Chapitre 32 : Lancement des Jeux

Oh, AngeLecteur est pas contente... Y a pas beaucoup de vus à son dernier chapitre...

Et dire qu'elle a posté son RantBook !

Et dire qu'elle vous offre un chapitre DE OUF !

Triste... Pas contente...

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- Il y a une semaine, elle est arrivée aux portes de notre glorieux pays et en a marqué l'Histoire en devenant la première volontaire du District Douze !

Rugissement hystériques de la foule. Mes jambes flagellent tant et si bien que je trouve soudainement que ces talons sont vraiment trop hauts. Le garde m'observe bizarrement. Le vendeur de pop-corn me propose une sucrerie que je réfute aussitôt. L'appétit ne me vient jamais, dans ce « glorieux pays ». Peut-être à cause de cet adjectif qui n'a absolument rien à faire dans cette phrase. Qui n'a absolument pas besoin de qualifier Panem. Où voyez-vous une quelconque gloire, ici ?

- Vous savez tous de qui je parle..., affirme Caesar sur un ton de suspense. La Fille du Feu... (Nouveaux hurlements.) Mais nous la connaissons également sous le nom d'Emma Swan !

Suite à cette phrase d'annonce, une petite révérence de la main en direction du couloir où je suis nichée, et c'est à moi de monter sur scène. Soufflant un bon coup, j'avance sous les feux des projecteurs.

Wow. Chaud... Et choquant. Très, très, très choquant...

Les lumières d'une blancheur aveuglantes se dirigent toutes vers moi tandis que la foule s'excite comme jamais. Tout le monde se lève en applaudissant, sifflant, criant mon nom. L'immensité du public est quelque chose d'incroyable, d'indescriptible. J'ai l'impression de faire face à un pays entier pour lequel je n'éprouve aucune sympathie, mais qui me désire quand même.

Ils sont cons, de croire que je veux d'eux. Tfou dans leurs sales têtes !

Histoire de me détendre, je tourne mon visage vers la personne la plus proche de moi, Caesar Flickerman. Au milieu de la scène, un bras tendu vers moi, il m'accueille d'un « Bienvenu ! » chaleureux avant de m'indiquer un des deux sièges blancs présents. Je m'y installe en réprimant un sourire. Ses cheveux bleus paraissent encore plus électriques, vu de face ! Dégueulasse, mec. L'homme s'assied également, riant pour rien, dévoilant ses dents superficiellement blanches et droites, parfaitement alignées. Et dire que les chirurgiens plastiques sont plus souvent mobilisés que les dentistes...

- Alors, ma chère Emma ! Quel plaisir de te rencontrer enfin !

Il croise coquettement les jambes en se tournant vers moi. Le costard de la même couleur que les cheveux... Fashion faux pas, mon mignon.

- Moi de même, dis-je tout bas, croisant les jambes en veillant à ce que mon dos soit droit, mon menton redressé, mes mains gracieusement croisées sur mes genoux et...

Bref, suivant les conseils d'une Effie hystérique si je ne tiens pas rigueur de ses entraînements.

- On a tellement entendu parler de toi ! La première fois, c'était lors de ton grand succès le soir de la Cérémonie d'ouverture. Tu te rappelles ?

- Oui, acquiesce-je tout bonnement.

Je le regarde, m'essaie à un petit sourire... Qui disparaît.

Je... Non... Si ? C'est lui ? Je plisse les yeux, mais me reprends aussitôt pour que personne ne se doute que je l'ai vu... Oui, c'est lui ! Là-bas, sur le mur d'en face, Damen est tapis dans le couloir de sortie. Il me fait signe... de parler ? Je le regarde en grimaçant, et... Comme si l'arrière-plan s'effaçait d'un coup, je me souviens que je fais face à Caesar.

Il m'observe avec une drôle de mine. Oups.

- Alors ?, me redemande-t-il.

- Euh... Quoi ?

Il se tourne vers la foule, amusé par la tournure des événements. Un éclat de rire général balaye les rangs, et je fixe le public sans comprendre. Il m'a demandé quelque chose ?

- Je te demandais quelles impressions tu avais le soir de ton défilé, se réexplique-t-il en recouvrant son calme.

- Oh, euh... Je... J'espérais juste de ne pas mourir grillée sur ce chariot...

Nouveaux rires. Caesar s'en frappe les genoux, comme si j'avais sortie la blague de l'année. OK, jeunes gens, l'humour est au rendez-vous... J'arque un sourcil tout drôle et me force à rester concentrée sur Caesar. Rapide coup d'œil à Damen : il dresse les deux pouces avec une mine réjouie. C'est bon, je gère. Je gère. Je... euh, d'habitude, lorsque je pense que je gère, ça tourne au vinaigre.

- Honnêtement, je veux bien te croire !, s'esclaffe le présentateur en revenant à moi, de profil au public. Et je vais te dire : au moment où tu es arrivée, mon cœur s'est arrêté de battre ! Je crois que certains du public ont vécu la même chose, je me trompe ?

Et il se tourne vers la foule, d'où une grande vague d'acclamations s'élève. Au loin, Damen porte ses deux mains sur son cœur, comme quoi le sien s'est également stoppé. Je lève les yeux au ciel.

- Qu'as-tu pensé de ce costume ?

Puis je souris avec espièglerie et me tourne vers les gens, cherchant Cinna des yeux. Il est installé au bord de la scène, tout devant, entre Portia et Haymitch. Il hausse un sourcil à mon intention. Je ne réfléchis pas pour que mes paroles viennent du cœur le plus possible :

- Passé le premier moment de terreur à l'idée de finir calcinée... (Rire du public et du styliste.), j'étais folle du travail de Cinna. C'était le costume le plus extraordinaire que j'ai jamais vue. Et c'est pareil avec celui-ci ! (Je me cramponne à ma robe et me lève sur mes deux pieds. J'avance de deux pas vers la foule.) Vous aimez ?

Des applaudissements, des sifflets et « Emma ! Emma! » retentissent, entourés de cris de joie. Je savais que je devais parler aux gens directement. Caesar ne sera jamais sponsor, il n'en a pas le droit. C'est donc à mes ennemis mais potentiels sauveurs que je dois m'adresser. Je vois Cinna sourire de toutes ses dents avant de tourner le doigt de façon circulaire. Je comprends tout de suite. « Tourne-toi pour moi. »

Je fixe la caméra de mon regard le plus enfantin. Ça devrait faire son effet, grâce à la couleur (pour la première fois avantageuse) de mes yeux oranges, et le maquillage parfait de mon équipe. Je baisse ensuite les yeux sur ma tenue, impatiente de découvrir à quoi je dois ressembler lorsque je tourne sur moi-même. Silence dans la salle. Derrière moi, Caesar se lève, intéressé.

Je tourne.

La réaction est immédiate, vous vous en doutez. A côté de moi, Caesar sursaute en poussant des jurons étonnés, fascinés, émerveillés. Moi-même, je commence à comprendre. A comprendre pourquoi, lorsque Cinna m'a demandé de tourner lorsque nous étions dans la salle, toute l'équipe de préparation s'est mise à crier. A ce moment-là, j'avais fermé les yeux. Donc je n'ai pas vu que...

Lorsque le froufrou de ma robe tournoie, des flammes artificielles apparaissent, s'enroulant autour de moi comme un ruban enflammé et magnifique. Je continue mon manège encore quelques secondes, totalement chamboulée par la beauté de la chose, et finis par m'arrêter. J'ai la tête qui tourne.

Allô, Logique, bonjour ?

