Chapitre 1_ Chaos du Dragon


*Point de vue Peter *



« Le dernier des Herrero est mort, avec lui s'achève ma vengeance. Naëlle »


Un simple message que tous les hommes au sein de la Demeure ont reçu. Un simple message accompagné d'une photographie. Une photo de Natan Herrero mort, pour être plus précis.


Nous avons reçu ce message de son téléphone, c'est une certitude. Au moment où elle a envoyé ce message, elle se trouvait au Bahamas. Ensuite son téléphone a été éteint de nouveau. Et elle ? Eh bien je peux la situer, grâce à sa puce, mais c'est tout.


On pourrait penser que cela a soulagé beaucoup de monde au sein de la demeure de savoir que tout cela était clos, mais ce ne fut pas le cas. Le fait de n'avoir aucune nouvelle de Naëlle depuis maintenant trois semaines devait aussi bien expliquer notre état que l'on pourrait qualifier de... « Tendu ». Il y a trois semaines madame quittait la demeure, le lendemain même de son retour de prison. Nous en avons déduit qu'elle était partie à la chasse au Herrero. Fin de la chasse ayant eu lieu une semaine plus tard à priori puisqu'on a eu le fameux message. Donc, depuis ce fameux message, absolument personne au sein du clan ou en dehors (ce qui fait un paquet de monde quand même vous en convenez) ne sait comment elle va.

Enfin, rajoutez à cela le fait que Luc soit toujours assigné à Demeure parce que son garde du corps préféré soit porté disparu aussi, que Micky n'a donné aucune nouvelle non plus à ce cher Ritchi, que John semble ne pas s'entendre du tout avec la fille Napoli... Et vous aurez une idée du bordel que cela peut-être en ce moment à la Demeure.


Bordel expliquant ma fuite. Enfin ma fuite... On va dire que j'ai sauté sur la première excuse à ma portée pour partir de là avant de tuer tout le monde.


Bon je n'ai pas fui seul, j'ai emporté Jarod, Santana et un de mes gars dans ma ballade. Juré j'ai même une raison super valable, et qui suit la logique de ma déesse.


J'examinais d'un œil perplexe la grille se présentant devant nous, derrière celle-ci une demeure d'une taille que l'on pourrait juger de convenable. Enfin convenable vu la taille de la maison des dragons. Je concède que ça foire pas mal mon échelle de grandeur.


Je remontais en voiture alors que le portail s'ouvrait, mon regard continuant de parcourir autour de nous.


— C'est pire qu'une passoire son système... Y'a même pas de détecteurs. Marmonnais-je. Et si on les attaque par surprise ici ?

— Peter. Des gants on a dit. Juste... Des gants par pitié. Soupira Santana.


Je me contentais de plisser les yeux en me tournant vers lui alors que Jarod s'esclaffait déjà derrière.

Je descendis de la voiture avec les autres, me dirigeant vers l'homme nous attendant afin de le saluer.


— Bonjour Monsieur Napoli. Peter Pestulin, PDG de Simigo Corp, Responsable de la sécurité au sein des Dragons. Merci de nous recevoir.

— Votre demande m'avait l'air urgente. Je vous en prie, suivez-moi.


On suivit le chef de famille, le laissant nous amener à un bâtiment derrière la maison qui servait pour les réunions de ce que m'expliqua Santana sur le chemin.

On prit place, laissant l'homme nous signaler qu'il nous écoutait et je me lançais dans la foulée. Après tout, autant éviter de faire perdre du temps à tout le monde.


— Je vais commencer par vous expliquer qui je suis afin que vous puissiez comprendre le reste de mon intervention. Je suis la personne qui s'occupe de rendre toutes les personnes du clan, et surtout sa patronne, invisible aux yeux du monde. Je peux tout faire disparaitre, où que cela soit stocké. J'ai créé avec Naëlle un système de sécurité que nous avons fait équiper dans toutes nos entreprises, nos téléphones sont cryptés... Bref on peut dire que je suis le pire fouineur pour trouver des failles et les résorber. Surtout si ces failles se trouvent chez des alliés auxquelles ma déesse semble particulièrement tenir. J'ai profité d'avoir votre sœur sous la main pour discuter avec elle de la personne gérant votre protection informatique, et clairement, vu vos activités et vos ambitions... Je pense qu'il serait très dangereux de rester sur ces bases-là. Je suis un hacker jugé redoutable, et je suis avant tout d'une loyauté absolue envers la Patronne des Dragons. Votre hacker à vous, il n'est pas loyal, il obéit à votre sœur parce qu'elle a des choses sur lui. Il lui est redevable, pas loyal. C'est une différence très dangereuse dans notre milieu. Différence se sentant quand on analyse le travail de ce même hackeur. Cela fait plusieurs semaines que j'ai lancé une surveillance de même niveau que le nôtre sur votre famille Monsieur Napoli. La disparition totale d'Angelina Panetti, la vôtre, l'absence de retombés suite à la disparition des Ganterha... Tout cela, ce n'est pas le travail de votre hacker. Mais du mien. L'homme à mes côtés. C'est lui qui s'occupe réellement de vos arrières puisque le travail de l'Hacker de votre famille comportait bien trop de failles. Trop de traces, trop de détails que cet homme ne prenait pas en compte.


