4 - Le message

Précédemment : Lys se rend à l'accueil afin de trouver la salle de son cours complémentaire. Elle échange avec la secrétaire qui risque de fortement de souvenir de son passage. Puis, pas beaucoup plus avancée ne connaissant pas le campus, elle rencontre Marc, un jeune garçon blond, qui l'aide à trouver le bâtiment. Enfin elle se rend à son cours de philosophie ou elle rencontre son professeur insu que les quatre autres élèves.

IV - Le message

    Je relève la tête vers mon professeur, ne sachant quoi répondre à sa question été donné que moi même je n'avais aucune idée de ce qui venait de se passer.

—Alors Lysbeth, fais-nous donc part de ta pensée, dis il en s'asseyant sur son bureau.

—Et bien j'ai... disons que j'ai beaucoup d'imagination. Je suis désolée, je ne pensais pas que j'avais parlé à voix haute. Une nouvelle fois, je termine cette fois bien dans mes pensées.

—Ce n'est pas grave, il poursuit en riant. Bien, reprenons. Toi, dit-il en désignant la fille à côté de moi, dit-moi qui tu es.

—Je... Mélody Chambrat, monsieur, dit-elle, tandis que ses joues rosissent légèrement.

-Non Mélody, je ne t'ai pas demandé comment tu t'appelles, mais qui tu es.

    Il sourit en voyant nos moues inquisitrices tout en nous expliquant ce qu'il entend par « être ». D'après lui, nous ne sommes pas un prénom. Nous sommes émotions, réflexions, pensées, et conscience. Nous sommes tous des êtres à part entière dans ce monde regroupant des milliards d'individus.

    Au bout d'une demi heure d'explication philosophique pendant laquelle j'ai pu prendre une grande quantité de notes grâce aux affaires que Mélody m'a prêté, il nous propose de faire connaissance avec les autres élèves. La jolie blonde se tourne doucement vers moi et me demande de sa petite voix angélique :

—On se met ensemble ?

—D'accord, dit-je en esquissant un sourire.

    C'est un exploit, Mélody est la troisième personnes qui se montre gentille avec moi aujourd'hui! Je ne m'attendais pas à ça. Mais c'est comme si quelque chose en moi me poussait à aller vers les autres, sans que je ne puisse vraiment contrôler cela.

Je tache de chasser cette pensée et tandis qu'elle s'installe en face de moi, je l'observe : elle a de longs cheveux blonds qui lui arrivent à la taille, de magnifiques yeux bleus cristallins ainsi une peau diaphane si proche de la porcelaine qu'on pourrait craindre de la casser. Pour compléter son allure d'ange, elle porte une robe en dentelle blanche qui suit ses jolies formes.

    Nous bavardons gaiment durant l'heure complète. J'apprends qu'elle aime lire tout autant que moi et qu'elle s'intéresse beaucoup aux mythes et aux légendes.

-Ca te dis qu'on aille se promener après les cours ?

Je prends quelques secondes pour réfléchir. Je dois bien avouer que je suis surprise de sa proposition : voilà bien trois ans maintenant que je ne suis pas sortie avec une personne de mon âge.

-Oui, pourquoi pas ?

-Tu en as mis du temps pour répondre, réagit-elle en souriant.

-Je sais, je suis désolée, je n'ai pas l'habitude ! Mais avec plaisir je t'assure !

    Notre professeur, qui nous a dit s'appeler Adélaïd Isgard, nous rejoint et s'assoit à califourchon sur une chaise, le torse contre le dossier, les bras en crois appuyés contre.

—Alors les filles, savez vous qui vous êtes maintenant ?

    Je décide de prendre la parole :

-Je dirais qu'on le sait plus ou moins. On sait maintenant ce que l'une ou l'autre aime ou n'aime pas, quels sont nos passes temps, qui sont nos parents et quelle est notre situation familiale. Mais c'est tout. Qui sommes nous au fond ?

    Il sourit.

-Parfait Lysbeth ! Je voulais que vous arriviez à cette idée.

    Il se lève et retourne vers son bureau où il fait une rapide conclusion sur la séance, juste avant que la cloche ne sonne. Je rassemble alors mes affaires et continue à bavarder avec Mélody en sortant de la salle. L'avantage, c'est que ce bâtiment est tellement à l'écart qu'il y a très peu d'élèves donc cette fois ci, pas de tentative d'assassinat de mes côtes ! Mais ce n'est pas pour autant que je ne vais pas réussir à m'attirer de problème :

—Dis donc mademoiselle, veuillez vous habiller convenablement pour vous rendre en cours s'il vous plaît.

