Chapitre 22 : Echec de la Mission

Salut, les bests ! Como se pasa la casa, la vida, la familia ?

Bref.

Je suis HORRIIIIIIBLEMENT désolée pour cet ENOOOORME retard, mais j'ai une jolie excuse : la rentrée. Première L dans un lycée à 45min de chez moi, demi-pensionnaire pour la première fois de ma vie et de retour à la casa tous les jours (hors mercredi) à 18h50. Entre dissertations et copies d'histoire, dur dur de trouver du temps pour écrire.

Mais regardez ! Je suis pas morte pour autant !

Sauf que, j'ai collé ce chapitre (oui, j'écris sur World) en début d'après-midi, et comme d'habitude, un bug chelou m'a fermé la page, et lorsque je l'ai rallumé... Bien sûr, je devrais m'estimer heureuse, ça s'est sauvegardé. Mais LE FAMEUX BUG consiste à coller des mots entre eux. Une demi heure de barre espace plus tard, j'ai laissé tomber.

Et aie repris que maintenant - à me crever les yeux pour vous, mesdemoiselles, oui oui oui !

Allez, régalez-vous des aventures de ma petite Emma, et n'oubliez pas la case votes <333 Oh, et sachezque lorsque les motsse collent tous seuls à causede ceputain de bug, croyez bienque ça faitLITTERALEMENT chier !

Bonne lecture. Point. Je suis crevée...

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Le plan de Greer est excellent, bien que très simple.

Avant d'entrer dans les explications de son idée de départ, je tiens à préciser que je suis personnellement attristée par la situation.Scandalisée, même. Je me sens pitoyable...

Car ce plan a pour but d'approcher mes parents.

Eh ouais, je suis tombée bien bas.

Quelle fille doit monter un projet à la Napoléon pour seulement adresser la parole à ses géniteurs ? Je trouve ça horrible ! Ils devraient être disponibles à toutes les heures du jour et de la nuit pour leur enfant unique, et plus encore parce qu'ils ne m'ont retrouvés que depuis deux mois, et qu'avant cela, une Malédiction les a séparé de moi et leur a fait oublier mon existence ! Ils devraient être aux petits soins pour ma triste personne... Mais voilà, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?J'aimerais baffer la personne qui a inventé ce dicton pourri.

Pauvre Emma. Pauvre de elle. Quel monde cruel et insipide.

- La mise en scène est très simple, consent la créatrice du plan en peignant soigneusement mes cheveux, sourire aux lèvres. Mais tu verras, tout le monde va la gober. D'après ce que je sais de toi, tu es bonne comédienne, Emma, non ?

Je hoche passablement le menton en détournant le regard. Mon énergie psychologique lié à mon micro délire d'il y a une seconde se détruit lorsque je croise mon propre regard dans la glace. Même m'y voir est complètement impossible... Car je me dégoutte, en faite...

Il faut vraiment que je règle cette affaire au plus vite. Que je la laisse loin derrière moi. Et j'espère pour Colin Everdeen qu'il a été poussé à faire tout ça... Franchement, j'espère pour lui qu'il a agit sous les ordres d'un ennemi très puissant qui me veut du mal et auquel personne ne peut rien refuser, car s'il est seul commandant de ses actes...

Je frissonne.

- D'après Lola, tes parents ont annoncé aux invités que tu es malade, commence Kenna d'une voix calculatrice, se tenant le menton. Ce n'est pas bête d'agir comme tel.

- Comme tel quoi ?

- Bah, on va te rendre malade.

Me rendre malade ? Qu'on fasse venir une assiette de choux de Bruxelles...

- Comment ça ?, grince-je, légèrement sceptique.

Pour répondre à ma question, Greer divise mes cheveux en deux partie savant de les tresser. Je bave visuellement sur le reflet de ses doigts agiles et m'imagine déjà le résultat.

- Waouh ! Tu les fais super bien, Greer !

- Nattes en épis de blé. Joli, non ?

- On se demande qui t'as appris à les faire,

Aylee éclate de rire, s'étouffant avec la tranche de pastèque dans laquelle elle mordait.

- L'élève a dépassé son maître, rétorque ma coiffeuse actuelle, me laissant repenser aux doigts agiles et fluides de Ju, la domestique adorable qui m'avait servit hier.

Après l'atelier coiffure, on me dirige derrière les paravents, où je me déshabille. Quelques secondes plus tard, l'une de mes quatresuivantes me donne la robe que je suis censée porter. Je l'enfile sans avoir besoin de quelqu'un pour lacer mon corset...

Tout simplement parce que je n'ai pas de corset, aujourd'hui. Comme toute Princesse malade. Délivrance ! Je commence à aimer ce plan.

La robe en elle-même n'a absolument rien de gracieux. Les manches sont trop longues pour moi, laissent à découvert mes épaules et le tissu est très doux. Le bas de la tenue blanc cassé est bordée de dentelle de la même couleur. On m'a épargnée toutes fanfreluches inutiles : en bref, c'est une chemise de nuit.

- J'ai enlevé mon pyjama pour en mettre un autre ?,

- C'est l'idée, oui, Ton teint est déjà assez pâle, alors avec tes nattes et cette robe, on dirait vraiment que tu es malade.

On n'a pas la même vision des choses. Pour elles, tout est dans la coiffure et la tenue alors que j'aurais plutôt penser à développer mes cernes avec du maquillage, ou me promener avec un thermomètre sous la langue...

Narnia est vraiment bizarre.

