Chapitre 36 - Tu viens chez moi ?


—Viens avec moi, je vais essayer !

Sans attendre la réponse de Paul, Fanny tira sur elle un rideau pour la dissimuler du reste du magasin.

Le dos appuyé contre le mur du salon d’essayage, Paul réactivait ses ancrages pour faire face à la situation. Mais rien n’y faisait. Il imaginait les énormes fesses de cette femme avalant ce si petit string…

A ces pensées, la tenue vestimentaire de Fanny lui revint en mémoire. Elle n’était plus la même. Déjà tout à l’heure sur le banc, de loin, il n’avait pas failli la reconnaître. Elle avait fait des efforts pour s’habiller avec une jupe adaptée à sa morphologie et aux jolies couleurs gaies.

Elle serait presque engageante, la garce.

Le bruit des anneaux crissait déjà sur la tringle de la cabine et arracha Paul à ses pensées. Ce qui s’offrait à ses yeux le laissa sans voix.

Fanny se tenait devant lui, elle avait enfilé la guêpière aux teintes enflammées et sur ses épaules, jeté un déshabillé noir qui tranchait avec sa peau laiteuse.

Une main levée appuyée sur la paroi de la cabine et l’autre sur sa hanche, elle se dandinait de droite à gauche, perchée sur ses talons d’au moins dix centimètres, avec un sourire des plus radieux qu’il était donné de rencontrer.

Fanny était grosse, elle avait des bourrelets, ses cuisses étaient molles et imposantes et un excès de peau graisseuse derrière ses bras ressortait sous ses aisselles, mais il fallait se rendre à l’évidence, cette femme, dans l’instant présent était désirable. Les vêtements affriolants n’y étaient sûrement pas pour rien. Mais tout convergeait chez Paul pour constater que Fanny était une fille qui le fascinait.

S’il n’y avait eu la vendeuse, qui les surveillait d’un coin de l’œil, masquant son inquiétude, il se serait assené une grande claque en pleine figure pour glacer ses pensées hors contexte. Il devait se recentrer sur sa mission. Et celle-ci ne concernait pas d’étreindre la belle ni ici, ni ailleurs.

— Alors ? Je ne vais pas rester comme ça éternellement ! Tu en dis quoi ? cria presque Fanny.

Hein, Fanny demandait l’avis de Paul. Déjà qu’il avait du mal à retenir ses pulsions.

— Oui, oui, c’est très joli. Prends-le ! abrégea Paul.

— Tu ne trouves pas que je suis trop grosse dedans ?

A pas en croire ses oreilles, cette fille avait un potentiel impensable, et elle en plus, elle était loin d’être stupide ou naïve comme certaines belles qu’il avait pour habitude de fréquenter, en d’autres temps.

— Et tu as vu le tissu ? Comme la dentelle est douce ? Touche ! insista Fanny.

Mon dieu. La phrase tant redoutée venait d’embraser tout l’air de la boutique.

Paul n’eut pas d’autre choix que de s’approcher, sa main frémissait à l’idée de se poser sur ce corps qui l’attirait. C’est avec le dos de son index qu’il frôla le tissu soyeux et flamboyant.

Il ne savait guère où le poser d’ailleurs tant sa peau dépassait du vêtement.

— Arrête, arrête, enfin ne fait pas ça ici, réprimait Fanny.

Paul n’avait pu se suffire à seulement toucher un bout de tissu. Lorsque son doigt eu caressé la dentelle c’est son instinct de mâle qui se réveilla et il enfouit sa bouche dans le cou de Fanny et l’embrassa tout en pétrissant la peau de son dos et de ses fesses.

Il reprit ses esprits comme Fanny le repoussait de toutes ses forces. Ce n’était pas qu’elle n’aimait pas ce qu’il lui faisait vivre, mais c’était trop nouveau pour elle et elle n’arrivait pas à l’assumer. Elle était encore assez peu à l’aise avec ce garçon qui utilisait son corps et le touchait tant et si bien qu’elle ne pouvait rien lui interdire. Il reprit ses esprits alors que deux bras le repoussaient hors de la cabine.

De l’autre côté du rideau, Paul ne se reconnaissait plus. Qu’est ce qui lui arrivait.

Il se savait enclin à des câlins en des lieux improbables, mais avec Emilie, pas avec Elle.

Un nuage de tristesse envahit la mémoire de Paul et noircit son élan soudain, lorsque le visage d’Emilie fit une incartade dans ses souvenirs. Pour la Saint-Valentin, il avait le droit d’habiller Emilie comme il le désirait. Ce jour-là, elle était toute à lui et acceptait tout le shopping qu'il lui choisissait. Elle s’en remettait au moindre de ses désirs. Mais là, il n’était pas question d’Emilie…

Fanny paya ses articles en caisse, puis s’adressa à Paul :

— Tu viens chez moi ?

Paul était sur le point d’obtenir ce qu’il souhaitait, entrer chez Fanny, gagner sa confiance, recevoir ses confidences pour mieux fouiller sa vie privée. Mais avec le show de la cabine d’essayage, il craignait presque de la suivre dans son antre. Il était en train de devenir un autre homme. Il accomplissait des choses qui étaient aux antipodes de ses habitudes, il s’en rendait compte et en plus, il n’arrivait pas à stopper cette spirale.

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