I.

La pluie trempait le sol déjà humide. Le roi fit signe à ses soldats de s'arrêter, avant de lever son museau reptilien pour humer l'air.

Le souverain Starn venait de sentir une odeur métallique, par dessous celle de la vase, qui emplissait l'air du Marais des Arbres Morts. Il avait senti une odeur de sang. 

Il suivit la puanteur sanguinolente et découvrit un spectacle devant lequel même un roi guerrier comme lui resta sans voix.

Il y avait dans ce triste tableau trois personnes. En tout premier, un nourrisson d'à peine quelques mois gisait dans une flaque de boue, inerte. Ensuite, il y avait un enfant de trois ans, et une humaine qui semblait être sa mère. 

Le gamin était d'une laideur à faire peur. Il ressemblait à un hybride entre Starn et humain. Ses cheveux, sales et emmêlés, étaient vert foncé. Sa peau était constellée de taches vert-jaunâtre, et ses yeux étaient jaunes et fendus, tels ceux d'un serpent.

Agenouillé près de l'humaine, il pleurait de toutes les larmes de son corps en serrant le cadavre. Le roi comprit d'où venait le sang. La femme avait dû perdre la vie en mettant l'autre enfant au monde.

Le souverain s'approcha doucement du jeune enfant, et lui tapota l'épaule. Le gamin se retourna, terrifié.

« Qui... gémit-il. T'es qui... Maman est morte ! Respire plus ! Et c'est tout rouge ! Petit frère est mort, lui aussi ? 

-Soldat ! s'écria le roi. Prenez le pouls du nouveau-né !

-Bien, SSSSSeigneur ! »

Le Guerrier Starn s'empressa de saisir le petit corps flasque. Il plaqua son doigt couvert d'écailles sur son cou.

« Un léger, SSSSeigneur ! ! Un léger ! Voulez-vous que je l'achève ? »

Une idée folle traversa soudain l'esprit du roi.

Après tout, il n'avait aucun héritier, et il était persuadé que sa femme ne réussirait jamais à enfanter.

Le destin venait de lui fournir deux princes, et cela gratuitement.

« Comment t'appelles-tu, petit homme ? demanda-t-il au minuscule garçon.

-Wel... shie, bégaya le gamin.

-Eh bien, Welshie, que dirais-tu de me suivre dans mon royaume pour en devenir le prince ? »

Le petit Welshie afficha un air d'incompréhension totale.

« Maman est morte... morte...

-Welshie, écoute-moi. »

Ce n'était pas facile, d'expliquer à un enfant de trois ans qu'il avait tout perdu. Mais il fallait le faire. Le roi décida une autre approche.

« Est-ce-que tu veux que ton frère reste vivant ?

-Oui ! s'exclama le gamin. Je ne veux pas que petit frère parte comme Maman.

-Je peux le sauver, lui dit le roi.

-Vrai ?

-Si tu viens avec moi, ton frère sera sauvé. 

-D'accord. Je veux venir ! »

Le roi prit la main de son nouveau fils adoptif, et lui montra le paysage.

« Tu vois, petit Welshie, un jour, toi ou ton frère régnera sur tout ça. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top