- Tout est dans la comédie, maintenant, Emma, il faut impérativement que tu joues les filles perdues et nécessiteuses d'amour paternel.

Je m'abstiens de dire à voix haute que je sais absolument comment faire. Étant donné que j'ai été orpheline toute ma vie. L'air triste et souffrant, j'affaisse les épaules et plisse les yeux. Je marche en titubant légèrement, je respire fort, et j'arrive même à transpirer à grosses gouttes (suffit de repenser à la scène d'hier pour y parvenir). Je me répète, c'est malheureux de devoir créer une pareille machination pour seulement se rapprocher de ses parents.C'est vraiment triste.

- Mesdemoiselles, nous sommes fin prête pour le commencement du plan A : mise en scène. Première étape : camouflage, déclare-je à la cantonade.

Mes amies éclatent de rire. Et intérieurement, moi aussi.

Vous trouvez que mes méthodes de travail ressemblent à celles de quelqu'un d'autre ? Plans, étapes, etcetera...

Ce quelqu'un d'autre ne serait-il pas le garçonnet aux grands yeux gris et tâches de rousseur carrément craquant qui est responsable du dénouement heureux de ma vie ? S'il n'était jamais venu me chercher le vingt-deux mai dernier dans mon appartement, je serais aujourd'hui Shérif adjointe de la police de Boston. Une carrière tracée, une routine ennuyeuse, une vie de badaud insignifiant.

Mais non.

Il est venu. Il m'a cherché. Je l'ai renié, insulté, me suis moquée de ses histoires de contes, de châteaux, de Princesse Sauveuse, de vampires, de Blanche-Neige. Aujourd'hui, je vis dans un Palais avec ma mère , héroïne de conte de fée, et sort avec le vampire le plus mignon de la région.

Henry a bouleversé mon monde, ma vie entière. Il m'a ramené à ma place et m'a littéralement sauvé. Et nos délires me manquent. L'Opération Cobra me manque. Ma vie de détective, Storybrooke, l'époque où mon plus gros problème était de comprendre les émotions de Damen... Tout ça, c'est ce qui a fait de moi une fille épanouie, et c'est ce qui me manque.

Mon ancien moi. Tranquille, vie au jour le jour, sans règles ni contraintes. Où les dangers étaient si minimes que ça en devient ridicule.

- Deuxième étape : approche, poursuis-je en oubliant le fil de mes pensées, sans quoi ça deviendrait vraiment déprimant, et une fille comme moi n'a pas le temps de sombrer dans la dépression qui suit un viol. On est go !

J'avance donc vers la porte. A partir de là, je ne peux plus reculer.

Le plan A, dont le nom officiel est « Mise en scène »,comporte trois étapes. La première ; camouflage. Deuxième ;approche, et troisième ; perspicacité. Je vais avoir recourt à plusieurs types de stratagèmes pour parvenir à mes fins : à savoir, convaincre mes parents de me laisser parler à Colin. Vous devez penser que nos délires vont un peu trop loin pour une si petite affaire, mais croyez-moi, on risque gros : la justice du Quatrième Royaume interdit une victime d'approcher son agresseur, ravisseur ou autre à partir du moment où celui-ci est arrêté.

En d'autre terme, je n'ai plus le droit de revoir Colin.

Seulement, il n'y a qu'une issue probable pour mon plan A. Il faut impérativement que j'aille le voir ! Dès que j'en aurais l'autorisation royale (seul avantage d'avoir des parents haut placé dans la société), nous entamerons notre plan B« Informations ». Là, je découvrirais enfin la vraie nature du problème. Suis-je menacée par un adolescent aux hormones sadiques ou par une personne bien plus importante ? J'ai hâte d'avoir la réponse. Ou... peut-être pas, en faite.

Si on imagine qu'un ennemi quelconque est capable de menacer de mort la famille d'un pauvre gars pour pousser celui-ci à violer la fille la plus importante du pays, excusez-moi, mais ça me rend pas franchement à l'aise.

Le temps de reformuler dans ma tête le déroulement du plan A, nous avons déjà atteint la Salle de Réception. Là, plusieurs personnes discutent à voix basses en sirotant du café. Aucun doute là-dessus, ce sont des personnalités célèbres. Il n'y a que des enfants qui ont grandis avec un protocole de bonnes manières dans la tête qui puissent, en devenant adultes, parler aussi bas.

- A toi de jouer, Princesse, m'encourage vivement Aylee en déposant un petit bisou sur ma joue.

Je lui rends, un sourire en prime.

- On compte sur toi, me dit ensuite Lola, la mine plus réservée et triste. Aide-le, je t'en prie.

Cette remarque a le don de me crisper. « Aide-le, je t'en prie » ?Alors pour elle, l'important est que j'atteigne Colin et que je prouve son innocence partielle ? Elle n'est pas là pour me soutenir - c'est pas comme si j'allais courir en hurlant dans une robe horrible à travers une salle remplie de Reines de beauté,hein ? - mais juste pour son petit-ami ? Son petit-ami qui, soit-dit en passant, a tenté de m'agresser cette nuit ? Ça, c'est trop fort.

- Ne t'en fais pas. Les sources de Greer ont raison : je suis une excellente comédienne.

Et je me lance.

+++

je

Je passe, l'air de rien, entre deux hommes qui discutent. Ils me regardent brièvement avant de reprendre leur discussion. Ouf, premier obstacle franchi. Je relève un peu la tête. Merde ! Groupe de jeunes droit devant ! Ils doivent être à peine plus vieux que moi - et vraiment beaux, pour des humains, je dois l'admettre. J'hésite un instant à les contourner... Puis me ravise.