Je m'agrippe au bras de Caesar pour ne pas défaillir, mais il n'est pas rassasié par cette vue.

- Oh, refais ça encore une fois !

- Je voudrais bien, mais j'ai le tournis...

Et il hurle de rire en m'aidant à me réinstaller, telle une... Princesse. J'en apprécie chaque instant, d'ailleurs. Un peu trop. Calm down, Swan.

- Ce doit être impressionnant, d'être ainsi recouverte de flammes pures ! Et tu dis toi-même qu'il s'agit d'une merveille que tu as apprécié, depuis ton arrivé au Capitole. Quelque chose d'autre t'a-t-il marqué, ici ?

La frénésie des gens lorsqu'on leur parle de mode. Les looks inhabituels. La soumission extrême du peuple. La dimension inquiétante de l'abus de pouvoir scandaleux de Snow. Le fait que des Jeux aussi atroces que les Hunger Games puissent exister, mais pas pour tout le monde - car les petits nobles et riches personnes, c'est-à-dire les capitoliens, ne subissent pas les Hunger Games.

Bien sûre, on me tuera dans la nuit si j'en dis un mot.

- Je n'en sais rien, décide-je de répondre, tandis que Damen hoche doucement la tête.

Son visage s'est refroidit suite à la question de Caesar. Pour une fois, il a su tout de suite à quoi je pensais.

- Ce ne sont pas les écrans géants ? Ou peut-être la sophistication des lieux ?, risque le présentateur avec un demi sourire plein d'espoir.

Navré, Tonton, mais j'en ai vu d'autre.

- Pas le moins du monde ! (Des « Oooh ! » heurtés s'élèvent. L'homme fronce les sourcils.) Je viens d'une autre planète où tout ceci existe depuis des générations. La télé, les portables, Internet...

- Internet ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

Oula. Oulala. Oulalalalalalalala.....

Hum... Je le regarde, la bouche en O, sans savoir que dire. Le public finit par éclater de rire (ils doivent être sacrément timbrés pour ainsi rire de tout et de rien) et Caesar pose une main amusée sur mon genou, comme pour me rassurer.

- Ce n'est pas grave, ma belle ! On se doute bien qu'il doit y avoir des choses là-bas qu'on ne peut pas comprendre... Le public et moi-même serions même ravis de pouvoir en discuter. En savoir plus sur ton ton passé, ta vie dans cet autre monde... mais ce n'est malheureusement pas le sujet du jour. (Les gens ont soudainement le cafard. Des soupirs attristés me parviennent jusqu'ici.)

Caesar s'arrête tout bonnement de parler. Il m'observe entre ses cils comme un chien battu. Je roule des yeux, comprenant ce qu'il attend de moi.

- J'en parlerais bien un jour... Au Capitole...

- Et je serais là pour t'interviewer, crois-moi !

Retour dans la féerie des Bisounours. Je balaye la foule du regard avec un dédain glacial. Crétins à une échelle olympique, ces gens. Beurk.

- Bien, bien, bien !, reprend Caesar en frappant une fois dans ses mains, tout foufou, comme un abruti de capitolien. Parlons maintenant de ton exceptionnelle note à l'entraînement. Douze ! Jamais dans toute l'Histoire des Jeux ce score n'a été attribué. Tu es la première fille, Damen le premier garçon. Ce doit être une grande fierté, non ?

- Ben... Disons que... Je, je ne m'en veux pas d'avoir fait ce que j'ai fais.

Je glousse comme une idiote, peu désireuses d'en dire plus. Sois le public adore, sois il me trouvera impardonnable. Et je n'ai pas vraiment envie de tenter le sort, ce soir. Tout excité, cependant, Caesar se dresse droit sur son fauteuil blanc en me reluquant de ses grands yeux... Bleu électrique. Quelle faute de goût ! Ils ont l'air encore plus artificiels que les miens !

- Raconte-nous ce qui s'est passé !, me prie-t-il, tel un gamin réclamant son histoire du soir.

Je jette un coupd 'œil à un des balcons de la salle. Juste au-dessus du bas public, au premier étage, les Juges. Je me mords les lèvres.

- Euh... Tout ce que je peux en dire, c'est que je crois que c'était une première...

Les caméras sont braquées sur les Juges, qui hochent la tête avec dépit.

- Tu nous mets au supplice !, s'exclame Caesar avec une grimace de douleur. Des détails, on veut des détails !

Je me retourne vers Damen. Sa réponse est catégorique : il fait une grande croix avec ses bras, yeux écarquillés, en mode Alerte Rouge. Du côté des Juges, on est du même avis. L'un d'entre eux vient même à se pencher au-dessus de la balustrade et crie « Interdit ! ». Je regarde Caesar en haussant les épaules, rassurée de devoir garder le silence. Il frappe la scène du pied d'un air fâcheux et déçu.

- C'est tellement dommage ! Et si je me mettais à te vouvoyer, tu nous le dirais ?

- J'en doute fort, Caesar.

- Et si je t'appelais « Votre Altesse » ?

Je déglutis, réfléchis, interroge Damen. Il mime un suicide par pendaison.

- Non plus, décrète-je, pas sûre que la dernière question appartienne au présentateur.

Vu toutes les manipulations de la société, je ne serais pas étonnée d'apprendre que Snow lui a certainement demandé d'en parler. Il a du avoir vent de mon altercation avec l'entraîneur qui voulait à tout prix parler de mon Royaume. Il veut sûrement savoir si je n'ai rien dis parce qu'il me l'a spécifié dans notre contrat, ou parce que je ne le voulais tout simplement pas. Dans les deux cas, c'est ma décision. Pourquoi j'obéirais au Saint Patron des Emmerdes ? Cet homme est inutile, dans la vie. Il traite tout le monde comme Hitler traitait ses suivants, mais moi, je ne suis pas son petit soldat. Si ces gens sont dépourvus d'intelligence ou de bon sens, c'est leur problème. Moi, je pense que j'ai mon mot à dire, sur la Terre.

- Pour finir, revenons à ton arrivée à Panem... A ton élection lors de la Moisson.

Ouaw, j'aurais presque oubliée la présence de Monsieur Flickerman. Sa mine est fade, sombre, pleine de peine et de pitié. Le public s'est calmé depuis belles lurettes. Je me reconcentre sur les derniers instants de l'interview.

- Tu t'es sacrifiée pour une petite fille... Primrose, je me rappelle.

- Oui.

Sèche comme le Sahara.

- Nous avons tous été ému... Au moment où tu t'es portée volontaire pour elle. Est-elle venue te dire au revoir ?

On entendrait une mouche volée. Ce monde a un minimum de pitié, quand même, mais il me dégoûte quand même. Les gens doivent plus pleurer face à une histoire d'amour qui tourne mal que par la mort de jeunes adolescents.

- Oui, répète-je. Elle est venue...

- Très bien... Alors peux-tu nous dire... Pourquoi t'être sacrifiée pour elle ? L'aurais-tu fais pour une autre, ou si elle avait été plus âgée ?

- Oh, euh... Je n'en sais rien... (Je cherche Cinna du regard, mais ne le retrouve pas. Paniquée, j'en reviens donc à Damen. Il me fait signe de développer, de parler. J'avale ma salive.) Je connaissais Prim.

Prise d'inspiration générale, et ça devient le boucan.

- Comment ?! Mais nulle ne peut entrer ou sortir des limites de Panem ! Comment est-ce possible ?!

