Chapitre 1 (1) : Les célébrations finissent mal en général
17 kaptos 2996
Que ce soit par-delà les univers ou au sein même du centre du cosmos, l'Empire millénaire d'Azilis, un concept restait le même : la saison chaude avait toujours été le moment idéal pour se prélasser. Et bien que le concept de voyages d'agrément ne fût que peu répandu dans les zones proches de Necrima, les manières de s'amuser ne manquaient pas pour une confrérie absolument pas décidée à prendre la moindre mission.
De plus, qui s'avisait de travailler pendant la célébration d'un anniversaire ? Absolument personne. Et même si quelqu'un essayait de se débiner, en mission où à Necrima, il se ferait arrêter devant la porte par une furie aux longs cheveux corbeau, les yeux plissés par un agacement qu'elle considérerait justifié.
Lina Kuronæris n'avait, après tout, pas passé plusieurs heures dans la préparation de cette fête pour qu'un seul des triples abrutis qu'elle considérait comme ses proches ne vienne tout mettre en l'air. Non mais sans blague.
Le soleil descendait dans le ciel depuis quelques temps maintenant, et le principal intéressé allait arriver d'ici peu. Et tout devait être absolument parfait pour son arrivée ! Pas la moindre erreur de préparation ne serait tolérée. Et c'est bien pour ça que Lina avait tenu à chapeauter le tout, piquant parfois la place de supervision à sa propre supérieure.
Avec qui elle devait d'ailleurs vérifier quelques trucs.
Elle se dirigea vers la cuisine, domaine attitré de la sous-chef d'Asaris, avant d'ouvrir en coup de vent la porte et d'y crier :
« Asura, ça vient, ces gâteaux ? »
Dans la pièce éclairée par deux immenses fenêtres, une jeune femme occupée à surveiller un four se retourna dans la direction de Lina, un air satisfait sur son visage arrondi. Elle redressa d'un doigt ses lunettes noires pleines de buée avant d'annoncer, un sourire satisfait sur ses lèvres pleines :
« Ils seront cuits d'ici quelques instants, il ne me restera ensuite plus qu'à m'occuper des glaçages. C'est tout de même agaçant de ne pas l'avoir en cuisine, il est bien plus débrouillard que moi sur ce point...
— C'est sa fête, j'allais pas lui demander de faire ses propres gâteaux, faut pas déconner. »
Le sourire sur les lèvres d'Asura s'élargit, et elle remit en place une des mèches rouge sombre échappées de sa coiffure compliquée. Ses yeux pétillaient d'une certaine malice, rare sur les traits durs de son visage, mais rehaussée par son expression amusée.
« Tu t'attaches vraiment au moindre détail, Lina. Je suis pourtant certaine qu'il aurait été ravi de le faire plutôt que d'être traité comme un roi. »
Son interlocutrice leva les yeux au ciel, avant de s'appuyer davantage contre l'encadrement de la porte.
« C'est ça, si ça avait pas été son anniversaire. On a pas seize ans tous les jours, sacré nom du Créateur. Surveille ton four au lieu de remettre en question mes idées toi ! »
Une moue agacée tordit le visage de la sous-cheffe, mais cette dernière ne répondit rien, se contentant de chasser Lina de la cuisine d'un geste sans équivoque avant de se retourner vers ledit four, d'où s'échappait d'ailleurs une délicieuse odeur chocolatée. Ne percevant plus rien à critiquer dans la pièce, la dirigeante des opérations referma la porte derrière elle, avant de se diriger vers le hall d'entrée du bâtiment d'Asaris.
Ce dernier grouillait d'activité, enfin, plus encore qu'à l'ordinaire. Parce qu'à l'ordinaire, bien qu'il ne soit pas rare de voir passer et repasser des groupes de gens pressés entre les fauteuils et les tables, ces mêmes groupes portaient plutôt des sacs de voyage et des armes plein leur dos, et non des décorations rose pimpant et des ballons plein les mains. Et tout autant à l'ordinaire, ces mêmes groupes de gens affichaient plutôt la mine déterminée du travailleur à l'ouvrage, et non les larges sourires de ceux préparant la surprise de sa vie à un heureux innocent.
Le même sourire se formait sur les lèvres de Lina. Il avait intérêt à être satisfait de sa fête cet empaffé, elle ne s'était certainement pas donné le mal de mobiliser une bonne vingtaine de personnes pour qu'il lui fasse la tête !
