Chapitre 20 : Que La Fête Commence !


Je reste pantoise encore quelques instants, accroupie à l'instar d'une grenouille, toujours la tête entre mes deux mains qui se pressent comme dans un étau. J'ai l'impression qu'elles veulent essorer mon cerveau ramollis. Et c'est d'ailleurs comme ça que je me sens : ramollis. Ramollis et faible. En danger.

Conne,aussi. Surtout conne.

Comment j'ai pu être aussi naïve ? Accepter un jeu sans en connaître le principe, se familiariser avec un homme qui me semblait extrêmement louche, signer un contrat sans en lire le contenu... J'ai été d'une niaiserie recommandable dans une boutique de blonde. J'ai battu tous les records. Me voilà inscrite, désarmée et réduite au silence jusqu'à sa « Moisson » chelou. Qui aura lieu quand, d'ailleurs ? Peut-être qu'il fera envoyer un émissaire pour me chercher... Un méchant émissaire en carrosse. Un émissaire mexicain en charrette...

Oula, stop, Emma ! STOP !

Je me relève frénétiquement, me servant de mes mains comme d'un éventail, et je m'incite au calme. Au moins, je n'ai plus mal aux pieds, c'est déjà ça de gagné. Je marche - de travers - en direction du bout du couloir. La salle de bal est toujours aussi bondée, les musiques s'enchaînent de façon coordonnées et des valses romantiques débutent. Je traverse la masse de gens en baissant la tête très bas, priant pour que personne ne me reconnaisse. Un homme passe, transportant sur un plateau d'argent des boissons fraîches. Je me sers immédiatement et avale une grosse gorgée de cette liqueur rouge... Oh, mince ! Du vin ! Beurk ! J'avance en dévisageant le verre et me retiens de recracher dedans.

- Ouh, attention !

Je comprends à la dernière seconde que c'est à moi qu'on s'adresse. Trop tard : je fonce dans la personne prévenante, le nez s'écrasant sur son torse. Oui, parce que c'est un gars - ça s'entendait à sa voix grave mais recommandable. Je titube en arrière. D'une main, il rattrape mon bras tandis que de l'autre, il essaie de sauver sa coupe de vin, qui aurait du finir sur ma robe à cause de l'impact.

Et il l'a sauvé ! Applaudissement du public.

Pendant au moins une minute entière, je reste figée sur place, mon bras dans sa main et les yeux sur son visage d'ange. C'est un homme métisse avec de grands yeux chocolat, des cheveux crépus coupés en brosse et trois petits anneaux noirs à l'oreille droite. Son costard est aussi flambant neuf que celui du serpent à barbe blanche qui m'a fait signer son contrat à la Rumpelstiltskin...

- Excusez-moi, souffle-je, intimidée.

- J'ai bien cru que le contenu de ma coupe allait se déverser sur votre jolie robe... Votre Altesse, ajoute-t-il en me reconnaissant subitement.

Il se dépêche de me lâcher et s'incline légèrement vers moi. Je le stoppe en levant mes mains.

- Pas de ça, je vous en prie.

- C'est une marque de respect obligatoire dans le protocole, essaie-t-il de se justifier, assez dérouté par ma réaction précipitée.

- Je suis une humaine comme les autres, vous n'avez pas à vous soumettre à moi.

Le bel homme que voici me dévisage comme si j'étais la plus curieuse petite personne qu'il lui ait été donné de rencontrer ce soir. En plus, techniquement parlant, je ne suis même pas une humaine à proprement parler. Mais j'essaie tellement de repousser mes assauts d'hybride que j'oublierais presque que j'en suis une.

- Comme bon vous semblera, accepte-t-il finalement, le regard doux.

Je souris et baisse les yeux, me cachant derrière mes cils.

- L'ambiance vous plaît-elle ?, me glisse-t-il dans un petit sourire en coin.

Oh, je fonds presque... Sa voix est celle d'un ange. Putain, voir un gars aussi sympathique et séduisant me donne envie de... voir mon gars à moi...

- Assurément, souris-je en buvant à mon tour à petites gorgées.

Avant de me rappeler ce qu'il y a dans mon verre.

Idiote, va ! Je déglutis difficilement et pose ce verre sur la table la plus proche.

- C'est moi qui devrais vous poser cette question, d'ailleurs, dis-je alors.

- Ce n'est pas un problème. Pour moi, l'ambiance est excellente : les mets disposés sur le buffet froid sont exquis, et l'endroit fourmille de jolies jeunes filles à regarder. (Je déglutis. Pervers qui cache bien son jeu...) Mais ce qui m'importe chez elles n'est pas tant leurs beautés, mais celles de leurs robes.

- Leurs robes ? Vous êtes intéressées par les filles pour leurs robes ?

Mon exclamation le fait rire, et mes préjugés sur sa perversion s'envolent.