Je pris une inspiration, regardant en coin celui avec qui j'étais venu avant de reporter mon regard sur le chef Napoli.


— Je vous présente Vincenzo Cassano, il a intégré notre clan il y a dix ans de cela. Sa famille est originaire des environs, mais a dû fuir votre pays suite à un incident avec les Ganterha. Ce jeune homme cherchait déjà à l'époque à se venger à tout prix des Ganterha, et je l'ai recueilli sous mon aile afin de le former. La promesse de Naëlle le concernant était de lui permettre de participer à la vengeance contre les Ganterha. Il est celui qui a travaillé avec Naëlle afin de trouver tous les bastions de vos ennemis. On peut dire qu'il était légèrement obsédé dans l'optique de les détruire. Face à son travail, Naëlle lui a permis de faire parti de mon équipe gérant les attaques le soir de votre vengeance. En parallèle de tout cela, je lui avais confié de sécuriser vos arrières. Même Naëlle ne devait plus être capable de trouver quoi que ce soit sur vous. Et il y est parvenu. J'en viens donc à la raison de ma présence. Vincenzo a présenté une demande auprès de la Patronne. Il souhaiterait revenir au pays, mais ne pas abandonner tout son savoir. Il connait votre famille, et souhaiterait passer du rang des dragons à celui de votre famille. Afin d'occuper le poste chez les Napoli que moi j'occupe chez les Dragons. Je suis donc là pour vous présenter la candidature de mon disciple.


— Je dois avouer que votre présentation est parfaite et de mon point de vue, son travail n'est plus à prouver. Je serais ravie d'avoir quelqu'un de sérieux et d'efficace à nos côtés.


Il se tourne ensuite vers Vincenzo.


— Si vous souhaitez rejoindre le Clan Napoli alors considérez que c'est chose faites. J'aurais juste besoin de savoir de quel matériel vous avez besoin. Faites-moi une liste et nous ferons les achats nécessaires. Ah oui ! Une dernière chose. Avez-vous de quoi vous loger où souhaitez-vous vivre à la villa ? Si nous devons faire des aménagements pour votre installation, autant le savoir tout de suite.

— Je viens avec mon matériel en réalité. Pour l'endroit où loger, c'est à vous de me dire selon vos préférences. Répondit mon disciple.

— Dans ce cas, je préfère que vous soyez installé à la villa. Le plus simple pour le moment serait que vous vous installiez dans le bâtiment des invités, c'est un peu grand pour un homme seul, mais ce ne sera que temporaire. Je vous soumettrais ultérieurement les plans pour une annexe indépendante et personnelle, au plus vite, afin que vous ayez votre propre local de travail. Est-ce que cela vous convient ?

— Oui bien sûr, c'est parfait c'est même bien plus que ce que j'espérais. Merci infiniment

— De ce que j'ai compris, c'est à moi de vous remercier


Les vibrations de mon téléphone m'arrachèrent à la conversation et je sortis de la salle en m'excusant. Je fixais perplexe mon écran avant de décrocher.


— Oui ?

— Bonjour Peter, c'est Nyamé Médéüa, le frère d'Iblis au téléphone. Navré de déranger mais je souhaiterais vous parler deux minutes. Est-ce possible ?

— Je vous écoutes.

— Pour faire court j'ai rejoint les démons et Angélina il y a trois semaines. Apparemment le dernier se planquait sur une petite île des Bahamas. J'ai donc assisté aux différents jeux des hommes de mon frère sur l'homme en question. Démonstrations qu'a suivi très attentivement Angélina au point ne pas dormir ni s'alimenter sur la semaine qu'à pus durer leurs jeux. Quand l'exécution a enfin eu lieu, il est évident qu'elle s'est écroulée dès que son adrénaline a chuté.