Un appel provenant de derrière elle lui fit tourner la tête, et apparurent dans son champ de vision deux jambes sombres et poilues sortant d'un bermuda kaki, surmontées d'une pile de cartons. Enfin théoriquement, la pile de cartons devait cacher le reste du corps de Cyno, dont on pouvait sentir la joie malgré l'encombrement dissimulant son visage.
« Yo, cheffe des cheffes, je mets ça où ? C'est les cadeaux !
— Planque-les, abruti ! Il faut que ce soit la surprise ! S'il les voit avant qu'on ait eu le temps de lui ficher la trouille, toute la surprise va être gâchée !
— Oui cheffe, bien cheffe ! Attends trente secondes.... RAIJU ! VIENS PLANQUER LES CADEAUX ! »
Le hurlement fit surgir de la foule de préparateurs une jeune femme blonde aux cheveux rattachés en deux couettes basses derrière elle, les chaînes de son pantalon cliquetant au rythme de sa course. Elle arborait le même sourire qu'à peu près tout le monde dans cette salle, et était suivie par une des mines les plus moroses d'Asaris, Selky, qui avait ses bouchons d'oreilles et une expression crispée sur le visage.
Lina adressa un signe interrogateur à Raiju, qui tapota doucement le crâne hérissé de longs cheveux bleus de son amie, avant de hausser les épaules.
« L'agitation lui fait pas du bien... Elle et moi, on va aller planquer tout ça dans un endroit tranquille pour qu'elle puisse se reposer. Ça te dérange si on laisse tomber la préparation d'extrême urgence pour qu'elle aille se reposer ? Nan en fait je te demande pas ton avis. »
Et sur ces mots, elle prit les cadeaux des mains de Cyno avant de se précipiter dans l'escalier, la petite forme de Selky à sa suite. Lina grogna. Bien sûr que ça la dérangeait, tout devait être parfait, et si Raiju se débinait elle allait manquer d'une sérieuse main-d'œuvre ! Elle avait tout intérêt à avoir porté la dernière main aux guirlandes lumineuses, sinon... Un profond soupir s'échappa de ses lèvres. Sinon quoi ? Se faire obéir de Raiju était presque aussi difficile que de jeter un ours enragé dans les flammes de l'enfer. Peut-être même un peu plus.
Libéré des terribles cartons, Cyno s'épongea le front, décalant son bandana et son cache-œil. Lina eut à peine le temps de voir la cicatrice lui défigurant l'orbite, enfin, pas suffisamment pour pouvoir se fixer dessus : Le tissu marron l'avait déjà de nouveau recouverte, et maintenant la seule facette remarquable de son ami était son torse couvert de zébrures et surtout entièrement dénudé. Chose qu'il était préférable de ne pas regarder de trop près en règle générale : Si Cyno surprenait le moindre regard en coin, il avait tendance à plaisanter dessus de la plus salace des façons. Lina se contenta donc de lui filer une claque amicale à l'arrière de la tête, amortie par sa touffe de cheveux bruns.
« Eh bah alors, on s'évite du travail ?
— C'est pas vrai d'abord, je laisse Selky respirer, nuance. Et puis on a presque fini, regarde ! »
Obéissant à l'injonction, Lina jeta un regard aux alentours. Effectivement, le hall était presque prêt. Des tas de décorations de toutes sortes étaient dissimulées sous des toiles certes suspectes mais révélant déjà moins le but de l'agencement de la salle, les guirlandes lumineuses dont Lina avait craint le non-aboutissement étaient accrochées sur les murs et une table placée en plein milieu de l'immense salle n'attendait que les gâteaux et les friandises. Les escaliers du centre étaient recouverts de tissus dissimulant sans doute d'autres décorations, et chaque porte, y compris la terrifiante porte rouge du fond du hall, était décorée d'un mot de joyeux anniversaire. Quelques perfectionnistes prêtaient la dernière main aux finitions, mais en dehors de ça, tout était paré.
Cyno eut un petit rire semblable à un aboiement.
« —Regarde Garm et Makhai, ils croient qu'on ne les voit pas essayer de se coller l'un l'autre au mur. »
Elle tourna la tête. Effectivement, dans un coin du hall, le grand baraqué aux cheveux rouge vif essayait de tartiner son petit ami avec le contenu d'un tube de colle. Pas de colle forte, encore heureux, sinon Makhai se serait pris une sérieuse réprimande à la fois de Lina, d'Asura et de Garm ; mais ça n'empêchait pas ce dernier d'afficher des traits empreints d'une lassitude extrême alors qu'il tentait de le repousser avec un bout de carton.
