comme une chaussette. Je leur en mettrais, des règlements de compte, si j'étais mauvaise avec mes amis. Grâce au Ciel, je ne suis pas rancunière...

- Emma, rends-toi à l'évi...

- Il n'est pas mort, je vous dis ! Regarde... Il va bien !, persiste-je en pointant du doigt l'enfant immobile, baignant dans une mare énorme de sang.

Ooh, le corps est fait à quarante-deux litres d'eau, il va survivre...

- Emma, commence Damen, sa voix dénuée de toute émotion.

- Il pète la forme, ce gosse ! C'est un dur, il se laissera pas faire !

- Les coups de canons ont été tiré, me coupe simplement Minho.

Les coups de canon ? Misère... Je jette un coup d'œil aux alentours. Tout me semble étrangement calme. Aucun élément perturbateur en vu. 

Mon Dieu... Nez-Patate... 

Je le cherche désespérément du regard, mais mes yeux s'arrêtent sur le petit corps avachis à terre. La mare de sang s'élargit encore.

- Gally a payé pour ce qu'il a fait. De toute façon, il représentait une trop grosse menace pour le reste du groupe. Il n'était plus dans son état normal.

Le retour du robot. A croire qu'il est réellement dénué d'âme, ce gars-là. Il ne ressent vraiment rien ? Aucun choc, aucun...désarroi ? Pas de dégoût envers ce qu'il vient de faire, ni aucune pitié pour le gamin blanc qui refroidit à mesure que le temps passe... Je dois trouver une couverture. La nuit est fraîche et blessé comme il est, Chuck pourrait mourir.

Mais bon. Avant ça, place aux cris.

- NOM DE DIEU, VOUS L'AVEZ POUSSÉ DANS LE VIDE ?!?

- Il est tombé pile sur la tête de Cato, ce cassos, ajoute Minho. Ils sont morts sur le coup ! Plus qu'un A survivant.

Mmm, OK. C'est sûr, ce chinois n'a pas de cœur. C'est une machine, pour parler d'un double meurtre aussi tranquillement. Mais... il ne présente aucune hostilité envers le dernier survivant de l'autre équipe. Je me demande qui ça peut être.

Mais je me le demande pas si longtemps que ça, en faite.

Là, au beau milieu du ciel noir, un OVNI approche. Non, par pitié, ne vous représentez un vaisseau spatiale lumineux avec à son bord une armée de petits bonhommes verts. De base, ces initiales sont celles d'un Objet Volant Non Identifié. DONC, reprenons, un OVNI s'approche tout doucement, dans un sifflement grotesque de berceuse.

- Regardez, conseille Newt, ayant suivit mon regard vers le machin bizarre.

Ti,ti tou ! Ti, ti tou ! Le bruit qui en émane est vraiment étrange. Tout doucement, il traverse les airs en s'approchant de nous. Sa musique a beau ressembler à celle d'un chant de bébé, elle n'en est pas moins stressante. Pour me calmer, je sifflote l'air à quatre notes crée par le geai moqueur et repris par Chuck plus tôt dans la journée. 

- C'est... un parachute ?, s'étonne l'autre robot animalisé.

Oula. Bug d'esprit.

Parachute. Dans ma langue à moi, ça rime avec un nom. Et deux, trois mots.

Haymitch. Sponsors.

Aide.

Chuck.

- IL EST A MOI !

Mon hurlement presque animal les fait tous sursauter un par un. Je bondis fiévreusement en l'air, tentant d'attraper le paquet. Petit détail : il est encore à cinq mètres au-dessus de nos têtes. Je m'en fous, je saute quand même.

- C'est à moi ! C'est Haymitch !, persifle-je, sûre de ma déduction. Il m'envoie de l'aide !

- On peut pas savoir à qui est adressé le parachute sans l'avoir ouvert, Emma !

- Si, Damen, il est à moi ! Y a un bandage pour Chuck, dedans ! J'en suis persuadée !

Animée par un ultime soupçon d'espoir, je m'appuie sur l'épaule de Thomas pour me jeter en l'air de toute ma taille. Je l'effleure, mais malheureusement, ça le dévie de sa trajectoire. Il s'approche d'une autre personne qui n'a besoin que de lever son bras pour attraper le parachute gris qui faisait flotter une petite boîte métallique. Qui contient de la morphine pour Chuck. J'en suis sûre !