Je pris une profonde inspiration, cherchant dans mes poches avant de me sortir une cigarette que je m'allumais avant de secouer frénétiquement mes cheveux avec ma main.


— Donc... Grinçais-je

— Je l'ai amené à notre maison familiale afin qu'elle puisse se reposer et faire ses adieux à mon frère.

— Pourquoi je sens un putain de mais arriver ?

— Eh bien... Elle... Comment dire ça ? Les démons ne me laissent pas l'approcher. Ni moi ni quiconque. Et, Pavel je crois... Pavel m'a dit que je devais faire venir Peter et le chef Napoli.

— Faire venir où ?

— Nous sommes en Finlande. Je peux vous envoyer l'adresse.

— Non mais. Vous vous foutez de ma gueule là ? Comment elle va ? Et pourquoi Napoli ?

— Il a dit que vous comprendriez. Du coup, je vous envoie ça. Merci.


Je fixais mon téléphone avant de le lancer contre le mur avec rage.


— Putain de fils de pute de mes deux ! Hurlais-je


Je passais rageusement mes mains dans mes cheveux avant de souffler longuement. Réfléchissant à ce qui pourrait amener ces mecs à agir ainsi. Et surtout ce qui les amèneraient à exiger qu'on se ramène.


— Peter ?


Je me tournais vers Santana, avant de me frotter le visage.


— Tu peux aller me rechercher un téléphone neuf dans la voiture s'il te plait ?



Il observa mon téléphone en morceau avant de le ramasser, observant son état avant de me regarder en coin. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il finit par se diriger vers la voiture alors que j'entrais de nouveau dans la salle de réunion. Je n'avais même pas ouvert la bouche que déjà Vincenzo se levait en un bond de la chaise.


— Vincenzo, tu peux aller prendre l'air un moment avec Jarod s'il te plait ? Je dois parler en privé à Monsieur Napoli.


Il sortit aussi vite, et je refermais la porte à clé, mes mains venant masser mes tempes avant que je ne me mette à marcher de long en large.


— Quel est le problème ?

— Putain de bonne question. Marmonnais-je


Je posais mon regard sur l'homme, le scrutant sans même m'en cacher.


— Si je devais vous amener en Finlande vous diriez quoi ?


Je lui fis signe de me laisser continuer et je me mis à souffler longuement.

On se calme et on se le fout pas à dos. Ce n'est pas le putain de moment Peter.

Bon...



— Depuis toujours, quand elle ne va pas bien, elle fuit et elle explose loin de tout. Je n'ai jamais rien pu faire contre cela. C'est dans ce schéma là que vous l'avez rencontré au Japon à l'époque. Je la connais depuis... On avait seize ans... Et je ne l'ai plus jamais quitté. C'est la chose la plus merveilleuse de cet univers mais c'est aussi la femme la plus imprévisible de toutes. Même pour nous qui la connaissons parfaitement. Elle a perdu beaucoup de monde au fur et à mesure, et... Les Herrero contre qui nous étions en guerre, c'étaient des hommes qu'elle a aimés il y a longtemps. Des hommes qu'elle a dû tuer parce qu'ils ont refusés de quitter sa vie. Ils étaient responsables de la mort d'Iblis... Dont elle était vraiment dingue. Ces morts, en plus de ceux déjà perdu... Je suffirais pas à la ramener. Parce qu'elle sait que moi, quoi qu'il arrive, qu'elle me fasse du mal ou pas, je resterais à ses côtés. Quitte à ce que je me détruise. Mon existence entière c'est elle. Mais je sais que là... Là elle ne doit voir que les vies qu'elle juge avoir brisé parce qu'elle a croisé leurs routes. Elle ne se fixe que sur les ténèbres, que sur ses peurs... Mais vous... Vous l'avez connu à vos vingt ans, et rien de tout ça n'est arrivé. Vous êtes toujours là... Vous êtes pas du clan, vous êtes pas sa famille... Et vous êtes encore là. Je peux l'empêcher de se détruire... Mais si vous pouviez m'accompagner afin de la voir en Finlande...

— N'en dites pas plus. Si je peux aider Naëlle en venant avec vous, Je viens. Prévenez votre pilote et ne tardons plus.