    Je me retourne, sans comprendre la remarque de cet homme que je n'ai encore jamais vu. Grand et assez trapu, il arbore une moue agacée. Je baisse alors la tête et observe ma tenue. J'ai simplement un débardeur noir, un jean légèrement déchiré, des bottes noires militaires style rangers et un ras de cou en guise de bijou. Tenue relativement clichée certes, mais absolument pas provocante. D'ailleurs, il ne me semble pas avoir vu de tenue vestimentaire particulière dans le règlement lorsque je l'ai lu avec ma mère l'autre soir.
    J'allais répondre lorsque je vois que son regard se porte en fait sur Mélody. Une Mélody d'ailleurs devenue rouge écarlate.

—Je... enfin... je suis..., bégaye-t-elle.

—Et bien, parlez donc !

—Si vous la laissiez finir sa phrase, j'interviens, elle aurait probablement eu l'occasion de vous donner une réponse. D'ailleurs, sa tenue est convenable. Sa robe lui arrive au genoux, elle a autant de décolleté que mon débardeur et en plus de ça, elle porte un short, je bluffe. Mais ça je ne crois pas que vous ayez pu le vérifier.

—Mademoiselle ! Qui vous a permis de parler !

    Alors là je ne sais absolument pas ce qui m'a prit de lui répondre de cette manière mais je continue tout de même, mes pensées tournant à toute vitesse sans que je puisse contrôler quoi que ce soit, mes membres brûlant d'agacement :

—Il me semble que nous sommes dans un pays où la liberté d'expression est encouragée. De plus, je ne vous ai en aucun cas manqué de respect, je vous ai simplement exposé les faits. Alors tâchez à l'avenir de vous munir d'arguments avant d'apostropher une élève de la sorte.

    Je prends Mélody par la main et commence à l'entraîner vers la sortie mais la voix du professeur qui l'a interpellé résonne une nouvelle fois dans le cou leur maintenant presque vide.

—Revenez ici et donnez moi votre carnet !

Je me retourne et le lui donne sans broncher.

-Bon courage pour trouver un motif monsieur.

-Monsieur le proviseur ! Rugit-il, le teint désormais cramoisis.

    Aïe. Cette fois-ci, je suis dans le pétrin.
Il m'arrache le carnet des mains et descend les escaliers en marmonnant dans sa barbe. Monsieur Isgard s'approche de nous.

—Ne t'inquiète pas Lysbeth, il ne fera probablement rien. Mais à l'avenir, tâche de ne pas trop lui répondre, il a tendance à s'énerver pour pas grand chose. Quoi que là, je dois dire que tu n'avais pas ta langue dans ta poche.

—Je suis désolée monsieur, je ne sais pas ce qui m'a pris... enfin si, il n'avait pas à lui parler comme ça mais comme toujours, les adultes ont raison, dis-je en soufflant.

    Il me toise du regard avant d'attraper mon poignet pour l'examiner. Abasourdie par son geste, mon esprit divague un instant et je repense à l'étrange vision qui m'a surprise au début du cours. Il me lache enfin et me prie de faire attention à moi avant de s'en aller. Je le remercie et descends les escaliers, Mélody sur les talons, toujours dans l'incompréhension.

—Merci, dit-elle penaude.

    Je me retourne et lui souris.

—Bah, t'en fait pas, c'est normal.

—Ca t'embête si on remet notre sortie à plus tard ? Je crois que je vais rentrer pour me reposer.

—Non, bien-sûr, pas de soucis, dis-je en cachant au mieux ma déception.

    Une fois dehors, je laisse partir ma nouvelle amie et prends une grande inspiration avant de moi aussi me diriger vers les grilles. Je finis par m'adosser contre un arbre à l'entrée et sors mon téléphone.

—Je ne lui ai même pas demandé son numéro... qu'elle idiote ! Je peste à haute voix.

    Il fait bon et le soleil brille de mille feux. Cette journée n'était pas aussi catastrophique que ce que je pensais malgré les quelques altercations avec certains adultes. Mais je me rend aussi compte que ma carapace se brise vite depuis ce matin alors qu'elle devrait être plus solide que du diamant. Pour preuve : j'ai l'habitude d'être seule, mais l'abandon de Mélody me laisse un sentiment de solitude immense, remplissant mon être d'un vide que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Et le pire, c'est que ces changements ne vont pas s'arrêter là. Un peu plus loin, une bande de garçons fument en rigolant. Et je sais, du moins je sens, que ce ne sont pas de simples cigarettes. L'un d'eux me voit et s'approche de moi une cigarette pendant nonchalamment au coin de ses lèvres :

—Sympa ton style.