Minho se saisit donc de la boîte. Il me regarde.

Bip.

Indescriptible. Désolé, c'est indescriptible. Je sais pas ce qui se passe. Monc erveau se débranche réellement. Un déclic étrange se produit en moi. Dans ma tête. Mon cœur. Mes tripes. C'est tout mon corps qui répond à cet appel, comme si ma vie en dépendait. Comme si mon âme y était liée.

Mes yeux se voilent. Plus rien n'a d'importance, si ce n'est cette voix dans ma tête.

Le paquet.

Le paquet. Le paquet, oui. Je le fixe. Je lève les yeux vers celui qui me l'a volé.

Récupère le paquet.

Oui.Tout de suite. Le paquet.

Je fonce de plein fouet sur Minho.

- Rends-moi ça ! C'est à moi, je l'ai vu la première !

- Emma !

Rien d'autre ne leur vient à l'esprit, si ce n'est mon nom. Pas de "calme-toi" ou de "t'as quoi". 

Ma brusque attaque fait faire les gros yeux au chinois. Il décolle en arrière et s'écrase au sol, moi sur lui, enragée comme jamais, prête à en découdre pour récupérer mon bien. Puis il me pousse sur le côté, m'éjecte aussi facilement qu'une peluche.

OK. Je saisis.

IL VEUT UNE DOUBLE PORTION DE NEM, LUI ?! Tes baguettes, je vais te les planter sous les ongles, j'ai juré ! Viens-là, qu'on s'tape ! J'ai besoin de me défouler, t'façon ! APPROCHE ! Salopard de mes deux ! Toujours à dérailler avec ton mécanisme de robot de Mars, là ! Tu t'es jamais pris une claque d'Emma, toi ! Je vais lui dévisser le cou, à ce sale lecteur CD de merde !

- Lecteur CD ?!, s'étrangle Thomas dans mon dos.

- Laisse, elle délire !, lui conseille Damen... M-Mais qu'est-ce qui t'arrives, Em ?! 

- C'est une tocarde, ma parole !, s'étrangle l'agressé, heurté par ma conduite.

Mais depuis quand il immobilise mes bras, lui ? Et est-ce que j'ai parlé à voix haute ? Je redeviens normale. Non, pas normale. Y a quoi, dans mon paquet ? Je reste là, sans bouger. On fait quoi ? Il m'arrive quoi, putain ? Et cette voix...

Le parachute.

OK.Tout de suite.

Toutes mes pensées s'envolent, seulement captivées par cet ordre.

- Rends mon parachute !, ordonne-je, trempée de sueur et de larmes muettes.

Je pleure sans pleurer. C'est bizarre, non ? Y a des larmes, mais on m'entend pas. Ma voix tremble de ouf, certes, mais ça s'arrête là. Je me sens toute bizarre... Je suis à moitié en train de disjoncter. Et mes poumons se compriment de manière si douloureuse ! C'est atroce, je... je peine vraiment à respirer. J'essaie de me calmer l'espace d'un instant, main sur le cœur, essoufflée pour rien. Damen me secoue, les yeux inquiets, ne comprenant pas ce qui m'arrive. Je saisis pas non plus... Je pose une main sur son épaule et m'appuie dessus en me concentrant sur ma respiration. Il me chuchote des mots relaxant, mais mon esprit est en overdose. Qu'est-ce que j'en ai à foutre, du parachute ? C'est Chuck, mon objecti-

Tu dois prendre ce parachute, c'est ton seul objectif. Ta vie, la vie du petit ne tourne qu'autour de ce cadeau du ciel.

Oui, tout dépend de ce parachute. Je lève la tête, les yeux écarquillés de fureur. 

- Qu'est-ce qu'elle a, merde ?! Elle délire ?!

- Elle est peut-être déshydratée. Thomas, va chercher le sac où y a la gourde... il est encore sur le dos de Chuckie.

Bas-toi. Le Capitole est clément et généreux. WICKED est bon. 

Oui, WICKED est bon.