- Elle avait exceptionnellement été invitée à quitter le Royaume... Hum, vous voulez la version longue de l'histoire ? C'est une de mes dames d'honneur, Greer, qui me l'a expliqué.

- Raconte-nous tout !

Bizarrement, j'étais sûre de sa réponse.

Je me lance donc dans des explications poussées et nostalgiques sur la misérable vie de Primrose Everdeen. Cadette des Everdeen, elle a mal grandis au sein d'une famille déchirée par la pauvreté et les évenements : un père alcoolique, une mère décédée, rien n'était pour l'enjouée dans la vie excepté son frère Colin. Au suicide de leur père, devenu complètement barge, ils furent confié à leur oncle, un pauvre marchand de chevaux. L'homme put exceptionnellement quitter Panem car il fut engagé comme écuyer chez une Comtesse du Troisième Royaume. Malhonnête, l'oncle fut renvoyé à Panem après avoir essayé de voler sa patronne. Celle-ci décida de garder les enfants comme punition, mais aussi parce qu'elle était stérile et par conséquent incapable de procréer. Colin et Prim furent donc liés à un meilleur destin. Prim apprit à devenir dame de compagnie, et Colin domestique averti. Ils servirent ensuite la famille de Lola, des amis de la Comtesse, et est née la relation amoureuse entre Colin et ma future dame d'honneur. Elle a connu Greer, puis Kenna et Aylee. Un jour, le bruit courut que la Princesse du Quatrième Royaume était en vie et qu'elle rentrerait bientôt, et Aurore et Philippe ont commencé à organiser les préparatifs. Les filles ont proposés leur service, mais Prim était la seule à ne pas pouvoir y aller, étant encore trop petite. Puis je suis arrivée, et Prim a sauté sur l'occasion que représentait le Grand Bal pour retrouver ses amies.

J'ai sauté quelques détails de ce récit, et ait omis d'expliquer la mort tragique de Colin. Tout ce que le monde sait, c'est que Prim a grandi privé de l'amour de ses parents, qu'elle a seulement partagé tout son bonheur avec son grand frère désormais décédé, et qu'il était de mon devoir de donner un peu de chance à cette enfant qui a déjà tant souffert. Et... Peut-être aussi... Parce que je me reconnais en elle. Orpheline très tôt, enfance malheureuse, espoir d'amitié brisé et le fait d'être lié éternellement à Snow par la naissance dans un mauvais Royaume ou par signature sur le mauvais bout de papier.

Attendrit, le public ne réagit presque pas. Comme je l'imaginais, certains reniflent dans des mouchoirs. Pitoyable. Caesar hoche passablement le menton, mes mains dans les siennes.

- Et quelle est la dernière chose que tu lui aies dites, Emma ?

Oh, ça. Il allait forcément me le demander. Je réfléchis quelques secondes pour me remémorer nos adieux. " Promets-moi que tu gagneras, Emma ! Promets-moi que tu porteras ma broche dans l'arène ! ". Sa petite voix étranglée par la panique me revient en tête.

- Je lui ai promis d'essayer de gagner pour elle... Parce que... Je veux lui redonner courage et prouver au monde qu'un destin n'est pas scellé tant qu'on est encore en vie. Peu importe comment notre histoire commence, on peut tous faire de notre mieux pour la rendre plus belle. (Je transperce Caesar de mon regard.) Peut-être que vous ne comprenez pas ce que je veux dire, Caesar. Peut-être que les spectateurs non plus, mais... je pars du principe que personne ne sait quand sa fin arrivera. Mais lorsque ce sera mon tour, je veux pouvoir lever la tête en me disant que ma vie a valut le coup.

Je clos cette tirade en baissant les yeux sur le sol luisant de la scène, puis feinte de me tourner vers Caesar - mais en réalité, celui qui m'intéresse est juste derrière. Damen m'observe sans aucune émotion apparente sur le visage, perplexe, scotché. Lorsque Caesar reprend la parole, il sursaute. Le présentateur se réanime donc en serrant de plus en plus fort ma main.

- C'était... C'était très émouvant, Emma...

- Ça vient du cœur.

- Je le vois bien. Les mots les plus touchants sont ceux qui émergent du cœur, et non du cerveau. Je te souhaite bonne chance ! (Il se remet debout, nos mains toujours liées, alors je l'imite. Il lève nos paumes en l'air dans un geste victorieux.) Saluez une dernière fois la Tribut du District Douze : Emma, la Fille du Feu !

Applause, sifflets, baisers volés. Je me dépêche de rejoindre le deuxième couloir, où Damen s'enfonce à reculons, se cachant dans l'obscurité de la pièce. Lorsque les caméras m'abandonnent une bonne fois pour toute, je plonge dans ses bras. Je l'y serre si fort, d'ailleurs, qu'il risquerait presque de finir étouffé.

- Tu as été superbe, me jure-t-il en déposant un petit baiser sur ma pommette. Superbe et parfaite.

- Pas une seule gaffe ?

- Pas la moindre. J'avais eu peur pour Prim lorsque tu as annoncé qu'elle avait déjà quitté Panem, mais tu t'es nettement bien rattrapée.

Je pousse un grand soupir rassuré. Moi qui croyais que j'avais été ridicule... Quoi que Damen prend toujours ma défense, ça ne change rien. Reste à savoir ce que Haymitch et Cinna en ont pensé. On verra bien, mais bizarrement, pour le premier, je suis pas pressée...Il m'avait donné tellement d'idées d'approche. Et je n'ai opté pour aucune d'entre elles. Mais c'est mieux ainsi, j'ai réussi à conquérir le public en dépit de la haine que je lui voue. J'ai fais les yeux doux à l'ennemi dans l'espoir qu'il devienne un allié. Si je décroche quelques sponsors avant le début des Hunger Games...

Qui auront lieu demain...

- Je... Je veux rentrer, bafouille-je, glacée par mes dernières pensées.

Les Jeux... Commencent demain... Oh mon Dieu, si tôt ! Je me suis même pas préparée psychologiquement, à toujours repousser l'inévitable. Dans quelle merde je suis. A cause d'une simple soirée. Une seule rencontre. Une signature. Je me suis jetée dans une cage enflammée dont seul l'homme le plus dangereux que je connaisse détient les clefs.

- Ouais, t'as besoin de sommeil. (Il prend tendrement ma main dans la sienne, y dépose un nouveau bisou avant de prendre la direction de la sortie.) Tu as l'air complètement cla...

- ... mais cependant, la soirée n'est pas tout à fait terminée !

On s'arrête net. Enfin moi, j'aurais bien continué, mais Damen s'est littéralement statufié. Je lève les yeux vers lui sans comprendre. Ça va pas ? Euh... Non, on dirait... Il me lance un regard significatif et tend l'oreille à ce qui se déroule encore sur le plateau. Bah, Caesar a bien le droit de poursuivre son show, non ?

- Notre vénérable Président, Coriolanus Snow (J'étouffe un rire. Corio l'anus ! Ha ! Ha... Ha.) fera toujours passé les besoins de son peuple avant toute chose, nous le savons tous. Et c'est avec une grande estime pour les habitants du Capitole qu'il a cependant remarqué que la monotonie des Hunger Games était devenue... pesante. Ennuyante. Les Jeux fêtent leur soixante-quatorzième anniversaires cette année, et depuis tout ce temps, les règles sont restées les mêmes.

Caesar adresse un sourire charmant à la foule, sur le qui-vive. On entendrait une mouche voler. Personne ne s'attendait à ça, et certainement pas moi. Qu'est-ce qu'il raconte ? La monotonie des Hunger Games est dérangeante ? Le fait de voir vingt-quatre adversaires se battre à mort ne leur plaît plus ?