- Je suis styliste royal, déclare-t-il tout bêtement, les yeux fixés sur la robe à bustier mauve que porte une femme à couronne tout près de nous. J'adore les réceptions de ce genre car on y trouve des Princesses prêtes à lâcher plusieurs pièces d'or pour s'envelopper de jolies robes. Et les jolies robes, c'est tout ce que j'aime, admet-il ensuite avec un clin d'œil.

- Vous êtes styliste ?!

Son regard fier se tourne vers moi. Il m'adresse un clin d'œil aguicheur.

Ouaw ! Styliste !

Totalement sous le charme, je plonge mes yeux remplis d'étoiles dans les siens. Styliste... Ce mot perd son sens entre mes lèvres, et même dans ma tête dégénérée. C'est exactement ce dont j'avais besoin ! Un styliste, un pâtissier, un musicien et un peintre personnel. Je jette un œil au bel homme typé face à moi : costard nickel, chaussures cirées à la perfection, barbe rasée et entretenue, ongles polis et dents éclatantes, coupe en brosse soignée, et un léger trait d'eye liner doré qui fait ressortir ses beaux yeux. Il a de la classe, ce mec. Je le veux dans mon décor officiel.

- Je m'appelle Cinna, se présente-t-il au bout de quelques secondes, interrompant le fil de mes pensées.

- Eh bien Cinna, j'espère pouvoir très prochainement avoir l'occasion de découvrir l'une de vos créations. Je serais ravie de vous avoir comme styliste officiel, mais vous devrez faire vos preuves, et...

Je m'arrête dans la foulée pour deux bonne raisons.

Premièrement, une femme d'une beauté froide mais très attirante passe de l'autre côté de la salle, sous les corridors, dans l'ombre de la pièce.Tandis que les gens bougent ou regardent les autres bouger, rieurs et des verres à la main, cette femme se fond dans la masse en rasant les murs, tête baissée. Elle semble chercher quelqu'un. Sa robe est magnifique, mettant en valeur chaque partie parfaite de son corps, de sa peau laiteuse et soignée. Ses cheveux noirs sont en accord avec la couleur de sa tenue, relevé avec une queue de cheval haute. Seules ses lèvres rouges sang rompent cette noirceur inquiétante - oui, car même ses yeux sont d'une couleur cuisante, noirs comme l'ébène.

Noirs comme de l'onyx.

Cette femme dont la grâce égale celle des vampires, à la fois magnifique et terrifiante, a un nom plutôt connu dans son monde. Elle s'appelle Regina.

OH MY GOD !

Deuxièmement, Cinna a éclaté de rire.

Je sursaute en me décrochant difficilement du visage de l'ex maire de Storybrooke pour me reporter sur son visage. Mais qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Qui veut-elle voir ? Ces questions m'empêchent d'être à cent pour cent à l'écoute du styliste.

- Je pense que mes œuvres vous ont déjà été présentées, et elles ont du vous plaire, rit-il avec un drôle de regard, l'air amusé.

- Ah oui ?, glisse-je, mais je ne l'écoute plus vraiment.

- Oui, sinon vous ne l'auriez pas portée ce soir.

Pour le coup, j'en suis presque toute chamboulée. Regina Mills s'envole dans une bulle de savon très loin de ma tête, suivant les rafales du vent, tandis que mes yeux sont tout particulièrement concentrés sur Cinna.

Ainsi, ce mec charmant à l'allure parfaite est styliste, et je porte ce soir une de ses créations ? La robe noire au bustier à perles que j'ai attrapé tout à l'heure, car elle était mon coup de cœur de ma penderie à robes de fête, est passée sous ses doigts habiles et plein de légèreté ? C'est Cinna qui a crée ma robe ?!

C'est Cinna qui a crée ma robe !

- Vous avez crée ma robe !, répète-je pour la dernière fois à voix haute, secouée.

Il roule des yeux avec un petit sourire en coin.

- A vrai dire, j'ai également crée celle que vous portiez lors de votre sacre...

- Quoi ?!

Double crise de joie. Il a aussi conçue ma magnifique tenue aux couleurs chaudes et à la traîne magnifique qui s'accordait parfaitement avec mes yeux et ma couronne d'or. Il a crée mes deux robes favorites ! C'est clair, je l'engage direct.

- Je vous veux comme styliste officiel, ordonne-je dans la seconde, le regard de braise.

Ça n'a pas l'air de le surprendre plus que ça. Mes émotions sont-elles aussi visibles ? Au moment où il s'apprête à me remercier, un homme nous interrompt en s'incrustant dans la conversation.

- Votre Altesse !

Cinna ravale sa phrase, et nous nous tournons vers le new interlocuteur. Minuscule - il m'arrive en-dessous des épaules, et je ne suis déjà pas très grande - il arbore une moustache grise, des cheveux de la même couleur aplatit sur son crâne et d'immenses lunettes au bout de son gros nez. Quant à son humeur, elle est on ne peut plus festive.