Damen ne comprend rien. Newt et Thomas me dévisagent bouches ouvertes, comme si j'étais cinglée. Je lis la même chose dans le regard de Minho, du moins les quelques secondes où nos regards sont mêlés. Puis je rue. Me cambre, hurle, griffe, mord, me blesse, déplace lesxos hachés de mon bras droit. Tout, absolument tout pour quitter les bras de ce vampire de merde.

Il faut que je récupère mon parachute. Mon paquet.



PDV Omniscient



Il hurle d'un rire tonitruant. Violent.

Devant l'écran de contrôle, les soixante gestionnaires des Hunger Games observent avec effroi ce que leur boss vient de commander. Sous leurs yeux. Il n'a rien à faire dans cette pièce, et pourtant, il a fait le déplacement. C'était un cas exceptionnel ; jamais en soixante-quatorze ans le Président ne s'est rendu dans la tour de contrôle des Jeux. C'était le boulot de Seneca Crane. Jusqu'à ce que Seneca Crane se laisse écraser par le seul homme au-dessus de lui dans les échelles sociales de Panem.

- C'est parfait !, s'étrangle de rire Snow, éblouie par ce spectacle.

Sur l'écran, Emma se tord dans les bras de Damen, totalement incontrôlable. Personne ne comprend ce qui lui arrive ; Thomas tente de prêter main forte, Newt cherche à immobiliser ses jambes qui battent l'air à chaque coups, et Minho emporte loin d'elle le parachute qu'elle désire tant.

- Le message a bien été rédigé ?

- Oui, Monsieur le Président, acquiesce Seneca, sobre, en observant le spectacle qui se déroule sous leurs yeux.

Les prunelles du Tribut femelle Douze sont d'une taille presque parodique, injectées de sang. Son visage est si rouge et crispé de rage qu'il en devient inhumain. Elle montre les dents. Ses narines enflent, ses cheveux bougent en paquet sale et sec. Elle est affreuse et terrifiante.

Snow approche ses lèvres du petit micro, encore une fois.

- Le paquet, susurre-t-il. Laisse le paquet ! Calme-toi.

En entendant cette voix, Emma se transforme une nouvelle fois. Elle reste statique, essoufflée, terrifiée. Elle ne sait pas ce qui lui arrive ; tout est contrôlé à des kilomètres du Labyrinthe.

- Oui, c'est évident, acquiesce Seneca face aux paroles de Snow.

- Que dites-vous ?

- Je dis que c'est évident, Monsieur. Emma n'aurait pas pu se libérer de l'emprise du Tribut Douze... C'est un vampire.

- Oh, ce n'est pas pour ça que je la calme. Je m'amuse un peu, voilà tout. (Il fixe Seneca, réalisateur des Jeux et chef des Juges, choqué par les idées malsaines de son patron. Puis Snow reprend le micro.) Retourne près du petit.

- LAISSEZ-MOI !! Chuck ! Où est Chuck ?!

- Il est près de toi, Emma, calme-toi ! Tout va bien se passer, tout va très bien. Ne t'en fais pas, ça va aller...

- Je fais quoi ?! Je l'ouvre ?!, lance Minho en serrant le paquet contre lui.

- Vas-y !, répond Newt, la voix couverte derrière les cris d'Emma.

Lui et Damen se débrouillent pour la garder allongée de force au sol. Elle grogne comme un animal, secoue la tête dans tous les sens. Thomas arrive et place son genou sur le ventre de la fille le temps de déboucher la gourde.

- Il n'en reste presque plus.

- Grouille-toi !, siffle le vampire, voyant que la brune recommence à s'énerver.

Obnubilé par la scène, Minho en oublierait presque sa mission. Il se ressaisit et ouvre enfin le paquet. Furieuse, Emma parvient à mettre un coup de tête dans le menton de Damen, renversant les rares millilitres d'eau qu'ils leur restaient. En bon officier, Damen se contente de tourner ses pupilles translucides vers elle, imposant et hostile. Elle se calme légèrement, jusqu'à ce que Minho jette violemment la petite boîte au sol, qui tinte dans un bruit de ferraille idiot.

- Le paquet, susurre Snow.

Les Juges et gestionnaires présents comprennent dès lors que le Président cherche à la faire tourner en bourrique. Prends le paquet, laisse le paquet. Va voir l'enfant, cherche le paquet... Il veut la rendre folle. Peut-on être si inhumain ? Il semblerait que oui.

