C'est pas l'uniforme qui fait l'homme, c'est la moustache
« Vous ne pouvez rien contre moi. Votre conspiration maléfique touche bientôt à sa fin. »
Lammour se remet à rire de plus belle. Il est réellement immonde lorsqu'il se met à se bidonner. On dirait un petit lutin maléfique, un léprauchaun avachi, un Grimlock, comme dans le roman d'Alinora, de cet auteur belge qui place ces écrits dans le domaine public. J'ai oublié son nom.
« Tu parles de votre tentative d'alerter tous les médias, d'avertir le monde entier ? T'inquiètes, ta misérable tentative n'aboutira pas. »
Nouveau petit pincement au cœur. Je suis étonné. Klaus avait tout fait pour ne pas être découvert avec ses techniques dignes de Kevin Mitnick.
« Oui, nous sommes au courant. Nous avons réussi à intercepter certaines communications. Des gars à nous sont en train de retracer le signal de ton petit copain pirate. Dès qu'on retrouvera la source, on ira le cueillir. Mais tu ne nous a toujours pas répondu. Où se trouve cette clé USB ? »
« Je l'ai laissée quelque part. Un endroit que vous ne trouverez jamais. »
Je ne reçois pas un coup de crosse, mais plusieurs. Je ne peux m'empêcher de hurler cette fois.
« Alors ? »
« Je vous ai tout dit. »
« Ce n'est pas bien de me mentir, Chris, dit-il en claquant des doigts. Mais peut-être que si je joue avec notre chère Frida, tu seras un peu plus loquace. »
Le garde qui venait de m'infliger la série de coups se dirige vers ma belle blonde. Il la tire par le bras, la soulève comme un pantin désarticulé, et sort une lame qu'il dirige vers son visage.
« Je crois que tu vas parler maintenant ! »
Il fait un geste à son gaillard qui enfonce la lame dans la joue de Frida qui se met à hurler.
« Chris, s'il te plaît, aide-moi ! »
La lame glisse le long de la joue. L'ouverture semble assez profonde et le sang se met à couler sur le reste du visage. Les cris de Frida redoublent. C'en est trop. Je ne peux pas encore laisser quelqu'un souffrir par ma faute. J'y arriverai sans qu'une autre personne en souffre. Surtout elle.
« C'est bon. Arrêtez. »
Je sors la clé de ma poche.
« J'imagine que c'est cela que vous cherchez ? Je vous la donnerai de bon cœur si vous la relâchez de suite. »
« Tu n'es pas en position de négocier quoi que ce soit », dit Lammour. Mais certes. Frida, va chercher la clé. Si tu es sage, on te laissera tranquille. »
Il fait un geste à son garde, qui lâche Frida. Elle s'approche de moi, les larmes aux yeux. Lorsque je lui donne la clé, son visage change du tout au tout. Son regard s'illumine. La blessure infligée par la lame se referme, comme par magie, puis elle me sourit.
« Merci mon cœur. Tu as été parfait, comme à chaque fois. »
Elle se met à rire alors que je sens les pincements au cœur s'intensifier. Elle s'est jouée de moi. Elle était avec eux depuis le début. Et moi, je n'y ai vu que du feu. Pas étonnant que Gusfand ne voulait pas s'approcher d'elle. Pourquoi est-ce qu'il ne me l'a pas dit ? Je sens mon cœur s'effriter de plus en plus. Toute cette histoire n'était qu'un coup monté ? Une manière de se jouer de moi pour récupérer ces données ? Comme Indiana Jones, je me suis fait berner par la jolie blonde aux yeux bleus.
Elle se dirige vers l'homme toujours assis dans le fauteuil, l'homme dont on ne voit pas le visage. Bien qu'elle lui parle en Allemand, je comprends parfaitement ce qu'elle lui dit.
« Voilà l'objet, Père. »
Toujours en Allemand, il la remercie. Je comprends qu' il lui dit qu'elle est une bonne fille et qu'elle n'a jamais failli. Mais cette voix je la connais. Je l'ai déjà entendue. Elle me fait frissonner. La voix de la mort et des ténèbres elle-même. C'est là qu'il se lève et me fait face. Je ne peux m'empêcher de trembler.
Je ne peux en croire mes yeux. C'est lui. L'homme qui a fait trembler le monde entier le siècle dernier. Il n'a pas vieilli d'un poil. Toujours aussi frais comme un gardon, lorsqu'on le voyait déclamer ses diatribes au peuple allemand. Toujours la même petite moustache caractéristique du bonhomme. Il se tient face à moi, me sourit. La noirceur de son âme me fait tomber à genoux. Frida se tient à sa gauche, Lammour à sa droite. Et tous les trois se marrent à voir ma mine défaite et décomposée.
J'ai l'impression qu'une aura noire les entoure tous les trois. Adolf semble hilare et satisfait. Frida semble la plus enthousiaste à ma mine décomposée.
« Enfin. Tenir tout ce temps avec un taré dans ton genre, ce n'était pas de tout repos. Et impossible de se rattraper côté sexe tant tu es maladroit au pieu. Mais c'est fini maintenant. Dire qu'on a failli frôler la catastrophe ! »
Les larmes me montent au visage.
« Je ne comprends pas. »
« Tu te rappelles cette tasse de café renversée ? Si tu avais vu les documents, tu aurais tout de suite découvert le pot aux roses. Les papiers que j'ai détruits n'étaient rien d'autres que mon certificat de naissance. Celui de Frida Hitlermann. Fille déposée dans un orphelinat en Suisse, puis adoptée par deux par un couple de sympathisants à notre cause. Je ne sais pas comment celui qui a enquêté a pu faire le rapprochement, mais sur l'arbre généalogique il m'avait bien mis en relation avec mon père. Ainsi que mon frère. »
Elle se tourne, d'un air entendu, vers Lammour. J'aurais dû m'en douter. Un petit gringalet haineux dans son genre. C'était bien le fils de son père, le tonton Adolf Hitler.
Les pincements au cœur reprennent de plus belle. Je suis en train de m'effondrer. Je n'ai été qu'un pion pour récupérer leurs satanées données. Mais leur victoire sera amère. Klaus filme, et des copies de ces fameuses données sont en sa possession.
« Vous avez peut-être récupéré vos précieux documents chiffrés, mais avant que vous ne m'expédiez ad-patres, il y a une chose que je dois vous dire : ces documents, on les a vus. Demain matin, ils feront la une de tous les journaux. »
La fureur se lit sur le visage du Fuhrer (haha, elle sonne bien celle-là, je trouve !). L'aura noire gagne en intensité autour de lui, comme si ces ténèbres étaient vivantes, et commencent à s'enrouler autour de moi. Je me sens étouffer, je n'arrive plus à lutter contre cette haine palpable. Gusfand avait raison. Si le doute m'envahit, je ne pourrais plus lutter. Finalement, je tombe inconscient.
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