- C'est un honneur de vous rencontrez enfin, dois-je préciser !, s'esclaffe-t-il (mais pourquoi ?) en s'approchant un peu trop de moi, ses grands yeux de fouines plantés dans les miens. Lord Cinna, auriez-vous l'amabilité et la finesse d'esprit de me présenter à votre compagne de soirée ?

Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? Je déglutis.

- Avec plaisir, soupire l'autre. Votre Altesse, laissez-moi vous présenter le Duc de Vicieux Thon du Royau...

- Weselton ! Duc de Weselton !, le gronde le vieillard maigrelet avec un regard noir. Du Royaume d'Arendelle, Votre Grandeur !

Je dévisage avec un sourire le bonhomme étrange qui se met à discuter tout seul, et la mine agacée de Cinna, sans doute contre cette intrusion. Du coin de l'œil, j'essaie de surveiller Regina, mais elle a disparu. A la place, je croise le regard turquoise de Prim, et celui bleu-vert de Greer juste derrière. Elles me rejoignent à grandes enjambées, tandis que le Duc poursuit sa litanie.

- ... car personne ne sait mieux danser que moi-même, et c'est pourquoi vous me devez votre première valse en tant que Princesse !

Je le regarde sans rien comprendre. Cinna pouffe de rire.

- Je crains ne pas saisir, me désole-je en arquant un sourcil.

- C'est pourtant bien simple ! En tant que premier partenaire commercial de votre Royaume, je me dois de vous offrir une danse endiablée qui fera pâlir de jalousie toutes les minettes de la salle !

« Valse » et « danse endiablée » ne se marient pas ensemble, je trouve. Tandis que sa main cherche la mienne et qu'il m'expose ses dents d'une couleur assez peu recommandable, je cherche une issue de secours. Mon sang bouillonne dans mes veines. Cinna me regarde en haussant les épaules, ne sachant pas quoi faire pour l'arrêter.

- C'est une affaire conclue !, roucoule le Duc de « Vicieux Thon » en me tirant sur la piste.

Ciel ! Pas de danse sous les projecteurs !

Répugnée - car c'est la deuxième fois en une soirée qu'un vieil homme politique me parle d'affaire conclue - je retire subitement ma main de la sienne. Au même moment, Greer me rejoint et enroule son bras au mien avec un sourire.

- Coucou, Em !

- Qu'avez-vous donc, ma chère ? Ne soyez pas timide !, me lance le Duc, assuré.

D'un coup, une ampoule s'allume au-dessus de ma tête. Je prends une profonde inspiration, priant intérieurement pour qu'on me pardonne un jour.

- Je suis vraiment désolée, mais je crains ne pas pouvoir vous satisfaire, lui dis-je avec une fausse tristesse dans la voix. Mais ma dame d'honneur en serait ravie !

- Quoi ?, s'interloque l'intéressée, ne sachant même pas de quoi on parle.

- Oui, oui, oui, très bien, très bien !, entonne joyeusement le vieillard, dirigeant toute son attention vers mon amie.

Pour tout arranger, Prim la pousse en direction du danseur déchue à la moustache pâle. Génial ! J'offre un sourire à la petite sœur de Colin, éclatée de rire, puis un regard d'excuse à Greer, et enfin un sourire flatteur au Duc de Weselton. Cinna feigne de m'applaudir discrètement, et je lui offre en retour un clin d'œil amusé. De son côté, Greer conteste, mais le personnage fou de la Reine des Neiges est déjà lancé dans son délire... et comme dans les miens, impossible de l'arrêter.

Et tout bascule.

Une énième personne se joint à notre petit groupe, le visage camouflé par l'épaisse capuche noire de sa cape. L'étranger se place devant moi, de façon à ce que Cinna et Prim ne puissent voir que son dos.

- Votre Altesse, Votre Altesse, quelqu'un vous attend dans les jardins Est !

J'incline la tête sur le côté, enroulant mes doigts entre eux. Jardins Est ? Mais ce sont mes jardins privés, où ont eu lieu mes débuts de couturière et mes cours de harpe...

- Qui est-...

- Vite, dépêchez-vous, Altesse. Elle est impatiente !

Avant que je ne puisse protester, la personne enroule ses doigts autour de mon poignet et me tire de force loin de mes camarades. Cinna semble vouloir intervenir, mais je l'en dissuade en secouant la tête.Quelqu'un m'attend dans les jardins ? Elle est impatiente ? Si c'est Regina, il vaut mieux éviter de la faire attendre.

Je me laisse donc guider entre les corps dansant de la fête.

Jusqu'à réaliser que Regina n'a pas prit la direction des jardins.

+++

- Qui est-ce qui m'attend ?