- Monsieur... Si je puis me permettre...

- Que voulez-vous ? (Se tournant vers le micro.) Va chercher le paquet !

Seneca déglutit, mal à l'aise. Il détourne son regard de « cette pauvre enfant » qui se libère de l'emprise de Damen pour pouvoir récupérer son précieux Graal. Au visage qu'arbore le vampire, il semblerait qu'il soit aussi perdu que tous les autres spectateurs de cette terrible scène. Les habitants de Panem forcés d'assister aux Hunger Games, les proches d'Emma dans leur Royaume, les sponsors potentiels qu'Haymitch tentent désespérément de rallier à sa cause...

- Comment... comment la contrôlez-vous ?

Le Président fait lever une stagiaire pour lui voler sa chaise et la faire glisser jusqu'au milieu de la pièce. Ainsi, il est entouré d'un demi-cercle de bureaux blancs et de gestionnaires, et juste en face, l'écran géant qu'ils manipulent ensemble.

- Putain ! J'ai l'impression d'être dans un film catastrophe, soupire Damen, complètement à l'ouest. Où un groupe de survivants voit un ami devenir paro.

- Elle est malade. C'est... ça doit être le choc qui lui fait faire ça, imagine Newt, ahuris face au changement de la personne calme qui sifflait une petite mélodie de quatre notes plus tôt dans la soirée. Et donc, y avait rien, dans la boîte ?

Les trois garçons se tournent vers Minho, concentré sur le dépliement d'un bout de papier.

- Juste un message du Capitole.

- Aah !, s'extasie Snow en applaudissant. Moment crucial !

- Monsieur ?, insiste Seneca, qui ne connaît toujours pas de réponse.

Tandis que la boîte vide roule dans la flaque de sang de Chuck et qu'Emma la récupère vivement, la nettoyant contre sa veste, le Président se tourne vers le réalisateur.

- Vous voyez les puces de géo-localisation qu'on injecte dans le bras de chaque Tributs ? (La salle hoche la tête.) Celles de la Princesse et de son charmant chevalier blond ne sont pas pareilles.

- Comment... Pourquoi cela ?

Snow sourit passablement. Il agite doucement ses doigts, et une petite vapeur rouge s'en dégage jusqu'à faire apparaître une forme minuscule et rectangulaire. Il souffle – la fumée révèle un chewing-gum à la menthe. Le sorcier l'embouche d'un coup.

- Moi qui suis détenteur de pouvoirs magiques, j'arrive à reconnaître les possesseurs des même dons que moi. Ce vampire en fait partie. J'ai voulu les neutraliser en lui injectant une puce à base de Granit Marin. (Il toise Seneca, qui est choqué, avec ses yeux bleus de bébé.) Je sais ce que vous allez dire ; le Granit Marin ne neutralise que les pouvoirs de ceux qui ont mangé un Fruit du Démon. Hors, ce n'est pas le cas de ce blondinet. (Il sourit de toutes ses dents.) Mais tant qu'il croit qu'il n'a plus de pouvoir, il n'en a plus ! Le mental joue énormément là-dedans, cher Seneca. Je pensais que votre expérience vous le ferait savoir.

Les images de l'arène se brouillent pour projeter à la place l'écran d'une gestionnaire présente dans la pièce. Son travail est d'embobiner les souvenirs d'Emma avec le présent. Ainsi, elle ressort de sa mémoire des monceaux d'images sans logique. Une grande maison, des enfants partout, un clocher, une tasse de chocolat chaud, des jumeaux adorabl...ement loufoques, un petit garçon...

- Je le veux, celui-là, décrète Snow, et il souffle une bulle avec son chewing-gum.

La gestionnaire mémorise ce garçonnet châtain aux yeux chocolat. Il arbore une mine furieuse, sourcils froncés, le doigt pointé vers l'extrémité de la photo. Il crie sur quelqu'un. Juste devant lui, sagement assise et mains croisées, une petite fille tout ce qu'il y a de plus angélique : les cheveux d'un noir de jais lui arrivant aux épaules, une frange bien droite, de grands yeux bleus tournés dans la même direction que le garçon. Et là, à l'extrême droite, une ultime personne. A la voir à moitié assise, on comprend que son arrivée est plus une intrusion : elle n'était pas prévue sur la photo, à tous les coups.  Mâte de peau, souriante et aux longs cils noirs. Des cheveux bruns jusqu'à la taille, emmêlés et plein de feuilles. Les joues rougis d'excitation, mais également noire de terre. Elle a les yeux fermés et le bout du nez levé, prête à éclater de rire, révélant ainsi une nature plus enflammée et pleine de vie. 