ILS VONT TOUT ARRÊTER ?!?!

Damen et moi ne parlons plus, ne bougeons plus, ne respirons plus - pour lui, ça pose un peu moins de problèmes. Je fixe le pan de scène que je viens de quitter, et les deux sièges vides encore occupés il y acinq minutes. Caesar est debout devant le public, faisant les cent pas. Quel sens du suspense cet homme-là a acquit !

- Quelques petites retouches au règlement vont voir le jour...

Le monde retient sa respiration. Je porte une main sur mon cœur en priant pour que ses battements se tranquillisent, ou bien je risque de subir un arrêt cardiaque. Je me mets à trembler, et la main toujours emprisonnée dans celle de Damen se fait serrer très fort. Je le regarde brièvement : sa mine a changé. On est passé de l'hébétude au renfrognement, et c'est maintenant un grand sentiment de colère et de haine qui se fait ressentir. Je le fixe sans comprendre.

- Des savants fous..., grognasse-t-il, fixant le sol avec une rage qui me pousse à lâcher sa main. Qui veulent expérimenter des nouveaux tours sur leurs rats de laboratoires... Tout ça pour satisfaire le divertissement du Capitole !

Il met un coup de pied violent dans un vase, qui éclate à la seconde du choc. Il se rue vers un mur devant lequel il se stoppe cependant, impuissant, ne sachant que faire pour déferler sa colère. Commençant réellement à m'inquiéter, je remonte ma robe sur mes jambes et me dirige discrètement vers l'encadrement qui conduit au plateau télé. La foule retient toujours son souffle. Caesar sourit au micro.

- Mesdames et Messieurs... Chers téléspectateurs... A compter de ce jour, les Hunger Games auront un thème spécifique annuel en fonction des arènes sélectionnées par les Juges. Et cette année, le thème sera le suivant : « Esprit d'équipe lors d'une évasion ». Une grande première ! (Et on retrouve le vrai Caesar.) Est-ce que ça vous plaît ?

L'enthousiasme qui est né dans les rangs fait trembler la scène et les projecteurs. Les gens se mettent à crier le nom de Snow et balancent des fleurs sur Caesar.

Des roses. Des milliers. Partout et qui empestent le sucre.

Le présentateur rugit de rire sans se départir de sa bonne humeur. Il poursuit son annonce :

- Attendez, ce n'est pas fini ! (Les gens se taisent immédiatement.) Les Tributs seront répartis en nombres pairs dans deux camps distincts : le premier, l'Équipe A, regroupera tout Tribut entre Marvel du District Un et Rue du District Six. L'Équipe B sera elle composée des autres, entre Gally du District Sept jusqu'à Emma du District Douze. Nous aurons donc deux équipes de douze adolescents chacune ! Pour ceux qui ont oublié à quel District appartient son Tribut favori, toutes les informations seront rediffusées demain matin au Lancement des Jeux. BONNE SOIRÉE A VOUS ET MERCI POUR VOTRE PRÉSENCE CE SOIR ! HA ! HA ! HA ! HA ! HA !!

Et l'émission se termine sur ce final, toute la salle baignée des rires et des cris joyeux des habitants monstrueux du Capitole.



+++



- On nous l'avait interdit.

La voix de Haymitch s'est faite plus douce et désolée que jamais, seul son qui est venu s'ajouter au frottement de nos cuillères au fond des bols de soupe à la rose presque vides. Le mien, en revanche, n'a pas bougé. Mes couverts en argent sont à leur place. Ma coupe de vin et mon verre d'eau sont toujours remplis, et ma serviette de table n'est même pas dépliée. J'aurais clairement souhaité m'enfuir vers ma chambre en pleurant comme une madeleine, mais... Je suis lasse de pleurer. Et je suis lasse d'attendre le lendemain.

Sachant que le lendemain ne m'offrira rien de bien.

Les autres terminent leur entrée, le plat et la soupe sans un bruit. Les adultes se lancent des coups d'œil inquiets. Portia. Cinna. Effie. Haymitch. Ils nous observent à la dérobée, Damen et moi, assis l'un en face de l'autre. On regarde nos bols de soupes froides. On attend la mort.

- Le... le règlement stipule que... qu'aucun rappel quant à la date du Lancement des Jeux ne doit être fait, reprend notre mentor, essayant certainement de se racheter.

Se racheter de quoi, Haymitch ? De mal nous parler ? De nous rabaisser ? De ne pas toujours avoir été le meilleur mentor qui soit ? De ne pas nous avoir annoncé la date du début des Entraînements ? De nous avoir convoqué la veille de l'Émission pour nous dire qu'il y en aurait une ? D'avoir attendu qu'on découvre, seuls, terrifiés et condamnés, Damen en direct sur le plateau et moi toute seule dans les coulisses, que les Hunger Games commencent demain ?

C'est de ça, dont tu as honte ?

Damen et moi restons yeux dans les yeux un long moment, sans rien dire, sans rien ajouter. On attend patiemment que les autres terminent de manger. A la fin du repas, Effie nous propose de gagner le petit salon pour suivre la rediffusion de l'émission complète. Comme ce à quoi je m'attendais, Damen a l'air complètement déserté lorsque Caesar lui demande ses réactions quant à son départ de demain. Et je devais avoir la même expression, à ce moment-là. Puis, en me voyant à la télé, je ne me reconnais pas. Ça n'a rien à voir avec mon costume, ni avec mon maquillage ou encore avec le décor où je n'étais jamais allée auparavant...

Ce sont mes expressions faciales.

Inexistantes.

Je voulais me ressembler, et c'est raté. Mes sourires sont faux. Mes froncements de sourcils sont faux. Mon comportement est faux. Mes réponses sont fausses... J'ai honte de moi. Ma stratégie a flambé. Je n'ai pas dis ou fais ce que je voulais, mais ce qui pourrait m'aider. Ce soir, j'ai essayé de me ramener des sponsors dans la poche. C'est tout.

Je ne vaux pas mieux que Haymitch, au final. Peut-être est-ce l'instinct de survie qui nous pousse à agir ainsi.

Quand l'hymne prend fin et que l'écran redevient noir, un silence s'installe dans la pièce. Enfin... Le silence a régné toute la journée, vous me direz. Je me tourne vers les quatre adultes présents.

- Bon, les enfants..., commence Haymitch, mal à l'aise, se balançant dans son fauteuil sans savoir que faire. Demain, à l'aube, on viendra vous réveiller et vous préparer pour l'arène... Les Jeux ne commencent qu'à dix heures, car les habitants du Capitole se lèvent tard. (Je m'abstiens de tout commentaire à cette dernière remarque, et me contente de me mordre la langue jusqu'au sang.) Mais vous devrez quand même vous levez de bonne heure. Qui sait quelle distance vous aurez à parcourir pour atteindre l'arène, cette année. Ça change tous les ans, ajoute-t-il avec un coup d'œil rapide dans ma direction.

Oui, parle à Emma, la Fille Perdue. Petite amie de Peter Pan, chef des Garçons Perdus, et grande favorite du public avec son nom « La Fille du Feu ». C'est vrai que c'est pratique, d'être célèbre. Tandis que les autres Tributs recevront des allumettes, de l'eau potable ou de la nourriture, on m'enverra des stylos accompagnés de petits cartons à dédicaces. Ça me sauvera certainement.