Je hochais la tête, ouvrant la porte aussi vite, me retenant de gueuler après Santana à la dernière seconde alors qu'il se tenait devant moi, me tendant mon portable.


— Avion déjà prêt. On t'attend.

— Eh bah parfait. Je vais en profiter pour démonter sa sale gueule à cette blondasse de mes deux. Ça rentabilisera le voyage. Monsieur Napoli, on est prêt.

— Parfait ! Je vous suis. Et vous m'expliquerez qui est "cette blondasse" ça m'intéresse.


Je vis Santana ouvrir la bouche et je le regardais en coin. Un sourire sur les lèvres.


— Pas de souci. Vous allez adorer.

— Putain je le sens pas... Souffla Jarod.

— Quoi ? Tu me connais Jarod. Je suis adorable. Le plus sage de tous.


Je laissais John Napoli aller chercher ce qu'il lui fallait alors qu'on rejoignait la voiture.


— On les préviens ? Me questionna Jarod

— Ouais tiens. Fais venir les hommes du cercle. Ça lui fera les pieds à ce connard de blond. On va voir s'il fera encore le malin.

— Et la vraie raison ? Demanda Santana l'air de rien


Je me figeais avant de le regarder en coin.


— Elle a besoin de nous.




Après une heure de voiture, quatre heures de vol que je rentabilisais en expliquant à ce cher John qui était la blondasse, un peu de voiture de nouveau en arrivant en Finlande... On arriva enfin devant la maison familiale, paumée au milieu de nulle part.

Quand on descendit de voiture, la blondasse était déjà à la porte, et Santana n'eut pas le temps de m'attraper que je filais déjà sur l'hôte afin de lui transmettre mes plus sincères salutations.


En lui foutant mon poing dans la gueule. Et bordel ce que ça soulage !



Je le laissais à terre, marchant dessus afin de rentrer dans la maison, hurlant contre les démons, tirant un peu partout. Quelques minutes plus tard, j'aperçus enfin Micky qui apparut, se cachant derrière un mur alors que je lui tirais dessus dans la foulée.


— Amènes moi à elle ou je te jure que ton mec va devoir recoudre tes putains de morceaux s'il veut encore pouvoir te baiser putain de connard de merde ! Hurlais-je

— Bah arrêtes de tirer aussi ! Rétorqua-t-il


Je me retourne juste pour voir si John me suit avant de monter à l'étage, plaçant mon arme contre le crâne de Micky en lui faisant signe d'avancer.


On finit par arriver dans un couloir, les démons semblant tous nous attendre alors qu'ils sont assis par terre. Nous observant arriver sans faire le moindre gestes, Micky finissant par s'arrêter devant l'Artiste qui semble garder une double porte.

L'Artiste nous salue en hochant la tête, faisant signe à Micky de partir alors qu'il se décale lui-même. Nous laissant entrer dans la pièce.


Je prends une profonde inspiration avant d'entrer, m'allumant une cigarette alors que j'entre. Je grogne alors que la pièce est dans la pénombre, mes sens se mettant à l'affût alors que je fais des pas de côté en tirant John. Le bruit d'un objet venant éclater contre la porte où nous nous trouvions.


— Ma déesse. Grognais-je. Je vais devoir vraiment jouer à cache-cache là ?

— Qu'est ce que tu fais là ? Hoquète-t-elle

— Bah j'étais venu faire du tourisme ! À ton avis ! Tu te prends pour un vampire maintenant ?



Je me dirigeais à tâtons vers les fenêtres, ignorant ses protestations et ses projectiles. Ouvrant en un geste sec les rideaux. Je me frottais les yeux avant de la chercher du regard. Suivant le regard de John pour la trouver, recroquevillé dans un coin.


— Ma déesse... Soufflais-je en accourant pour la prendre dans mes bras. Ma déesse mais dans quel état tu es... Regarde-moi...

— Laisse-moi... Laisse-moi... J'aurais jamais dû revenir. J'aurais jamais dû les écouter. Je suis responsable de tout ça. J'aurais dû suivre mon plan... Je porte malheur... Arrêtes de me rattraper. Je t'en supplie... Laisse-moi...

— Jamais je te laisserais. Jamais je t'abandonnerais. Je t'interdis de croire que tu es responsable, que tu es maudite ou ce genre de connerie.

— Christopher, mort. Les Herrero, mort. Iblis, mort. Qui est le prochain ? Qui ?

— John Napoli, vivant, non ? Regarde-le.