J'ai une idée grosse comme une patate, les gars.

Aussi jeunes, ils ne peuvent pas être Rois. Ce sont forcément des Princes... Ces fameux Princes dont tout le monde me parle. Ceux qui sont venus non pas pour profiter de ma fête, mais pour me faire la cour. Avec un peu de chance, ils ne me calculeront pas - les gens de leur rang ont un don pour oublier les domestiques, et avec cette robe hideuse, je leur ressemble vraiment. Mais s'ils me reconnaissent, au pire, ils seront dégoûtés par ma tenue de souillon. Et là, plus de Princes sur le dos ! Je n'aurais pas besoin d'épouser qui que ce soit contre mon gré pour telle ou telle alliance ! Je serais toute seule dans mon beau château, réservée à un unique homme...

Fière de mon raisonnement, j'entre tête haute dans leur cercle de rires et de discussions. Dès qu'ils me voient, ils stoppent tout mouvement.

Merde. Crotte. Zut, flûte, mince, quoi !

Ils me reconnaissent.

Je cours droit devant. Avec un peu de chance, ils vont me prendre pour une cinglée ? Ils demanderont à leurs parents de quitter le château, et ils ne désireront jamais ma main. Et là, je serais la personne la plus heureuse du monde.

Je continue d'avancer, et... Oh, attendez ! Femme grande, mince et au physique élancé, aux lèvres rouges comme le sang, cheveux noirs comme l'ébène et teint blanc comme la neige ! Reine de la beauté sculpturale, ou Blanche-Neige, si vous voulez. Elle discute avec... Ashley ! Enfin, Cendrillon, ici.Cendrillon... avec son bébé dans les bras. Emma Junior ! Ma filleul ! Un immense sourire s'installe sur mes lèvres - puis je me souviens que je suis censée jouer les Princesses malades. J'essaie de me calmer, marchant vers elles avec autant de grâce qu'une mannequin pingouin.

Je rentre dans quelqu'un.

- Oh !

Je vacille - son dos est monstrueusement dur - et titube en arrière. Le beau jeune homme qui discutaient avec deux messieurs plus vieux que lui d'au moins trente ans se retourne avec un air surpris - il a sursauté- et me dévisage. Ses lèvres prennent la forme d'un « O » lorsqu'il me reconnaît.

Mes yeux se remplissent de larmes directement.

Il me sourit. Il me sourit... Lui qui ne sait même pas ce qui m'ait arrivé. Lui qui croit que je vais très bien, que tout va très bien, que ma vie est tout à fait normale. Que j'ai passé une bonne nuit de sommeil... Lui qui ignore ce que quelqu'un, peut-être présent dans cette pièce, a commandé à Colin de me faire.

Je m'écroule sur moi-même. Non seulement c'est involontaire, mais en plus ça rentre très bien dans mon rôle.

- Emma ?, s'inquiète Damen, surprit par l'action. Emma ? Emma !

- Qui est Emma ?

- La Princesse ?

- Oh, regardez ! Elle s'est écroulée !

Toutes les personnes ayant assistées à la scène se rapprochent en cercle autour de nous. Zut ! C'était pas mon but, d'attirer l'attention. Damen, quant à lui... Il a perdu tout son sang-froid. Comme à chaque fois que je ne suis pas dans mon état normal. Maisje suis habituée.

- Emma ! Emma, qu'est-ce qui t'arrive, putain ?! Pourquoi tu pleures ? On t'a fait du mal ? Tu veux manger quelque chose ? Boire ? Voir ton papa ? Emma, réponds-moi ! Qu'est-ce qui ne va pas ? Emma !

Il crie. Il me secoue sans vergogne et ne cesse de répéter mon nom. Sa panique est contagieuse, et les personnes autour de nous commencent réellement à pousser des cris et s'accroupir près de moi sans même prêter attention au gars qui me serre contre lui.

Bah oui.

Je ne suis pas censée le connaître. Mais personne ne fait attention aux mots doux qu'il me glisse et au fait qu'il me tutoie. D'ailleurs, ça ne lui ressemble pas d'oublier son rôle, mais il a vraiment l'air apeuré. Hors de contrôle. Ce qui est exagéré : ça se voit, que je pleure pour de faux. Cacher son visage derrière ses mains, secouer les épaules et pousser des petits halètements de hamster crevé n'est pas plus difficile que réciter l'alphabet à l'envers... Quoi que...

OK, je sors.

- Mon père... où est mon père..., chuchote-je d'une voix mourante.

- Ton père ?

- Son père ?

- Elle veut voir le Roi !

- Appelez James !

- Qu'est-ce qui se passe, ici ?, lance une ultime voix, dominant toutes les autres.

Je relève le menton. Nos regards se croisent un court moment, mais suffisant pour la faire plonger tête la première dans une hystérie totale.

- EMMA ! Laissez-moi passer ! Ma fille !

Yes. Plan A, première étape : réussite. Ma mère s'agenouille à la droite de Damen, et une personne arrive à sa gauche. Je lève la tête et croise les yeux bleus de l'ex David Nolan. Oh, mieux que ce que j'avais planifié ! Je me pelotonne dans les bras de mon petit-ami, et le repousse en même temps (schizophrénie totale, je sais). Au moins, les gens ne penseront pas que nous avons déjà une relation. Damen est censé être un parfait inconnu, pour moi. Une chance que le monde ignore qu'il est Peter Pan : mieux, le fils de Rumpelstiltskin.