- On... On ne peut pas vous accompagner, reprend-il lugubrement. Vous quitterez Effie ce soir, et je viendrais vous voir chacun votre tout pendant dix minutes avant l'envoi au Front. (Le Front. Comme à la guerre.) Ce sont vos stylistes qui vous soutiendront jusqu'aux portes de l'arène. Je vous laisse dire au revoir à Effie avant de partir...

- Où vous allez ?

Ma seule prise de parole de la soirée. Les regards me survolent brièvement avant de se rappeler que je ne suis pas d'humeur câline.

- Au quartier général des Jeux.

- Pourquoi faire ?

- Bah... Faire signer le plus de sponsors possible. Commencer à élaborer la meilleure stratégie concernant la manière et le moment de vous faire parvenir leurs cadeaux. On va y passer la nuit, et tous les jours qui suivront.

Sur ce, il se lève sans un bruit, pousse un gros soupir, tourne les talons. Tout le monde se lève, alors je suis le mouvement. Mécaniquement. Comme un petit mouton.

Snow m'a volé mon indépendance.

Effie soupire également, mais avec des trémolos dans la voix. Un coup d'œil dans sa direction me décroche même un petit cri de surprise : elle ressemble à la Fontaine de Jouvance, là. Nous prenant par les mains, Damen et moi, elle nous observe encore quelques instants sans rien dire, la larme à l'œil.

- Ah !, souffle-t-elle une nouvelle fois, s'essayant au sourire faisant du vent sur son visage d'une main. Ça n'a jamais été aussi difficile...

- On y croit presque !, renifle-je, dépitée.

C'est vrai. Aucun lien fraternel ne nous unie. Elle nous a dressé comme des chevaux pour rentrer dans la norme du spectacle attendu par le Capitole. C'est un pion de Snow. Elle nous côtoyait toutes les heures de tous ces derniers jours, mais elle reste un petit pion insignifiant dans ce manège absolument...

Elle nous prend dans ses bras.

Moi sur l'épaule gauche, Damen sur l'épaule droite. Si la perruque de l'hôtesse n'était pas si énorme et bouclée, j'aurais certainement remarqué le regard surpris de Damen, car je lui ai lancé le même. Mais là, on est quelque peu aveugle. Des petites gouttelettes d'eau me tombent sur l'épaule.

- Bonne chance... Mes tous petits..., chuchote-t-elle à nos oreilles, ne cachant plus les sanglots étranges qui secouent sa voix.

Elle s'écarte ensuite pour nous observer à bout de bras. Son maquillage est aussi net et intact que si elle sortait de chez l'esthéticienne. Ça supporte l'eau. Bonne nouvelle.

- Vous êtes les Tributs les plus attachants et les plus exceptionnels dont j'ai eu le privilège de m'occuper, murmure-t-elle en caressant ma joue d'une main et en pressant l'épaule de Damen de l'autre. Et... Grâce à vous, je ne serais pas étonnée d'être promue dans un bon District, l'année prochaine !

Et enfin, une ultime phrase Effie prononça. Évadée de la matière grisâtre, flasque et minuscule qui s'est si peu développée dans son crâne lorsqu'elle était dans le ventre de sa maman mais que les scientifiques appellent tout de même « cerveau ». Je soupire en roulant des yeux. Oui, Effie ne serait pas Effie si elle ne commettait pas ce genre de bourde épouvantable. Elle nous embrasse une dernière fois les deux joues avant de s'en aller en sanglotant, submergée par l'émotion. A moins... qu'elle ne soit transportée de joie à l'idée de quitter le poste d'hôtesse de notre fastueux District Douze...

C'est pas grave, Effie. T'as le droit d'être toi-même.

Je quitte ensuite le salon sans un regard ne serait-ce que pour Damen.Je me glisse sous la douche brûlante pour me débarrasser de la peinture dorée, du maquillage, de cette image de beauté qui me colle à la peau. Tout ce qui reste des efforts de mon équipe, ce sont les flammes sur mes ongles. Je décide de les conserver afin de rappeler au public qui je suis. Après tout, c'est tout ce qui les intéresse.

J'enfile une chemise de nuit molletonnée et je me glisse dans mon lit. Il me faut environ cinq secondes pour réaliser que je ne m'endormirai pas. Or j'en ai besoin, désespérément, car dans l'arène chaque instant concédé à la fatigue sera une invitation à la mort.

C'est terrible.

Dans quel environnement on me jettera, demain ? Un désert ? Des marais ? Une toundra glaciale ? Une jungle tropicale ? Des montagnes cahoteuses ?

Quelque part dans un autre Royaume ? Dans le mien ? Sur une île ?

Ai-je une chance de m'évader ? De survivre... ?

...

De mourir ?


+++



- Emma... Emma...

Une haleine chaude et affriolante s'écrase en douceur sur mon visage lorsque ces murmures apparaissent. Mon impression première : la surprise. Punaise, j'ai réussi un exploit !

M'endormir ! Ouah !

Je devais être sacrément crevée, pour ça. A contre cœur, j'ouvre légèrement les paupières. Une ombre se dessine juste en face de moi, et elle n'est pas noire à cause de l'absence de luminosité dans ma chambre, mais tout bonnement parce que c'est Cinna.

- C'est l'heure, me chuchote-t-il ensuite, puis il commence à s'éloigner du lit.

Ma gorge se noue automatiquement. L'heure...

OH MON DIEU ! C'est l'heure !

Je m'assieds sur le matelas. Mon dos n'est plus en contact avec le scouvertures chaudes et imprégnées de mon odeur. J'éternue, me frotte les yeux, baille avec un cri de bébé dinosaure adorablement égorgé sur la plage. A côté, Cinna allume la lumière de la salle de bain et m'incite à l'y rejoindre, ce que je fais avec tout le courage de la planète. Dehors, c'est toujours la nuit. Le soleil menace de pointer ses premiers rayons à l'Ouest. Je me lave la figure, me brosse les dents et enfile les vêtements anodins que Cinna m'a préparé.

- C'est avec ça que je vais rentrer... là-bas ?, lui lance-je à voix basse tandis que j'épie mon reflet, incrédule.

Un T-shirt noir, slim de la même couleur et des baskets ?

- Non, les derniers préparatifs auront lieux dans les catacombes, sous l'arène.

J'acquiesce. Je reste encore quelques instants figée, à m'observer dans le miroir. J'ai incroyablement maigris. Pas mincis, c'est-à-dire en perdant graisse pour gagner jolies formes, mais juste maigris. Perdant poids pour dire qu'on a perdu du poids. Je ne mange plus - mes joues se sont creusées. Je ne dors plus - des cernes violacées bordent mes paupières. Voilà à quoi je ressemble sans maquillage : un lézard momifié, un zombie sur pattes. Ou un zombie lézard sur pattes de momies. Dégagez-moi cette horreur de vue.

Je préférais encore voir Snow mort à mes pieds, s'il le faut avec mes dents plantées dans le cou.

No cannibalism.

Nan, sérieux, si je deviens vampire un jour, il est clair qu'il le paiera de sa vie. Pour tous les sacrifices que j'ai du faire en son nom, pour toutes les épreuves que j'ai du subir, pour tous les mensonges que j'ai du créer avant d'en arriver là. Dans cette salle de bain du Capitole. A me regarder une dernière fois. Avant d'aller jouer avec la mort.

Dans l'heure qui suit, l'appartement est vide.