La personne me tire fort en avant : on court tous les deux dans les couloirs, l'écho de nos pas se répercutant contre les murs de pierres. Il ou elle ne me répond pas. Il ou elle se fou complètement de moi, comme si je n'avais aucune importance. Comme si j'étais un poids supplémentaire sur ses épaules, ce qui expliquerait les soupires consternés qu'il ou elle ne cesse d'émettre.

- Eh, dites-moi qui vous êtes !, lui crie-je en secouant mon poignet.

Je commence à avoir mal. Ses doigts me serrent trop forts.

Il ne répond pas, concentré sur sa tâche qui se résume à courir, serrer mon poignet et pousser des soupires agacés. On arrive au bout du couloir, et il me traîne de force jusqu'aux portes menant aux jardins.

- Qu'est-ce qu'on fait ici ? Ce sont mes jardins privés ! Et qui m'attend, d'abord ?

Ignorée de façon presque dramatique, j'hésite entre m'arrêter brusquement de courir ou continuer de suivre le rythme. J'opte pour la seconde solution, malheureusement : si je me stopperais, je risque de me croûter. « Le gens » ne semble pas prêt de me lâcher.

- Oh, eh, lâchez-moi immédiatement !

On traverse un chemin en direction de la forêt. Le Grand Lac est aussi noir qu'une nappe de pétrole, en accord avec le ciel sombre. Les étoiles scintillantes se reflètent sur la surface de l'eau, et le croissant de lune aussi. J'aurais trouvé ce décor charmant, même presque romantique - eau noire, jardins remplis de roses, jolie lune blanche,buissons taillés de toutes formes : bref, promenade nocturne dans le jardin royal - si j'avais été avec quelqu'un que je connaissais.

Au bout d'un temps, je réalise que personne ne risque de m'aider. Il n'y a aucun garde dans le secteur - logique, vu que ce jardin est censé rester privé. Je commence à paniquer, et il redouble de vitesse. Ses jambes plus longues que les miennes m'incitent à prendre ma robe d'un bras pour être plus à l'aise dans ma course, sans quoi je risque vraiment de tomber.

- Lâchez-moi ou je vous mords !, hurle-je, consternée.

Et à votre avis, qu'est-ce qu'il fait ? Il me sert, court, soupire.

Nan, je rigole. Il me relâche immédiatement et se stoppe.

Je fonce droit dans son dos comme une idiote, surprise à la dernière seconde. Je titube de quelques pas en arrière, le nez douloureux et mes yeux voient des étoiles - enfin, remarquez, ils sont rivés sur le ciel. Mon cœur palpite à une vitesse pas très sainte, et je tente de le calmer en reprenant ma respiration par grandes goulées d'air. Devant moi, Cape Noire se tient de dos. Puis il éclate de rire.

Au moment où je reconnais ce rire, son propriétaire se retourne en retirant la capuche à la Volturi qui lui cachait le visage.

- Un peu de tenue, Altesse ! Vous ne mordriez pas un homme, tout de même ?

- Clark !

A peine ai-je le temps d'ouvrir les bras que je me retrouve enroulée dans les siens. C'est une sensation que je redécouvre, j'ai l'impression de ne pas avoir été aussi heureuse depuis des siècles. Robin des Bois est venu à ma fête ! Il est là, il a simulé de m'accompagner vers les jardins, mais c'était seulement pour faire diversion devant les autres. Qu'aurait pensé Cinna s'il m'avait vu m'éclipser avec un mystérieux inconnu ? Clark vient de préserver ma nouvelle réputation tout en satisfaisant mon plus grand désir actuel : retrouver un de mes amis. Ou même plus.

Dans mon monde, administrativement parlant, je suis toujours sa fille adoptive.

- Clark, putain, tu m'as tellement manqué !

- Langage, jeune fille ! Faites honneur au protocole qu'on vous enseigne.

- Oh, au diable le protocole !, ris-je en balayant l'air d'une main, comme pour lui retirer son importance, à ce fichu protocole.

Ma réplique le fait rire, ce qui secoue légèrement ses épaules, et les miennes avec. Je n'ai pas le temps d'en placer une qu'une voix retentit :

- Ai-je bien entendu ? Serait-ce Son Altesse qui parle ainsi ?

Bon.

Je pensais que je pourrais contenir mes émotions avec Clark. Mais ce que j'entends-là, cette voix mélodramatique qui se la joue offusquée par mes mots, risque bien de me faire perdre mon sang-froid. Je quitte le visage émerveillé de Robin pour pivoter sur la gauche. Encore plus enfoncé dans le jardin, une personne s'approche de nous avec un grand sourire. Au contraire de Clark, qui arbore cette épaisse cape noire qui cache tout son corps, Caleb porte un costume bleu nuit magnifique aux épaulettes d'or et aux nombreuses médailles - alors qu'il n'a jamais bossé dans l'armée, que je sache.