- Emmenez-la dans le Boudoir, ordonne le Roi, définitif.

Ouf, il ne l'a pas tutoyer. On va penser qu'ils ne se connaissent pas. C'est parfait.

Répondant aux ordres de, je l'espère, son futur beau père, Damen se lève en me portant dans ses bras, sans cesser de me demander ce qui ne va pas, ce que je fais ici, la raison de mon mal-être. Plus tendu que jamais, mon père nous fraie un chemin à travers les invités et nous guide vers le Boudoir, une terrasse où règnent fauteuils, balancelles et services à thé réservée aux amusements de la Reine, sa ou ses filles et leurs dames de compagnie. Un exil où nous serons bien tranquille pour parler tous les quatre.

Une fois sur cette véranda - des plus luxueuses, vous devez l'imaginer- Papa fait signe à Damen de m'allonger sur un canapé situé entre deux grands vases aux bouquets débordant de feuilles d'un vert ténu et du même rouge que le tissu du sofa.

- Est-ce qu'on... est seul... ?

- Chut, ne parle pas, mon cœur, sanglote ma mère.

- Et oui, nous sommes bien seuls, me répond

Il me dépose délicatement sur les gros coussins du canapé.Immédiatement, je me redresse et m'assieds en tailleur, jette mes nattes dans mon dos et m'essuie les yeux. La mascarade est terminée :j'arrête de chouiner comme une gosse à qui on a volé sa patte à modeler.

Mon brusque changement de comportement fige les trois autres personnes.

- Me regardez pas comme ça...

- Euh...ça va ?

- Parfaitement. Tout ceci, mon pétage de plomb, là, ce n'était que du pipeau. Je voulais me retrouver seule avec vous. C'est urgent.

Personne ne bronche. Mes parents et mon petit-ami me dévisagent sourcils froncés, l'air de penser que je dois être en pleine période « schizophrénique » ou un truc dans le genre. Je roule des yeux avant de tapoter la place à ma droite. La première à s'y ruer est Blanche-Neige, et je vois bien qu'elle en appelle à toutes les forces de l'univers pour pincer les lèvres et se retenir de pleurer encore. Dans ses yeux se lisent « Oh, ma pauvre petite fille chérie adorée de mon cœur que je viens à peine de retrouver et qui a faillit se faire violer dans l'enceinte de son propre château, soit-dit en passant le seul endroit où elle est censée être en sécurité » ! Eh oui, Maman, il y a des chances pour que ma nouvelle vie à Narnia ne soit pas de tout repos. Et elle ne connaît pas encore l'existence de mon marché foireux avec le Président Snow...

- Qu'est-ce... mais pourquoi..., bafouille-t-elle.

- Il fallait absolument que je vous parle... de... (Prise d'inspiration) Des événements de la nuit passée...

Et là, je pige.

MERDE ! Oh non, j'avais complètement zappé qu'il était le seul à ne pas être au courant ! Putain de merde, quoi ! Non ! Je nevoulais pas qu'il l'apprenne comme ça - en pêchant au hasard desimages dans les pensées de mes géniteurs... Zut, alors ! Qu'est-ce qu'on peut être conne, dans la vie ! Je déteste le fait qu'il soit télépathe.

- Damen, non, dis-je automatiquement, une seconde seulement s'étant écoulée depuis ma dernière prise de parole.

Laissant ma mère à ses pleures, je me lève violemment du canapé, me précipite vers le vampire. Le fait qu'il soit aussi figé qu'une statue de pierre ne me rassure absolument pas : c'est ce qu'il fait toujours lorsqu'il est en état de choc. Je déteste le voir comme ça.

Sans prêter attention au reste du monde, je m'approche de lui et pose mes mains sur ses joues.

- Damen, s'il-te plaît, regarde-moi !

Ma voix s'est faite ferme - il le faut, sinon il risque de m'ignorer.Je tire son visage en avant pour le forcer à baisser les yeux vers moi, ce qu'il ne fait pas. Lèvres entrouvertes, il regarde d'une façon totalement terrifiée le mur d'en face, comme si toutes les horreurs de la guerre défilaient devant ses yeux.

- Damen, je t'en prie ! Laisse-moi t'expli...

- Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je me tais dans la foulée.

Sa voix n'est pas rauque. Ni dure, ni menaçante. Ni complètement furieuse, folle de rage, d'une rage noire et dévorante, comme je m'y suis attendue depuis ce matin. Sa voix est celle... qu'il avait tout à l'heure, lorsqu'il ne comprenait pas pourquoi je chialais comme une madeleine. A-t-il lu les pensées de mes parents, oui ou non ? Oui, obligé... Mais alors... qu'attend-il pour exploser ? Je crois que je crains encore plus la réaction tranquille et banale.

- Je... Hm... Asseyons-nous,

Au lieu de quoi il agrippe presque brutalement mon poignet et m'entraîne loin au fond de la pièce, de l'autre côté du Boudoir. Mon père profite de notre départ pour s'asseoir près de ma mère et essaie de la consoler - ce qui n'aboutit à rien, étant donné qu'ils'épuise à garder lui-même son calme. Une fois seule à seul, on se regarde droits dans les yeux. C'est chaud, très chaud. Les grands yeux noirs du prince de mon âme ne bougent pas d'un millimètre,restant pétrifié dans les miens, attendant que je prenne la parole.J'essaie de déchiffrer ses sentiments, prêtant attention à toutes les expressions que ses muscles faciaux laissent apparent : cause perdue.

- Explique-moi ce qui s'est passé, m'adjure-t-il.