Nous sommes en compagnie d'une femme inconnue à bord de l'Expresnow (Express + Snow, vous aurez compris...), le train censé être le plus rapide de Narnia. Il ne fonctionne pas au charbon, mais au pétrole. D'où leur vient cette matière première ? Telle est la question. Tandis que j'observe le petit-déjeuner face à nous, la femme inconnue réclame mon bras, l'une de ses mains munie d'une seringue étrange. Elle me place un mouchard dans l'avant-bras. « Il ne s'agirait pas d'égarer un Tribut dans l'arène, pas vrai ? », se justifie-t-elle.

Je l'ignore. Elle se casse. Tant mieux.

- Où sont Damen et Haymitch ?

- Quelque part dans un autre compartiment.

- Mon mentor n'est pas censé être avec moi ?

Ça me saoule de ne rien comprendre. D'être mise à l'écart de tout ! C'est sacrément énervant, d'autant plus que j'ai l'impression que mes adversaires s'y retrouvent très bien, eux. Personne ne prend en compte que j'arrive tout droit d'une autre galaxie où les ados de mon âge se battent à mort sur Call of Dutty... Moi, j'étais pacifique, avec mon CandyCrush... PUIS JE SUIS LA, MAINTENANT !

- Haymitch est avec les autres mentors, et chaque Tribut est avec son styliste personnel. Au moment de descendre du train, Haymitch viendra pour vous... (Silence. Je le regarde sans trahir la moindre émotion.) Tu devrais manger un morceau, Em...

Je le fixe encore quelques instants. Haymitch viendra nous dire adieu. Jele sais.

Il ne croit pas en ma survie, mais je n'y crois pas non plus.

Malgré ma gorge et mon estomac noués, je me force à avaler le plus de nourriture possible. J'ai d'ailleurs une puissante envie de gerber, mélange d'avoir manger trop vite, en trop grande quantité et avec la peur qui me broie les entrailles. Cinna me presse gentiment l'épaule sans me quitter des yeux pendant toute ma gloutonnerie. Il compatis silencieusement à mon triste sort et, à un moment, il me caresse sous l'œil.

Je comprends avec un temps de retard qu'il essuie une larme.


PDV Externe


- Fais vite, Edmée-Ambroisine !

Ma petite sœur tamponne sagement ses lèvres oranges de son mouchoir pourpre vert assortis aux petits nœuds dans ses cheveux blonds pâles foncés. Seules ses quelques mèches rouges sang relèvent la tendance. C'est moi qui les lui ait faites hier, avec Mère ! Elle tenait tellement à avoir sur elle la couleur de son idole de Tribut ! Moi, je n'ai pas encore de préférence, sauf pour les jolis garçons.

- Allons, dépêchez !, nous gronde Mère.

Elle plie ses longues jambes à demi couvertes par une jupe en bois vernis couleur de tempête de neige bleue et rose ! Oui, le bois est tendance, cette année, pour meubles et les jupes. Edmée-Ambroisine saute de sa chaise, abandonnant son petit déjeuner. Je la rejoins avec Mère sur le grand canapé. La télé est allumée. Caesar commence à présenter l'émission ! Je suis toute excitée ! J'ai hâte que ça commence !

- Darling, que fais-tu donc, au nom de la peinture ?! Les Hunger Games commencent !

- Père se fait vomir dans les toilettes, la rassure-je en hochant le menton, puis je monte le son de la télévision.

Oui, c'est la coutume, au Capitole. Quand on finit notre repas, on boit un alcool qui nous fait vomir pour pouvoir faire un deuxième repas ! C'est si intelligent, si stratégique ! Je remercie le Capitole d'être aussi parfait. J'en rosis de plaisir. C'est d'ailleurs de mes joues roses crevettes dont je tiens le nom !

Oui, je m'appelle Crevette ! C'est tellement poétique... ça fait crustacé ! Je voue une adoration sans bords à l'imagination de mes parents adorés.

- Vous croyez que c'est qui, qui va mourir en premier ?, questionne Edmée-Ambroisine en arquant son sourcil carré.

Elle, elle tient son nom du Capitole. Edmée signifie "riche et protégé", et l'ambroisie est une plante de la haute gamme culinaire ! C'est avec ça que mon père s'est étouffé en rencontrant ma mère ! C'est si romantique... si gustatif !

- Nous le verrons bien, mon pot de miel aux fruits secs et aux noisettes. Ça va commencer.

Oh, oui, ça va commencer...

Tandis que la petite famille capitolienne se prépare au grand show, confortablement installée dans le canapé familial, l'Expresnow s'immobilise dans le tunnel souterrain des catacombes de l'arène, à des centaines de kilomètres de Panem. Les gardes de Snow qui attendaient le train sur le quais de la gare placent des paravents métalliques entre chaque portes de chaque compartiments. Les Tributs et leur styliste sont ensuite autorisés à descendre du train. La vingt-quatrième porte est celle d'Emma, et par conséquent, la vingt-cinquième appartient au compartiment des mentors, vu qu'il n'y a que vingt-quatre Tributs.

Chacun est guidés par une porte où sont inscrits les nombres des Districts et le sexe du Tribut. Emma s'engouffre ainsi dans la porte notée d'un grand « 12 F » doré.

- Ils doivent être dans les chambres de lancement, à cette heure-ci, observe Madame Patouille, mère de Crevette et d'Edmée-Ambroisine.

Les deux enfants sautillent sur le canapé. Le père émerge des chiottes et se réinstalle à table pour son troisième petit déjeuner.

Les Hunger Games mettent tout le monde de bon humeur.

En entrant dans la chambre de lancement, donc, Damen se sent pour la première fois oppressé comme jamais. Déjà parce qu'il se sent enfermé dans un parc aux bestiaux, là où les bêtes poirotent avant l'entrée à l'abattoir. Secondement parce qu'il reconnaît la matière de ses semelles de chaussures spéciale arène, lorsqu'il les enfile sous l'œil humide de Portia. La semelle est métallisée, mais elle est faites de roche. Plus précisément de mer à l'état solide ; ce qu'on appelle le Granit Marin.

Tétanisé, il se sent immédiatement vidé de ses pouvoirs.

C'est également ce que ressent Emma en enfilant ses chaussures, puis un pantalon plus épais par-dessus le slim qu'elle avait déjà. Caleb ne s'était pas trompé : le Granit Marin a réellement les propriétés de privé un être magique de ses pouvoirs. Peter Pan n'est plus qu'un vampire anodin, et Emma une humaine.

Décontenancés, ils pensent l'un à l'autre avec le même soupir tragique.

Surexcités, la famille Patouille monte une nouvelle fois le son de la télé, à s'en exploser les tympans.

A peu près dans un état pré-suicidaire, Blanche-Neige se pelotonne amèrement dans les bras de son mari. Les quelques rares invités qui sont restés après le départ d'Emma, qui sont au nombre de cinq, sont restés soutenir les parents endeuillés. Regina est toujours là, à faire fonctionner le miroir magique pour montrer à David et Elena la vue de leur fille dans une arène de mort. Au fond de la pièce, épaulé à l'embrasure de la porte, Caleb fixe le miroir avec amertume.

Le monde est prêt au Lancement.


PDV Emma



Je me retourne subitement.

Haymitch entre, mains dans les poches, le regard rivé sur le sol. Je ne m'attendais à rien d'autre de sa part.

- Tu tombes bien, grognasse Cinna, toujours en train de s'acheminer sur son travail.

Je reste silencieusement scotché sur mon mentor tandis que mon styliste s'affaire à arracher du paquet standardisé pour chaque Tribut les vêtements qui seront miens les prochains jours... ou semaines... ou minutes... Tout dépend le temps qu'il me reste à vivre.