Je crie.

- Ah !! Oh putain, mon clone !

- Wesh, Princesse !

Je me mets à rire et à trépigner comme une gamine de cinq ans en me précipitant vers ses bras ouverts. L'impact lorsque je rencontre son corps expulse toute l'air de mes poumons tant il est violent - mais, bordel, qu'est-ce que c'était bon ! Mon Caleb, mon Clark... Oh punaise, je me sens plus, ça y est. Trop de « pression royale » depuis qu'on est dans ce monde, je vous jure. J'ai besoin de ma cure de débilité.

Caleb me serre hyper fort dans ses bras en riant comme un gosse de cinq ans. Bref, caractère assortis.

- J'arrive pas à y croire, s'esclaffe-t-il en me tenant à bout de bras, le plus énorme sourire du monde plaqué sur ses lèvres. T'es bien là !

- J'ai toujours été au château, c'est vous qui êtes partis, l'accuse-je automatiquement, mais avec le sourire. Eh, mais c'est que t'es beau gosse, ce soir !

- Comme d'hab, non ?

- Bien sûr, mongole !

Pour toute réponse, tandis que j'éclate de rire, il pince ma joue et la sienne.

- Aïe ! Qu'est-ce qui te prend ?

- Je suis bien réveillé, et t'es bien réelle. (Sourire aveuglant.)

- Mongole !, répète-je.

Je me remets à rire en lui offrant un gros coup de poing dans la clavicule (trop de violence en nous), ce qui accroît ses rires et ceux de Clark, qui me prend par les épaules.

- Elle a pas perdu sa force, la gamine, pouffe-t-il en me reculant et en passant ses bras autour de mes épaules, m'étranglant presque. Même si t'as l'air encore plus minuscule qu'avant.

- Pitoyablement minuscule, renchérit mon loup-garou préféré. Mais toujours aussi jolie !

- Les deux derniers mots de ta phrase ne pardonne pas les deux premiers, crétin, siffle-je, piquée au vif.

Piquée au vif, certes, mais toujours avec ce même abruti de sourire scotché sur le visage. Comment pourrais-je m'énerver ? On est prêt pour un mois de joie et de pâquerettes, dans ma tête.

A leur demande, je m'écarte de leurs bras qui ne demandent qu'à me serrer, et me mets à tourner doucement sur moi-même pour qu'ils puissent m'admirer sous tous les angles. Après les blagues habituelles, ils se mettent à réellement dire ce qu'ils pensent de ma robe à bustier en dentelles et en perles, de mes escarpins sertis de pierrettes, de ma coupe parfaite - Caleb ne m'a jamais vu les cheveux relevé - et de mon maquillage délicat et naturel. Ils se chamaillent lorsque Caleb dénonce Clark d'avoir pleuré pendant mon sacre - ce qui me fait pleurer aussi, émue - puis, passé les réjouissances visuelles me concernant, on s'attaque au sujet principal.

Eux.

- Comment ça se passait dans le village voisin ? Vous avez revu des storybrookiens ? Il faut tout me raconter !

- Et on te racontera tout, promis, me dit chaleureusement Clark, souriant. On a même croisé Rumpelstiltskin aux portes du château, tout à l'heure.

- Sérieux ?!

Gold est là ? Gold et Regina sont ici ? Purée, c'est que mon couronnement en a attiré plus d'un dans mes filets.

- Et Henry ?, m'exclame-je soudainement, toute pressée.

- Il est là-bas. (Caleb tend le doigt vers l'autre bout du jardin, où deux petites silhouettes noires sont visibles.) Il est avec sa mère.

Tout s'explique. Regina est bien là, finalement. J'en suis heureuse, croyez-moi. Henry a passé beaucoup de semaines sans Regina, même avant d'arriver à Narnia. Ils ont besoin chacun d'un moment d'intimité entre eux. Mais autant dire que je trépigne d'impatience de pouvoir le resserrer dans mes bras. Je crois que c'est visible : les deux bruns observent en riant mes doigts tordus entre eux et mes pieds qui se balancent l'un sur l'autre.

- Ne t'en fais pas, Em, on a tout le temps que nous voulons. Tu pourras aller le voir.

- Mais ils ont bientôt fini ?, me plains-je, ne l'écoutant plus.

Ils se lancent un regard que je ne comprends pas, sourires aux lèvres. Je les regarde tour à tour en essayant de deviner ce qu'ils ont en tête.

- Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

Ils me sourient avant de pointer du doigt la même direction : celle du chemin blanc qui serpente le gazon entre les buissons de fleurs jusqu'à un endroit invisible, mais je vois quand même que cette route mène aux rives du Grand Lac.

- Y a quoi, là-bas ?

- Ton quatrième cadeau, déclare-t-ils en chœur avant de se lancer un regard et d'éclater de rire.

