L'aube fleurie


Julien ne bougeait pas ; ou du moins, il ne bougeait plus.

Ses pensées dérivaient lentement, perlaient dans son esprit encombré. Il avait oublié la raison de sa venue ici, dans les vergers remplis de poiriers, de figuiers et de fraises. Un peu plus loin, l'ombre des oliviers abritait son vélo jaune, bruni par la rouille.

Il s'assoupit lorsque le soleil déclina ; il semblait à Julien que ses paupières se fermaient lourdement pendant qu'il luttait contre le sommeil.

Il pensa dans son songe merveilleux au monde qu'il aurait élevé s'il avait été seigneur. Un monde juste, équitable et harmonieux. Une utopie sans lendemain, qui ne vivrait pas longtemps.

Son espoir vibrait telle la flamme d'une bougie tremblotante, lorsque l'obscurité et le vent frais menacent de l'éteindre brutalement.

Julien posa sa tête sur l'herbe fraîche : c'était son nouveau berceau.

Il lui semblait voir la Lune se pencher sur lui pour l'endormir de sa voix chaude et calme. L'astre souriait peut-être, le réconfortait.

Bercé par le souffle du vent et par ses rêves éveillés, brûlants d'espoir, il s'endormit.

Habité par une douceur âpre, il se réveilla, déboussolé. Plus rien ne lui indiquait le nord.

Il comprit alors qu'il était temps de s'en aller. Les souvenirs affluaient dans son cerveau. L'homme menaçant, le cri de la fille, le coup. Et lui qui se traînait comme il le pouvait dans ce verger, beau souvenir de l'Éden sur l'Enfer terrien, espérant échapper à la mort qui lui tendait les bras, vieille amie.

Julien ferma les yeux. Sur son cœur, la tâche de sang s'élargissait.

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