Les clés de Shambhala


Je me relève en attrapant mon bien le plus précieux, cette fameuse mallette et ne la lâche plus. Frida est toujours à côté de moi, disant encore quelque chose en allemand. Je comprends seulement le mot « cours ». Le type ne se retourne pas et accélère sa course de plus belle. Frida semble bien lui foutre les jetons.

« Eh bien, on peut dire que tu en fais de l'effet, avec ta voix. Je dois dire que tu étais impressionnante. Et dans mon cas, ça m'a un peu émoustillé... » dis-je.

Elle se met à rire.

« Que tu es drôle ! Bah, si tu veux ce soir... »

On continue la discussion tout en hâtant le pas vers le métro le plus proche.

« N'empêche, tu lui as fait un sacré effet, à ce type... »

« Oui, en fait , il y a un secret que je dois t'avouer. Je peux faire plier la plupart des gens à ma volonté rien qu'avec ma voix. On pourrait dire que j'ai un don, comme toi, même s'il fonctionne moins bien... »

J'arrête de marcher. Son affirmation me pose question.

« Mais, tu aurais pu empêcher ton agression alors, m'exclamé-je. »

Son visage s'assombrit.

« Non. Je te l'ai dit, ça ne fonctionne pas tout le temps. Sur pas mal de gens, ça ne marche pas du tout. Lorsque les quatre types sont rentrés chez moi, je n'ai rien pu faire. Contre toi non plus d'ailleurs, ma voix ne fonctionne pas. J'ai essayé plusieurs fois, lorsque tu t'étais installé chez moi. »

Ses joues prennent une teinte rose. Elle s'arrête une seconde, puis reprend.

« Oui, les premiers jours, j'ai essayé de te mettre dans mon lit avec ma voix. Mais tu résistais, impossible de te faire plier. J'ai dû patienter un bon petit temps avant que tu ne cèdes à mes avances. »

Elle me sourit puis me prend par le bras. Nous reprenons notre marche, sans nous dire le moindre mot pendant le reste du trajet. On ramasse nos affaires à l'hôtel et on prend la direction de la gare la plus proche.

L'argent commence tout doucement à manquer. Nous nous étions reposés sur nos lauriers, profitant au maximum de l'argent de Frida. Mais là, il n'était plus possible de retirer le moindre bifton sans attirer l'attention. Nous devons donc renoncer à un train direct, beaucoup trop cher. Je veux éviter Turin, mais bien rester dans le nord de l'Italie avant de décider notre destination suivante. On jette notre dévolu sur Milan. Six heures et un changement à Vérone plus tard, nous sommes arrivés. Il ne nous reste que cinq cents euros en poche. Assez de toute façon pour quelques nuits d'hôtel, mais ça reste peu. J'inceptionnerai demain, Milan c'est grand, il y a plein de touristes français qui viennent faire du shopping. Ce sera les doigts dans le nez, pas comme à Turin.

On prend le premier Bed and breakfast que l'on trouve, près de la gare. Il est passé 23h lorsque nous arrivons, on ne peut pas se permettre de parcourir la ville à cette heure-là, à moins de passer la nuit dehors et je veux à tout prix éviter cette peine à Frida.

Une fois installés dans la chambre, nous nous mettons à l'ouvrage en épluchant les documents. La deuxième mallette en contient bien plus. On y trouve même des arbres généalogiques, des diagrammes de toutes sortes. La profusion d'informations est telle qu'on ne sait plus où en donner de la tête. On procède par élimination. Il reste toujours le mystère des petits bouts de papier. On décide de résoudre en premier ce rébus qui nous avait fait courir dans tout Rome.

On reprend tous les mots pour bien les analyser : Tibet, Terre creuse, Atlantide, capitale et Saint Yves d'Alveydre.

Ce dernier nom m'intrigue. Une petite recherche Google nous indique qu'il était un des premiers à parler d'une terre de légende nommée Aggartha. Un ancien Empire qui daterait du temps du mythe de l'Atlantide et qui prospérerait encore sous terre. L'Aggartha avait été recherchée par les nazis durant les années 40, qui envoya plusieurs expéditions au Tibet, où se trouverait, avec l'Amérique du Sud, une des entrées de ce royaume souterrain. Ce nom colle avec tout le reste.

Je tente Aggartha comme mot de passe.

L'invite de commande s'affiche à nouveau. Le mot de passe n'est pas bon. Agartha est orthographié de plusieurs manières différentes sur le net. Je les tente toutes : Asgartha, Agarttha,... mais rien n'y fait. Impossible d'accéder aux documents. Je suis prêt à jeter l'éponge lorsque la douce voix de Frida me souffle doucement dans l'oreille : « essaie Shambhala »

Et elle se relève. Je me tourne vers elle et insiste.

« Vas-y tape. Je suis sûre que c'est cela. Shambhala est la capitale de l'Aggartha. Ils en parlent dans un manga anime, que j'avais vu chez mon neveu. Des illuminés d'un culte mystique nazi qui essayaient d'atteindre Shambhala pour récupérer une super arme pour le futur Führer. Ces types de dessins animés sont souvent inspirés de faits réels ou historiques. »

Elle me fait un clin d'œil et continua de consulter les arbres généalogiques, tentant de les assembler pour y voir toutes les connexions possibles.

Je tape le mot, sans plus y croire. Mais elle a une nouvelle fois raison. Cette femme est incroyable. Elle doit avoir une intelligence et une culture générale hors du commun. Après avoir appuyé sur la touche entrée, une petite boîte de dialogue apparaît. Je ne lis que ces quelques mots : « la stase est ouverte ». Une fois le bouton « Ok » cliqué, une fenêtre contenant des centaines de dossiers s'affiche à l'écran.

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