Est-ce de l'agacement que je perçois ? Je me recule d'un pas, apeurée par notre proximité. Nos pieds se touchent presque, et je crains qu'il ne s'énerve d'un seul coup... J'en suis sûre, Damen ne me ferait jamais de mal. Jamais. Mais lorsqu'il va apprendre ça...

- Une de mes suivantes, Lola... Elle a un petit-ami... Il s'appelle Colin Everdeen, et sa petite sœur, Prim, est adorable...

Deux billes noires me toisent, me rendant nerveuse. Il me regarde comme si tout ce que je racontais était la chose la plus intéressante qu'il ait entendu jusque là.

- J'étais avez lui, hier soir, lui rappelle-je en examinant avec soin sa réaction.

Je n'ai pas eu tord : quelqu'un qui ne le connaîtrait pas croirait qu'il ne change absolument pas. Mais mes heures passées à baver sur son visage parfait d'immortel m'ont été nécessaire pour déceler l'étincelle d'énervement qui a traversé son regard. Je vois même qu'il serre les mâchoires.

Un seul mot pour le décrire : jaloux.

Ouais,cherchez pas. Aucun gars n'a le droit de me traîner autour excepté Henry, gamin de onze ans, Clark, mon tuteur légal et Caleb, mon beau-frère absolument génial que je traite comme un jumeau. Si un représentant de la race masculine sort de ses normes et qu'il n'est pas 1) une personne de confiance ou 2) un adulte que Damen connaît bien, il lui refait le portrait automatiquement.

Bref.On s'égare. Je baisse les yeux sur mes mains qui jouent entre elles, cherchant à me déstresser.

- Et... Et...

- Et ?

Voix crispée, agacée, suspicieuse. Oups. Je déglutis, cherchant vainement mes mots.

- Je... Il... Enfin, cette nuit...

- QUOI ?!?!

Je sursaute violemment et le regarde, surprise par son cri. A peine ai-je le temps de lever la tête qu'il m'agrippe brusquement les bras, les serrant assez fermement pour m'empêcher de m'en aller mais pas assez pour me faire mal, et me tire en l'air en plantant son regard dans le mien. Je perds mes mots, dressée sur la pointe de mes pieds.

- TU TE FOUS DE MA GUEULE ?!?!?!

Merde,Papa serait capable de lui en coller une s'il le voyait me crier dessus. Je risque un œil au-dessus de mon épaule. Miracle !Mes parents ont désertés le Boudoir, nous laissant sans doute plus d'intimité. Je me disais bien qu'il manquait le fond sonore des reniflements de Maman.

- Quoi, qu'est-ce que tu as ?

- Termine ta phrase !

- Pourquoi tu t'es fâché, tout à coup ?

- J'suis pas fâché, juste très très inquiet, alors maintenant termine ta putain de phrase !!!

Je crois qu'il est tellement furieux qu'il ne se rend pas compte qu'il me secoue d'avant en arrière, ce qui réveille mes courbatures dans le dos. Je baisse la tête et en appelle à toutes les forces de la planète pour ne pas pleurer. J'aime pas quand on se fâche, ça me fait trop mal...

- Damen, je...

- PUTAIN, EMMA, FINIS TA PHRASE !!!

- Arrête, tu me fais mal !

Mes larmes me submergent. J'évite toujours son regard brûlant de je-ne-sais-quoi en essayant de retirer ses doigts froids de mes bras. Il me serre fort. Trop fort.

Le seul moyen de partir en paix, c'est de finir ma phrase. D'expliquer clairement ce qui m'ait arrivé.

Demandez à une muette de parler, ça donnera la même chose.

Ma langue a disparus. Partie, envolée, perdue. Je n'arrive plus à parler, à rassembler sujet, verbe et compléments afin de dire haut et fort que j'ai subis la pire des agressions qu'une jeune fille comme moi puisse vivre. C'est ça qui est si dur. C'est horrible.

Parce que j'imagine sa réaction...

- Emma, souffle-t-il, suppliant.

Je lève les yeux. Grosse erreur, il est toujours aussi furibond. Il a parlé doucement exprès pour me faire relever le menton. Sans que je ne puisse rien faire, il approche son visage du mien jusqu'à ce que nos nez se frôlent, et il plonge son regard crépitant d'obstination dans l'infinité désertique et malheureuse du mien.

- Je vais te poser une question, commence-t-il d'un ton mesuré mais encore tremblant d'une rage noire. Une seule et unique question. Et tu vas y répondre dans la minute pour que nous soyons fixés l'un et l'autre, c'est compris ? Histoire qu'il n'y ait jamais de mal-entendu.

Mes mains sur ses avants-bras musclés se resserrent imperceptiblement.Mes prunelles se remplissent de larmes, et l'une d'entre elle réussit à m'échapper et coule sur ma joue. Traîtresse...

Je hoche la tête et souffle un coup. Sa mâchoire se crispe encore. Et encore. Et ses sourcils se froncent. Il me domine de toute sa taille,soit une tête de plus que moi, et il ne m'a jamais semblé aussi imposant. Aussi fou de rage. Aussi terrifiant.

Pour la première fois de ma vie, Damen me fait vraiment peur.

- Est-ce que...

Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je cesse de respirer.

- ... vous avez couché ensemble ?

Wow.