De vrais gosses, ces deux-là, se dit Lina en observant la bagarre factice. En ce moment, il était difficile à croire que c'était les plus vieux de leur groupe. Et encore plus difficile à imaginer Garm le chevalier du carton en le ronchon et rabat-joie qu'il était habituellement, surtout si on le voyait écraser son bouclier en toc sur la tête d'un Makhai hilare. Mais même si c'était très rigolo de voir les deux adultes se chamailler comme un vieux couple, il y avait des limites à ce qu'elle pouvait tolérer comme ruine de sa fête.
Elle prit donc une profonde inspiration, avant de hurler de sa plus belle voix de stentor :
« —Makhai Naoshige, tu poses cette colle tout de suite ! Et tu seras bien gentil d'aider Garm à ne pas en mettre partout avant qu'il n'arrive, parce que sinon gare à ton cul ! »
Surpris dans une nouvelle offensive, les deux lutteurs se stoppèrent net. Puis, après un regard vers l'expression crispée de Lina, Makhai ramassa son ronchon et le jeta sur son épaule, sans se préoccuper de la colle qui l'imbibait toujours, et se précipita vers une des portes que Lina devinait être la salle de bain. En espérant, se dit-elle avec un agacement notable, qu'ils n'allaient pas en profiter pour faire des cochonneries !
Cyno, pendant toute la démonstration de force, n'avait cessé de pouffer, mais n'eut pas le temps de faire le moindre commentaire. Une voix provenant de la porte venait de hurler d'un volume suffisamment fort pour alerter tout le monde aux alentours :
« —Code blanc, je répète, code blanc ! »
Le signal.
Il allait arriver.
Il n'en fallut pas plus à Lina et Cyno pour se jeter derrière les canapés, alors qu'Asura, qui venait de sortir de la cuisine, les rejoignait d'un pas pressé. Elle serrait une clé entre ses doigts et une fine pellicule de sueur recouvrait son front. Lorsque Cyno désigna l'objet, faisant le moins de bruit possible, elle se contenta de faire un signe de verrouillage en désignant l'affreuse porte rouge du fond du hall, mais il n'en fallut pas plus à Lina pour comprendre : Le principal trouble-fête de la journée était bien sous contrôle. Le Créateur soit loué.
Les préparations finies et les éléments perturbateurs sous contrôle, plus rien n'empêchait désormais la porte principale de s'ouvrir dans un léger grincement. Et lorsqu'enfin l'ombre de la coqueluche du jour se dessina sur le parquet de la salle, une vingtaine d'adolescents et de jeunes adultes à l'excitation variant entre des seuils très éloignés bondit de leurs cachettes en hurlant d'un ton plein de joie :
« JOYEUX ANNIVERSAIRE BAKU ! »
La soudaine recrudescence de bruit dans la salle n'était pas la seule chose qui venait de changer. Toutes les toiles abritant les décorations avaient été tirées d'un coup sec, révélant une myriade de ballons et de guirlandes aux yeux d'un adolescent figé sur le pas de la porte, incapable de ne serait-ce qu'empêcher son sac à dos de tomber par terre. Et comme un choc n'arrivait jamais seul, la horde venait de se jeter sur leur malheureuse victime pour le plus gros câlin collectif jamais vu au sein d'Asaris Magitaria. Enfin. Depuis le dernier anniversaire.
Lina attendait son tour tranquillement, peu amatrice des câlins collectifs. Ce n'est que lorsque son meilleur ami et roi de la fête ne se soit libéré de ses autres camarades qu'elle ne se permit d'aller l'enserrer, à son tour, dans une étreinte amicale. Elle profita d'ailleurs du moment pour lui ébouriffer sa touffe de cheveux blancs, qui lui avait valu bon nombre de surnoms.
« Joyeux anniversaire mon grand. C'est que tu deviens vieux !
— C'était ton idée ? » Fit une petite voix gênée au creux de son oreille.
Elle poussa un profond soupir.
« A ton avis ? »
Elle relâcha son étreinte, juste à temps pour ne pas être prise dans la charge du chien fou, qui venait de se jeter à son tour sur Baku avec un gros rire. La tête du garçon coincée sous son épaule, Cyno lui ébouriffa à son tour vigoureusement la tignasse, tout en continuant de rigoler.