Je n'ai jamais eu autant envie de vomir sans vomir toutefois.

A pas lents, l'homme marche dans ma direction. Il ne me regarde toujours pas. Cinna tapote mon ventre pour récupérer mon attention : il m'aide à enfiler mon chemisier vert pâle et mon ceinturon de cuir brun par-dessus le débardeur noir que j'avais déjà.

- L'étoffe de ton blouson est conçue pour garder la chaleur corporelle, remarque-t-il. Les nuits risquent d'être froides...

- Mais n'allume pas un feu tout de suite, hein ?

On se tourne vers le nouvel arrivant. Comme craignant d'en avoir trop dit, il rebaisse la tête.

- Je veux dire... je suis déjà passé voir Damen.

- Et c'est à mon tour d'avoir les ultimes conseils, comprends-je.

Il hoche le menton. Cinna s'éloigne vers le dernier paquet d'habit d'où il a sortit le blouson. Il semble manipuler la fermeture éclair et inspecter ses innombrables poches. Haymitch en profite pour se rapprocher de moi.

- Bon, Emma... Tu vois, ce tube ? (Il me pointe du doigt un cylindre en verre au fond de la pièce, assez large pour accueillir une personne dedans.) A la fin du premier compte à rebours, tu monteras dedans. Il te mènera à l'arène. Pour te faire un dessin, tous les Tributs seront disposés en cercle ou arc de cercle autour d'une petite architecture ouverte, ou alors d'un trou carré. Suivant les années, c'est la Corne d'abondance (la petite architecture) et le trou, c'est la Boîte. Tu piges, pour le moment ?

Je hoche passablement le menton, suivant le résonnement. Ce doit être la seule chose qui ne change pas chaque année. Les arènes ne sont pas les mêmes, mais la disposition doit rester identique.

- OK... Bien... (Il avale sa salive. Difficilement.) Donc, les p'tits génies du Capitole vont mettre tout un tas de trucs en évidence dans la gueule de la Corne ou de la Boîte...

Cinna lance un petit coup d'œil avertis vers nous. Puis il revient à ma veste, notée d'un énorme « B » bleu turquoise sur tout l'avant. Équipe B. Je pense que ça doit nous permettre de ne pas nous confondre avec les ennemis... Vu que cette année, il y aura deux équipes...

Oh. Merde.

Je viens de réaliser que... je connais personne ! Si ça se trouve, ils sont tous nuls ? Tous jeunes ? Trop vieux ? Inutiles ? Tout ce dont je suis sûre, c'est que je suis avec Damen. Mais pas avec Cato. Ni avec Marvel, Glimmer et Clove - ouf !

- Il y aura des armes, des sacs de bouffes, des conneries du genre... Donc écoute bien, trésor : même si tu vois l'arc de ta vie ou même si les couteaux de bouchers que tu trouveras sont capables de trancher un tronc d'arbre, N'Y VAS PAS !

Je sursaute, déglutis, fronce les sourcils et l'observe comme un gentil monsieur perché.

C'est quoi, cette proposition ?!?

- Mais pourquoi ?!, m'écrie-je, choquée par son résonnement idiot.

Si le Capitole daigne nous faire cadeau de jolies aides gratuites, pourquoi m'en priver ? C'est une chance inestimable ! Peut-être que si je suis assez rapide - ce qui est sûr, puisque je suis une hybride et que les hybrides ont des facultés physiques et psychiques supérieurs à celles des humains - je pourrais me trouver un hamburger et les couteaux de Quatre, ou...

- Ce sera un bain de sang ! Ils font ça pour vous attirer, alors faut surtout pas y aller. Tu ouvres grands tes yeux, tu sprintes, tu cherches un endroit prêt de l'eau. L'eau sera ta meilleure amie, ajoute-t-il, tandis que j'acquiesce à chacun de ses conseils. Et surtout, ne descend pas du pied d'estale avant la fin du compte à rebours, sinon ils te font exploser la tête avec une mine antipersonnel.

Je sursaute en portant une main à mes lèvres tremblantes. Il semble ne pas s'en soucier. Ce n'est plus le moment de faire dans la dentelle : je suis en guerre. Je pars au Front. C'est tout comme, du moins.

Impuissant désormais, Haymitch se recule de deux pas, le temps pour Cinna de s'incruster entre nous. Haymitch me rappelle une ultime fois comment trouver de l'eau, comment poser mes collets, comment me servir d'un arc si je parviens à en fabriquer un. Je l'écoute avec peu de calme tandis que Cinna m'enfile le blouson. Puis il tapote doucement sur mon menton pour me faire baisser les yeux.

J'étouffe un cri de surprise.

Là, accrochée sur ma veste et luisant faiblement sous la lumière de cette drôle de chambre, la broche dorée de Prim. Le geai moqueur porte-bonheur.

- Merci, Cinna, chuchote-je en caressant doucement le petit dessin. Mais où est-ce que tu l'as...

- Sous ton oreiller ce matin. (Il a un petit sourire triste.) Je savais que tu l'oublierais... Le stress, sans doute.

- Les Juges ne vont pas croire que je vais me servir de la broche comme d'une arme ? Planter l'aiguille dans un œil... Ou la faire avaler à Cato, par tout hasard ?

Les deux hommes éclatent d'un rire franc, mais... nerveux. Au pire, c'est la première fois depuis un baille que je m'essaie à l'humour. Ma vie est aussi terne qu'un coucher de soleil sans soleil.

- Non... Quelqu'un s'est chargé d'en parler aux membres de la commission de contrôle, et ils ont acceptés.

- Qui ça ?

Cinna sourit passablement. A l'instant où il dit cette phrase, je réalise à quel point la réponse semble évidente. Qui est partit s'expliquer avec les Juges le soir de l'évaluation, et qui a demandé en passant si sa protégée avait droit à un bijou dans l'arène ? Haymitch se gratte la nuque et tourne la tête vers la porte.

- Bon, je crois que j'vais y aller, moi...

Oui, bien sûr. Sacré Haymitch.

Avec un dernier sourire, je prends l'ivrogne que j'ai traité « d'épave alcoolique inutile » dans mes bras. Je lui chuchote un merci à peine audible. Et malgré son premier instinct de recul, il finit par m'enlacer d'un bras (un seul, je précise) gêné et tremblant...

- Tâche de rester en vie, me conseille-t-il une ultime fois.

C'est le premier conseil qu'il nous a donné dans le train.

La différence avec aujourd'hui, c'est qu'il n'est pas soul.

Je me décroche de lui en baissant la tête bien bas pour qu'il ne remarque pas la légère luisance de mes yeux. Je m'empresse de les essuyer - bien sûr, ils les ont tous les deux remarquer, mais personne n'en parle. Bientôt, il est temps pour Haymitch de me quitter définitivement. Il a droit à dix minutes avec chacun de ses Tributs, alors il n'a pas le choix. Il n'assisteras pas en direct au Lancement.

Et il part en cachant son visage derrière ses cheveux. Et je me demande s'il cache des larmes... Ou un sourire, tant qu'on y est. Il est capable de tout... « Yes ! La v'là qui va crever ! La Terre enfin débarrassée d'elle ! Levons nos verres, les gars !»

- Bon, eh bien... Essaie de bouger un peu, vois si quelque chose te gêne dans ta tenue, me propose Cinna avec une douceur dans la voix sans égale.