Nos yeux restent étroitement emmêlés les uns dans les autres, et toute ma peur, mon inquiétude, ma tristesse retombent comme un soufflet. Pouf ! Plus rien ! Une lueur de choc rempli d'interrogation traverse mon regard, et c'est maintenant moi qui le sert le plus fort. Voilà donc de quoi il a eu peur ? Que je le trompe ? Avec un beau gars aux cheveux blonds et aux yeux verts qui m'a servit un verre de vin en donnant l'impression d'avoir un balais planté où on pense ?

Malgré que je sois choquée qu'il me croit infidèle, un sourire authentique se fige sur mes lèvres, dévoilant toutes mes dents. Enfin une chance de lui dire quelque chose qui restera vrai pour l'éternité.

- Jamais de la vie.

Sa colère se volatilise aussi vite que la mienne.

Il me croit.

Ses mains de pierre relâchent la pression de mes bras, et il s'éloigne vivement de moi, nos yeux toujours scellés.

- Oh, putain...

Damen pousse un énorme soupire en passant les mains sur son visage. A partir de là, il ne me prête plus attention : il part de l'autre côté de la pièce et marche en rond, laissant ses doigts glisser de son front à sa nuque en passant sur ses boucles d'or magnifiques. Il évacue le stress, la pression. J'essuie mes larmes.

- Oh, Emma...

Lorsqu'il dit mon prénom, on dirait qu'il se retient de pleurer alors que ses yeux ne sont même pas embués de larmes, pas comme les miens. Il continue quelques minutes de marcher en boucle, poussant de gros soupires en passant ses mains sur son visage. Au bout d'un moment, ils'arrête - juste devant moi, qui plus est - et se tourne vers mon visage, qui reste de marbre. Puis il s'approche de moi à grandes enjambées, pose ses paumes froides sur mes joues et m'attire à lui. Il pose un baiser brûlant et intense sur mon front.

- Tu ne m'as pas trompé, murmure-t-il, son souffle frais s'écrasant sur mon visage et me donnant la chair de poule.

- Je ne te tromperais jamais.

- Tu ne m'as pas trompé...

- Tu croyais que j'en serais capable ?

- Non... J'ai confiance en toi.

Je souris. Me laissant un peu de répit avant de redemander la réelle cause de tout cela, il me prend dans ses bras et m'y sert très fort,déposant des petits baisers sur mes cheveux et derrière mon oreille. Je trouve ça cute, mais aussi très... triste. Il est là,à me câliner, tout content qu'aucun garçon quel qu'il soit n'ait posé ses sales pattes sur moi cette nuit...

Je n'ai pas finis l'histoire. Il ne sait pas que c'est pire que de l'avoir trompé.

- En plus, ma mère ne pleurerait pas toutes les larmes de son corps juste pour ça,

- Ouais, t'as raison.

- Pourquoi tu t'es emporté, alors ?

Il hausse les épaules et me détache doucement de lui, mais nous restons dans les bras de l'autre.

- Je sais pas... Je n'ai pas réfléchis. Aussi, avec tes mystères, là ! (Son index tape gentiment le bout de mon nez.) Tu fais flipper, c'est de ta faute !

Pour le coup, j'en reste pantoise. Mes yeux cherchent les siens, vexés.

- Ma faute ?, m'offusque-je faussement.

- Ouais, ta faute ! A t'entendre, on croirait que... Je sais pas, t'avais la tête d'une fille qui a vécu une tentative de viol, ou un truc dans le genre. (Pétrification) J'ai eu la peur de ma vie. Et j'ai jamais eu une envie de meurtre aussi violente... Pauvre Colin. Enfin bref, qu'est-ce qui s'est passé ? Oui, parce que, au bout du compte, ta mère pleure toujours et tu n'as pas finis ta phra...

Il s'arrête de parler.

Ses mots restent en suspens au-dessus de nos têtes. Sa mâchoire se décroche, ses yeux se vident de tout sens, et plus rien n'a d'importance si ce n'est ce moment intense rempli de crainte, de chagrin, de révélation.

Deux possibilités pour expliquer son mutisme. Ou il se demande pourquoi je me suis mise à pleurer, ou il a comprit.

+++

Il a comprit.

- Damen, non ! Gardes ! Gardes, arrêtez-le !

Et il va le buter.

Je cours comme une démunie, pleurant et criant à gorge déployée.Aussi pitoyable que Causette dans « Les Misérables ».Aussi peu calculée que... je sais pas... Emma quand elle essaie d'arrêter un Damen hors de lui.

Et il l'est, soyez-en sûrs.

Il a deviné si vite que j'ai mis du temps à capter qu'il avait cessé de respirer pour ça. Je croyais qu'il était inquiet de mes sautes d'humeur, que je passe des rires aux larmes en un quart de seconde,que je ne cesse de le regarder avec une lueur abattue dans les pupilles, attendant l'instant fatidique où, enfin, il comprendrait.Oui, j'ai mis du temps à comprendre qu'il avait déjà saisit. A ce moment-là, quelque chose d'indescriptible s'est éteins au fond de ses yeux, et j'ai pour la deuxième fois eu peur de lui. Vraiment peur.

Il n'est pas hors de lui, fou de rage ou maladif de fureur.

On n'a pas encore inventé le terme pour le décrire.

- Gardes !, Gardes !

Damen n'est plus qu'un point noir au fond du couloir. Il marche vite. Trop vite, et d'une démarche fauve. Poings serrés, dos droit, mâchoires contractés : l'incarnation du Dracula sûr de lui et hors du temps, prêt pour commettre un meurtre peut-être immérité. Enfin,immérité est un grand mot... C'est vrai qu'on ne devrait pas féliciter Colin pour ses actes, mais d'un autre côté, on a menacé d'exterminer les gens auxquels il tient - ses parents, Prim ,Lola... - s'il ne remplissait pas la tâche de me dépuceler.