« A ton avis, qui pourrait avoir bien eu une idée pareille si ce n'est cette folle de Lin-aïe ! »
Et un coup dans la jambe, un ! Il n'avait qu'à pas la traiter de folle. Et il avait eu de la chance qu'elle ne vise pas les parties, ce toutou insolent !
Asura interrompit les geignements avant qu'ils ne prennent trop d'ampleur, et salua Baku d'un signe de tête, un sourire amusé aux lèvres.
« Joyeux anniversaire. Crois-bien que j'aie tenté d'empêcher tant d'extravagance, mais je considère tout de même ce jour comme à marquer d'une pierre blanche. »
Le faible sourire qu'arborait Baku depuis le début de cette petite exhibition s'élargit, et Lina savoura le sens caché des mots, le poids qu'Asura mettait derrière. Tous ici savaient bien que Baku avait plusieurs raisons de ne pas se réjouir de son anniversaire, alors... Si elle pouvait le rendre heureux en cette journée, elle considérerait sa mission réussie.
Cette pensée écartée, elle claqua des doigts, avant de lancer :
« Bon ! C'est pas le tout mais on a des gâteaux à manger ! Allez, allez, qui les amène ? »
La fête battait son plein depuis quatre bonnes heures, mais Lina n'avait pas la moindre intention de quitter le hall. Déjà, parce qu'elle avait un Baku épuisé en train de tester ses nouveaux vêtements de nuit qui lui dormait sur les genoux, ensuite, parce qu'elle avait commencé avec Makhai, Al et Cyno une partie endiablée de reines de pierre et il était hors de question de se défiler avant d'avoir fait bouffer son air supérieur à son ami. Makhai était, en effet, un des plus doués à ce jeu de tout Asaris, et rares étaient ceux qui avaient pu le battre. A l'exception notable d'Asura et de Garm.
Elle fit avancer un de ses pions sur le plateau, formant la combinaison idéale pour, au prochain tour, récupérer toutes les troupes de fantassins que Cyno avait eu la mauvaise idée d'avancer trop loin. Un sourire se dessinait sur ses lèvres, ravie que sa stratégie prenne effet : Avec quelques tours supplémentaires, elle en était sûre, elle obtiendrait suffisamment de troupes pour que même avec toute sa stratégie, Makhai ne puisse même plus prendre le moindre bastion. Mais c'était compter sans Al, qui, à peine son tour engagé, poussa le petit cavalier jaune qu'il lui restait dans son jeu pile à l'endroit que Lina voulait occuper.
Cette dernière poussa un cri d'exaspération, avant de taper sur ses genoux. Oubliant, trop tard, que Baku y ronflait toujours. Par chance, ce dernier ne se réveilla pas.
« Aaaaaaaaaaaaaaaal ! T'es pas sérieux ? Tu viens d'envoyer en l'air toute ma stratégie !
— Eh bien que veux-tu, soupira ce dernier, selon le lore du jeu je suis censé jouer Azilis, et Azilis adore se mettre dans les pattes des autres.
— Pas une raison pour tout niquer, merde ! Maintenant je fais quoi moi ?!? »
Makhai éclata de rire, avant de tirer la langue à son amie et d'aller prendre une série de fantassins à Al que Lina sacrerait décidément le pire joueur de reines de pierres. Elle émit un grommellement avant de se pencher sur le jeu, bien en peine de trouver son prochain coup. Foutu Al et ses coups en l'air ! Comment elle allait battre le crétin absolu de champion maintenant ?
Sur ses genoux, Baku émit un grommellement et se cala contre ses jambes, ce qui eut l'effet instantané de lui faire regagner son calme. Elle poussa un profond soupir et passa sa main dans ses cheveux, cherchant un antistress bien mérité dans sa toison immaculée. Cependant, et bien évidemment, le geste n'échappa pas à Cyno, qui se mit à pouffer.
« Tu veux peut-être qu'on arrête de jouer pour que tu ailles câliner ton chéri d'amour ? Je suis sûre que ça va te détendre... »
Il lui fila un coup de coude joueur, tout plateau oublié, et provoquant en Lina une irrésistible envie de lui enfoncer la tête dans la table de jeu. Mais elle se contint, parce qu'à coup sûr, ça allait réveiller la belle sur ses genoux, et elle n'avait aucune envie de lui faire subir les grasses plaisanteries d'un loup-garou en manque de ragots pour la énième fois du mois. C'était son anniversaire, sacré nom du Créateur. Pas le jour du « prenons les paris pour savoir quand Lina et Baku vont finir ensemble ».