Je m'exécute, balançant les bras et sautillant sur moi-même. Et bizarrement, le fait de bouger me fait du bien. Ma nervosité se mue en terreur à mesure que j'anticipe la suite, mais gesticuler m'empêche de trop réfléchir. C'est donc sous les yeux ahuris et incompris de Cinna que je me mets à... faire la roue. Le grand écart. Pas de pompes, ça c'est clair. Je monte sur une chaise pour faire un salto avant. L'arrière, c'est une autre histoire. Et de toute façon, mon styliste me fait comprendre qu'il est préférable que je ne me rompe aucun os avant mon entrée en scène.

Puis, au moment où je m'élance dans une énième roue...

- Trente. Secondes, annonce une voix robotisée dans les hauts-parleur.

La surprise me fait finir en roulade sur l'épaule improvisée, me craquant le cou au passage. Cinna saute de son siège.

- Emma, ça va ?!

Je m'assieds sur le sol tandis qu'il s'écrase à genoux prêt de moi. Sous le choc, je lève des yeux dénués d'âme vers lui. Mon cœur m'est restée bloquée au milieu de la gorge. Une horreur sans merci me fait luire les prunelles. Il me prend dans ses bras, m'aide à me remettre debout, mais je ne suis même sûre de pouvoir rester sur mes jambes. Il me garde étroitement écrasée contre lui, ses mains me caressant doucement le haut du dos pour essayer de me tranquilliser. Je regarde le mur d'en face sans un bruit, puis le cylindre de verre. Au bout d'un moment, je commence vraiment à trembler.

- Les stylistes n'ont pas le droit de parier, me murmure-t-il à l'oreille. Mais sinon, je parierais sur toi...

- Vingt. Secondes.

Ma respiration s'accélère. Tant et si bien que je respire par la bouche.

Il dit ça pour me faire plaisir...

- J'ai envie de vomir.

- Tu veux un dernier verre d'eau?

- Non, j'ai envie de...

Oula. Je glousse. Cinna me tire subitement par le bras et me dresse toute droite face à un lavabo que je n'avais pas remarqué jusque là. J'observe la chose sans grand intérêt. Je cligne des yeux. Je regarde l'eau goutter par le robinet.

- C'est maintenant ou là-haut, Emma !

- J'ai plus envie.

- Quinze. Secondes.

Cinna se presse d'allumer le robinet. Il passe sa main sous le jet et, tout en me faisant avancer rapidement vers le cylindre, il me caresse tout le visage de ses doigts trempés et froids. Ça fait un bien fou. Je ferme les yeux, respire un bon coup. Je me concentre sur les images de Caleb, de Henry, de Clark, de Papa, de Maman, de Alice, de Emmett,de Japser, de Rosalie, de Carlisle, de Esmé...

- Bonne chance... Fille du Feu.

De Kenna, de Lola, de Greer, de Aylee, de Prim. De Sheryl et Tom.

Même s'ils sont morts.

- Dix. Secondes.

Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui. Tu ne les rejoindras pas aujourd'hui...

Cinna m'embrasse le front, puis me pousse dans le cylindre qui se referme automatiquement sur moi.

J'ouvre grand les yeux avec une prise d'inspiration folle.

C'EST QUAND QUE CE PUTAIN DE CAUCHEMAR S'ARRÊTERA ?!?

Il n'y a plus un bruit. Aucun bruit. A part ma respiration.

Je suis seule au monde.

Je me retourne violemment vers Cinna, terrorisée. Qu'est-ce que je fais là ?!

Il me regarde avec une expression sobre, vide, silencieuse. Respectueuse. Il hoche la tête, dernier encouragement. Il se tapote le menton. « Tête haute. C'est toi, la Princesse. » Je redresse les épaules, me tiens aussi droite que possible, c'est-à-dire à la Quasimodo.

Le cylindre s'élève. Je plaque mes paumes sur les parois en verre, suffoquant complètement, en pleine crise de panique. Je peux plus respirer. Je veux vomir. Je plaque une main sur ma bouche pour m'en empêcher. Je ne vois plus Cinna. Pendant une quinzaine de secondes, je reste plongée dans le noir complet. Pour la première fois de ma vie, je me sens claustrophobe.

Une plaque métallique au-dessus de ma tête s'ouvre, et c'est le retour de la lumière. On me pousse au-dehors. Je retire mes mains, sous peine de les voir s'arracher de mes bras. Une forte brise s'abat sur mon visage, et mes yeux s'ouvre à cent quatre-vingt degré pour découvrir dans quel univers je suis désormais plongée.

Mais le soleil m'éblouie. Tout est blanc, mais infiniment grand. Ça se sent.

Mon cœur cesse de battre. Encore.

Et une voix robotique apparaît tout autour de moi... de nous.

PDV Externe

- Tu es contente, ma chérie ? Regarde, tu as la Fille du Feu, là !

- Oh, oui, mère ! Et elle a une natte comme moi !

Crevette observe sa petite sœur s'étaler sur la joie qu'elle éprouve à voir Emma. La mère de famille ricane bêtement avant de se lever et de rejoindre son mari à table. A cet instant, il se sert un verre d'alcool. Pour un autre petit-déjeuner en perspective.

- Darling, la petite adore cette Emma... Tu es sûr que...

- C'est le Président qui en a décidé ainsi, mon cornichon rose, soupire-t-il avec dédain. On ne peut rien faire...

Le couple se tourne vers leurs deux filles, qui assistent au début du compte à rebours de cinquante secondes. Les caméras filment chaque Tributs, qui lancent des regards un peu partout en se frottant les yeux, déstabilisés, cherchant à comprendre où ils se trouvent, mais les téléspectateurs ignorent encore à quoi ressemble l'arène...

- Oui, conclue l'époux à voix basse avant de se lever de table. Elle doit mourir. Ça rapportera plus de fric.

Puis il se dirige passablement vers les chiottes, où il passe plus de temps que dans son bureau. Puis une vue d'ensemble arrive. Les téléspectateurs découvrent enfin l'arène. A des milliers de kilomètres, Greer hurle de frayeur en reconnaissant cet endroit. Puis elle se met à pleurer.

Sur toutes les places des Districts de Panem, ça donne à peu près la même chose pour les centaines de spectateurs. Prim y compris.

A Folsence, Rumpelstiltskin sursaute également.

Et Emma se tourne vers Damen sans comprendre.

Il reste quinze secondes. Quatorze. Treize...

PDV Emma



Douze, onze, dix...

Le nombre de secondes qui nous reste apparaît au centre du grand cercle que forme les Tributs autour de la Boîte que Haymitch m'a décrite. Et comme il me l'a précisé, elle vomis armes et sacs à dos. Cato ne quitte pas des yeux sont objectifs... ou si. Quelquefois. Il regarde Damen. Il me regarde, moi. A chaque seconde qui passe, un grand « boom » retentit, m'oppressant le cœur.

Neuf. Huit. Sept.

Je respire anormalement vite. Je me place comme avant un sprint, prête à partir dès la fin de ce compte à rebours interminable. Je regarde tous les Tributs qui se trouvent à ma gauche. Ceux avec le grand « A » rouge sur la veste. Marvel, Glimmer, Cato, Clove, et huit autres, dont la petite Rue. Mon ennemie à partir de cet instant.

Six.Cinq. Quatre...

A ma droite, les gens dotés du grand « B » bleu. Damen. La garçon-manqué. Le petit joufflu. Thomas. Le Renarde, l'asiatique. Les autres, je ne les connais pas.

Trois.

Deux.

Un.

Putain...

Un dernier « boom » strident retentit. Et nous y voilà.

Mesdames et Messieurs, mes chers amis, mes chers parents, que les Soixante-quatorzième Hunger Games commencent...





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