La salle reste sobre un long moment, touchée par cette photo d'enfants. Seneca se sent mal ; il a l'impression de violer l'intimité de cette fille en fouillant dans ses souvenirs.

- Il... (La voix de la gestionnaire étant rauque, elle se racle la gorge.) Il semblerait que ce soit Emma à sept ou huit ans, Monsieur...  D'après ses souvenirs, la garçon qui l'accompagne s'appelle Tom, et la petite fille Sheryl.

- Ça ne m'intéresse pas ! Ne gardez pas cette image, ni celle de la petite blonde. Je veux seulement le garçon châtain... ce Tom. Et l'autre enfant aux grands yeux gris et tâches de rousseur, là.

- Avec le sac gris ? Il s'appelle Henry.

- Oui, lui... et je me fiche des prénoms, Béatrice. Bon, faites un mélange des deux garçons avec le visage du Tribut Onze !

- Mélange de Tom, Henry et Chuck, Monsieur ?

- Oui. Mélangez-moi tout ça, oui. Tiens, et supprimez le souvenir de cette photo, qu'on rit un peu...

Blanc.

- Monsieur... Êtes-vous sûr que...

- En vitesse.

La gestionnaire ne se fait pas prier pour exécuter ces ordres, puis infiltrer les données dans le cerveau d'Emma. Seneca reste immobile face à cette abomination des plus inhumaines. Jouer avec les souvenirs de quelqu'un ? Une mineure ? Un Tribut censé ne recevoir aucune aide ni aucun détriment de la part des producteurs des Hunger Games ? Ce sont toutes les lois de leur nation, toutes les décisions de Panem que Snow est en train de détruire. Et aussi tous les droits de l'Homme.

- Projetez les Jeux, ordonne Seneca, déjà dégoûté par ce qu'il va devoir endurer comme vision.

Et en effet, la peine est au rendez-vous. On peut voir Emma regarder Chuck... ou bien est-ce Tom ? Ou Henry ? Tout est mélange, pour elle. Elle semble épuisée, et les yeux vides. Perdue. Troublée. Malade.

Snow rejette la tête en arrière en explosant de rire.

Plus personne ne bouge, que ce soit dans cette pièce ou dans l'arène. Les sous-fifres de Snow dévisagent leur patron sans oser dire ce que Seneca à le cran de dévoiler. Il ne regarde plus Emma, non ; il reste fixé sur Monsieur le Président, hors de lui tant il est joyeux.


PDV Emma


Je me dépêche de retirer ma veste pour la passer autour du cou de Tom. Si je fais un garrot, il ne pourra plus respirer... Non, Tom,t'inquiète. Je vais tout faire pour te sauver. Sheryl et moi, on te laissera pas tomber. Je place le pansement de fortune, fière, et ouvre la boîte.

La jolie boîte vide.

- Il est écrit, débute Minho derrière moi, « Le Capitole est clément et généreux. »

Cette boîte. Notre seul espoir de sauver Henry.

- « La chute d'un groupe entraînera le triomphe d'un autre. »

Un bandage, de la morphine... Quelque chose pour sauver Chuck. Je pensais qu'il comprendrait. Mon mentor... Haymitch, tu aurais du comprendre.

- « L'union d'un District est possible. Il peut y avoir deux gagnants. »


PDV Omniscient

Et le monde s'écrie :

- DEUX GAGNANTS ?!


PDV Emma


Haymitch, tu aurais du te rappeler que Sheryl est partie depuis peu de temps, et... et ça fait mal ! Je me surprends à sangloter en serrant la boîte contre mon cœur, les yeux posés sur le visage pâle de Tom. Ses cheveux châtains, ses grands yeux chocolat, ses tâches de rousseur... Non, Tom n'a jamais eu de... Mon Dieu, mais ce n'est pas Tom ! Ses yeux deviennent gris...