En attendant, à en juger par les sourires railleurs d'à peu près tous les joueurs sur le plateau, elle pouvait faire une croix sur les reines de pierre pour le moment. Makhai avait l'air surtout désireux d'entretenir les railleries, et même si Al n'était pas du genre à porter des spéculations sur les relations amoureuses, son sourire venait d'attirer quelqu'un qui lui, l'était.
C'était visiblement trop demander que réclamer un instant de répit. Des cheveux roux et une opulente poitrine venaient d'entrer dans son champ de vision, et avec eux le visage souriant d'une Eale avide de ragots, qui jeta un œil au Baku endormi avant de porter vers son coussin du jour un grand sourire victorieux.
« Tiens tiens tiens ! Est-ce que ce jour béni entre tous va marquer une officialisation, tous les deux ? »
Lina leva les yeux au ciel, avant d'éloigner le visage importun hors de son espace vital. Ce ne fut pas bien difficile. Une simple poussée suffit pour l'envoyer droit sur le plateau, ruinant la partie de reines de pierres et provoquant les rires de la petite assemblée, y compris de la principale concernée. Mais Lina ne se préoccupait que peu de la partie actuellement. Elle en avait surtout assez de ses compagnons.
« Sérieux les gars ? Baku dort sur les genoux de Cyno tous les quatre matins et pourtant vous avez pas cette réaction ?
— Peut-être puce, mais Baku est tout ce qu'il y a de plus hétéro, pouffa Makhai. Crois-moi, il dégage aucune impression de gay !
—Et Monsieur croit avoir le meilleur gaydar du monde peut-être ?
—Evidemment ! C'est d'ailleurs ma plus grande fierté ! »
Difficile à croire. Après tout, il avait mis pas mal de temps à comprendre que Garm était amoureux de lui. Même si, à sa décharge, on parlait de Garm. Mais d'un autre côté, Lina devait bien admettre qu'il avait raison. Baku était hétéro, et elle le savait parce qu'il lui avait dit, donc au niveau de la sûreté de l'information, elle aurait plus tendance à lui faire confiance. Mais même dans ce cas. Elle pouvait pas lui faire des câlins tranquille bon sang ? Fallait absolument qu'un de ces fouineurs se fourrent dans ses pattes ?
Elle grogna et tenta de se relever histoire d'aller mettre leur raclée bien méritée aux indiscrets, mais un nouveau grognement l'en empêcha, et cette fois elle ne put que constater qu'elle avait bel et bien tiré Baku de son sommeil. Il papillonnait des yeux et s'accrochait à son torse pour éviter de glisser, tout en émettant un bâillement digne des plus grands. Ce qui, bien évidemment, tira un concert de sifflement de la part des trois importuns.
« Mais c'est que vous êtes adorables, tous les deux ! Lança Eale à la cantonnade. Un vrai petit couple !
— Parce que les gars et les filles ne peuvent pas se faire de câlins peut-être ?!?
—Oh si, pouffa Makhai. Regarde Raiju, elle passe son temps sur les épaules d'Al. Mais je crois que pour vous deux, c'est pas tout à fait pareil.
—Eh, regardez ça, renchérit Cyno. Baku est rouge tomate ! Le feu bicolore est de retour ! »
Eh ben oui, bande d'idiots, quand on fait des insinuations aux gens sur leur vie amoureuse, ça peut les faire rougir, grommela Lina. Baku, en plus de ça, n'aimait pas trop qu'on aborde le sujet vu que ce n'était pas rare qu'il y mette fin ou rougisse exactement comme maintenant. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'elle déposait délicatement le garçon sur le sol et se mettait à sa véritable mission dans cette confrérie.
Des hurlements de terreur entrecoupés de rire ne tardèrent pas à émaner du hall alors que les fauteurs de troubles s'enfuyaient à toutes jambes, bombardés par des pièces de reines de pierre et des jurons qu'il était inutile de détailler, connaissant Lina Kuronæris. Makhai avait l'avantage de savoir courir très vite, et trouva rapidement refuge derrière un Garm agacé par tant de grabuge ; mais Cyno, qui avait eu le malheur de devoir porter Eale, se fit très rattraper après si peu de temps qu'on aurait presque dit que la course-poursuite n'avait duré qu'un vulgaire instant. Les jurons et les jets de pièces se prolongeaient néanmoins, alors qu'autour du ring de combat, les autres membres de la confrérie assistaient bien volontiers à la démonstration des talents de Lina pour envoyer valser les gens dans tous les sens.
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