Mon quatrième cadeau ? Je les observe sans comprendre avant de reporter mon attention sur la route.

- Tu cherchais pas un valet, tout à l'heure, devant la Cathédrale ?, s'intéresse Clark, tout sourire.

Mon cœur cesse de battre.

+++

Je cours depuis... on va dire trois minutes complètes. Ce qui fait que je n'entends plus les rires de mes deux potes, ce qui veut dire que je suis assez loin d'eux. Je me retrouve bientôt juste en face du lac,les joues en feu, à bout de souffle et sourire aux lèvres. Vous vous rappelez pourquoi on parlait de décor romantique, tout à l'heure ? Seuls dans un jardin en plein milieu de la nuit, sous les étoiles brillantes et face à la lune cachée par des volutes de nuages gris. C'est trop magnifique pour être supportable.

L'instant est trop insupportable pour être magnifique, aussi.

Imaginez-vous : vous êtes au bord de l'eau et loin de tous regards indiscrets. Vous êtes entourés de buissons de roses et de pelouses verdoyantes, et quelque part là-dedans, la personne que vous aimez le plus au monde se cache, vous attend. Qui sait, peut-être est-il en train de me regarder en ce moment-même ? En train de rigoler tout seul comme un psychopathe, me voyant m'emmêler les pieds à cause du stress... Les larmes aux yeux, je me tourne doucement vers les jardins, scrutant la pénombre en espérant voir son corps blanc et svelte se décrocher du reste. J'atténue le feu de mes joues en posant mes mains froides dessus, mais quant aux battements de mon cœur, impossible de les faire taire.

Je parie qu'il les entend.

- Damen, chuchote-je, au bord de la crise de nerf. Je t'en prie, Damen... Si tu es là, montre-toi.

A ces mots, j'ai la forte impression qu'il va jaillir d'un buisson d'un seul coup, arborant son sourire en coin craquant et en ouvrant les bras. Mais il ne se montre pas. Tandis que je me remets à marcher -calmement, Emma, calmement... - j'essaie de trouver le moindre indice qui prouverait qu'il est bel et bien là. A un moment, je décolle mes mains de mes joues pour remarquer que les deux sont trempées. Ciel ! Ça y est, je me suis mise à pleurer. Pleurer de joie et d'impatience, évidemment.

Je continue d'avancer.

Et m'arrête net.

Encore une fois, mon cœur s'arrête momentanément. J'ai chaud, je brûle, ma respiration se saccade. Mes yeux s'embuent de larmes, et je me les griffe presque en essayant de le essuyer. Oui, car lorsque ma vue se brouille, ça m'empêche de le contempler.

Il est là. Juste là, devant moi, à cinquante mètres. Il est allongé dans l'herbe de tout son corps, exprimant le calme et la tranquillité, les bras nonchalamment croisés derrière la tête. Il arbore le même costume bleu nuit que Caleb, qui accentue encore plus la blancheur de sa peau et le doré de ses cheveux. D'ici, je vois ses lèvres parfaite bouger : il doit être en train de chanter.

J'arrête de baver visuellement sur lui.

Emprise à un bonheur hors de contrôle, je plisse les yeux à cause des larmes, porte mes mains à ma bouche et me plie en deux, les entrailles broyées par l'émotion. Je pousse le plus gros cri de ma vie : le monde a du l'entendre.

- DAMEN !

Il se redresse d'une vitesse affolante qui aurait fichu un vertige à un humain normal. A peine me voit-il qu'il se met debout. A peine le vois-je debout qu'il est déjà devant moi.

Pendant la seconde la plus longue qui soit, la seconde la plus longue et insupportable de ma vie, j'ai l'impression qu'il est si proche mais à la fois si loin... c'est quelque chose d'inexplicable avec des mots. Juste là, face à moi, et on ne se touche toujours pas. Yeux dans les yeux, on ne se quitte plus du regard, nos prunelles se remplissant en même temps de larmes de joie - mais vous vous rappelez, on est toujours plongé dans cette horrible seconde d'inaccessibilité.

Puis le temps reprend son court. La seconde disparaît, et le sourire le plus béatqui m'ait été donné de voir s'affichent sur nos bouches respectives.

Jusqu'à ce qu'il prenne mes joues entre ses mains. Si fort que j'en ai presque mal.

M'attire à lui. Si passionnément que j'en jubile de plaisir.

Et scelle nos lèvres. Chose que j'adorerais toujours un peu plus jusqu'à la fin de mon existence, sachant bien évidemment que je la passerais avec lui.

+++

- Respire...

Il rit doucement en me caressant les joues du bout des doigts, amusé par mes hoquets et mes prises d'inspiration bruyantes. Je suis presque épuisée de l'embrasser autant, mais je ne peux plus m'en empêcher. A peine décollée, je me raccroche au col de sa veste, me dresse sur la pointe des pieds et le réembrasse à pleine bouche, ignorant mes sanglots et mon visage noyée. Damen recule son visage de deux centimètres, rompant notre baiser, les yeux plantés dans les miens.