Je la sentis sursauter, son visage se relevant aussi vite alors qu'elle ressemblait plus que jamais à un animal apeuré. Ses yeux s'écarquillant encore plus alors qu'elle croisait le regard de John Napoli. Il fronce les sourcils tout en lui tendant la main.


—Je suis là pour toi Izanami, et je ne compte pas partir sans toi. Crois-tu vraiment être aussi néfaste pour les gens qui t'approchent ? Alors comment expliques-tu que tout ton Clan, tout tes hommes, te soient encore fidèle ? Pourquoi chacun de nous, sommes encore à tes côtés ? Tu es la Femme au Dragon, tu es celle que le monde craint. Ce combat est fini mais tu sais comme moi que les autres ne tarderons pas. Tu peux te raconter des histoires, penser que tu détruis les hommes qui entrent dans ta vie. Tu ne m'as pas détruit et je suis là pour te le prouver. Tu n'as rien à faire ici. Tes enfants et les tiens t'entendent. Comment veux-tu les protéger si tu les laisses ? Prend le temps que tu voudras, moi, je ne pars pas sans toi.

— Tes enfants ont besoins de leur mère pour les aimer, pour les protéger, pour les aider à grandir. Ta famille a besoin de toi. Tu dois lui dire adieu ma déesse. Je sais que tu l'aimais plus que tout, je sais que tu t'en veux. Mais il a donné sa vie pour protéger la tienne merde... Tu peux pas continuer comme ça. On est combien de centaines d'hommes à t'aimer hein ? On est combien dans ce putain de monde à être fier d'être prêt à mourir pour toi ? Combien à ne vénérer que toi depuis tout ce temps ? Ma déesse... Si toi tu es une malédiction, tu es la plus belle malédiction que j'ai eu dans toute mon existence. Tu es ma déesse, tu es la reine de ce monde. Je t'ai laissé le temps pour te flageller, mais il est temps... Tu es Naëlle Gomora. Tu es la Femme au Dragon. Regarde-toi. Est-ce cela que tu es là ? Regarde-le, as-tu vraiment l'impression qu'il regrette de te connaitre ? Si le samurai traverse le monde pour t'aider à te relever, te sens tu vraiment de le repousser ? Le monde continue d'avancer ma déesse, et nous continuerons de le dominer. Il est l'heure pour le Dragon de se relever. Ta famille ne veut que toi pour la diriger. Et lui, il ne semble pas vouloir d'une autre que toi. Alors que vas-tu faire ma déesse ? Dois-je faire venir cette Stana Miller pour qu'elle le console ?


Je me reculais en un bond tout en ricanant, la toisant alors qu'elle m'insultait.


— Bah quoi ? Faut savoir ! Et moi je vais en profiter d'être en Finlande pour fourrer de la Finlandaise ! J'ai jamais testé la Finlandaise ! Non ?

— Je te l'interdit ! Hurle-t-elle en russes.

— Et lui alors ? Tu laisserais une autre te le prendre ? Parce que moi tu peux me tuer, mais lui hein ? T'es là à dire que tu veux crever, mais vas-y ! Mais dis-toi bien qu'il doit bien y en avoir des nanas qui vont se ruer pour le consoler ton samurai !

— Il est à moi ! Répond-elle dans un hurlement de colère en russe.

— Alors quoi, hein ?

— Je vais t'égorger putain !

— Égorge moi alors ! Vas-y ! Je t'attends !


Elle se relève, se tenant au mur. Faisant monter ma rage encore plus.


— C'est dans ton état que tu veux m'égorger ? Mais même un bébé il te foutrais à terre ! Je vais vraiment aller voir une finlandaise moi ! Tu crois que l'Artiste peut m'y amener ? Attends je vais lui deman...



C'est à priori la provocation de trop qui sembla la faire bondir, ou peut-être le fait que j'esquissais le mouvement pour sortir. Je me retrouvais vite à terre, ses ongles enfoncés dans ma gorge alors qu'elle plantait un regard noir de rage dans le mien. Un sourire se dessina aussi vite sur mes lèvres et mes mains vinrent caresser son visage.



— CAZZO !!! Sei finalmente qui !

— Bonjour ma déesse. Soufflais-je.


Elle relâche sa prise, se reculant et j'en profites pour me redresser. L'attrapant en me relevant.


— Maintenant une douche, on t'habille, on fait ce que t'as à faire et on se casse de ce pays de merde ! Oh pis, tu dois manger !