Seigneur.

- HENRY !, hurle-je, terrorisée.

- « Détruisez vos obstacles : les membres de votre équipe.»

Je serre très, très, très, très fort la boîte entre mes doigts, essayant de me rattacher au réel. Non, Henry n'est pas là... C'est un cauchemar !

Non, c'est bien Tom. Tu ne rêves pas.

Tom... Mon Dieu, c'est Tom ? Des larmes de fatigue incomprises me roulent sur les joues, tandis que je fixe cet enfant qui change de visage toutes les secondes. Henry, Tom, Chuck... Et cette voix... Je connais cette voix, cette putain de...

Je suis là pour vous aider.

Oui, d'accord. Tu es mon aide. Tu... Non, tu... C'est Snow ! C'est sa voix ! Je chuchote son nom en serrant ma tête entre mes mains. Putain, qu'est-ce qu'il me...

L'enfant. Regarde l'enfant. Qui est-ce, à ton avis ?

L'enfant. Je pose mes yeux, vue brouillée, sur le petit être recroquevillé près de moi. Je sais que je me sens mal... On me fait délirer, c'est pas possible ! Pourquoi je vois Tom, merde ?! Il est mort ! Pourtant, c'est lui, là... Non, c'est Chuck ! Mon Dieu, Chuck est mort ?! NON ! Je m'allonge près de lui, dans une flaque de sang, le serrant dans mes bras. Mon pauvre Henry, comment tu t'es retrouvé ici, aux Hunger Games...

- La... La mort... Putain, je rêve !, s'écrie Minho, paniqué.

Ses doigts tremblent tellement qu'ils froissent le papier.

- Ecoutez ça : « La mort du Tribut femelle du District Douze conduira à la fin des Hunger Games. » !

Endors-toi. Et garde en tête que WICKED est bon.

OK. Je m'endors. En gardant bien dans un coin de ma tête que c'est Sn...

Endors-toi.

Pouf : plus rien.


PDV Omniscient


- Bon, je vous explique...

- En effet, il le faut !, décrète quelqu'un dans la foule.

Snow renifle, piteux. Il n'aime guère ces paroles. D'un geste, comme s'il dévissait une ampoule, il rompt le cou de l'homme, qui s'écrase sur son clavier d'ordinateur. Sa voisine pousse un hurlement d'effroi. Seneca, impuissant, se couvre les lèvres.

- Ne me coupez pas la parole, siffle le serpent, haineux.

Il se lève de sa chaise, très calme, et se tourne vers les Juges et gestionnaires des Jeux. Personne ne comprenait pourquoi il est venu,mais maintenant, ça semble plus clair. Personne ne comprenait ce que fichait le Princesse du Quatrième Royaume à Panem, mais en effet, tout est logique.

- « Le Capitole est clément et généreux. », lit-il sur son tableau à emporter, ou tablette interactive du monde d'Emma ; ça, tout le monde le sait.

Personne n'acquiesce. Personne ne bronche.

Ils sont sous le choc.

- « La chute d'un groupe entraînera le triomphe d'un autre. » C'est évident ; si l'équipe A est détruite, l'équipe B sera vainqueur. Mais malheureusement, il ne peut pas y avoir une multitude de gagnants.

- Vous avez dit qu'il..., tente de s'interposer Seneca, incompris.

Snow le coupe par son simple mouvement de poignet.

- Une parole de plus, et vous finirez aussi froid et immobile que le carrelage, cher ami, le prévient-il, sournois.

Le Haut Juge, désarmé, se contente de garder le silence. Manipulés de la sorte... Comment en sont-ils arrivés jusqu'ici ? Des livres de lois, de grandes conférences, des émissions de télé... Tout allait bien. Et chaque année, il prenait de la marge. Celui qui était censé n'être qu'un simple Président est devenu un invité dans la Chambre des Sponsors, influençant les uns et les autres suivant ses envies... Il gagne du terrain chaque année. Aujourd'hui, on l'a laissé entrer dans la tour de contrôle. On l'a laissé envoyer un parachute. C'est énorme ! Il a décidé d'envoyer des messages sans autorisation au nom du Capitole ! 

- Je disais donc que ces cinq survivants ne peuvent pas être couronnés grands vainqueurs..., poursuit Snow, dialectique.