- Arrête, Emma, me gronde-t-il, mais n'étant même pas crédible avec sa petite voix touchée.

- J'ai envie de t'embrasser.

- Tu fais des apnées depuis tout à l'heure ! J'apprécierais moyen de te voir tomber dans les pommes...

- M'en fiche, boude-je, vexée.

Je me recule enfaisant la moue. Ses yeux noirs comme la nuit sont fixés sur mes lèvres quelques secondes avant qu'il ne pousse un soupire contrit, mais en souriant. Vaincu, il m'embrasse. Et je me mets à rire, puis

Vous ne pouvez pas imaginer comment je me sens. J'ai l'impression de... flotter sur un nuage. J'ai si chaud qu'une pellicule de sueur me coule dans le dos, et chaque endroit de mon corps en contact avec Damen se met à flamber, son touché étant incandescent. Ce gars me fait fondre. J'ignorais qu'être littéralement « fou de quelqu'un » puisse exister.

Encore une fois, mes poumons se mettent à me brûler, mon cœur bat anormalement vite. Damen doit l'entendre : il se décroche directement d'une Emma qui a viré au rouge tomate. Heureusement que la nuit noire me camoufle... quoi que c'est un vampire. Les montées de sang qui submergent mes joues doivent lui être perceptible - merde.

- C'était trop super, souris-je, les yeux brillants.

- On dirait une folle.

- Aha, aha.

Je lui souris en inclinant la tête sur le côté. Il colle nos fronts, et cette proximité me fait toujours de l'effet - des papillons s'envolent par millier dans mon ventre. Ou du moins des abeilles tueuses albinos hypoglycémiques et asthmatiques - bref, malades - cherchant à faire du miel avec les parois de mon estomac.

- Laisse-moi t'admirer deux secondes, souffle-t-il soudainement, brisant notre étreinte en caressant mon corps de ses yeux.

Je me mets à rougir instantanément. Mon bustier en met un peu trop envaleur, non ? ... Et je crois que ma crise de nerf amoureuse m'a décoiffée. Je me recule de lui en baissant le menton, glissant les mèches folles échappées de mon chignon banane - so wonderful, pour une Princesse, vous devez l'imaginer - et relève timidement la tête. Il a les yeux fixés sur le bas de ma robe dont la longueur compromettait une marche normale, puis remonte (d'une lenteur qui me fait trembler) tout doucement plus haut, encore plus haut, toujours plus haut - passant sur l'endroit sensible, vous voyez ce que je veux dire - jusqu'à enfin rencontrer mon regard. Une rangée de dents blanches me sourient, et ses petites canines pointues ne manquent pas de lui rajouter du charme, comme d'habitude. Ouch, je prends la consistance d'une grosse gelée ramollis.

- Parfaite, dit-il d'un ton neutre, le regard voilé de malice. C'est le mot qui t'as toujours résumée.

- Mmm, arrête, tu vas me faire rougir..., crâne-je en lui tournant le dos, mains sur les joues.

- Oh, te gênes pas, Altesse ! Rougis donc ?

Je ris, toujours dos à lui.

- Ouais, ouais. Saute dans le lac, ça te réveillera de ton délire !

Avant que je ne puisse dire autre chose, des bras venus de nulle part s'enroulent passionnément autour de ma taille. Mon ventre déjà plat trouve le moyen de se rentrer encore plus, et mes palpitations cardiaques me laissent penser que mon cœur a du fumer de l'herbe en chemin. Mon Prince parfait pose ses lèvres sur ma joue droite, ses cheveux blond miel effleurant ma tempe. Je frissonne.

- Dans ce cas...

- Je rougirais pas.

- A croire que c'est un truc de ouf !

- Je rougirais pas !

- On parie ?

« Non... », pleurniche-je intérieurement, dépitée. Je sais qu'il sait que je ne peux pas lui résister. Et mon corps ne me répond plus lorsqu'on est ensemble, aucune de mes émotions ne peut être enfouie. Justement, elles revendiquent leur droit d'être exprimées à cris perçants et parade de trompettes. Je suis pas sortie de l'auberge.

Ses lèvres glacées aussi légères que des plumes se promènent jusque derrière mon oreille, alors que sa main gauche quitte mon ventre - OH ! Ses mains sur mon ventre ! - pour venir caresser soigneusement mes cheveux afin de ne pas les décoiffer. Damen se décolle de moi et pose son menton sur mon épaule afin de juger la teinte de mes joues.

Flamboyantes, évidemment.

- Ha ! Et c'est quoi, ça, hein ?

- J'ai chaud.

- On t'a pas apprit à tenir ta langue, des fois ? P'tite menteuse.