Un peu moins d'une heure plus tard, on redescendait. Même si Naëlle n'était clairement pas pour. Mais pour une raison tout autre que celle de départ. Elle n'avait pas de vêtement de rechange, donc je lui avais filé les miens. Je descendais donc juste vêtu de mon boxer, sous le regard perplexe de Jarod et Santana.


Santana repartit aussi vite, revenant vers moi avec des vêtements de rechange alors que je cuisinais quelque chose pour Naëlle. Naëlle semblant observer de loin John.



— Il va le tuer. Murmura t-elle

— Mais non. Il parle juste avec. Il lui explique sa façon de penser. T'inquiètes.

— C'est le parrain de ma fille quand même.

— Il avait qu'à appeler avant.


Je l'observais se lever, soupirant alors que Jarod l'aidait à avancer. La laissant aller rejoindre John pour stopper ça.


Je finis par laisser à disposition, m'éloignant de la cuisine avant de m'appuyer contre un mur, observant de loin Naëlle dans les bras de John Napoli. Mon regard déviant sur le côté, je me redressais avant de me diriger vers la sortie, les mains dans les poches. Je laissais Jarod et Santana trainer ce Nyamé afin de l'entrainer dehors avec nous. Je marchais un moment, entendant les voitures arriver, les portières se claquant. Les discussions. Je finis par m'arrêter quand on fut assez loin de cette maison, loin des oreilles de Naëlle. Je m'arrêtais, me retournant, retrouvant tous les hommes proches de Naëlle au grand complet. Les démons nous rejoignant au grand complet eux aussi.



— Expliquez-vous. Réclamais-je d'une voix froide. J'espère pour vous que l'explication tient la route sinon je me fous bien de votre accord avec elle, je vous ferais liquider tous autant que vous êtes.

— C'est de ma faute. Commença Micky.


Il se recula face à nos regards lourds de sens, mais les démons se mirent devant lui.


— Laisse le expliquer avant de tirer vos conclusions ! Grogna l'Artiste.

— Je l'ai maintenu endormi pendant huit jours afin de permettre à son corps de se reposer et surtout de la nourrir. Quand je fus certains que son corps allait mieux, je l'ai laissé s'éveiller. Au début ça allait, elle semblait tenir la chute d'adrénaline. Le contre coup de tout ça. Pendant deux jours, elle semblait maître d'elle-même. C'est depuis quatre jours et demi où son état est devenu chaotique. On ne laissait pas le frère du Boss l'approcher parce qu'on a aucune confiance en lui, et que dans son état on savait d'expérience qu'on devait la protéger de tout. Surtout d'elle. Elle alternait entre les crises de colères, les envies de mourir, les crises de pleurs... Bref... Elle a revécu la mort du Boss j'ai l'impression. On a vite compris qu'on pouvait pas l'aider réellement, alors quand ça a commencé, on a dit à cet abruti de vous appeler parce que nous on était trop focalisé sur elle. Je crois qu'il espérait pouvoir s'en sortir sans vous.

— Tu aurais pus nous appeler directement ! Hurla Ritchi

— On a tous éteints nos téléphones au cas où, pour disparaitre afin de laisser le temps à la Patronne de se remettre, comme on l'avait fait il y a des années. On pensait pas ce mec assez con pour pas vous prévenir. Quand on a vu que vous tardiez à venir, on a commencé à douter. Du coup... Le doc l'a persuadé... À sa manière.

— Pardon ? Hurla de plus belle Ritchi.



Je ne pus retenir mon ricanement face à la tête de Ritchi, et les autres se retinrent de justesses de rire.


— Avec du poison abruti ! S'offusqua Micky. Putain mais j'ai la tête d'un mec qui se taperait ça derrière ton dos ?! C'est ça ton image de moi ?

— Bah j'en sais rien Micky ! Ça fait plus de trois semaines que j'ai pas de nouvelles de toi donc qui sait ce que tu as pus fourrer hein ?


Oh bordel si on part sur les disputes de couple, moi je me casse.


Je les laissais en plan, me redirigeant vers la maison. Regardant en coin Hakane qui marchait à mes côtés alors que la majorité des autres avait fait le même. Sauf Luc et Ritchi qui semblaient bien remontés contre un démon chacun.


— Elle est où ? Murmura Hakane

— Dans les bras de son samurai. Ça a dû bien lui faire bizarre tiens, lui qui a l'habitude de la voir maître d'elle-même... Mais il est resté calme. Enfin... Il a bien amoché le frère d'Iblis. Riais-je. Bordel ça fait du bien de le voir amoché comme ça !