Toutes ces conneries alors que le Vieux Mexicain pervers s'est déjà occupé de mon cas.

- Gardes, arrêtez-le !, Clark, Caleb ! Rho, y a-t-il un vampire ou un loup-garou dans les parages ? Un ogre, un troll, un elfe, j'sais pas, moi ! - une personne à même d'arrêter ce gars ?! Damen, attends-moi ! Reviens ! GARDES ! Merde, j'en ai ras le cul, de... Aïe ! Je HAIS les points de côté ! Putain de bordel de... OH, DAMEN PETER PAN CULLEN, arrête-toi immédiatement !

Paumée,les filles.

Je suis d'une paumitude paumitionnée par le paumage empaumé du siècle.

Paumée de la life. Paumée du château.

Nique les pommes.

- Emma !

Je m'arrête immédiatement de courir. Une horde de vingt soldats armés jusqu'aux dents déboulent d'un couloir perpendiculaire au mien et courent dans la même direction que moi. Au loin, seule l'ombre de Damen est encore perceptible, mais on n'entend plus ses pas qui claquent dans les escaliers. Tandis que les gardes lui courent après,je pivote vers le couple royal, qui est lui-même arrivé sur les chapeaux de roues.

- Papa, Maman, c'est horrible ! Il faut absolu-...

- Stop, calme-toi, trésor, Reprends ta respiration, tu es couverte de sueur...

- On s'en fou ! C'est épouvantable !

- Calme-toi, Emma, et dis clairement ce qui t'arrive, Explique-toi.

C'est vrai, je suis couverte de sueur. J'ai chaud, et je suffoque comme un bœuf. Je n'arrive plus à respirer, et ma main droite est toujours appuyée sur ma hanche, là où s'est déclenché le cauchemardesque point de côté responsable de mon ralentissement et de ma démarche - oui, quand j'ai des points de côtés, je ressemble plus à un crabe saoul unijambiste qu'à une Princesse en détresse. Et alors ? J'assume !

- Damen, Il a comprit ! J'ai... donné des indices, et il a... saisit ce qui m'ait arrivé ! Et il court aux cachots !

Aucune réaction, que ce soit de la part de Mam's ou de Pap's. Bordel de chameau de merde.

- Mais qu'est-ce que...,

- Aux dernières nouvelles, chère mère, c'est un VAMPIRE ! Les barreaux de la prison de Colin auront autant d'effet entre ses mains que des spaghettis secs ! Il va encastrer Colin dans un mur ! ... OH ! Ciel, il est capable de le kidnapper et de le torturer ! ... Non, le connaissant, il voudra en finir vite... Il va le tabasser à mort ! OH, NON ! Faut faire quelque chose !

Le « quelque chose » qu'on aurait éventuellement pu faire est en train de brailler dans les couloirs en courant comme des chevaux de compétition. J'observe les derniers gardes se ruer vers le fond du couloir.

- Oh, mince ! S'ils essaient de le retenir, Damen va les massacrer un par un ! EH, REVENEZ, MESSIEURS, C'EST UN ORDRE !

Je mets mes mains en coupe autour de ma bouche en espérant qu'ils m'entendent. Encore, s'ils s'étaient retournés en m'envoyant un joli bras d'honneur, j'aurais compris qu'ils m'ont entendus et qu'ils m'envoient chier cordialement. Mais là, m'ignorer de la sorte... Une honte, vous dis-je, une honte.

Papa me presse l'épaule. Je lève les yeux vers lui et cesse de beugler comme la vachette d'Interville.

- Tum'expliques ce que ça te fait, qu'il massacre ce gars ?,Ce gars qui, avant d'être un prisonnier, est le pire des traîtres ? Ton agresseur ?

- Je voulais m'entretenir avec lui.

- Quoi ?!, s'exclame ma mère, intervenant.

C'est en voyant leurs mines ébahis que je me rappelle de ma mission. Mon plan A, étape numéro deux : approche. De base, je ne devais pas hurler derrière mon petit-copain terrifiant, mais plutôt convaincre mes parents de me laisser la voie libre.

- Papa, Maman, réfléchissez, Une de mes dames d'honneur est éprise de lui, et je crains qu'il ne s'agisse d'un quiproquo.

Cette fois, aucun d'entre eux ne prend la parole. Je crois que je les perds de plus en plus...

- Il ne m'a pas... violé, Il... Écoutez, s'il y avait un mal-entendu à dissiper avant de lui infliger n'importe quelle peine, j'aimerais qu'il en aille ainsi.

- Emma, si quelqu'un venait à entendre ce que tu viens de dire...

- Charmant, le coupe ma mère, se tournant vers son mari furieux et bougon en posant sa main toute frêle sur son épaule.Il faut qu'elle sache.

James se tourne vers elle, le regard infecté par son agacement.

- Nous sommes Rois, et elle Princesse. Les commérages empoisonnent. Ils peuvent détruire sa réputation, celle de notre famille et le crédit de tout un Royaume.

- Il n'en est pas moins qu'elle est souveraine. Un jour, ce pays deviendra sien, et il est temps de lui impliquer certaines règles et valeurs en tête. Elle ne deviendra jamais Reine si elle ignore comment fonctionne le protocole.

- De quoi parlez-vous ? On s'égare, je crois, interviens-je, un brin intriguée par leur discussion des plus incompréhensible.