- Je te l'ai dis, je rougis pas, moi. I am a warrior, okay ? Dégage.

- Ça, on le sait tous, que t'es une warrior. Une warrior tordue, cousine.

- M'appelle pas cousine !

J'aurais aimé en placer une, mais pour se donner raison, il s'empresse de déposer un petit baiser derrière mon oreille. Ce fait coupe ma respiration - warrior sensible, I know - avant de glisser ses lèvres... le long de mon cou... Bouche entrouverte par le choc, je me dépêche de regarder tout à gauche, à son opposer, pour éviter de laisser paraître mes évidentes émotions. Là, je me sens... submergée. Perturbée. C'est la première fois qu'on partage un moment aussi intime.

- Warrior en carton, chantonne-t-il dans un rire en me pinçant la joue, tout fou de mes réactions.

- Mais, euh ! Va-t'en !

J'aime bien faire le bébé, avec lui. Je sais pas pourquoi. Mais si on me filmait un jour, je crois que j'aurais honte de moi.

- T'es trop choux, Em. Regarde tes grosses joues, là ! T'es écarlate !

- Eh, mes joues sont pas grosses, ok ? Laisse-moi !

- Tu veux que je partes ?

- PAS QUESTION.

Il éclate de rire en me serrant très fort contre lui, un bras autour de ma taille, l'autre sur mon cou afin de me forcer à lever la tête. Ainsi, il a tout le loisir de m'embrasser les joues - qu'est-ce qu'elles lui ont fait, ce soir ? - tout en me coinçant dans son étreinte.

Warrior bipolaire, avec ceci amoureuse. On va pas aller bien loin.

Au moment où je songe que cet instant restera gravé dans mon esprit pour toujours, une petite tête brune émerge du chemin que j'ai emprunté, nous regardant avec des yeux qui expriment de la joie, de l'amusement et une fausse déception. Je me stoppe et le dévisage, bouche bée.

- On se bécote sans moi ?

- HENRY !

- Ah, bah au moins, t'as pas zappé mon prénom. Tu redresses légèrement la barre de mon estime.

Seigneur, il se met à parler comme Clark... Mais c'est mon enquiquineur de frérot quand même. C'est un vrai, lui. Un membre à part entière du club de Once Upon A Time - d'ailleurs, c'en est le fondateur. Que ferions-nous sans une grosse tête de ce genre, n'est-ce pas ?

Damen finit par me relâcher. Immédiatement, le taureau que je suis devenue fonce tête baissée sur le gamin maigrelet légèrement plus grand et au visage légèrement plus mûr qui se tient à dix mètres. Il ne bouge pas d'un poil, ne reprend vie que lorsque mes bras enserrent son dos. A ce moment-là, je vois Clark et Caleb arriver eux aussi au fond du chemin, une mine amusée sur les lèvres.

Damen, Henry, Clark, Caleb. Ça y est, mon bonheur est complet.

Tandis que je crie comme une folle en sautillant autour de Henry - il me regarde comme une indigène cannibale commençant un rituel « avant égorgement » - Caleb frappe une fois dans ses mains.

- Bon, les enfants. (Il ouvre les bras avec un immense sourire.) On est pas venu ici pour une fête ?

- Nan, toi, t'es venu pour la bouffe, s'esclaffe Damen juste derrière moi.

Je serre Henry très fort dans mes bras, prenant de ses nouvelles tandis que les grands continuent leur débile conversation.

- Fauuuuux !, s'offusque mon beau-frère, malgré que la commissure de ses lèvres tremble à cause du rire qu'il s'efforce de retenir. Je disais donc qu'on devrait vite profiter des festivités...

- Du buffet à volonté, traduit Clark, taquin.

- Eh mais toi, Robin des Bois, tu vas finir la tête dans un tronc d'arbre !

- Ce qu'il essaie de dire, c'est qu'on devrait rejoindre la grande salle et nous fondre parmi les invités, explique Henry en dernier, hochant le menton pour se donner plus d'impact.

Je le regarde en souriant, complètement béate. Ils ont des costumes d'aristocrates qui passeront inaperçu, de grands yeux et des sourires glorieux qui enjôleront les filles - sauf Damen, puisqu'il est à moi. Haha ! A quoi vous attendiez-vous ? - et tout dans leur comportement prouve qu'ils ont des gênes de Narnia. Même Henry, qui est pourtant né dans mon monde, mais qui a tellement rêvé d'appartenir à celui-là qu'il y est aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau.

Bref, on est tous paré à faire notre entrée dans la salle de bal. Tous bras dessus bras dessous (exceptée Damen et moi, qui avons entrelacés nos doigts à la place), on se dirige vers la scène qui nous accueille à bras ouverts.

Ce soir, c'est mon soir. Et ces gars sont mes invités d'honneur.

Bon... Eh bien, que la fête commence !

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