Lorsqu'on arriva dans le Hall on la retrouva toujours à la même place, et forcément comme si elle l'avait senti... Elle se tourna vers nous. Ses yeux s'écarquillant. Mais elle n'eut pas le temps de parler que déjà les autres se précipitaient pour la prendre dans leurs bras.


— Ça t'apprendra à leurs faire peur. Tu gagnes une séance de câlin. Me moquais-je.


Je vis le samurai se rapprocher de moi l'air de rien pendant que Naëlle « subissait » un câlin groupé. Il croisa les bras en se postant à côté de moi, et je ne suis même pas étonné de ses interrogations.


— J'aimerais comprendre toute cette histoire. Comment la situation a t-elle pu déraper de la sorte ?


J'observais Naëlle encore quelques secondes avant de lui faire signe de me suivre dehors. Soupirant en m'étirant alors que l'on se pose sur le côté de la maison.


— Elle avait planifié beaucoup de choses depuis le départ de cette vengeance. La très grande majorité des attaques contre le gang des Herrero, ce sont les hommes du clan qui les ont menés. Elle a attendu un moment avant d'y aller elle-même. Il y a bien des actions qu'elle a mené elle-même mais tout le monde a cru que ça venait de moi. Elle a dû vous expliquer pour la prison, apparemment elle est passé dans la première pour tuer une femme a qui tenait beaucoup l'un des deux Herrero. Puis transfert qu'elle avait déjà planifié pour atterrir dans la prison où avait été emmené Logan Herrero. À sa sortie de prison, il ne restait plus qu'un seul Herrero en vie. Le chef du gang responsable de la mort d'Iblis. Sur cette mort là, elle ne voulait que les démons avec elle. Elle leurs offrait. Donc elle est partie les rejoindre à l'endroit où se planquait le dernier Herrero. Une semaine de jeux pour les démons sur le mec. Puis exécution. Sur les huit jours qui ont suivi, le Doc des démons a maintenu Naëlle endormie afin de laisser à son corps le temps de se reposer, et ils en ont profité pour la nourrir. Quand son corps a semblé suffisamment rétabli, ils l'ont laissé se réveiller. Elle a tenu deux jours avant que son esprit ne vrille. Ils l'ont tenu éloigné de la blonde et de tout car ils savaient qu'elle était très fragile dans cet état. Ils avaient demandé à la blonde de nous contacter car eux étaient fixés que sur Naëlle, afin qu'elle ne fasse pas de connerie. Ils ont éteint leurs portables pour éviter à d'éventuels ennemis de les trouver. Ils ont fini par tiquer du fait qu'on ne s'était pas encore pointé, et le doc l'a convaincu en lui injectant du poison.


Je me frottais le visage, un lourd soupir s'échappant de mes lèvres.


— Quand Iblis est mort, elle était enceinte. Il est d'ailleurs mort en s'interposant entre elle et celle qui voulait la tuer. Elle ne s'est pas écroulée car elle devait finir sa grossesse. Elle devait se venger. Elle n'avait que ça en tête. Je ne sais pas l'image que vous vous faites d'elle, mais ça... Son état actuel. C'est aussi une de ses facettes. Tous les hommes présents, ce sont tous les hommes portant sa marque. On est prêt à tout, on anticipe tout et notre travail est fait à la perfection parce qu'on sait que la donnée la plus imprévisible de tous... C'est elle, et ça l'a toujours été. J'ai beau être un génie, je ne suis pas à sa hauteur à elle... Personne ne peut anticiper ce qui lui passe par la tête. Enfin... Plus personne ne le peut maintenant. On ne dirait pas quand on voit son état, mais ça aurait pu être bien pire. Ça ira maintenant. C'est juste émotionnellement qu'elle est fatiguée.

— Pourquoi ce connard est-il encore en vie ? Pourquoi tolérer ce qu'il a fait et les conséquences que cela aurait pu avoir ?

— Parce qu'elle a décidé qu'il ne se ferait pas tuer pour ça. Elle ne l'aime pas, mais c'est le parrain d'Iris. Et... Elle doit se dire que si elle l'avait écouté ce jour-là, qu'elle n'avait pas été à cette réunion, rien ne serait arrivé. Ce mec a sûrement cru qu'il pourrait faire comme son frère, aider Naëlle à se relever. Mais il n'est pas son frère. Il a juré à son frère de la protéger pour pas qu'elle meure... Il est juste complétement con. Je m'écouterais je le buterais volontiers aussi hein, soyons clair. Mais elle a dit non. Alors c'est non.