Derrière Seneca, un gestionnaire lève le doigt, comme à l'école. Snow l'interroge du regard.

- Six, Monsieur. Il reste six survivants.

- Comment ? Qui est l'autre ?

Le bon compteur projette sur l'écran l'image d'une petite fille métisse marchant à travers le Labyrinthe, affamée, exténuée, en larmes.

- Oooh, elle !, ricane le Président, dédaigneux. Envoyez un Griffeur, tirez le coup de canon et le tour est joué... Bon, je reprends : « L'union d'un District est possible. Il peut y avoir deux gagnants. »

- C'est ça que je ne saisis pas, chuchote Seneca Crane.

Snow se tourne vers lui avec un faible sourire. Heureux d'être au centre de l'attention, il rebondit sur un autre sujet, semble-t-il. Pourtant, tout est lié.

- Pourquoi lui avoir donné un douze à l'Entraînement ?

Euuuuh...

Perdu, Seneca garde le silence. Entraînement... Un douze ? Oh, oui ! Emma leur avait lancé un couteau dessus. Ça l'avait bluffé. Il avait adoré son caractère, et lui avait décoché la meilleure des notes.

- Elle l'a mérité.

- Elle a pourtant visé votre tête.

- Euh... (Seneca sourit faiblement.) Non, c'était une pomme...

- Près de votre tête. (Pour le jeu des sourires, Snow est le plus fort.) Bon, passons. A votre avis, pourquoi avons-nous besoin d'un gagnant ?

C'est le silence dans la pièce. Il n'y a qu'à des moments comme ça où les petits réalisateurs sont bien heureux de ne pas être haut gradé. C'est Seneca qui va tout prendre, et ils en sont rassurés. Le pauvre homme déglutit simplement, avec un sourire charmeur, essayant de racheter son manque d'idées.

- Que voulez-vous dire ?

Le visage qu'arbore leur patron sorcier est terrifiant.

- Je veux dire : Pourquoi. Avons-nous. Besoin. D'un gagnant.

Ça, c'était très explicite.

Perdu, le pauvre homme se gratte nerveusement la barbe. Snow poursuit :

- Si nous voulions juste intimider les Districts, nous pourrions mettre les vingt-quatre Tributs en rangs d'oignons et les exécuter tout de suite ! Ce serait plus rapide !

Atchik atchik atchik ?! Aïe, aïe, aïe !

Ils sont paumés, les pauvres.

Snow balaie du regard ses petits soldats, près à exécuter le moindre de ses ordres. D'ailleurs, ils viennent de zigouiller la dernière survivante des A. Rue. Dévorée par une des bêtes monstrueuses à laquelle les Tributs viennent de faire face. Un Griffeur. Une femme presse un bouton rouge noté d'un grand « C », et au même moment, un coup de canon retentit dans l'arène. Snow sourit à nouveau avant de revenir à Seneca.

- L'espoir, lui répond-il alors. La seule chose plus puissante que la peur. Les gens gardent espoir de retrouver leurs enfants – c'est ainsi que fonctionnent les Hunger Games. Quant à Emma Swan et Damen Cullen... Ils sont le seul binôme complet encore en lisse. Ils vont espérer pouvoir gagner ensemble...

Et le déclic se produit dans la tête de Seneca.

 Car le message le plus choquant pour lui est le dernier qu'à lu Minho.

« La mort du Tribut femelle du District Douze conduira à la fin des Hunger Games. »

Ils garderont espoir. Mais c'est peine perdue. Car Snow a bien l'intention d'éliminer Emma. Il ne sait pas comment ni pourquoi, mais Seneca a enfin comprit. Il a enfin saisit l'arrière pensée monstrueuse de cet homme qu'il a longtemps admiré. Mais quoi qu'il puisse lui arriver, Seneca cherchera toujours à protéger ses convictions. Il se remet bien droit, bras dans le dos, déglutissant, choqué.

- Monsieur, vous contrôlez l'esprit d'un Tribut.

Snow sourit, puis il hoche la tête face à la remarque de Seneca Crane, qui serre les poings, blême, furieux.  

- Sauf votre respect, Monsieur... c'est de la triche.

Snow hoche lentement le menton.

Avec fierté.

- Oui. Et alors ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top