Mon père soupèse les mots de ma mère, le regard vide. Blanche tournicote son visage vers le mien et lâche l'épaule de Papa.

- Malgré qu'il soit l'un de nos compatriotes, Colin a commis une faute, Emma. Et sa liaison avec Lady Lola ne pourra pas, je le crains, le sauver.

- Le sauver de quoi ?! La prison à vie ?!

Papa lâche un soupire, visiblement agacé par mes répliques. Je m'en fiche, ce n'est pas son humeur médiocre qui bousillera mes intentions ! J'ai autant de caractère que lui, si ce n'est plus ! Comprenant que je n'obtiendrais rien de sa part, je pivote vers ma deuxième carte et lui serre les mains, le regard brillant de " besoin d'amour maternel ".

- Maman, Colin Everdeen est mon Sujet, et c'est mon droit de lui parler si je le juge bon ! Il a été forcé, je te dis ! Je dois en avoir le cœur net !

- Des témoins ont été entendus, Emma, me coupe-t-elle dans ma lancée, la voix toujours douce et calme, plus Elena Blanchard que Reine du Quatrième Royaume.

Si tôt ? Mais l'agression n'a eu lieu que cette nuit !

- Il faisait partit d'un complot septièmiste visant à anéantir tes chances de fonder une quelconque alliance avec nos invités.

- Septièmiste ?, répète-je, décontenancée.

- Du Septième Royaume.

Ça y est, j'ai enfin les éléments capitaux de mon enquête ! Colin a bien été poussé à agir aussi horriblement, et par leSeptième Royaume. Le Royaume de... Panem, je crois, d'après mes cours d'Histoire. Panem.

Panem...

Oh, Seigneur. Je porte mes mains à mes lèvres.

Snow....

Est-ce que... Est-ce que le Président Snow, Mister Arnaque par excellence, le Père Noël hashtag nain Tracassin, est-il capable de me faire subir pareil épreuve ? L'homme avec qui j'ai conversé hier et dont la rencontre a aboutit à mon inscription aux Hunger Games aurait-il quoi que ce soit à gagner en me voyant déshéritée de ma réputation ? Qu'a-t-il à recevoir en prime ? Allons, calme-toi, Emma, calme-toi... Il ne faut pas que je montre que cette nouvelle m'affecte. Le Septième Royaume ne doit rien signifier pour moi... Et, après tout, peut-être que Barbe Blanche n'est en rien responsable de cette histoire. Malgré qu'il ne me veuille pas beaucoup de bien, je dois garder en tête que la Cour royale de Panem est constituée, comme toutes les Cours de Narnia, de centaines d'aristocrates, de Nobles et de Seigneurs hauts-placés. Le coupable peut venir de n'importe lequel d'entre eux.

Vous savez quoi ? Je vais remonter dans ma chambre, rattraper mes heures de sommeil et réfléchir à toute cette histoire. La nuit porte conseil... enfin, j'espère que le jour aussi. Je n'ai pas le temps d'attendre ce soir pour être fixée sur mes idées.

- Chérie, il faut que tu comprennes que s'il avait mit ses desseins à exécution, tu ne pourrais plus jamais épouser un Prince de sang royal...

- Rectification, la reprend mon père en dressant un index menaçant, s'il avait mit ses desseins à exécution, crois bien qu'on aurait une tombe à creuser dans le jardin.

- Charmant !

- Que va-t-il lui arriver ?!,

J'aile plus gros des informations que je désirais. Je voulais êtrecertaine que Colin soit bien le pion d'une machination machiavélique,et je ne me suis pas trompée. Je sais qu'il va me falloir creuserles registres du Septième Royaume, désormais. Mais si j'allais lui parler, avecun peu de chance, il me fournira de meilleures réponses que ce qu'ila bien voulut dire à Lola. Qui sait, pour se faire pardonner, il pourrait peut-être me donner directement le nom du comploteur ? Ça serait génial et ça m'avancerait beaucoup.

A condition que Damen ne lui fassent rien d'ici-là.

OH ! Damen ! Je l'ai oublié, celui-là !

- Oh non, il faut empêcher Damen de lui faire du mal !, m'exclame-je soudainement, le visage décomposé par la terreur.

Si je ne fais rien, je risque de perdre mon fournisseur d'indices !

- Calme-toi, Emma,

Blanche-Neigeme presse contre elle. J'essaie de m'échapper de sa prise, mais del'autre côté, il y a mon père.

- Laissez-moi ! Je dois aller le retrouver !

- Damen ne peut rien contre lui, me rassure platement le seul homme de la conversation.

Je prends une immense inspiration et me retourne vivement. Essaierait-il de me pousser à bout ?

- Quoi ?! Oh, ne me dites pas que vous l'avez déporté au Mémorial de Blanche-Neige !

Paumes sur les joues et tout à fait scandalisée, je fixe ses yeux bleus foncés avec une intensité hors du commun. Quelle poisse ! Connaissant mes parents, ils n'aiment pas s'enticher de choses inutiles, ils font toujours tout pour se débarrasser de leurs problèmes. Auraient-ils déjà organisé un procès pour Colin ? L'auraient-il fait emmener à la célèbre prison « Mémorial » où j'ai atterris lorsque je suis arrivée pour la première fois à Narnia ? Non...

- Non, me rassure-t-il avec un sourire en coin suffisant.

Je me remets à respirer correctement. Ouf... ça sera plus facile de discuter avec Colin s'il est encore ici. Une joie nouvelle pétille dans mes yeux. Le sourire de mon père s'amplifie.

- On l'a décapité ce matin.

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