— Très bien... Si c'est ce qu'elle veut... Vous avez été honnête avec moi, et j'apprécie sincèrement alors j'en ferais de même avec vous. Cet homme est dorénavant dans mon sillage et je guetterai la moindre de ses erreurs, s'il se risque à en faire une nouvelle.

— Iblis était le seul à faire parti de notre milieu. Ce mec n'a rien à faire chez nous, il n'était toléré que le temps de cette vengeance. Je me fous de ses promesses faites à son frère décédé personnellement. Je me fous de ses bonnes intentions envers elle. Si elle est là, c'est pour une raison. Nous on est là pour la soutenir. Et cette blonde de mes deux, je m'occuperais de lui faire passer l'envie de vouloir nous écarter de son chemin. Mais pas maintenant, je préfère m'occuper d'elle pour l'instant.


Il me tendit la main et je le serrais en souriant.


— Merci pour m'avoir permis de vous accompagner. Je vais vous laisser prendre soin d'elle.


Je ne peux empêcher un sourire moqueur de s'étirer et il fronce les sourcils aussi vite.


— Vu son état émotionnel, l'évocation de cette Stana et de Finlandaise... Je pense qu'il est mieux pour vous de rester. Parce que croyez-moi... Même si ça m'amuse énormément là... Quand elle est en mode jalouse... Vous avez pas envie de le tester là, maintenant. En plus, si vous repartez aussi vite... Elle ne comprendra pas. Elle finira par se dire que de la voir ainsi, ça vous a fait fuir. Ne me regardez pas comme ça. C'est sa façon de penser, pas la mienne.

— Très bien. Me dit-il dans un sourire. J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que vous évoquiez Sta... enfin vous voyez. Si je dois rester, alors je reste.

— De ce qu'on m'a dit de cette femme, elle avait l'air de vraiment bien fantasmer sur vous. Et forcément si c'est ma déesse qui était dans vos bras et pas elle... Je préfère avoir à l'œil ce genre de personne. Au cas où. Ma déesse est très douée pour s'attirer les foudres des autres femmes. Un talent vraiment spectaculaire.



Je me penchais sur le côté alors que j'entendais mon prénom, mon sourire s'étirant.


— Ma déesse ? Tu viens vérifier que je fourre pas de finlandaise ? Attend j'arrive je remonte mon pantalon.

— Parait que c'est bon les finlandaises ! Rajoute Nino.


Je ricane en m'avançant, saluant Nino avant de me retourner vers le samurai.


— Les circonstances sont étranges, mais puisqu'ils sont tous là... On va faire les présentations ! Ma déesse, tu présentes tes hommes à Monsieur Napoli ?


J'écoutais les présentations, me retenant de ricaner quand elle présenta John Gomora à John Napoli. La sentant m'attraper le bras l'air de rien alors que je tentais de m'éloigner.


À priori, pas de Finlandaise pour moi.




Peu de temps après, elle se résolut à aller sur la tombe d'Iblis. Se laissant accompagner par tout le monde dans ses adieux avant que nous ne reprenions chacun la route de notre maison. Je la laissais prendre son temps pour discuter avec son samurai sur la piste de l'aéroport, les laissant à deux. Sous notre regard, forcément.


— J'ai jamais couché avec un sicilien. Marmonna Hakane

— Bah je crois pas que tu pourras te taper celui-là. Ricana Jarod. Mais tu auras qu'à demander à la Patronne ce qu'elle en pense.

— Bon courage. Ricanais-je

— Je vois pas ce qu'elle lui trouve. Grogna John

— Parce que t'es aveuglé par la jalousie. Répliquais-je. De toute façon on a autre chose à faire que s'occuper de ça.



Pour l'instant, il faut lui donner le temps pour se ressourcer, pour qu'elle puisse profiter de ses enfants. Ensuite, elle retournera courir le monde.

« Ce qu'elle lui trouve » je sais pas. Je sais par contre que sans lui et cette parenthèse qu'il lui a offerte sans le savoir... Son état aurait été bien pire.

Maintenant, il ne nous reste plus qu'à observer cette famille évoluer pendant que les Dragons continueront de dominer le monde. Et je sais qu'elle nous a prévu de quoi bien nous occuper.


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