III.

« Capitaine Welshie, au rapport ! »

Le jeune garçon de dix-sept ans se mit en position, main collée au front. 

« Rien à signaler, mon commandant. Quoique... Nous avons retrouvé des traces suspectes près de l'Arbre aux Serpents, au nord de la cité.

-Des traces de quelle origine, précisément ? le questionna le commandant.

-Je ne crois pas qu'il s'agisse d'Oskiens, commandant. A vrai dire, cela pourrait être des Klakérènes.

-Des Klakérènes ? s'esclaffa son supérieur. Nous les avons chassés il y a cinq ans.

-Monsieur, intervint Volfy. Permettez moi de faire une objection.

-Allez-y, Capitaine Volfy.

-Nous avons retrouvé des bouts de tissu accrochés à un buisson. Et la matière ne correspond pas à celle utilisée par les Oskiens, mais à celle des Klakérènes. Ils ont probablement établi un camp dans les environs. »

Du haut de ses quinze ans, Volfy dégageait un tel sérieux que même le commandant en fut convaincu. Il soupira.

« Bien. Si vous le souhaitez, Capitaine Volfy, votre unité ira dès demain en reconnaissance. »

Volfy effectua un salut et fit signe aux membres de son unité de le suivre.

Même si Welshie était censé partager le commandement avec son frère, il ne s'en offusqua pas. Après tout, Volfy faisait un meilleur chef que lui.

Welshie accéléra l'allure pour rattraper son cadet.

« Que comptes-tu faire, petit frère ? l'interrogea-t-il.

-Eh bien...  »

Volfy fit mine de réfléchir, mais Welshie savait qu'il avait déjà un plan tout préparé.

« Si les Klakérènes ont véritablement établi un camp proche de Reptipolis, il faudra y aller lourdement armés. Les Klakérènes sont sanguinaires et n'hésiteront pas à tuer pour protéger leurs biens.

-Capitaine Volffffy », siffla un des Starns qui marchaient derrière les fils du roi.

Ce Starn était le lieutenant de Welshie et Volfy. Son nom était Brazk. C'était un Starn imposant, dont les écailles lustrées brillaient à la lueur des torches.

Il darda sa langue fourchue.

« Êtes-vous ssssûr que cccette exxpédition est une bonne idée ? Peut-être vous emportez vous pour des chimères.

-Certainement pas, rétorqua Volfy. Je sais ce que j'ai vu. Vous pouvez disposer, d'ailleurs. Je vais m'entretenir seul à seul avec mon collègue Welshie. »

Il intima à son frère de le suivre, vers ses appartements.

Une fois rentré, le prince Starn claqua la porte et regarda Welshie droit dans les yeux.

« J'ai un plan, se contenta-t-il de dire. N'enlève pas ton équipement, nous repartons sur le champ. »

Welshie comprit aussitôt ce que Volfy avait en tête. Il ne voulait pas attendre le lendemain pour partir en quête du camp Klakérène. Il souhaitait y aller tout de suite.

« Hors de question que je t'accompagne dans une entreprise aussi dangereuse, déclara Welshie. De plus, nous n'en avons pas l'autorisation. »

Volfy fit volte-face.

« Aurais-tu peur, grand frère ? Aurais-tu perdu ton courage ? Ta volonté de devenir roi ? De plaire à Père ? »

Welshie eut un mouvement de recul face à l'agressivité de son frère, mais il ne se laissa pas démonter.

« Toi, par contre, tu prends un peu la confiance, Volfy, riposta le prince aîné. Père te donne trop de privilèges, on dirait. Tu n'as que quinze ans, après tout. Un môme de cet âge ne devrait même pas être au commandement d'une escouade.

-Tais-toi, siffla Volfy. Tu n'as que deux ans de plus que moi. Prouve-moi donc que tu vaux mieux que moi, alors que je suis en passe de te dépasser, en étant plus jeune que toi.

-Bon, très bien. Mais on risque très probablement de se faire tuer. Et ne va pas dire que je ne t'aurai pas prévenu. » 

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