    Je le regarde, dépitée, sans lui répondre. Mais lui ne se dégonfle pas :

—Tu fumes ?

—Non.

—Et tu veux essayer ?

—Non.

Il hausse un sourcil.

—T'es sûre?

—T'es sourd ou quoi ? Je t'ai dit non, je soupire tout en m'étonnant de cette nouvelle réplique cinglante. Cela me fait penser à ma manière de répondre au proviseur qui me semble maintenant tout à fait démesuré malgré la situation. Son éclat de rire me sort de mes pensées.

—Ça te dit de faire connaissance ?

—Bah écoute pour un gars qui veut m'inciter à fumer et, par conséquent, tuer ma santé, je suis pas sûre que ce soit une excellente idée.

—Et pour une fille qui tient autant à sa vie tu restes bien proche de mauvais garçons qui fument.

—Qui t'a dit que je tenais à la vie ?

    Un léger malaise s'installe mais après quelques secondes, j'éclate de rire.

—Tu verrais la tête que tu fais ! C'est hilarant !

—Ouais, j'ai cru que t'étais sérieuse, rit-il. Bon alors, t'es libre cette aprem ?

—Alors, techniquement, oui, mais pas pour un inconnu, je réponds avec un sourire en coin.

    Il me tend la main que je prends un malin plaisir à ne pas serrer. Mais il ne se dégonfle toujours pas :

—Enchanté je m'appelle Ethan Walker, j'ai eu 18 ans le 29 juillet, mes parents sont séparés et ma mère est partie vivre à Paris. Moi j'ai choisi de rester là parce que j'ai ma bande de potes même si j'avoue que ça me faisait bien kiffer de partir pour la capitale. Je fais de la guitare et mon rêve est de monter un groupe de musique. Et toi ? demande-t-il tout en abaissant sa main.

—Lysbeth. C'est tout ce que tu as à savoir, je souris.

    Mais qui déballe sa vie comme ça à une parfaite inconnue ?

—Et bah! T'es pas bavarde. Bon, alors, partante ?

    Je hausse les épaule mais, me surprenant moi même, je finis par le suivre. Je m'assoie contre le mur et les écoute parler. Leurs principaux sujets de discussion tournent autour des filles, du sexe et de la drogue. Sachant que ce ne sont pas spécialement le genre de conversation qui m'intéressent, je traine sur mon téléphone et regarde les dernières actualités Instagram. Un nouveau compte me suit.

A_Isgard

    Perplexe, je me demande si cela est courant qu'un professeur s'abonne à ses élèves dans cette école et tout en fronçant légèrement les sourcils, j'ouvre le message.

« Re-bonjour Lysbeth, j'espère que je ne me suis pas trompé de compte. Tu dois d'ailleurs trouver bizarre qu'un de tes nouveaux professeurs, le jour de la rentrée, te suive sur un réseau social. »

—Nan, sans blague.

—T'as dit quoi Lys' ?

—Hein ? Me rendant soudain compte que j'ai une nouvelle fois parlé à haute voix. Nan nan, rien, t'inquiète.

Je reprend ma lecture.

« Cependant j'aimerais savoir ce qu'il t'est arrivé tout à l'heure. Ou du moins, j'aimerais savoir ce que tu as vu mais également ce que tu ressens au fond de toi. Tu avais l'air surprise de ton comportement. Et il me semble avoir aperçu un tatouage sur ton poignet mais par la suite, il n'y avait plus rien. Désolée si mon geste t'as surpris »

    Mais dites moi, c'est qu'il est très perspicace ce professeur.

« Je te remercie d'avance de ta réponse et te souhaite une bonne journée.
A.Isgard »

—Mais en fait, comment peut il être au courant ?

—Elle est dérangée cette nana mec, lance un des amis d'Ethan.

    Je relève la tête, et le regarde :

—Tu vas rire, mais dans un sens, t'as pas tord je crois.

    Un blanc s'installe mais Ethan relance la conversation, non sans me jeter des regards que je qualifierais d'inquiets. Quand je disais que je devenais folle.

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Hey ! J'espère que vous allez bien !
Alors ? Que pensez vous de notre nouveau personnage Ethan ?
Et comment interprétez vous le message de monsieur Isgard ?

J'espère que la suite vous plaît !

Bonne journée et courage à ceux qui reprennent les cours comme moi hihi 😉

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